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rances, bientôt déçues par l'élection de Boniface IX. C'était l'heure d'être agréable au roi; « le profit de quoi vivoient » le pape et les cardinaux venait du roi, « et sans l'amour du roi, leur affaire étoit petite ». Aussi Clément, sans se scandaliser des légèretés de son hôte, le combla de présents et accorda au jeune roi de Naples une dime sur le clergé.

Charles VI avait été rejoint par ses oncles à Avignon; mais, à son entrée en Languedoc (nov. 4389), il les congédia. Le duc de Berri le fit suivre de

son trésorier Bétisac pour le disposer en sa faveur; mais l'opinion du conseil était faite. Bétisac fut arrêté à Béziers; accusé de viols et d'homicides, il les nia; convaincu d'avoir levé sur le Languedoc jusqu'à trois millions de francs d'or, il fut avoué par le duc. Pour faire justice de ce misérable, on fut réduit à une ruse assez déshonnête. Menacé indirectement d'une sentence de mort, il fut amené à se déclarer hérétique; il comptait, pour sortir des mains ecclésiastiques, sur l'amitié simoniaque de son maître avec le pape. Il fut condamné et brûlé,

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Fragment d'un manuscrit exécuté vers 1390 pour Louis II, duc d'Anjou. - Très-chier fils, tout premièrement » je t'enseigne que tu aimes Dieu ton Seigneur de tout ton cuer et de toute ta [force], etc. »

ses complices destitués. Le roi, festoyé par toutes les dames et demoiselles du Midi, fier de l'hommage que le comte de Foix vint lui rendre à Toulouse, heureux des bénédictions populaires, se prèta aux desseins de ses conseillers. Il nomma trois réformateurs du Languedoc (janv. 1390). De retour à Paris, il signifia à son oncle sa destitution, prononcée par le grand conseil (Pâques), et la nomination d'un nouveau gouverneur, le sire de Chevreuse. Le duc de Berri accabla d'injures le connétable et les ministres, qu'il nommait marmousets, parvenus. La mort subite d'un des trois réformateurs, l'archevêque de Reims, peut lui être attribuée; il n'était pas novice en matière d'empoisonnement. Le cardinal de Laon, pour avoir conseillé le renvoi des princes, était déjà mort comme l'archevêque de Reims.

En 4390, une terreur superstiticuse de la reine, pendant un orage, procura au peuple un allégement de subsides pour un an. Le royaume fut donc un peu moins malheureux, mais non par la faute du roi. L'année suivante est remplie par les sourdes menées des oncles hypocrites et par la faveur naissante du duc d'Orléans, frère du roi. L'attitude arrogante de Jean de Montfort, qui affectait de rester neutre entre les deux papes, de ne dépendre que de Dieu, de frapper une monnaie d'argent sans le nom du roi, lui préparait, au grand plaisir de Clisson, une accusation de haute trahison; mais les ducs l'avertirent du danger qu'il courait et

le décidérent à faire sa soumission (déc.-janv.). Charles de Blois, gendre du connétable, lui rendit hommage et renonça à ses prétentions. Dans le même temps, le duc de Berri, qui avait reçu trente mille francs d'or, décida le roi à investir du comté de Foix le vicomte de Castelbon, neveu de feu Gaston-Phoebus. Il eût été facile à Charles VI de réunir à la couronne cette seigneurie, que Gaston lui avait engagée avec l'intention de la lui léguer.

Des conférences ouvertes à Amiens pour la conclusion de la paix n'aboutirent qu'à une prolongation de trêve les Français demandaient plus que les Anglais ne voulaient accorder.

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On a vu se dessiner trois partis rivaux les marmousets, le duc d'Orléans, les oncles du roi. Unaccident imprévu va donner l'avantage aux derniers. Pierre de Craon, gentilhomme subtil, voleur émérite, favori du duc d'Orléans, avait révélé à la duchesse les infidélités de son mari. Chassé de la cour, il se crut desservi par Clisson, et alla nourrir sa haine chez son parent le duc de Bretagne. Il revint, en juin 4392, dans son hôtel, à Paris, où il avait caché quarante assassins. Ses relais préparés jusqu'en Bretagne, les portes de la ville toujours ouvertes depuis 1383, la connivence du duc de Berri, l'assuraient de l'impunité. Une nuit, il assaillit Clisson, qui venait de quitter le roi. Les valets du connétable furent dispersés, leurs torches éteintes et jetées à terre. « A mort,

à mort Clisson! si vous faut mourir! Je suis Pierre de Craon votre ennemi. » Le connétable se défendit vaillamment, et tomba, frappé à la tête, dans la porte entr'ouverte d'une boutique de boulanger. Les meurtriers s'enfuirent, croyant leur ennemi mort; il n'était que blessé; le roi vint le voir, apprit de lui le nom du coupable et lui jura vengeance. Craon, réfugié en Bretagne, sut bientôt que ses maisons étaient confisquées et rasées, sa femme et sa fille chassées en chemise du château de la Roche-Bernard, et Clisson vivant. « Vous êtes un chétif », lui dit Jean de Montfort, tout en refusant de le livrer. La colère de Charles VI fut sans bornes; il assembla une armée et voulut la conduire en personne; nul ne l'en pouvait empècher, pas même les médecins. Il relevait, en effet, d'une maladie grave. Ses excès lui avaient donné une fièvre chaude accompagnée de délire; une rechute le retint trois semaines au Mans, où ses troupes et ses oncles l'avaient rejoint. Cependant sa haine contre Craon et Jean de Montfort croissait chaque jour et devenait une monomanie.

L'armée s'ébranla le 5 août, par une apre chaleur. Tout à coup, dans la forêt du Mans, un homme mal vêtu, tète nue, prit les rènes du cheval que le roi montait, et dit : « Roi, ne chevauche plus avant, mais retourne, car tu es trahi. >> « Cette parole entra en la tète du roi, qui étoit faible; son esprit frémit et se sang-méla tout. » On chassa l'inconnu au lieu de l'arrêter. Le roi sortit de la forêt sous un soleil resplendissant. « Une influence du ciel, merveilleuse, descendit sur lui. » Les lances que portaient deux pages cheminant à ses côtés vinrent à se choquer par hasard, « les aciers sonnèrent »; ce choc imprévu l'exalta. « Avant, avant sur ces traîtres! » cria-til; et, l'épée nue, il fondit sur son escorte, tua ou blessa quelques hommes, et menaça son frère. Tout le monde fuyait. Enfin le duc de Bourgogne s'écria: « Haro! le grand méchef, monseigneur est tout dévoyé ! qu'on le prenne! » On fatigua la fureur du roi par des courses effrénées; il fut saisi, désarmé, couché à terre. « Les yeux lui tournoient en la tête d'étrange façon.» «Le voyage est achevé pour cette saison », dirent ses oncles; puis ils le ramenérent du Mans à Creil, « en bon air et bon pays ». Charles VI n'était ni empoisonné, comme on le crut d'abord, ni « maléficié ». Ses débauches, ses passions furieuses, l'ivresse de la royauté, avaient prédisposé sa tête débile à la folie que venaient de déterminer une émotion subite et un coup de soleil. (Froissart.)

LUTTE DES DUCS D'ORLÉANS ET DE BOURGOGNE. LE SCHISME.

Le gouvernement des marmousets avait duré quatre ans; la plupart de ces ministres n'avaient eu que de bonnes intentions stériles; le peuple les estimait sans les aimer; le clergé, dont ils

avaient attaqué les priviléges, les détestait. Le duc de Bourgogne leur reprit le pouvoir, et le garda. Le Begue de Vilaines, Nogent, Larivière, furent arrêtés; le premier fut mis en liberté par le crédit de ses amis; les deux autres, malgré leur intégrité, virent leur procès se faire. Nogent surtout était détesté du duc de Bourgogne, qu'il avait empêché de prendre en secret trente mille écus dans le trésor. Montagu s'enfuit. Clisson, accusé de profits considérables sur la solde des troupes, fut ajourné à comparaître, dégradé, condamné par défaut. Il n'avait pas attendu le jugement, et faisait la guerre en Bretagne à Jean de Montfort, qui prétendait exécuter la sentence. Le duc d'Orléans, écarté du gouvernement pour sa jeunesse, était favorable aux marmousets, et surtout à Clisson.

Cependant le roi, rétabli, faisait des dévotions à Saint-Denys, et honorait d'une chasse d'or les restes de saint Louis. Bientôt las des plaisirs calmes qu'on lui permettait, il retourna aux folies qui l'avaient perdu. Il eut, dans un bal de noces, l'idée bizarre de paraître en sauvage, couvert d'étoupes, pour faire, avec cinq seigneurs vètus comme lui, assaut de postures grotesques et de pas bizarres. Par malheur, le duc d'Orléans, qui était aviné ou qui voulait voir de près, mit le feu avec une torche à la peau factice des malheureux danseurs. Quatre moururent; un se jeta dans une cuve d'eau, et survécut ; le roi fut sauvé. Le peuple vit un crime dans la fantaisie du duc d'Orléans; Paris s'émut. Mais la santé du roi resta bonne, et l'agitation se calma. Charles VI, après avoir accompli plusieurs pèlerinages, recommença de réguer; il délivra et réintégra dans leurs biens Larivière et Nogent. Il rappela en vain le prudent Clisson. Tourné aux choses de la religion par la crainte d'une rechute, il fit droit aux réclamations de l'Université, et s'occupa du schisme; mais un accès l'éloigna des affaires pour sept mois entiers (juin 4393). Dès lors les actes du gouvernement furent une série de contradictions; tout se fit et se défit. Le roi, dans ses moments lucides, montrait parfois de sages intentions, comme l'atteste une ordonnance de 4394, qui organise dans les villages des confréries d'archers; mais les princes, craignant pour eux ces milices rurales instituées contre tout ennemi public, les interdirent. La trève avec l'Angleterre, prorogée d'une, puis de quatre années, le fut de vingt-huit ans en 4395. Richard II rendit au roi de Navarre Cherbourg, au duc de Bretagne Brest, et demanda la main d'Isabelle. fille de France; une dot de huit cent mille franes fut levée, et le mariage conclu. Assuré de la paix extérieure, Charles VI, qui s'était, en janvier 4394, rétabli pour dix-huit mois, put s'occuper sérieusement de l'Église.

Les deux papes luttaient de rapacité et de fourberie. Clement VII avait trouvé dans les princes de faciles complices; il exploitait son Église. Boniface IX organisait les annates; il gagna beau

coup d'argent avec les indulgences d'un jubilé ouvert en 1390; mais, plus loin de la France, il y était moins haï; il conçut le projet d'y supplanter Clément VII. Deux chartreux portèrent de sa part, à Charles VI, une lettre pleine de protestations et de zèle pour la fin du schisme; mais il ne proposait aucun moyen, pensant que le meilleur était de régner seul. Tel ne fut pas l'avis de l'Université (juin 4394). Ce grand corps émit trois opinions l'abdication des deux papes, un choix entre eux, un concile général. Les propositions, furent portées au roi par un théologien fameux, Nicolas de Clémangis. L'orateur est hardi : « Le pape,

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sujet de l'Église, est inférieur au concile. Le concile n'est pas une assemblée d'évêques ignorants ou liés d'intérêts à l'un des papes; c'est une réunion des lumières de la chrétienté les docteurs en théologie, en droit canon, en droit civil, doivent donc y prendre place; encore n'est-il pas absolument infaillible. »> - Rarement, au moyen àge, on a parlé avec autant de bon sens; il est vrai que l'orgueil universitaire entre pour beaucoup dans ce dédain des prélats. La péroraison de Clémangis était simple: Si les papes refusaient les moyens offerts, il fallait chasser «< ces loups déguisés en pasteurs ». Clément VII mourut, dit-on, de fureur en lisant cette conclusion.

Les cardinaux d'Avignon élurent au plus vite, malgré le désir du roi, l'Aragonais Pierre de Luna, qui prit le nom de Benoît XIII. Toutefois, ils s'étaient tous engagés par serment à l'abdication, si le sacré college la jugeait nécessaire; c'était, en effet, l'expédient le moins fatal à l'infaillibilité. Le concile gallican du 2 février 4395 l'adopta. Cardinal, Benoît XIII avait rédigé la formule du serment d'abdication; pape, il montrait pour la paix un zèle ardent. Les dues d'Orléans, de Berri, de Bourgogne, accompagnés de docteurs, vinrent en ambassade solennelle lui apporter les décisions du concile; la majorité des cardinaux opta pour la cession. L'Université triomphait. La réponse fut attendue deux mois; mais, à force de subterfuges et de chicanes, il évita de parler clairement, et resta pape.

Le combat va s'engager. Benoît XIII a pour lui son collègue Boniface, l'Université de Toulouse, et les Dominicains. Les inventeurs de l'inquisition devaient naturellement soutenir l'infaillibilité. D'ailleurs ils haissaient l'Université de Paris depuis l'affaire de l'Immaculée conception; ce qu'on ne croirait guère, c'est qu'ils étaient contre, et l'Université pour. Le fait est qu'ils avaient été poursuivis et arrêtés. Les docteurs de Toulouse niaient pour le pape tout contrôle, même celui du concile; Boniface avait la même opinion. L'Université de Paris avait pour elle presque toute la chrétienté. L'Université d'Oxford cependant préférait à la cession le concile général.

Tandis que les deux partis préparent des armes pour la discussion, s'agitent, s'assemblent et se recrutent parmi les geus instruits, quelques évé

nements intéressent au dehors le commerce et la noblesse française. Gènes, à son déclin, menacée par Jean Galéas Visconti, duc de Milan, peu protégée par l'alliance de Florence, désira et obtint (août-octobre 4395) la protection de Charles VI; l'ancien doge devenait vicaire du roi; les possessions lointaines de la république s'ouvraient à l'influence française. Le duc de Bourgogne n'avait vu dans le protectorat de Gènes qu'un moyen de contrarier les desseins de Jean Galéas, beau-père du duc d'Orléans; c'était dans le même but qu'il organisait une ligue contre Visconti. Valentine de Milan, duchesse d'Orléans, ne pouvait rien pour défendre son père; elle avait été si chère au roi, qu'on l'accusait de l'avoir ensorcelé. Le duc de Bourgogne s'était servi du bruit public pour la faire bannir de la cour. Ainsi s'amassait la haine entre la maison de Bourgogne et la maison d'Orléans. L'alarme donnée à la chrétienté par la rapide invasion des Ottomans retarda peut-être l'explosion de la guerre civile.

L'empire grec était réduit à Constantinople. Le sultan Bajazet, maître de l'Illyrie, menaçait le Danube, et le roi de Hongrie, Sigismond, réclamait les secours de la France (4395). L'oisiveté, l'esprit d'aventures, l'espoir de distractions et de débauches nouvelles, tout plutôt que la religion, arma la jeune noblesse; ce fut, en effet, sans prendre la croix que partirent, au printemps de l'an 1396, plus de mille chevaliers. Les plus illustres étaient: Jean de Nevers, héritier de Bourgogne; l'amiral Jean de Vienne; le connétable d'Eu; le comte de la Marche; les sires de Couci, de Boucicaut. Ils rejoignirent à Bude Sigismond, et lui firent perdre à Nicopolis une grande bataille. Ces jeunes gens étaient bien les brouillons téméraires de Poitiers et de Créci. Sept cents chevaliers furent tués avec Jean de Vienne, ou massacrés après le combat. Le connétable et Couci moururent prisonniers. Le peuple fut écrasé d'impôts pour le payement des rançons, et Jean de Nevers coûta cher à la Bourgogne. La victoire des Turcs faillit ètre fatale au schisme; les théologiens superstitieux se prirent à regretter le temps des croisades, et à tonner contre les divisions de la chrétienté (1397).

Plus d'une année se passe en délibérations, en essais de conciliation, tandis que Boniface et Benoit continuent à piller leurs églises. Enfin, un concile réunit, à Reims (1398), l'obedience des deux papes; l'empereur Wenceslas y vient en personne. Boniface, sommé d'abdiquer, promet de se régler sur la conduite de son collègue. Ce n'était pas risquer beaucoup; Benoit, encouragé par le due d'Orléans, se déclare vrai pape, et ne veut quitter la tiare qu'avec la vie. L'Université déçue provoque une décision hardie; le roi fait notifier à Benoît que la France se retire de l'obedience papale, et Boucicaut l'assiége dans le château d'Avignon. L'Italie est invitée à traiter Boniface sans plus de façons. Mais Wenceslas, payé par les deux papes, reste inactif; le couseil de France a des

scrupules; Boucicaut se contente de garder Benoît, et lui laisse passer des vivres (1399).

La fin du quatorzième siècle est un tableau confus, où le peuple, dans l'inertie et la stupeur, regarde, sous les foudres ecclésiastiques qui se croisent en vain, tourbillonner autour d'un roi en démence l'orgié insolente du pouvoir. Dans ces temps de perturbation sociale, l'incrédulité, la dévotion, la magie, se concilient sans peine. Le duc d'Orléans, adultère, incestueux, est amateur en théologie et en sorcellerie; Charles VI fait des vœux et des pèlerinages, mais il est soigné par des astrologues; deux de ces sorciers médecins sont des moines. La chrétienté n'est plus; on voit Manuel Paléologue solliciter en personne des secours efficaces contre les Turcs, et n'emporter que des promesses. L'Europe est trop occupée. Le sort

des rois est terrible: Charles VI, abandonné, rongé de vermine, est plongé dans une misère honteuse. Richard II, qui s'est trop vengé de Wat-Tyler sur le peuple, de l'aristocratie sur son oncle Glocester étranglé, est renversé par Henri de Lancastre, son cousin germain, et tué dans sa prison (août 1399février 4400). L'ivrogne Wenceslas est déposé et remplacé par Robert de Bavière. L'empire germanique est menacé par les Mongols de TimourLengh.

En France, tous les puissants se disputent les lambeaux du pouvoir. Le duc de Berri ressaisit, en 1404, le Languedoc, où il se fait représenter par son gendre Bernard d'Armagnac. Le Parle-ment obtient de nommer lui-même ses membres; et nul, dans le conseil royal, ne s'aperçoit que ce droit en fait un corps indépendant. Le duc d'Or

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Richard II et un Chevalier français. - Miniature d'un manuscrit du quatorzième siècle conservée au British Museum. (Voy. l'Archæologia, t. XX. )

léans introduit dans Paris une foule de gens d'armes, aussitôt le duc de Bourgogne accourt avec une armée. Les deux rivaux, campés dans leurs hôtels, restent un mois en présence, sans oser s'attaquer. Ils se réconcilient le 14 janvier 4402; mais à peine le duc de Bourgogne est-il reparti pour Arras, où il marie son fils, que le duc d'Orléans se fait nommer par le roi président du conseil des aides et des finances; un emprunt forcé sur les clercs et laïques, une taille énorme sur le peuple (20 mai), marquent sa dictature de deux mois. La taille était publiée au nom des ducs d'Orléans, de Berri, de Bourgogne; le second déclare que le rédacteur de l'ordonnance est un faussaire; le dernier écrit au prévôt de Paris qu'il ne peut

consentir à un impôt si dur au pauvre peuple, et sa lettre le rend populaire.

Le duc de Bourgogne a trouvé le rôle que doit suivre sa maison; un mot a fait oublier ses exactions infinies et sa rapacité sans égale. Le parti bourguignon est fondé. Maître de la moitié de la France, tuteur de Jean V jeune duc de Bretagne, le duc, le grand duc, comme on l'appelle déjà, est remis par le roi, dans un instant lucide, à la tète des affaires. Le duc d'Orléans se maintient cependant par sa liaison intime avec sa belle-sœur Isabeau; ses domaines se sont augmentés des comtés de Périgord et de Dreux qu'il a extorqués au roi, de la seigneurie de Couci qu'il a achetée. Il pousse la folie orgueilleuse jusqu'à défier le roi d'Angle

terre en champ clos. Henri IV répond avec dignité qu'un roi ne sacrifie pas les intérêts de sa couronne au caprice d'un particulier; la querelle s'envenime. Henri IV, quand il n'était qu'un lord exilé, avait traité à Paris avec le duc d'Orléans et avec le duc de Bourgogne; il était resté l'ami du second: c'était encourir la haine du premier. Aussi s'accusaient-ils mutuellement : l'un avait fait tuer son cousin Richard II; l'autre, envieux de la royauté, avait par « sorceries et diableries >> causé la maladie du roi son frère. De toutes leurs écri

tures, il résulta une guerre continue sur les côtes et les frontières.

Une ordonnance de 1403 donna la présidence du conseil à Isabeau; le duc d'Orléans, de nouveau tout-puissant, s'associa au pape d'Avignon et lui rendit l'obédience de la France (mai). Les Dominicains furent rétablis dans leurs priviléges, et l'Université se tut. Les oncles purent toutefois arrêter par ordonnance royale les exactions de Benoît XIII sur le clergé. Les efforts du duc de Bourgogne empêchèrent la levée d'impôts exorbi

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Tombeau de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne (mort en 1404), au Musée de Dijon.

tants durant toute l'année 1403. Mais au commencement de 1404, il se trouva, comme les autres princes, tellement endetté qu'il cessa de défendre les intérêts publics. Les subsides furent décrétés, levés, et en grande partie volés par le duc d'Orléans.

Sur ces entrefaites, le duc de Bourgogne Philippe le Hardi mourut en Hainaut. Homme éloquent, de mœurs assez pures pour le temps, mais prodigue à l'excès, il fut regretté du peuple, auquel il avait fait beaucoup de mal, honni de ses créanciers, auxquels il fit banqueroute. Marguerite, sa femme, « mit sur le cercueil sa ceinture, sa bourse et ses clés ». (Monstrelet.) C'est ainsi qu'on renonçait à la succession mobilière d'un mari (avril 1404).

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Le pouvoir était livré sans contrôle au duc d'Orléans; il en fit un fort mauvais usage. Il rendit à Benoît XIII le droit de lever des impôts sur le clergé, secourut sans succès Owen Glandower, chef gaël révolté contre Henri IV, et attaqua en vain la Guyenne anglaise. Enfin, il était à Paris le roi des modes les plus extravagantes et les plus dépravées. Il séduisit, dit-on, la femme de Jean de Nevers, duc de Bourgogne, surnommé Jean SansPeur, et se fit ainsi d'un rival politique un ennemi furieux.

Jean Sans-Peur entra dans la politique ouverte

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