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quence des incendies qui venaient les détruire, incendies dont nous parlent continuellement les chroniqueurs.

Comment les églises étaient-elles pavées du Ve, au XI. siècle?

S'il ne nous reste en France aucun pavé d'église qui puisse remonter à la période romane primitive, nous pouvons au moins répondre à cette question au moyen de documents certains et de quelques débris d'anciens pavés découverts au-dessous des pavages actuels.

Le sanctuaire et le chœur étaient habituellement pavés avec plus de luxe que les nefs : on y employa dans les premiers siècles les mosaïques si répandues sous la domination romaine, les marqueteries ou parquets en marbre de différentes couleurs.

Le pavage des nefs et des bas-côtés consistait en dallages, et souvent dans les premiers temps en des aires de ciment semblables à celles que nous offrent si habituellement les constructions romaines.

Le pavé des nefs peut même, dans certains cas, avoir été décoré de mosaïques, moins riches toutefois que celles du sanctuaire.

L'usage d'enterrer dans les nefs dut rendre le pavage très-irrégulier; on inscrivit parfois les noms des défunts sur les pavés, la dimension de ceux-ci n'était pas très-considérable d'abord. Enfin, vers la fin du VIII. siècle, les couvercles des tombeaux en pierre sortaient souvent du pavé, et quand le nombre s'en fut multiplié, il fallut les enfoncer et les cacher.

Quels étaient les moyens d'exécution?

Il est certain que les ecclésiastiques les plus distingués et les plus instruits faisaient de l'architecture l'objet de leurs études. Les anciens écrivains mentionnent un grand nombre d'évêques et d'abbés qui donnaient les plans de leurs églises, et qui travaillaient eux-mêmes à les construire.

Plusieurs couvents étaient remplis de littérateurs et d'artistes, dans les VII. VIII. et IX. siècles. Les évêques, les moines et les ecclésiastiques en général, étaient souvent architectes, peintres, sculpteurs,

etc.

Mais si les abbayes pouvaient en quelque sorte être considérées comme des écoles où se perpétuaient les traditions relatives aux arts et aux sciences, il y avait aussi hors des cloîtres des ouvriers habiles qui travaillaient sous la direction des évêques ou des moines architectes. Quels ont été les progrès ou la décadence de l'architecture durant la période romane primitive?

Il n'est pas facile d'établir de coupes dans la période de cinq à six

siècles que j'ai assignée au style roman primordial; cependant l'architecture ne fut point stationnaire pendant un si long espace de temps. Il est probable que depuis le V. siècle, l'art de bâtir, imitation servile de l'architecture gallo-romaine, avait plutôt perdu que gagné, lorsque le génie de Charlemagne vint imprimer une nouvelle impulsion aux arts et aux lettres. Il est très-difficile de savoir exactement quels changements se manifestèrent alors dans l'architecture; les opinions sont sur ce point assez divisées, mais le grand nombre d'églises et d'abbayes élevées en France sous ce prince, imprima nécessairement un grand mouvement. Le charmant fragment de l'abbaye de

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Lorsch qu'on voit sur le chemin de Manheim à Darmstadt, et qui date de l'an 776, offre des chapiteaux composites et des pilastres ioniques, qui montrent qu'à cette époque encore on imitait assez correctement l'antique.

L'état prospère auquel les arts étaient parvenus ne put se maintenir dans les temps moins heureux qui suivirent le règne de Charlemagne.

Les dissensions intestines et les malheurs sans nombre qui résultèrent de l'invasion des Normands amenèrent bientôt une décadence marquée dans l'architecture; on vit s'éteindre, à la fin du IX. siècle et dans le Xe., le talent des architectes, en même temps que les lumières de l'ancienne civilisation, ranimées par Charlemagne.

Une superstition bizarre contribua peut-être encore à hâter la décadence de l'architecture; on croyait que la fin du monde arriverait dans le Xe siècle: le découragement et l'apathie qui résultaient de cette croyance paralysaient les esprits, et loin d'élever des constructions nouvelles, à peine réparait-on les anciennes.

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BAPTISTÈRES ; FONTS BAPTISMAUX;-TOM-
BEAUX; — PALÉOGRAPHIE MURALE;

DURANT LA PÉRIODE ROMANE PRIMITIVE.

Autels.

Quelle était la forme des autels pendant la période romane primitive?

Dans les premiers temps de l'église, les autels étaient souvent en bois, ainsi que le prouve un grand nombre de faits et d'autorités; les uns ressemblaient à une espèce de coffre qui pouvait s'ouvrir et se fermer : d'autres devaient offrir simplement l'image d'une table carrée. Mais le 26a. canon du Concile d'Epone, tenu l'an 517, la 4o. année du pontificat du pape Hormidas, ordonna de ne consacrer à l'avenir que des autels en pierre, et quoique cette prescription n'ait pas été constamment suivie, on s'y conforma la plupart du temps, et les exceptions furent assez rares.

Les plus anciens autels de pierre furent carrés, le plus souvent composés d'une table portée sur un pédicule central et sur des colonnes habituellement au nombre de quatre, quelquefois au nombre de six. D'autres autels étaient formés de planches en marbre et offraient l'image d'un coffre. Il y eut aussi des sarcophages de marbre transformés en autels.

Quelques autels étaient revêtus de lames d'or et d'argent et incrustés de pierres précieuses: tous étaient couverts d'étoffes plus ou moins riches, souvent relevées par des broderies dont quelques-unes re

produisaient de pieuses images. Rien n'est plus intéressant à lire que les descriptions données par Anastase-le-Bibliothécaire, de ces riches surtouts d'autels.

Les autels étaient ornés de ciboires;

on appelait ainsi un dais ou baldaquin is supporté par des colonnes.

Les ciboires étaient d'une grande magnificence dans les églises les plus importantes. Celui que le pape Grégoire Ier, fit élever à St.-Pierre de Rome était, d'après Anastase-le-Bibliothécaire, porté sur des colonnes en argent massif.

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Devant l'autel on plaçait aussi des espèces de lustres dont parle souvent Anastase-le-Bibliothécaire, et qui portaient les noms de Phara, Pharacanthara, Corona. Les phares et les couronnes offraient des cercles d'un diamètre plus ou moins considérable, dont le pourtour était chargé de cierges ou de lanternes et qui étaient suspendus au moyen de chaînes ou de cordons fixés à la voûte; l'usage s'en est perpétué fort long-temps dans les églises de France.

Il est probable qu'il n'y eut d'abord qu'un autel dans chaque église ; mais bientôt on en établit plusieurs. Grégoire de Tours, parlant de l'église de Breine au diocèse de Soissons, dit qu'il y célébra la messe sur trois autels différents. Le pape Grégoire-le-Grand, qui vivait au VI. siècle, cite une église dans laquelle il y en avait jusqu'à treize. Enfin Mabillon prouve par des autorités incontestables que la pluralité des autels avait commencé de bonne heure. Cependant il faut remarquer que jusqu'au XII. siècle beaucoup d'églises n'eurent que quatre ou cinq autels.

Autels portatifs. Outre les autels ordinaires, il y avait dans quelques églises des autels portatifs; c'étaient des morceaux de marbre ou de bois incrusté de métaux, d'ivoire, etc., etc., de un pied sur tous sens environ, et parfois encadrés dans un cercle de métal ayant une poignée. On trouve ces autels mentionnés dans des conciles, des chartes, etc., sous les dénominations suivantes, altare viaticum, portatile, gestatorium, lapis portatilis. On les appelait aussi tables ou autels itinéraires, altaria itineraria, parce qu'on s'en servait principalement en voyage.

Il est probable que ces espèces de pierres sacrées se plaçaient sur des

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Quelle était la forme et la disposition des édifices dans lesquels on administrait le baptême?

Ces édifices consistaient, à ce qu'il paraît, en deux pièces principales l'une destinée aux cérémonies préparatoires, l'autre au baptême proprement dit. Ils étaient parfois spacieux et ornés de portiques à colonnes. La piscine sacrée se trouvait au centre ou vers le fond.

Les églises des premiers temps étaient souvent précédées d'une cour ou atrium, environnée d'une galerie et offrant à peu près l'image d'un cloître. Quelquefois ce fut au milieu de cette enceinte qu'on plaça la piscine destinée à l'administration du Baptême; mais plus souvent elle se trouvait en-dehors dans un bâtiment séparé de l'église, placé tantôt en avant de celle-ci, tantôt de côté, et parfois adossé aux parties latérales beaucoup de baptistères furent aussi à une certaine distance des basiliques et tout-à-fait indépendants de ces dernières.

Les baptistères étaient sous l'invocation de saint Jean-Baptiste. La piscine affectait le plus souvent la forme ronde, carrée

(1) Pages 137 et suivantes.

PLANS DE BAPTISTÈRES.

ANCIEN AUTEL DANS L'ÉGLISE DE TARASCON.

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