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FRAGMENT DU SUAIRE DE SAINT GERM AIN, A AUXERRE.

au Ve. siècle; elle est d'une belle conservation et commue sous la dénomination de suaire de saint Germain.

Le quatrième tissu est une chape conservée dans la cathédrale de Metz, à laquelle elle aurait été donnée par Charlemagne, suivant la tradition; ce tissu appartiendrait par conséquent à une époque moins reculée que les précédents.

Il est en soie rouge; on y voit des aigles aux ailes éployées d'un très-beau style et divers ornements fidèlement rendus dans l'esquisse suivante (1).

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Les couleurs employées dans les broderies de la chape de Metz sont le jaune, le bleu, le vert.

La figure que voici montre le détail d'une des broderies répétées plusieurs fois sur la chape entre les aigles du centre et ceux qui occupent les côtés.

Cette autre figure est celle de la tête des monstres qui mordent les jambes des aigles.

Des étoffes du même genre se trouvaient dans beaucoup d'églises, et Anastase-le-Bibliothécaire parle souvent, dans sa vie des papes, des tissus ornés de lions, de griffons, d'aigles qu'on voyait de son temps dans les églises de Rome : il se sert même d'adjectifs pour indiquer ces ornements, et désigne parfois sous la dénomination de Leonata les tissus portant des lions, et d'Aquilata ceux qui portaient des aigles (2).

Il n'est pas douteux que ces divers tissus ne soient venus de l'Orient, ce qui explique très-bien les images qu'on y trouve; on sait que l'art de travailler la soie ne s'est introduit qu'assez tard en Occident.

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(1) Cette esquisse a été faite pour moi, à Metz (2) V. CXI Stephanus, anno 835, p. 236.

par M. Bouet.

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11 est essentiel d'observer que la date de la plupart des anciens tissus est très-problématique. M. de Longpérier a découvert sur quelques-uns de ceux que l'on croyait des premiers siècles de l'église, même, à ce qu'il paraît, sur celui de Chinon, figuré page 19, des preuves manifestes d'une origine bien moins ancienne, des XI. et XII. siècles. Ce n'est donc que sous toute réserve que je viens de présenter les types précédents; mais s'ils ne remontent pas à l'époque qu'on leur a assignée, on peut être certain qu'ils reproduisent les mêmes figures: l'art est resté stationnaire et les mêmes dessins ont été copiés avec une scrupuleuse exactitude pendant des siècles.

Il résulte de cette persistance des types et abstraction faite de l'origine absolue de certains tissus, qu'on doit tenir compte de l'élément décoratif fourni par ces étoffes aux sculpteurs chrétiens; on n'a pas encore fait assez d'études sur ce sujet, et nous le signalons comme très-digne d'occuper les Antiquaires.

Il est certain d'ailleurs que le goût des étoffes à figures d'animaux remonte très-loin; M. l'abbé A. Martin cite dans ses Mélanges d'archéologie, un passage d'Astérius, évêque d'Amasée à la fin du IV. siècle, dans lequel cet évêque s'élève contre le luxe de son temps, qui avait trouvé le secret d'imiter dans les tissus, en combinant l'union de la chaîne et de la trame, toutes les formes d'animaux.

« On est avide, dit Astérius, d'avoir pour soi, pour sa femme, « pour ses enfants, des vêtements ornés de fleurs et de figures sans « nombre..... de sorte que quand les riches viennent à se produire en << public avec ces peintures, les petits enfants se rassemblent, les montrent au doigt en riant et leur laissent à peine un moment de « répit. On voit là des lions, des panthères, des ours, des taureaux, « des chiens, des forêts, des rochers, des chasseurs, et tout ce que « les peintres savent copier dans la nature.

« Ce n'était donc pas assez d'orner ainsi les murailles, il fallait animer « les tuniques mêmes, ainsi que les manteaux qui les couvrent. Ceux qui « ont plus de religion, parmi les riches, suggèrent aux artistes des sujets << tirés de l'histoire évangélique et font représenter J.-C. au milieu de «ses disciples, ou bien ses divers miracles, les noces de Cana avec les « amphores, le paralytique portant son lit sur ses épaules, l'aveugle « guéri par un peu de boue, l'hémorroïsse touchant la frange des vête«ments du Sauveur, Lazare sortant du sépulcre, et ils se figurent << en cela faire une œuvre pie et se couvrir d'habits agréables à « Dieu ! »

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