Page images
PDF
EPUB

étant sommée de ma part de se trouver avec lesdites dames au logis du doyen, audit Remiremont, et à cette fin envoyé votre prévôt d'archers par deux, voire trois fois, m'auroit fait répondre qu'elle n'étoit sujette audit prévôt d'archers aucunement, mais bien souveraine audit Remiremont; mais si je voulois la prier moi-même ou la faire prier par un gentilhomme des miens, elle se trouveroit à l'église, et que pour cette cause elle refusoit m'obéir. Et ce entendu, et votre procureur général des Vosges ouys, sur ladite réponse et rébellion, je l'aurois fait amener par dessous les bras, ce qu'auroit causé qu'elle seroit esté bien suivie par les autres dames, et étant parvenu audit lieu et logis auquel les aurois fait sommer de s'y trouver, et ma charge et commission entendue, seroit ma dite dame abbesse et autres ses adhérentes esté publiquement désavouées par dame Magdelaine de Haraucourt Sonriève, dame Françoise de Beauveau, dame Julianne des Loups, dame Nicole de Cicon avec les soeurs de M. de Montfort, comme semblablement ont fait les filles de M. de Barbay, arrivées le même soir, tant pour apposition des sauvegardes de la sacrée majesté impériale que autres poursuites faites au mépris et contennement de vos droits souverains audit lieu de Remiremont, de quoi en avons prins acte par deux notaires apostoliques, ainsi que votre dite grâce me l'ordonnoit par ladite instruction.

Et n'ont voulu lesdites abbesse et dames confesser le transport de leurs titres, signament celles tenant le parti de ladite abbesse jusques à ce qu'elles se sont vues enfermées en leurs maisons, suivant les requises de votre dit procureur, où après être demeurées un dit jour seulement, les ai trouvées tant gracieuses et honnêtes qu'elles vous confessent souverain, tant au lieu de Remiremont que lieux circonvoisins.

Même ont confessé avoir envoyé une partie desdits titres au lieu de Besançon, par deux de leurs dames issues de la maison de Grammont, et ont envoyé lesdits titres, et vous prient les recevoir vos très obéissantes vassales et subjectes, et leur remettre et pardonner l'offence qu'elles vous ont faites.

Et même m'ont déclaré qu'elles vous envoyent une requête signée de leurs mains, et m'ont prié un peu superséder à mon besogné attendant votre réponse, ce que j'ai bien voulu faire, les trouvant si humbles et obéissantes, qui m'a causé aussi les mettre en délivré et les élargir afin que ce qu'elles feroient fùt plus valable. Et ayant eu ledit élargissement, m'ont dit et déclaré avoir fait ladite requête qui est ci-dessus mentionnée.

Ne vous ferai, monseigneur, les présentes plus longues ni plus long discours de mon besogué, pour ce que mon procès-verbal contient plus amplement l'exécution de madite commission, en laquelle votre procureur général des Vosges vague soigneusement et fidèlement, fors que je veux bien en outre avertir votre grâce que, en faisant la vision des titres desdites abbesse et dames, j'ai trouvé une confirmation de leurs priviléges et libertés faite par l'Empereur de présent, et la commission contenante les causes de ladite sauvegarde.

I

De laquelle confirmation et commission de sauvegarde vous envoye les copies, et vous plaira sur mander si je vous en apporterai les originaux..

Il y a plusieurs dames, et en ai par mémoire au

'Cette confirmation, dont on ne retrouve plus aucune trace dans les archives du chapitre de Remiremont, d'où elle a été enlevée, sans aucun doute, dans l'intérêt des prétentions du duc Charles III, est de l'empereur Maximilien II, qui avoit succédé à son père Ferdinand Ia, décédé le 25 juillet 1564.

nombre de vingt-deux, qui ne sont ni ont voulu être de la menée des autres, dont la plupart, pour cet effet, s'étoient absentées de ce lieu, et n'y avoit pour le présent de votre bande, comme on les nommoit celles que j'ai écrite par ci-devant.

ici, que

A ce que j'entends, elles avoient bonne envie de vous présenter toutes ensemble requête pour avoir main-levée, et de persister en leurs points aussi bien que les autres au leur.

Celles qui se sont trouvées ici vous supplient très humblement, et madame l'aumônière absente, pour laquelle M. de Montfort a promis de faire le semblable, et en ce cas, de se faire advouer.

Il me semble, monseigneur, qu'elles méritent bien d'être respectées à l'exemple d'autruy.

Ledit sieur de Montfort a travaillé tout ce qu'il a peu, et se montre fort affectionné à votre service.

Le baron de Clermont, que je craignois qu'il ne deust faire croître leur courage, signamment à ses parentes, non content de les avoir dissuadé et leur reproché leurs mauvaises têtes, les a, depuis que je suis ici, fait par deux fois admonester de ne se point rebecquer contre vous. Elles sont toutes, à cette heure ici, fort humbles dames et en bonne dévotion, comme elles dient, de ne plus tomber aux termes où elles sont.

Le maître des hautes oeuvres, accompagné de deux soldats, du prévôt des maréchaux, arriva hier devant cette ville; je les ai envoyé loger aux faubourgs, et pense que je n'en aurai que faire; car tout le monde est ici à l'entour si étonné qu'il n'y a personne qui s'ose entremesler des affaires desdites dames sans ma permission.

MONSEIGNEUR,

Je prie Dieu vous donner en très bonne santé très heureuse et longue vie. De Remiremont, le vingtsixième jour du mois de mai 1566. Votre très humble et obéissant serviteur et vassal,

Monseigneur,

JEAN, comte de Salm.

que

Pour autant que après mes lettres escriptes durant les exécutions' que j'ai fait faire, l'on m'a averti quand ladite dame abbesse et ses adhérentes, avant que comparoir en la maison dudit doyen, ont protesté que c'étoit par force qu'elles comparoient, même qu'en la maison dudit doyen, madame Pétronille du Chastelet, doyenne en l'église de Remiremont, avoit en la présence de ladite abbesse et ses adhérentes et sur les requises de votre procureur tendantes à ce qu'elles fussent contraintes se purger par serment du transport desdits titres, bagues et joyaux de leur église, et au cas qu'elles seroient astreintes à prêter tel serment, que ce seroit par force comme n'étantes ad ce attenues, et depuis, en leur pleine liberté, m'ont déclaré en présence desdits notaires par moi expressément appelés, qu'elles n'entendoient avoir fait lettres, protestations, et au cas qu'elles les auroient faites ou ladite dame Pétronille, doyenne pour elles, icelle désavouée, y renonçoient expressément et librement en la présence desdits notaires, vous ai bien voulu advertir de ladite renonciation et que d'icelle (sic) acte en a été pris par devant lesdits notaires, comme vous verrez plus amplement au contenu du procès-verbal. >>

'L'enlèvement des armoiries de l'Empire, l'arrestation des dames chanoinesses, et peut-être aussi celle de quelques uns de leurs officiers, aucune exécution criminelle pour fait de rébellion n'ayant eu lieu.

XVI.

LETTRES

RELATIVES A LA MORT DU PRINCE DE CONDÉ,

HENRI Ier DE BOURBON,

[blocks in formation]

Henri Ier, prince de Condé, fils du célèbre Louis de Condé qui périt assassiné à la bataille de Jarnac, mourut le 5 mars 1588 à Saint-Jean-d'Angely, avec tous les symptomes d'un empoisonnement, Deux de ses domestiques furent condamnés à mort par les juges de Saint-Jean-d'Angely; et deux jours après le supplice, les mêmes juges ordonnèrent qu'il seroit informé contre Charlotte-Catherine de la Trimouille, veuve dudit prince, comme complice de l'empoisonnement; et toutefois, parce qu'elle étoit enceinte, l'instruction fut différée jusqu'au quarantième jour de son accouchement. Après l'accouchement, sur sa demande et sur celle de sa famille, malgré les efforts contraires des juges de Saint-Jean-d'Angely, qui avoient persisté à en instruire, le roi Henri IV consentit que l'affaire fût renvoyée devant le parlement de Paris. Les troubles publics en firent différer l'instruction, qui ne recommença qu'en 1595; et le 24 juillet de l'année suivante, la princesse fut déclarée innocente. Le prince de Condé avoit épousé en premières noces Marie de Clèves, morte en 1574, et en secondes noces Charlotte-Catherine de La Trimouille, qui lui survécut jusqu'en 1629. Voir sur cet événement les Preuves du Journal de P. de l'Estoile, éd. de le Duchat, t. 3, p. 320-348, J. D.

[ocr errors]

I.

Lettre de Madame la Princesse douairière (de Condé) à Madame la Princesse de Condé (Charlotte-Catherine de La Trimouille), du 9 avril 1588.*

AUTANT de contentement que j'ay receu en vous nommant Madame la princesse, j'ay d'occasion de reBibl. roy., mss., fonds de Béthune, n° 9585.

› Cette lettre fut écrite un mois après la mort du prince.

« PreviousContinue »