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par son père. Lorsque tous les princes, les Berri, les Bourbons, les rois de Navarre et de Sicile, votèrent, en mai 1405, une taille générale proposée par le duc d'Orléans, il déclara qu'il s'opposait à cette mesure tyrannique, et quitta brusquement Paris avec le duc de Bretagne. Dans un moment de raison, Charles VI, éclairé par les prédications d'un moine sur les déportements de sa famille et les malheurs du peuple, manifesta l'intention passagère d'y mettre un terme. Sa frénésie lè reprit bientôt, laissant le royaume à la merci de sa femme et de son frère. Le duc d'Orléans se donna le plaisir de faire venir à la porte de son hôtel tous ses créanciers et de les renvoyer: ils étaient huit cents. Il essaya d'altérer les monnaies, et de saisir la Normandie. Tout à ses voluptés, tout à sa haine, il refusa de seconder Jean Sans-Peur dans une expédition contre Calais. L'irritation était à son comble aussi, craignant une insurrection, il s'enfuit avec Isabeau à Corbeil, puis à Melun; le duc de Bavière, frère de la reine, devait lui amener le

Dauphin Louis avec les enfants de Bourgogne; c'étaient des otages. Jean ne perdit pas de temps; rappelé par le roi, il accourut avec une armée wallonne et flamande, traversa Paris au milieu des acclamations, rejoignit les petits princes déjà en route, s'installa au Louvre avec le Dauphin, réunit le conseil, affecta de parler des trois états, rendit à Paris le droit de s'armer, et fit clore les portes ouvertes depuis vingt-deux ans. De son côté, le duc d'Orléans assemblait des troupes et refusait toute paix. La guerre allait éclater. Les deux partis ne cachaient pas leurs prétentions au pouvoir; la devise des uns était : « Je le tiens » ; des autres : « Je l'envie ».

C'était la seconde tentative de guerre civile; elle avorta. La médiation du duc de Berri ramena les rivaux à Paris. La paix du conseil se rétablit, et des fètes de mariage réunirent la cour à Compiègne. Une fantaisie de guerre vint au duc d'Orléans; il décida Jean Sans-Peur à faire le siége de Calais, leva une taille énorme et l'emporta tout

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entière en Guyenne. L'expédition du Nord manqua faute d'argent; celle du Midi, faute de talent. D'ailleurs, le but n'était-il pas atteint? Le duc s'était enrichi et avait déconsidéré son ennemi en l'associant à ses rapines.

L'Université se hata de mettre à profit l'absence du duc d'Orléans. Le schisme fut vigoureusement poussé; le Parlement assemblé condamna au feu une lettre des docteurs de Toulouse, se déclara contre les annates et les exactions papales; un concile gallican ordonna ia soustraction d'obedience, et la réunion d'un concile général (1406). En effet la voie de cession était un jeu pour la mauvaise foi de Benoît XIII et de Grégoire XII, dont les rendez-vous solennels n'aboutissaient jamais.

Les deux généraux se retrouvèrent à Paris, l'un furieux d'avoir licencié son armée sans combat, l'autre honni par ses soldats, dont il avait dissipé la paye, bafoué du peuple, mais supportant bien sa honte. La lutte recommença: Louis, suivant avec rapacité son rôle d'accapareur absolu, prenait le gouvernement de la Guyenne; Jean, non moins fidèle aux exemples paternels, s'opposait aux tailles. Le peuple et la cour en souffrirent: l'une était restreinte dans ses prodigalités; l'autre, indignement pillé par les gens des princes. Chaque hotel était

un repaire de brigands. La haine pour le due d'Orléans, l'amour pour Jean Sans-Peur, croissaient ensemble. Tous deux étaient avides de pouvoir et ne voulaient pas le partager. L'un ou l'autre devait disparaître; ce fut le duc d'Orléans qui tomba.

Cependant l'hypocrisie de Jean Sans-Peur voilait ses projets homicides. Il alla voir, il embrassa son rival malade; il communia avec lui le 20 novembre 4407, et, le 23, il le fit tuer par un financier destitué. Les circonstances du meurtre sont cruelles. Le duc Louis dînait chez la reine, à l'hôtel Montagu; ses assassins le font appeler de la part du roi. « Je suis le duc d'Orléans », cria-t-il, en sentant sa main gauche abattue d'un coup de hache. « C'est ce que nous cherchons », répondent les hommes. Il fut horriblement massacré, sa cervelle était semée dans la boue.

Les funérailles du despote se firent au milieu de la joie populaire. Les dues de Bourgogne, de Berri de Bourbon, le roi de Sicile, tenaient les coins du drap mortuaire; le sang coula du cercueil, accusant la présence de l'assassin, que tous ignoraient. Des enquêtes mirent sur la trace d'un homme qui appartenait à l'hôtel d'Artois; c'était la demeure de Jean Sans-Peur. Lorsque la justice en demanda

l'entrée, le duc s'avoua, avec quelques larmes, auteur de la mort de son cousin; il rejetait son crime sur «<l'insinuation de l'ennemi », du démon. Un chroniqueur du temps lui prête moins d'émotion: «< Afin qu'on n'accuse personne à tort de la mort du duc d'Orléans, je déclare que j'ai fait faire ce qui a été fait, et non autre. » Le lendemain, il se présenta sans honte au conseil; les portes lui furent fermées par son oncle de Berri. Il craignit alors; et, vivement poursuivi, coupant les ponts, changeant de chevaux, il atteignit son

château de Bapaume; ses complices étaient déjà réfugiés en Artois. Nul ne songea au mort. Seule, sa noble femme, Valentine, qui, malgré ses légèretés, l'avait toujours fidèlement aimé, vint, avec ses fils, demander justice. Charles VI s'ému un moment, et fit des promesses sincères; mais sa démence lui enlevait la mémoire. Il fit seulement défendre au meurtrier de rentrer dans Paris, et le conseil demanda l'extradition des assassins.

En vain le duc de Berri et le roi de Sicile vinrent trouver Jean à Amiens; il ne voulut rien

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Tombeau de Valentine de Milan et de Louis de France, duc d'Orléans, son mari, dans la chapelle d'Orléans

de l'église des Célestins, à Paris. (Gaignières.)

entendre. La fidélité de ses Flamands, la joie du peuple, l'indifférence de l'Université qui ne voyait dans le défunt qu'un schismatique, enfin l'orgueil, le ramenèrent à Paris. Il fit son entrée avec huit cents hommes d'armes, aux cris répétés de « Noël ! Noël!» Il eut l'audace de forcer les princes à entendre sa justification publique. Jean Petit, docteur en théologie, lumière de l'Université, prouva sans réplique que le duc d'Orléans était un tyran, et qu'on avait droit de tuer un tyran, même après l'avoir séduit par de belles paroles, après avoir communié avec lui; que le tyran était coupable de lèse-majesté et de sorcellerie; enfin que sa mort profitait au roi et au royaume. En vérité, le duc d'Orléans était non un sorcier, mais un brouillon dont les idées variaient d'heure en heure, un joueur qui dissipait l'argent de l'État, un pillard qui ruinait le peuple, un tyran dédaigneux; il ne valait pas mieux que Jean Sans-Peur. Sa mort n'eût fait

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Jean s'empara du roi, fit rappeler par lui les princes et la reine qui tentaient un mouvement à Melun, et obtint des lettres patentes conformes au discours de Petit; les créatures d'Orléans furent destituées. L'Université, mise en faveur par son adhésion éclatante au crime du vainqueur, put s'occuper activement des papes, enlever à Grégoire XII ses cardinaux, prêcher contre Benoît XIII, le cribler d'injures, lacérer et brûler sa bulle d'excommunication, le chasser de Gênes; les deux colleges, gagnés par elle, invitaient leurs papes à un concile orcuménique.

Des raisons de parenté et de politique féodale

appelèrent bientôt le duc de Bourgogne dans les
Pays-Bas. Son beau-frère, Jean de Bavière, évêque
de Liége, était assiégé dans Maestricht par ses su-
jets; son frère Antoine, duc de Brabant, craignait
que la contagion de la révolte ne gagnât ses États;
lui-même il se souvint de l'héroïsme de Gand, et
redouta l'entraînement populaire. Il aimait le
peuple, mais pour s'en servir. Liége, cette Rome
du Nord, la ville des trois cents églises, eut l'or-
gueil de le combattre en bataille rangée. Comme
à Roosebeke, la masse communale fut, après un
combat << très-âprement horrible et épouvantable »,
égorgée sans quartier. C'est la bataille d'Hasbain.
La vengeance de l'évêque fut sanglante; la hache
et la Meuse le délivrèrent de ses ennemis. Paris
eût gémi autrefois à la nouvelle de ce malheur, et
les princes se fussent réjouis. Il arriva tout le con-
traire (septembre).

Le peuple fut joyeux du triomphe de son idole,
et la cour humiliée. Lorsque Jean Sans-Peur entra

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Sceau de Jean Sans-Peur.

dans Paris (novembre), il n'y trouva ni le roi ni
les princes. Son départ avait été le signal d'une
réaction. Presque toute la noblesse avait joint en
armes la reine à Melun. Isabeau était rentrée
dans Paris avec trois mille hommes. Le conseil pré-
sidé par elle avait accueilli la plainte de Valentine
de Milan, écouté le discours de maître Serisi, bé-
nédictin, qui réfuta Jean Petit, et, selon la re-
quète de Cousinet, avocat des plaignants, con-
damné le duc de Bourgogne à la démolition de ses
hôtels, à une amende d'un million d'or, à un ban-
nissement de vingt ans; annulé les lettres de par-
don; enfin sommé le coupable de comparaître en
personne devant le Parlement. Mais la victoire
d'Hasbain avait effrayé les faibles vengeurs du duc
d'Orléans; ils avaient licencié leur armée et cherché
un refuge à Tours. Au mois de décembre, Valen-
tine mourut. C'était une femme forte, pleine de

dignité, flétrie par des calomnies. Sa triste vie justifie sa devise: « Rien ne m'est plus; plus ne m'est rien. >>

Cependant Isabeau s'ennuyait à Tours. Qu'importait à cette sensuelle et gourmande créature la vengeance de son amant? Des pourparlers amenèrent la paix de Chartres (mars 1409). Le duc Jean, à genoux devant le roi dans la cathédrale, lui fit soutenir qu'il avait assassiné pour le bien de sa personne et de son royaume. Charles VI accorda un pardon à peine demandé. Les enfants d'Orléans jurèrent la paix en pleurant, « pour ne pas désobéir au roi ». Le duc triomphant rentra dans Paris avec le comte de Hainaut, traînant les princes derrière lui; les d'Orléans retournèrent seuls à Blois. Tel fut le dénoûment de cette comédie, que le fou de Jean Sans-Peur appelait la paix fourrée. La cour, saisie d'une fureur de plaisirs, le roi en tête, aux noëls du peuple, renoua la chaîne un moment rompue des fêtes et des joutes voluptueuses. Rien ne prouve mieux l'inutilité du prince assassiné: il ne manquait pas même aux délicats qu'il guidait à une débauche élégante.

Jean Sans-Peur ne restait pas oisif; il rendait à Paris le droit d'élire le prévôt des marchands et d'acquérir des fiefs nobles; il faisait forger « fètes et dimanches et par nuit et jour... des chaînes comme autrefois ». (Bourgeois de Paris.) Il mariait son frère de Brabant à la nièce de l'empereur et du roi de Hongrie. Il se rattachait les ducs de Berri et de Bourbon en les nommant capitaines de la ville.

L'Université poursuivait son œuvre. Laissant les deux papes convoquer chacun leur concile, elle les déposait dans le concile général de Pise (25 mars 4409), et les remplaçait par Alexandre V: ce fut le troisième larron; il ne valait pas mieux que les autres; son successeur, Jean XXIII, fut pire encore; c'était un ancien pirate (mai 4410). La révolte de Gênes, qui, lasse des duretés de Boucicaut, chassa ses troupes (septembre 1409), en ôtant à la France l'autorité qu'elle avait depuis peu conquise en Italie, permit à Jean XXIII de faire avorter le concile de 4442, remis à 4444. Le gouvernement d'ailleurs commençait à être trop agité pour tenter la soumission de Gènes et pour étendre son influence au dehors.

Jean Sans-Peur avait fait, du 7 au 17 octobre 1 409, une opération financière fort avantageuse : l'arrestation, la mort et la spoliation de Montagu, grand maître de l'hôtel du roi, surintendant des finances, lui épargna l'impopularité d'une taille devenue nécessaire. Montagu, vieux ministre de Charles VI, avait échappé à la disgrace des marmousets. Son habileté reconnue l'avait maintenu dans sa charge. Mais la faveur du duc d'Orléans lui attira la haine de Jean Sans-Peur; ses grandes alliances, ses illustres amitiés ne purent le sauver. La torture lui arracha des aveux; il eut la tête tranchée aux halles et fut pendu par les pieds. Son immense trésor, où se retrouvèrent la vaisselle et les joyaux

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Typ. de J. Best, rue St-Maur-St-G., 15.

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Jean, duc de Bourgogne, dit Jean Sans-Peur. Miniature d'un manuscrit du commencement du quinzième siècle, à la grande Bibliothèque de Paris.

du roi qui lui étaient engagés, fut partagé entre son ennemi et ses amis. Sa place fut donnée à des Essarts, prévôt de Paris, qui l'avait arrêté, ses subordonnés mis à l'amende, la chambre des comptes suspendue. La mort cruelle de ce vieillard fastueux, coupable peut-être, mais ami des arts, excita

presque la compassion du peuple qu'il avait pres

suré.

La puissance de Jean Sans-Peur était à son comble; une assemblée de princes laïques et ecclésiastiques (Noël 1409) lui donna la direction de son gendre le Dauphin, duc de Guyenne, investi

de l'autorité royale; l'embonpoint excessif de la reine Isabeau, la paresse du duc de Berri, les détournaient du gouvernement.

Mais tout changea; et tandis qu'il échouait par suite d'une trahison au siége de Calais, les princes d'Orléans, les comtes d'Armagnac et de Foix, le connétable d'Albret, étaient rejoints à Gien par les ducs de Berri et de Bourbon mécontents (printemps 4440). Un pacte fut signé (avril); des troupes anglaises et italiennes renforcèrent l'armée des princes recrutée en Gascogne, en Poitou, en Normandie, en Bretagne. On redemanda l'autorité usurpée. Enfin le comte d'Armagnac, beau-père du jeune duc Charles d'Orléans, homme de tête et d'expérience, ravageant Chartres, Montlhéri, lançant autour de Paris ses bandes incendiaires de Gascons, s'avança jusqu'au faubourg Saint-Marcel. La rapacité de ses hommes, la bande blanche qu'ils portaient, et aussi sa valeur personnelle, firent donner au parti orléanais le nom détesté d'Armagnac. Jean Sans-Peur, avec des forces supérieures, regardait sans combattre les dévastations de l'ennemi; il se bornait à défendre aux siens le pillage et l'incendie; « ses gens ne prenaient rien sans payer, et comptaient tous les soirs avec leurs hôtes, et payaient tout sec. » Nature brutale, mais lente, vaniteuse, peut-être accessible aux remords, il accéda aux ouvertures des princes qui, ayant pillé le pays à fond, n'avaient plus de res

sources.

L'Université, fiere d'avoir créé un troisième pape, essaya de former un troisième parti étranger aux deux autres qu'il devait remplacer. Elle proposa de renvoyer tous les ducs chez eux, et de confier l'État à de nouveaux marmousets. Elle eut l'orgueil de rétablir la paix dans l'État comme dans l'Église; mais quelle paix! En se démettant de leurs prétentions, les signataires du traité de Bicêtre (2 nov. 4440) gardent l'espoir de gouverner par leurs créatures avec profit et sans responsabilité. La guerre de corruption et de ruse succède à la guerre sanglante. Aussi, dès que les Bourguignons surpassèrent en nombre les Armagnacs dans le conseil, les princes, sans égard pour les conventions qui interdisaient la guerre civile jusqu'à Pâques 4442, prirent les armes dès le printemps 4414, et demandèrent la destitution des conseillers qui leur étaient opposés. Jean affectait unc attitude purement défensive en Flandre et en Artois.

Le gouvernement proposa une taxe générale; mais l'Université, qui ne voulait pas y être soumise, refusa tout subside. La vanité lui avait commandé l'intervention, l'égoïsme lui enseigna la défection. Vers juillet, les Orléans défierent l'assassin de leur père, et déclarérent nul le pardon de Chartres. Leurs armées, laissant des garnisons dans le Beauvaisis, désolèrent la Picardie et les frontières de l'Artois, et couvrirent bientôt les environs de Paris. Violant, égorgeant, mutilant, les Armagnacs renvoyaient les aveugles et les estropiés

qu'ils faisaient demander justice à leur « pauvre fol de roi »>.

LES CABOCHIENS. LES ARMAGNACS.

Le duc de Bourgogne attendait. París, pris d'une colère furieuse, craignait une trahison; dans cette fermentation, la lie du peuple monta pour ainsi dire à la surface. Les bouchers devinrent les maitres de la bourgeoisie tremblante, et Caboche, écorcheur de bètes, donna son nom au parti bourguignon. Waleran de Luxembourg, comte de Saint-Pol, connétable de France, ami et parent de Jean Sans-Peur, prit pour lieutenants Caboche, le bourreau Capeluche, les frères Legoin, Saint-You, Thibert, bouchers; pour soldats, les assommeurs, les pelletiers, les tanneurs; pour appui, la populace.

Caboche et les siens lèvent cinq cents hommes d'élite, se substituent au corps de ville, dominent par la terreur le grand conseil, tirent le roi et le Dauphin de l'hôtel Saint-Pol pour les établir dans le Louvre fortifié, rappellent le duc de Bourgogne, garnissent de troupes les environs, et invitent les paysans à s'armer. Dès lors l'Ile-de-France est couverte de brigands bourguignons et armagnacs. Jean, avec quelque noblesse et une forte armée flamande, envahit la Normandie, prend Ham, atteint près de Montdidier toute la chevalerie des Armagnacs, mais la laisse échapper; sa forte artillerie semblait lui promettre la victoire. Les Flamands, malgré ses prières, font retraite après quarante jours de campagne, pillant les villes de la première à la dernière maison, et chargeant le butin sur des chariots qu'ils ramènent sans.encombre dans leurs communes. Son armée affaiblie n'est préservée d'une ruine probable que par le retour rapide des Armagnacs vers Paris, où ils voulaient prendre le roi.

Saint-Denys, Saint-Cloud, pris par les princes, furent livrés au pillage et leurs habitants aux tortures; des villages entiers fuyaient, criaut : « Ce sont les Armagnacs! » Les champs étaient abandonnés « en pleine vendange ». L'entrée du duc de Bourgogne dans Paris déconcerta ses ennemis. Chassés de Saint-Cloud, où douze cents chevaliers furent massacrés (novembre), ils quittèrent Saint-Denys et se retirérent au delà de la Loire. Toutes leurs places du Nord furent prises ou achetées. Le Languedoc, le Limousin, la Guyenne orientale, les abandonnèrent. Les Parisiens victorieux massacrèrent les suspects et les tiedes; les bonnes villes suivaient leur exemple. Le roi, dans son bon sens, approuva, en janvier 4412, tout ce qui s'était fait en son nom. La perte radicale des Armagnacs fut jurée et préparée. Qui gagnait à ces massacres, à ces efforts, à ces victoires? Jean Sans-Peur, et non la France, qui voyait crouler sous l'artillerie les murailles de ses villes, et couler le sang de ses fils. Les cabochiens, malgré leur énergie, n'étaient pas un parti

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