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ou octogone, quelquefois celle d'une croix; on y descendait par des degrés.

Comme le nombre des baptistères était très-restreint et qu'ils ne pouvaient suffire aux besoins, il fallut plus tard annexer des fonts baptismaux à beaucoup d'églises. Alors la piscine fut placée dans le vestibule ou narthex des basiliques, près des portes; et de ce moment on cessa de construire des baptistères, tout en continuant de se servir de ceux qui existaient.

A quelle époque les cuves baptismales furent-elles annexées aux églises?

Il est certain que dans le XI. siècle elles étaient très-communes, et qu'elles se trouvaient habituellement à peu de distance des portes d'entrée du côté du Nord-Ouest; mais cet usage était plus ancien; le pape Léon IV recommande au clergé, vers le milieu du IX. siècle, d'avoir dans chaque église des fonts en pierre, unusquisque fontes lapideos habeat; la translation ou le placement des cuves baptismales dans les églises dut avoir lieu plus tôt, quand l'usage de baptiser les enfants peu de temps après leur naissance devint général, et quand le baptême fut administré par tous les prêtres indifféremment, au lieu de l'être par les évêques; car il fallut multiplier les cuves baptismales et en placer dans les principales églises.

Les baptistères étaient-ils nombreux en France?

Oui, mais il en reste à peine quelques-uns. Je ne connais que l'église St.-Jean de Poitiers déjà citée et le baptistère annexé à la cathédrale d'Aix qui a été reconstruit au XVI. siècle, et dont il ne reste d'ancien que les colonnes antiques de marbre et de granite, supportant la coupole. Le baptistère de Fréjus est d'une date incertaine, mais ne remonte probablement pas aussi loin.

Quant aux fonts baptismaux du IXo. et du Xo. siècles, j'ignore s'i en existe quelque part : s'il y en a, leurs formes doivent se rapporter à celles du XI. siècle et du XII., que je ferai connaître à l'article Roman secondaire.

Sépultures de la période romane primitive.

Donnez quelques notions sur les tombeaux dont l'âge correspond à la période romane primitive?

Dans cette période comme dans les suivantes, une division toute naturelle se présente à l'esprit, savoir:

Les tombeaux apparents qui sont restés visibles et les tombeaux non apparents ou recouverts de terre.

Les premiers, qui ont appartenu à des personnages marquants sont très-rares, mais ils offrent un grand intérêt à cause des sculptures et des ornements qui les décorent.

Les seconds se rencontrent par centaines dans les lieux anciennement consacrés aux inhumations.

Tombeaux apparents. Les tombeaux apparents ont dû, dans l'origine, être placés à découvert, soit dans les cimetières, soit sous de petits édicules, soit dans les églises et des chapelles, soit enfin sous des arcades, dans des cryptes ou des caveaux funéraires.

Les plus remarquables sont en marbre, souvent ornés de personnages en bas-relief ou de moulures diverses.

On a trouvé beaucoup de sarcophages chrétiens de marbre à Rome, en Italie et dans le midi de la France; ils sont très-rares dans le Nord.

La parfaite similitude qui existe entre les sujets des bas-reliefs qui recouvrent ceux qui ont été observés, soit en France, soit en Italie, porte à croire que des fabriques existaient dans ce dernier pays et qu'elles expédiaient leurs produits dans le midi de la France, où des dépôts de cercueils existaient dans les grandes villes.

Que représentaient les bas-reliefs sculptés sur les surcophages?

Les principaux sujets reproduits dans ces bas-reliefs se rapportent à l'histoire du Christ ou sont puisés dans les traditions bibliques. Ainsi, l'on y voit J.-C. rendant la vue à l'aveugle, ressuscitant le Lazare, guérissant l'hémoroïsme, la multiplication des pains; J.-C. paraissant au tribunal de Pilate. On y trouve souvent Daniel dans la fosse aux lions; Jonas englouti par la baleine et revomi par elle; Moïse faisant jaillir une source du rocher, le passage de la Mer Rouge,

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Les sculpteurs se sont aussi appliqués à reproduire certains sujets emblématiques, des animaux, des arbres, qui avaient été symbolisés par les pères de l'Eglise. Nous y trouvons presque toute la symbolique chrétienne du Ve. siècle.

Décrivez quelques-uns de ces tombeaux ?

Le tombeau de l'empereur Honorius, à Ravenne, offre, au centre, l'Agneau, au-dessus duquel s'élève une croix dont les barres portent

deux colombes, symbole du bonheur procuré aux chrétiens par la Passion du Christ.

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Deux arcades cintrées ou portes simulées portées sur des colonnes cannelées accompagnent ce tableau. A l'extrémité du sarcophage qui devait être en vue, on remarque un vase sur les bords duquel des

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L'UNE DES EXTRÉMITÉS DU TOMBEAU D'HONORIUS, A RAVENNE.

colombes viennent se désaltérer. Cette image, symbole de la douceur et de l'union chrétiennes, se reproduit très-fréquemment au V. siècle.

Sur un autre tombeau de Ravenne, j'ai trouvé des palmiers chargés de fruits, des agneaux, des colombes, le monogramme du Christ, etc.

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Le phénix et le paon sont un emblême d'immortalité et de résurrection que j'ai vu sur plusieurs sarcophages; la couronne, un signe funéraire de la plus haute antiquité.

Le dauphin est souvent représenté sur les tombeaux, parce que ce poisson est réputé l'ami des hommes, et que le corps de saint Lucien fut retiré des ondes par un dauphin et porté au lieu de sa sépulture.

COUVERCLE D'UN SARCOPHAGE EN MARBRE, A ST.-HYLAIRE DE POITIERS.

Tous les sujets représentés sur les sarcophages sont analogues à ceux qui se trouvaient en bas-relief ou en peinture dans les catacombes de Rome.

On peut citer, à cause de sa forme qu'on rencontre dans beaucoup d'autres, un magnifique sarcophage en marbre d'une conservation parfaite, muni de son couvercle, qui existe au musée de Bordeaux.

Ce beau sarcophage provient des caveaux de l'église St.-Seurin, dans lesquels on en trouve encore d'autres du même style.

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Ce sarcophage offre un évasement sensible depuis sa base jusqu'à son ouverture; plusieurs autres cercueils chrétiens affectent la même forme. Le devant de ce beau cercueil est divisé par des 'pilastres en trois parties principales : le panneau central est occupé d'abord par le monogramme du Christ, encadré dans une espèce de couronne ou de guirlande, puis par des guirlandes de pampres chargés de fruits, sortant de deux vases et remplissant tout l'espace compris entre le monogramme et les pilastres; les deux autres compartiments sont ornés chacun de deux rangs de cannelures disposées en zig zag et séparés l'un de l'autre par une bordure.

Le couvercle en retrait sur le cercueil, prismatique et à bouts rabattus, est aussi divisé en trois compartiments. Au centre, on y a répété le monogramme du Christ avec les lettres A et ; des rameaux à feuilles en forme de cœur remplissent les deux autres compartiments : l'autre côté du toit, qui ne devait pas être en vue, n'offre que des feuilles imbriquées.

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Beaucoup de cercueils qui, comme le précédent, ne sont point décorés de personnages, sont couverts de cannelures en spirale qu'on appelle des strigiles, parce qu'elles ressemblent par leur forme à l'in

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