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l'encoignure du nord, une figure, en cul-de-lampe, à face joviale, tenant un broc et un verre qu'il semble offrir; elle supporte une double niche où l'on voit d'une part saint Jacques de Compostelle, avec le bourdon et le chapeau de pélerin; d'autre part saint Jean avec l'agneau et le vêtement de poil de chameau ; à l'autre encoignure, un fou, en culde-lampe, sainte Barbe au-dessus avec un livre, une palme de martyre et une tour à côté d'elle; entre ces encoignures une folie, en cul-de-lampe, supportant un lion qui tient un écu, aux armes sans doute du seigneur du lieu ou patron du propriétaire de la maison.

Ces images sont les enseignes vivantes d'une hôtellerie.

Enfin nous fermons les yeux pour ne plus rien voir et pouvoir partir, et nous nous hâtons par le chemin de St.Julien au petit port vers le camp romain, où nous attendait l'ascension la plus ardue.

Une fois au sommet, nous jouissons d'une vue admirable, de la fraîcheur, au milieu des bois de la belle propriété du château appartenant à M. de Chateaubourg fils. C'est là que M. Hesme nous montra les traces d'une immense circonvallation qui a 6 kilomètres environ de tour et qu'il croit être l'enceinte d'un camp romain; il termine sa démonstration par la découverte de débris de poteries romaines dans un terrain qu'il fait fouiller devant nous.

M. de Caumont reconnaît bien un retranchement fait de main d'hommes les débris probablement d'un établissement romain; mais pour y reconnaître un camp romain véritable, il faudrait en avoir le plan, car les bois et accidents de terrain empêchent de voir aucun ensemble. Il engage M. Hesme à faire lever ce plan.

Mais l'heure et la fatigue nous pressent. Guidés par M. Bally, maire de Villeneuve-le-Roi, nous arrivons dans un jardin escarpé en labyrinthe, dominant une maison de plai

sance dite de la Butte. Au détour d'un sentier, dans un ancien four à chaux converti en une charmante salle de verdure, nous voyons M. le docteur Bally environné de sa famille qui nous présente une table abondamment couverte d'une excellente collation.

Mais une si gracieuse et bienveillante hospitalité ne peut nous retenir toujours; il faut partir. Alors M. Crosnier, avec un bonheur d'expression que je renonce à rendre, porte un toast de remercîments à notre hôte vénérable, un des patriarches de la médecine, et dont le dévouement célèbre à l'humanité et à la science suffit pour immortaliser un homme Ide bien et de savoir.

Nous arrivons près de nos voitures, et voilà qu'un chevalier armé de toutes pièces nous arrête; il est enchâssé dans le mur d'enceinte de la propriété de M. Bally. Nous invitons le propriétaire à le faire rentrer dans l'intérieur, exposé qu'il est en-dehors, malgré son armure et son air martial, aux atteintes des passants.

Cette belle pierre tombale dont M. Thiollet nous a présenté le dessin au retour de l'excursion, offre un guerrier vêtu de sa jaque de mailles et de sa cotte d'armes, ceint d'un riche baudrier et portant un écu triangulaire; elle a évidemment été détachée d'un lambeau de tour du commencement du XIII. siècle. M. Bally a sauvé cette statue en la faisant placer dans son mur; nous l'avons prié de faire des recherches pour découvrir d'où elle avait été apportée, ce qu'on ignore complètement aujourd'hui.

Enfin nous sommes à Villeneuve-le-Roi; là il faut quitter M. l'abbé Crosnier qui, rappelé par ses devoirs de curé, veut retourner de suite dans sa paroisse. Vous pensez si les adieux furent reconnaissants de notre part, affectueux du sien, et si l'on oublia de lui faire renouveler sa promesse de venir bientôt et souvent visiter la cité sénonaise et les amis

respectueux qu'il s'y est fait. Nous ne pûmes oublier dans nos adieux et nos remercîments le vénérable curé d'Entrains, à qui nous avons dû le bonheur de posséder quelques instants M. l'abbé Crosnier.

M. Hesme ne nous tenait pas quitte, et il avait raison. Nous eussions tous regretté de ne pas voir sa collection si rare et si précieuse de beaux tableaux offerts à nos regards, avec tant d'amabilité.

Nous remontons pour la dernière fois en voiture et nous sommes de retour à 8 heures.

Séance du samedi 5 juin 1847.

Présidence de M. LALLIER.

La séance est ouverte à 1 heure sous la présidence de M. Lallier, substitut du procureur du Roi, vice-président de la Société archéologique de Sens. Siègent au bureau : MM. DE CAUMONT, directeur de la Société française ; DE MAGNITOT, sous-préfet ; PARENT, maire; TARBÉ, Mqis. DE LA PORTE, GAUGAIN.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu par M. Giguet et adopté avec quelques rectifications proposées par MM. Prou, Pignon et l'abbé Chauveau.

M. l'abbé Chauveau, vicaire-général, est appelé au bureau comme secrétaire.

M. de Caumont appelle l'attention sur les dessins que M. Pernot a exécutés, des objets précieux, visités par le Congrès

au trésor de la cathédrale, notamment sur celui de la chasuble attribuée à saint Thomas de Cantorbéry, et sur les mitres, les

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manipules et les autres ornements pontificaux attribués au même évêque. L'une des mitres a pu être calquée par M. Pernot; un dessin réduit a été fait par M. Bouet d'après

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GODARD, Sc.

MITRE DE THOMAS BECQUET.

ce calque. M. Pernot reçoit les remercîments du Congrès.

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