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peindre tels qu'ils vinrent à elle? » - Elle répondit qu'ils étaient peints sur la bannière «< comme ils sont peints dans les églises. ». Mais les vit-elle « en la manière qu'ils furent peints? >>

La représentation des personnages sacrés sur les vitraux et dans les sculptures les rapprochait trop de l'homme, pour qu'une àme honorée de leur présence les revêtît des formes consacrées. Si Jeanne les voyait « comme ils sont peints dans les églises », ses visions risquaient de passer pour des hallucinations et des souvenirs. Elle se tut, et jamais les juges ne purent lui faire avouer que les saints eussent un corps. Deux fois, ils lui posèrent des questions périlleuses: Est-ce « par en bas ou par en haut » que vous avez embrassé les saintes? Elle répondit: «J'aime mieux les accoler par le

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Croyez vous que Notre-Seigneur n'ait de quoi le vêtir? » La ruse était souvent confondue par la naïveté. Souvent la pauvre fille se sauva par un silence obstiné. «Je n'ai pas congé de vous le dire; je ne vous répondrai autre chose, j'aimerais mieux que vous me fissiez trancher le col. » Si vous doutez, «allez à Poitiers, où autrefois j'ai été interrogée; c'est au registre de Poitiers. >>

Elle avait une marraine qui avait vu des fées sous le fameux arbre de Domremi. Si les anges et les saints de Jeanne étaient des fées, ce seraient des démons. Aurait-elle fait un pacte avec Satan? Ainsi pensaient les docteurs; mais elle nia qu'elle eût pris ses révélations à l'arbre des fées; qu'elle eût jamais vu de fées, ni à l'arbre ni ailleurs.

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Il importait cependant qu'elle fût sorcière. Elle avait un anneau; peut-être était-il « magique ». En effet, pourquoi le regardait-elle en allant au combat? « Pour l'honneur de son père et sa mère »> qui le lui avaient donné. Des femmes ne l'ont-elles pas touché? Et son étendard était-il heureux? « Les panonceaux à la semblance du sien » étaient-ils favorisés? La formule Jesus Maria était-elle cabalistique? Aspergeait-on d'eau bénite les étendards?

Je ne sais, répondit-elle; « je disais : « En>>trez hardiment dans les rangs des Anglais !» et j'y entrais moi-même!» C'était sublime. « Mais pourquoi cet étendard fut-il porté dans l'église de. Reims, au sacre? - Il avait été à la peine, c'était bien raison qu'il fût à l'honneur. » Avait-elle pas « quelque chose derrière son heaume à Jargeau? >>

<< Par ma foi, il n'y avait rien.» Non, cette magicienne n'était protégée par aucun talisman. Est-ce elle qui a ressuscité un enfant à Lagny? Elle pria, avec les purelles de Lagny », pour la

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vie d'un enfant qu'on croyait mort; enfin... «< bailla trois fois. >>

qui

a il

Elle avait depuis longtemps, comme on sait, quitté l'habit de femme. Ses voix le lui avaient commandé; mais les canons déclaraient abominables ceux qui abandonnaient les vêtements de leur sexe. On ne cessa de la persécuter sur l'habit d'homme qu'elle portait. Nous nous étonnons aujourd'hui de l'importance donnée à une telle misère; Jeanne elle-même disait avec dédain: « C'est petite chose que l'habit. » Cauchon ne voulait pas comprendre que l'habit d'homme sauvegardait la chaste fille; elle l'avait dit à Poitiers : « Quand je serai entre les hommes, étant en habit d'homme ils n'auront pas concupiscence de moi, et me semble qu'en cet état, je conserverai mieux ma virginité de pensée et de fait. » Une robe l'eût mise à la merci de ses geôliers, rustres impurs qui la menaçaient parfois des dernières violences. Aussi, toutes les fois qu'on lui proposait de reprendre

des vêtements de femme, elle ne refusait pas; mais elle demandait «< une longue houppelande comme pour la fille d'un bourgeois ». Cependant elle était attachée à l'habit sous lequel elle avait sauvé la France; « et, en cet habit d'homme, dit-elle hardiment, lui semble que ce serait un des grands biens de France, de faire comme elle faisait avant d'être prise. »

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Si elle n'était sorcière, si elle était chaste, au moins elle était Armagnac. « Croyez-vous, lui diton, que votre roi a bien fait de tuer ou faire tuer monseigneur de Bourgogne? Ce fut grand dommage pour le royaume de France; mais, quelque chose qu'il y eût entre eux, Dieu m'a envoyée au secours du roi de France. » Dès qu'elle a vu « que les voix étaient pour le roi de France, elle n'a pas aimé les Bourguignons. » Avait-elle eu dans son enfance «grande intention de persécuter les Bour

guignons? »>«< Elle avait eu bonne volonté que le roi eût son royaume. » Jeanne Darc est Française; c'est la France, et non un parti, qu'elle est venue relever. Écoutez cet aveu: « Depuis qu'elle sut qu'elle devait venir en France, elle fit peu d'ébattements... le moins qu'elle put. » Ce noble cœur se préparait par la méditation à sa mission sainte.

Les juges virent bientôt qu'il fallait concentrer l'accusation sur un seul point. L'hérésie de « la fille de Dieu, la fille au grand cœur», comme l'appelaient ses voix, devait se trouver dans sa croyance invincible à une révélation personnelle. « Si les miens croient que je suis envoyée de Dieu, ils ne sont pas abusés... Je n'ai rien fait sinon du commandement de Dieu », disait-elle. Mais pourquoi n'est-elle pas entrée à la Charitésur-Loire, « puisqu'elle avait commandement de Dieu?» Elle se sauva assez habilement : « Qui vous

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a dit que j'avais commandement d'y entrer? » N'at-elle pas commis le péché d'orgueil dans ses lettres aux Anglais devant Orléans? N'y dit-elle pas: << Rendez à la Pucelle », etc.; « je suis chef de guerre »? Elle proteste qu'elle a fait écrire : << Rendez au roi »; elle nie qu'elle se soit dite chef de guerre. Cependant les deux propositions existent; il faut, ou que la mémoire lui ait fait défaut, ou que son secrétaire n'ait pas suivi sa dictée. Puisqu'elle est si favorisée d'en haut, pense-t-elle être « en la grâce de Dieu? - Si je n'y suis, Dieu m'y veuille mettre; si j'y suis, Dieu m'y veuille tenir ». Malheureusement elle démentit cette sage réponse. «Si j'étais en péché, dit-elle, la voix ne viendrait pas. >> Or, dans cette même séance, elle avait parlé des voix qui l'avaient éveillée le matin, et qui la suivaient souvent devant les juges, pour la conseiller. Ce commerce constant avec les êtres célestes indique assez qu'elle est pure, sans tache. Qu'a-t-elle donc besoin du tribunal de la pénitence?

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Le 3 mars, Cauchon, pensant que les assesseurs étaient assez pleinement informés, que la question de fait était élucidée, fit condenser en soixante et dix articles tous les aveux de la Pucelle. Il écarta de l'instruction tous les conseillers qui lui semblaient émus par la présence de l'accusée, et confia l'interrogatoire à quelques hommes sûrs qui opérèrent dans la prison.

Jusqu'à cette heure, nous avons vu l'adresse et la simplicité de Jeanne laisser peu de prise à l'astuce des juges. Nous la croirions sauvée. Mais Cauchon ne pense pas ainsi. Les réponses. éloquentes, enthousiastes, l'on fait sourire; plus elle a dit que Dieu l'envoyait, que le conseil de Dien était son seul guide, plus il est assuré qu'elle ne

soumettra pas aux jugements des hommes les ordres venus du ciel. Or, si elle préfère sa propre inspiration à l'opinion de l'Église, elle sera convaincue d'hérésie. Des le 45 mars, il fait poser la grande question: « Si elle a fait quelque chose contre notre foi, elle s'en doit rapporter à la détermination de l'Église. Que ses réponses soient donc vues par les clercs, et qu'on lui dise s'il y a quelque chose contre la foi; elle saura bien dire par son conseil ce qu'il en sera. » S'en rapportet-elle à la décision de l'Église?-« Je m'en rapporte à Notre-Seigneur qui m'a envoyée »; d'ailleurs, Notre-Seigneur et l'Église ne font qu'un. Mais il y a l'Église triomphante où est Dieu, les saints, les âmes sauvées; l'Église militante, c'est notre saint-père le pape, vicaire de Dieu en terre, les cardinaux, les prélats et le clergé, et tous les bons chrétiens, laquelle Église bien assemblée ne peut errer, et est gouvernée du Saint-Esprit. » Elle répond « qu'elle est venue au roi de France de par Dieu... et l'Église victorieuse »; c'est « à cette Église-là qu'elle se soumet. Pourtant, «< si l'Église militante lui dit que ses révélations sont illusions, choses diaboliques et superstitieuses », elle s'en rapportera à Notre-Seigneur... « Je crois bien l'Eglise d'ici-bas; je crois bien qu'elle ne peut faillir; mais de mes faits et dits, je m'en rapporte à Dieu. » Cependant, le concile général, les cardinaux? « Vous n'en tirerez autre chose ! » - - Le pape? <«< Menez-m'y, et je lui répondrai. » «Veut-elle dire qu'elle n'ait pas de juge en terre? - Je ne dirai pas autre chose, quand même je verrais le feu. J'ai bon maître; c'est Notre-Seigneur à qui je m'attends, et non à autre. »>

Cauchon triomphe. Jeanne est hérétique; pourquoi la sentence n'est-elle pas rendue? Les Anglais l'attendent, et l'évêque de Beauvais ne gagne pas bien l'argent du roi. Ainsi raisonnent la haine brutale et l'aveugle désir du sang. Mais Winchester, d'accord avec Cauchon, veut tirer du procès plus qu'un supplice; il lui faut le déshonneur de -celle qui a vaincu les fiers Anglais, déshonneur qui rejaillira sur Charles VII qu'elle inspirait, sur les braves gens qui ont cru en elle. Il lui faut une rétractation.

Durant quinze jours, ces profonds machinateurs purent craindre que leur plan n'échouàt. Jeanne fut malade. Les angoisses de la captivité, le désir des sacrements qui lui étaient refusés, contribuèrent à briser cette femme qui ne vivait que par le cœur. Elle faillit mourir. Mais son énergie n'était pas abattue. Lorsque le promoteur d'Estivet lui fit lecture de ses interrogatoires, elle soutint son dire. Cauchon tenta de l'empoisonner. Elle se rétablit lentement; sa faiblesse lui épargna la torture.

Cependant les soixante et dix articles avaient été résumés en douze et envoyés à l'Université de Paris. Ils revinrent approuvés; l'Université félicitait l'évêque d'avoir « arrêté les progrès du venin par lequel la femme perfide, dite la Pucelle, a in

fecté le bercail très-chrétien de presque tout l'Occident. >> Tous les docteurs s'inclinèrent devant l'alma mater. Jeanne resta inébranlable : « Quand je serais dans le feu, je n'en dirais autre chose et le soutiendrais jusqu'à la mort. »

Une grande scène fut préparée le 24 mai dans le cimetière de l'abbaye de Saint-Ouen. Deux hautes estrades reçurent, l'une, tous les juges, dominés par l'infernal Winchester; l'autre, Jeanne et Guillaume Érard, qui devait faire un sermon avant la sentence définitive; le bourreau et la charrette étaient au-dessous de la condamnée. L'épouvante du lugubre appareil, les hurlements de la populace, les prières de Cauchon, les menaces du prédicateur, troublèrent la Pucelle. « Tu abjureras ou tu seras brûlée », dit Érard. « J'aime mieux signer », répondit-elle d'une voix éteinte; et elle traça une croix au bas de l'acte d'abjuration. Elle reconnut à haute voix qu'elle avait simulé des apparitions, « blasphémé Dieu », porté « habit dissolu, contre la décence de nature », désiré « l'effusion de sang humain, erré en sa foi. » On lui avait promis en retour la prison ecclésiastique; mais lorsqu'elle dit aux juges : « Or çà, gens d'Église, menez-moi en vos prisons, que je ne sois plus en la main de ces Anglais », Cauchon répondit : « Menez-la où vous l'avez prise. » La foule, qui croyait la voir échapper au supplice, l'abreuva d'outrages et lui jeta des pierres; les assesseurs faillirent être lapidés.

LA MORT DE LA PUCELLE.

« Nous la retrouverons bien », avait dit à Warwick un juge complice de Cauchon.

On doit croire que Jeanne se repentit sur l'heure d'une terreur passagère. Tout s'était troublé en elle; elle avait douté de sa mission; mais l'âme ne renonce pas, pour une parole arrachée par le désespoir, à ce qui faisait son orgueil et sa joie.

Elle avait pris l'habit de femme, mais les violences auxquelles elle fut en butte lui donnèrent lieu de regretter l'habit d'homme aussi, lorsque les soldats qui la gardaient lui enlevèrent, un matin, la robe qu'elle avait acceptée, elle reprit avec sérénité le vêtement qu'elle avait porté avec gloire. « Je l'ai pris de ma volonté », dit-elle aux juges; puis, faisant allusion à des affronts récents : « Il est mieux séant avoir habit d'homme, étant entre les hommes, que d'avoir habit de femme; si vous m'eussiez menée en vos prisons, messeigneurs de l'Église, il n'en serait pas ainsi. » Avec quelle vigueur elle renie son abjuration! « Vrai est que Dieu m'a envoyée; je me damnais pour sauver ma vie. De peur du feu, j'ai dit ce que j'ai dit. Je n'ai rien révoqué que ce ne fût contre la vérité! » Ses voix lui reprochent sa trahison.

Elle fit ainsi noblement le sacrifice de sa vie. Mais quand on lui annonça, le 30 mai 4431, qu'elle allait être brûlée, pensez qu'elle avait vingt ans, qu'elle avait espéré mieux de la vie, — elle

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eut des cris de douleur, elle s'arracha les cheveux : « Hélas! me traitera-t-on aussi horriblement et cruellement qu'il faille que mon corps, net en entier, qui ne fut jamais corrompu, soit aujourd'hui consumé et réduit en cendres! >> « Évêque, cria-t-elle à Cauchon qui osait se montrer, évêque, je meurs par vous!..... J'en appelle à Dieu, le grand juge!» L'abattement succéda à l'indignation; elle douta encore. Ses voix qui lui avaient promis la délivrance, ses voix avaient menti. Et les juges répétaient lugubrement: « Jeanne, vos

voix vous ont trompée. Ah! dit-elle, je n'y veux plus croire. » Cauchon l'avait-il assez abaissée? Elle avait deux fois révoqué sa mission divine. Mais elle se releva dans la mort.

Réconfortée par la communion qu'on lui avait enfin accordée, elle fut conduite par huit cents hommes d'armes sur la place du Vieux-Marché: elle fut liée à un poteau sur le bûcher. La sentence fut lue: « Tu es revenue aux erreurs et aux crimes que tu avais abjurés, comme le chien retourne à son vomissement; nous te retranchons

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Comment les Anglais amenèrent la Pucelle à Rouen et la firent mourir. - Miniature d'un manuscrit offert en 1484 à Charles VIII. (Mss., no 9677 français.)

comme un membre pourri de l'unité de l'Église, et te délaissons à la puissance séculière. Les juges descendirent de leur estrade au milieu des pleurs d'une foule immense; on dit qu'ils furent émus.

Jeanne voit avec sérénité les flammes ramper à ses pieds; elle fait descendre deux religieux qui l'exhortaient et ne voyaient pas le danger. Tout à coup sa tête prend une expression sublime; elle était consolée. « Mes voix, mes voix! oui, elles venaient de Dieu. Non, mes voix ne m'ont pas déçue, mes révélations étaient de Dieu!»> Elle poussa un grand cri, et mourut. Quelle louange donner à cette femme, la plus grande qui jamais ait existé? Judith a sauvé sa tribu par un crime sombre. Jeanne, au grand jour, a fait, par l'enthousiasme, éclore la pensée de la patrie; elle a inauguré une grande nationalité!

Beaucoup la disaient martyre; «< mais quelque >> mal ou bien «< qu'elle eût fait, elle fut brûlée. »> Le peuple, qui l'avait adorée comme une sainte, l'oublia. Le conseil de Charles VII se réjouit en secret de sa mort, et Winchester tenta d'en profiter. Mais la fortune a trahi les Anglais, et « quand

elle commence à nuire, elle fait de mal en pis. >> (Bourgeois de Paris.) Ils ont perdu l'espoir de conquérir la France, et Bedford ne songe plus sérieusement qu'à garder la Normandie. C'est ce qu'avait prévu Henri V. L'Ile-de-France était abandonnée à des garnisons et à des bandes qui luttaient de cruautés et de rapines avec les partisans armagnacs. Paris se dépeuplait; douze cents personnes, sans compter les enfants, «< quittèrent la ville, parce qu'elles n'avaient pas de quoi vivre et pâtissaient de faim» (avr. 4434). Il faut attribuer les longues vicissitudes qui, de 1434 à 4453, retardent chaque jour l'expulsion des étrangers, à l'orgueil anglais, à la mollesse de Charles VII, enfin aux faibles moyens des deux partis.

Les premiers succes échurent aux Anglais et à leurs alliés. Xaintrailles, envoyé pour surprendre Rouen, fut sur le point d'enlever Bedford, mais tomba aux mains de Talbot. Réné d'Anjou, duc de Bar, voulut saisir la Lorraine, dont sa femme venait d'hériter. Il fut battu avec une armée française par les Bourguignons, qui soutenaient son compétiteur, Antoine de Vaudemont. Fait prisonnier, il fut conduit à Philippe le Bon. La victoire

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Monument en bronze élevé à la mémoire de Jeanne Darc, à Orléans (1571); détruit à la fin du siècle dernier.

Cauchon, et ce fut Winchester qui posa sur le faible front de son neveu la couronne de France. Le banquet qui suivit la cérémonie fut pauvre et mesquin; Winchester, qui faisait les frais de la fête, avait reculé devant le faste des anciens rois. Pour qui, d'ailleurs, eût-il dépensé son or? Pour une ville qu'il doutait de garder? pour le Parlelement et l'Université qui rampaient devant lui? A quoi bon les ménager? Il leur fit servir de « la viande cuite le jeudi d'avant », qu'il avait, sans doute, achetée à bas prix en Normandie. Henri VI quitta Paris le 26 décembre, sans délivrer les prisonniers ni supprimer les gabelles, et les Parisiens demeurèrent aussi mécontents que jamais.

HÉSITATION DU DUC DE BOURGOGNE.

Les Français ouvrirent la campagne, en 1432, par deux expéditions hardies. L'une surprit une partie du château à Rouen, mais elle échoua faute de secours. L'autre, commandée par Dunois, enleva Chartres par trahison. Une attaque feinte sur Paris força Bedford à lever le siége de Lagny. Jamais le régent n'avait été battu en personne, et cet échec dut l'irriter cruellement. Dans la précipitation de sa retraite, il abandonna ses bagages et ses canons. En vain les Anglais reprirent, en octobre, Provins et Montargis; la Brie, le Gatinais, la Beauce, étaient pleins d'aventuriers et de

Typ. de J. Best, rue St-Maur-St-G., 15.

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