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M. Pfaundler a communiqué les observations faites dans une excursion autour de Neustift, dans la vallée de Stubai, en Tyrol. Ce lieu est situé sur la limite du calcaire et de la dolomie secondaire, et du micaschiste à bancs de marbre. (Zeitsch. f. Tyrol, vol. VII, p. 245.)

Sur le Tyrol méridional, M. Aloïs Maier a donné des notes fort intéressantes. L'une a rapport à une masse dioritique et siénitique, d'une épaisseur irrégulière, placée entre du gneiss et du micaschiste, près de Clausen. Ces trois roches sont traversées par des filons remplis de galène, de pyrite cuivreuse, de fer sulfuré et de blende, avec un peu de chlorite et de spath calcaire. Ces filons présentent supérieurement plus de galène que de cuivre pyriteux, ils sont plus riches dans le diorite que dans la siénite. Dans une petite fente latérale où la siénite était très chargée d'amphibole, on a trouvé de l'argent natif, et dans son voisinage il y a davantage de minerais. Les divers minerais forment quelquefois des boules composées de zones, chacune d'une autre substance.

Le micaschiste du Val Largonza présente une bande de granite. Au Val Brutta on trouve de l'amphibole et de la chlorite dans le porphyre en contact avec le micaschiste, et ces parties seules sont métallifères. La richesse des minerais en cuivre et argent augmente avec la quantité de l'amphibole.

M. Maier donne aussi des détails sur les grès et les calcaires secondaires de Predazzo et d'Agordo, et il cite des fucoïdes dans les grès bigarrés maraeux. (Zeitsch. f. Tyrol, vol. VI.)

On trouve quelques indications vagues sur l'Enneberg, en Tyrol, dans les vol. VI, p. 35, et VII, p. 80, du Zeitschrift fur Tyrol. Dans cette partie il y a plusieurs localités remarquables par la richesse de leurs fossiles, savoir: les communes de Saint-Cassian, de l'Abbaye de Badia et de Buchenstein. Ils offrent aussi de beaux exemples d'écroulemens et de glissemens de montagnes. Près d'Enneberg, on cite du schiste alunifère; à Biok sur le Campila, de l'argile à potier; à SaintVigil, du gypse. Sur la prairie de Stores, dans l'Alpe Sar ou Irsara, près de Saint-Cassian, il y a beaucoup de fossiles secondaires, tels que des Ammonites, des Echinidées, des Polypiers et diverses bivalves. De semblables pétrifications secondaires existent sur les hauteurs d'Incisa, près de Corfara, au pied du Kreuzkofel, à Wengen, près de Campeit et au-dessus de l'église d'Inserte, au col de Campill, appelé Joch Svel ou Sovel.

Pour l'Italie, l'on trouve dans le Catalogue de la collection géologique du Musée de Turin, dressé par feu M. Borson en 1830, des indications utiles sur les gisemens des roches du Piémont. M. Pasini a comparé les Apennins aux Alpes. Après avoir récapitulé les dépôts secondaires variés qui couvrent le pied sud des Alpes, il classe les dolomies dans le calcaire jurassique et prend ce fait comme point de départ pour placer dans le grès vert les grès à fucoïdes des Apennins, qui recouvrent des dolomies à Sestri, près de Gênes, et dans divers lieux de la Toscane. Il compare certaines masses dolomitiques et des brèches de ce dernier pays aux calcaires altérés par le porphyre pyroxénique dans le Vicentin et le Tyrol. D'ailleurs, M. Pasini fait la distinction des dolomies produites par des altérations, d'avec les couches magnésiennes non altérées du calcaire jurassique.

Il donne une idée de la variété de la Scaglia ou craie des Alpes vénitiennes, du Tyrol et de la Lombardie, y indique des fucoïdes, et la sépare du calcaire jurassique par un dépôt peu épais de grès vert quelquefois coquillier. D'une autre part, depuis le pays de Brescia jusqu'au lac Majeur, il y a au-dessous de la Scaglia, une bande continue arénacée, composée comme le grès des Apennins, de grès marneux, de calcaire marneux foncé et d'agglomérats. L'auteur entre sur ces pays dans des détails de distribution géographique intéressans et nouveaux.

M. Pasini distingue dans les grès des Apennins trois dépôts. Le plus inférieur est composé de steaschiste, de schiste argileux et de calcaire légèrement grenu, reposant peut-être çà et là sur une base de micaschiste ou de gneiss. Le dépôt moyen est formé de schistes, de grès argilo-marneux et de calcaire, et dans le supérieur le calcaire prédomine sur le grès. M. Pasini pense que la masse inférieure a été altérée par le contact avec les serpentines, et que tout ce système n'est que le grès vert particulier du pied des Alpes. Enfin, il oppose la Scaglia et ses fossiles à certains calcaires coquilliers des Apennins et liés à ses grès; il trouve que M. Bertrand-Geslin a tort de oupçonner, en Italie, du gypse secondaire : il n'y a que du gypse subapennin. (Ann. delle sc. del regno Lomb.-Veneto, fasch. 6, 1831.)

M. Savi s'occupe depuis plusieurs années, avec zèle, de la Toscane, et il a déjà donné sur ce pays des mémoires remplis d'idées curieuses sur le rôle des dolomies. Attendu la nouveauté du point de vue, je crois utile d'en donner un aperçu détaillé. Après son mémoire sur les roches de Toscane, et celui sur le Mischio de Seravezza (Jour, de géol. nov. 1830), il

a publié ses Observations sur les environs de Campiglia, dans les maremmes de Pise. Le mont Calvi est formé de marbre saccharoïde non stratifié et divisé en masses rhomboïdales ou prismées. Il renferme du fer hydraté, de l'amphibole radiće, mêlée avec du jenite, du pyroxène jaune, du grenat, du quarz, de la galène, de la blende, du fer et du cuivre. Ces minerais servent de noyaux aux masses globulaires d'amphibole, et souvent, comme la diorite orbiculaire, ces matières forment des zones sphéroïdales concentriques, dont chacune est composée par un seul minéral. Il y a de ces boules qui ont un pied de diamètre. De grandes masses de porphyre, en partie quarzifère et micacé, et quelquefois prismé, traversent ce calcaire, et paraissent liées aux nids amphiboliques. D'une autre part, le grès secondaire à fucoïdes des Apennins, vient en contact avec le calcaire et y offre des fentes, de petits filons de manganèse, en un mot des anomalies. L'auteur croit que cette partie des grès a souffert l'action prolongée d'une forte chaleur produite par une roche en fusion, et il appelle ces sortes de masses Terreni galestrini. Ils renferment inférieurement de petits lits de calcaires à entroques, reposant dans certains lieux sur le marbre, passant à ce dernier et ailleurs aussi au calcaire rouge ammonitifère ou à un schiste marno-ferrugineux de la même teinte. Dans d'autres lieux on trouve dans la même position, du jaspe qui passe çà et là à une masse argiloïde friable et même à une véritable alunite (Macheroni et Saracino). (Nuov. Giornal de letterati, no 63.)

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Dans une notice suivante, publiée aussi en 1829, M. Savi concluait 1° que la dolomie de Campiglia, le marbre de Carrare et du Mont-Altissimo, le Bardiglio de Serravezza et le calcaire gris de fumée, caverneux et fétide, ne sont que des modifications de la même roche; 2° que ces dolomies sont toujours non stratifiées ou en filons, et formant à elles seules de grandes élévations, telles que la Pania, la Corchia, l'Altissimo; 3° que la dolomie, lamelleuse et blanche et le marbre saccharoïde se montrent dans les parties les plus étendues et au centre du dépôt, tandis que ses bords sont formés de dolomie impure, de marbre bardiglio, de calcaire caverneux fétide, etc.; 4° que lorsque la dolomie et le calcaire saccharoïde sont purs, les substances qui s'y mêlent ailleurs y existent en petits filons (Seravezza et Carrare) ou en petites masses sphéroïdales concentriques (Campiglia); 5° que les masses dolomitiques ressortent du milieu et de dessous les talcschistes et le macigno secondaire

en produisant des soulèvemens, des ruptures et des altérations; 6o que le jaspe de Barga n'est autre chose que du grès apenninin altéré par le contact de la dolomie; 7° que le calcaire appelé alberèse et le grès apenninin ou macigno sont de la même formation; 8o que dans plusieurs lieux ce dernier calcaire est converti en dolomie ou calcaire caverneux (Callomini) ou en marbre subsaccharoïde (Campiglia). (Nuov. Giorn. de letterati, oct. 1829.)

Dans un dernier mémoire Sur les terrains anciens de la Toscane, M. Savi ajoute de nouveaux détails aux précédentes observations. M. Guidoni a trouvé un calcaire à bivalves en connection avec le marbre de Carrare, ce qui ne serait donc qu'un calcaire secondaire modifié. En examinant avec soin les calcaires de Verrucano, près de Pise, M. Savi y a trouvé près d'Asciano des moules spathisés de Mélanie, de Natice, de Peigne, de Térébratule, des entroques et des zoophytes, et à Mommio, près Fivizzano, des Cardium et des Vénus; d'où il conclut, 1°qu'un calcaire modifié forme les marbres de Santo-Giuliano, comme ceux de Campiglia, de Corfino, de Gerfalco et Donoratico; 2° que le même dépôt offrant des entroques, recèle des univalves; 3° que ces fossiles se trouvant dans le calcaire des montagnes de Pise, comme dans celui du golfe de la Spezzia, ces deux roches sont du même âge; 4° que le calcaire stratifié couvrant le marbre de Verrucano, renferme du silex et divers fossiles semblables, empâtés aussi bien dans le calcaire que dans le silex; enfin, que les roches coquillières doivent être aussi à la base du grès secondaire des Apennins. Dans les Alpes apuennes, les effets plutoniques auront seulement été plus forts que dans les environs de Pise.

Sur le littoral toscan et du duché de Massa-Carrara, les grès des Apennins sont couverts en stratification discordante des dépôts subapenninins et alluvial, et ces grès peuvent se diviser en trois masses. La supérieure paraît caractérisée, du moins çà et là, par un mélange de fucoïdes, et de restes de végétaux terrestres dicotylédons, dont l'accumulation produit même des lits de lignite (Caniparola, dans le pays de Sarzane, Val di Cecina près de Volterre). Le grès macigno apennin offre dans sa masse principale des couches de calcaire compacte ou lithogra phique, qui se trouvent accumulées surtout vers la partie supérieure et inférieure, et accompagnées de lits ou amas siliceux. A la base, l'on trouve des grès siliceux qu'on peut confondre

avec des quarzites et qui alternent avec des schistes et des agglomérats talqueux.

M. Savi partage, sur l'origine de ces dernières masses, la même opinion que nous; idée que mon dernier voyage est encore venu corroborer et sans laquelle la structure des Apennins reste inexplicable. Ces dernières masses doivent leurs caractères hétérogènes aux altérations ignées et gazeuses qu'elles ont subies. Le grès s'est endurci, est devenu siliceux, et s'est converti en une roche cristalline silico-calcaire, où du talc s'y étant développé, il est devenu une espèce de grauwacke stéaschisteuse ou talcschiste-nodulaire, ou bien attaqué par les gaz d'acide carbonique ou sulfureux, etc., il a été changé en une masse tripolienne. L'argile schisteuse est devenue du jaspe ou du silex corné, et le calcaire compacte ou coquillier a pris une teinte blanche et une structure grenue, a perdu sa stratification et presque tous ses fossiles. Dans le cas où le calcaire contenait des s:lex, l'action plutonique les a fait disparaître et a disséminé la matière siliceuse sous la forme de quarz prismé. Dans quelques parties de marbre massif, des traces de mouvement d'expansion ou de soulèvement se joignent à ceux de la fusion.

Quand les couches calcaires ont été traversées par des émanations acides, elles se sont changées en tripoli, en argile, en alunite, etc. D'une autre part, des calcaires cellulaires fétides, des corgueules et des brèches fétides de marne, de calcaire, de jaspe, etc., ont été soumises à l'action d'eau très chaude liquide ou en vapeur et saturée d'acide carbonique, d'hydrogène sulfuré et d'autres gaz semblables. Ces roches cellulaires ou bréchoïdes ont été souvent soulevées à travers les intervalles de divers dépôts et se sont étendues sur eux, en altérant et contournant les roches voisines, ainsi qu'en recélant ou emmenant fort loin des minerais, tels que le fer hydraté, la galène et le cuivre carbonaté. Enfin, quelquefois ces roches se convertissent en une véritable dolomie à druses de spath magnésien.

Des causes semblables peuvent avoir produit dans les masses de grès siliceux des ruptures dérangeant la direction des couches, et d'où sortent des crêtes de masses irrégulières, com posées d'un ciment siliceux, ou schisteux ou ferrugineux, et à noyaux de quartz avec des fragmens de schiste talqueux. Leur surface a alors une apparence porphyrique. Dans ces masses, il y a beaucoup de fentes tapissées de quarz cristallisé; et lorsqu'elles ont été soumises à des émanations métalliques et acides,

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