Page images
PDF
EPUB

sonniers, ne conservèrent la vie qu'à ceux dont ils espéraient tirer une riche rançon.

Les galères qui descendaient le Nil avec les malades avaient aussi été prises. Joinville s'y trouvait; il n'avait dû la vie qu'au dévouement d'un Sarrasin. Cet homme l'avait fait passer pour le frère du roi, et par ses soins lui avait rendu la santé.

Bientôt les pourparlers commencèrent entre Louis IX et les envoyés de Touran-Shah. Le sultan demanda au roi s'il voulait, en échange de sa liberté, rendre quelques-unes des villes de la Palestine. Le roi répondit qu'il n'avait aucun di! sur ces villes, et qu'il ne pouvait en disposer. Le sultan

se montra très-irrité de cette réponse; ses envoyés revinrent vers Louis IX, en le menaçant de le mettre aux bernicles (supplice par lequel on brisait les jambes entre deux pièces de bois) s'il persistait dans son refus. « A ces menaces, le roi leur répondit qu'il était leur prisonnier, et qu'ils pouvaient faire de lui à leur volonté. >> Touran-Shah, le voyant inébranlable, renonça à sa première proposition et lui fit demander s'il consentirait à payer un million de besants d'or pour sa rançon et celle de son armée. « Le roi dit et promit qu'il payerait volontiers les cinq cent mille francs pour la délivrance de ses gens, et donnerait Damiette pour la délivrance de sa personne, car il n'était pas tel

[graphic][merged small]

qu'il dût se racheter à prix d'argent. Quand le sultan ouït cela, il dit : « Par ma foi, large est le >> Franc quant il n'a pas bargigné sur si grant >> somme de deniers; or, li allez dire que je lui re>> mets cent mille livres sur sa rançon payer. »>

Ces conditions approuvées, les quatre galères descendirent le fleuve, portant les riches hommes dont le roi avait stipulé la rançon. Ils n'étaient pas au bout de leurs souffrances, et allaient courir bien des dangers avant d'arriver à Damiette. Ils s'arrèterent d'abord à Farickshour. Les émirs étaient très-mécontents de la conduite du sultan; ils craignaient de voir les Francs, une fois mis en liberté, refuser d'exécuter les conditions du traité. Ils formèrent un complot, et entrèrent dans sa tente pour le tuer. L'un d'eux lui porta un coup d'épée; il parvint à s'enfuir dans une grande tour en bois qui lui servait d'observatoire. Les émirs, pour le forcer à en descendre, y mirent le feu. Touran-Shah es

saya d'échapper à leurs coups en se jetant dans le Nil; mais ses officiers l'y suivirent, et le massacrèrent à côté des galères qui contenaient les chevaliers francs. Un des émirs « le fendit de son épée et li ôta le cœur du ventre, et lors vint au roi, sa main tout ensanglantée, et li dit: « Que me >> donneras-tu, que je t'ai occis ton ennemi, qui » t'eût tué se il eût vécu?» Et le roi ne li répondit oncques rien. >>

Après ce meurtre, quelques émirs se précipitèrent vers les vaisseaux pour massacrer les prisonniers; mais la cupidité les retint, et ils envoyèrent au roi des interprètes pour renouveler le traité conclu par Touran-Shah, et assurer que, quant à eux, ils consentaient, s'ils n'observaient pas les conventions, à être aussi << honnis que celui qui, pour ses péchés, se rend au pèlerinage de la Mecque la tête nue, et que celui qui laisse sa femme et la reprend après. » Le serment qu'ils voulaient faire prêter

au roi était celui-ci : « Que s'il ne tenait aux émirs leurs conventious, il fut aussi honni que le chrétien qui renie Dieu et sa loi, et qui, en mépris de Dieu, crache sur la croix et marche dessus. >> Louis ne voulut jamais consentir à prèter un serment qu'il considérait comme un blaspheme. Les émirs, ne pouvant vaincre sa fermeté par aucune menace, durent se contenter de sa parole.

Les prisonniers furent conduits à Damiette, où la moitié de la rançon fut immédiatement payée. On laissait, en garantie de l'autre moitié, douze cents prisonniers et toutes les provisions et machines de guerre réunies à Damiette. Quand les portes de la ville furent ouvertes, les Turcs s'y précipitèrent et

livrèrent au pillage tout ce qu'elle contenait. Les viandes salées, les vivres de toutes sortes, les fourrages et les chariots qu'on leur avait laissés en gage, furent réunis en un monceau et brûlés; l'incendie dura plusieurs jours. Ce manque de foi déliait le roi de son serment; il ne s'en crut pas moins obligé de l'accomplir, et tint fidèlement tous ses engagements (1250).

Au lieu de retourner en France, Louis s'embarqua pour Saint-Jean-d'Acre, où il retrouva la reine Marguerite. Il resta plusieurs années en Judée, visita toutes les villes qui étaient encore au pouvoir des chrétiens, releva leurs murailles, et fit tous ses efforts pour mettre fin aux querelles qui

[graphic][merged small][subsumed][merged small]

divisaient les princes chrétiens. Les bonnes relations qu'il entretenait avec les musulmans lui auraient permis de visiter le saint sépulcre; mais il ne voulait pas y entrer autrement que par la force des armes. En 1254, il se décida enfin à partir; sa mère était morte en 4252, après avoir fait profession comme religieuse de l'ordre de Citeaux, et la présence de Louis dans son royaume devenait de plus en plus nécessaire.

GOUVERNEMENT DE BLANCHE DE CASTILLE. PASTOUREAUX.

Pendant la longue absence du roi, il s'était passé peu d'événements importants en France, et la sage régente n'avait pas cu de peine à y faire respecter son autorité. Il importe toutefois d'énumérer rapidement quelques faits historiques de cet intervalle qui méritent un souvenir.

Peu de temps après le départ du comte de Poitiers, fils du roi, qui ne s'était embarqué pour la

croisade qu'en 14249, Raymond VII, comte de Toulouse, resté en France malgré sa promesse d'accompagner le roi en Orient, fut surpris par la mort, à Milhaud, en 1249. Il avait perdu toute énergie depuis plusieurs années, et s'appliquait seulement à satisfaire le pape par sa ferveur religieuse. Un des derniers actes de sa vie fut de faire brûler en sa présence, à Agen, quatre-vingts malheureux accusés d'hérésie. Sa mort laissait définitivement ses États à la dynastie capétienne, par suite du mariage de sa fille Jeanne avec Alphonse, comte de Poitiers. Des commissaires royaux, envoyés par la reine Blanche, prirent possession, au nom de son fils, du château narbonnais, et reçurent l'hommage des principaux habitants du Languedoc.

Frédéric II suivit de près au tombeau son allié; il succomba à Ferentino, le 42 décembre 4250, àge

seulement de cinquante-six ans, et sans que rien eût fait présager une mort aussi prompte. A cette nouvelle, Innocent IV quitta précipitamment Lyon, et se rendit en Italie pour ranimer par sa présence

le courage de ses alliés et soutenir plus efficacement la cause de Guillaume de Hollande.

Frédéric II avait laissé la couronne impériale à son fils Conrad IV. Ce prince avait hérité de toute l'intelligence de son père, et montra bientôt à son ennemi que la cause des gibelins n'était pas encore perdue. Le souverain pontife faisait d'ailleurs prècher avec peu de succès la croisade d'Allemagne en France; tous les barons étaient irrités de voir les frères prècheurs promettre à ceux qui s'engageraient dans cette querelle les plus larges indulgences, tandis que Louis IX était réduit, en Palestine, aux plus dures extrémités. La reine Blanche, indignée de cet abandon, avait menacé de confisquer les biens de quiconque prendrait part à la croisade contre le roi des Romains. Elle fut aussi obligée de rappeler le chapitre de NotreDame de Paris aux principes d'humanité dont il ent dû donner l'exemple. Les serfs du village de Chatenai, ayant refusé d'acquitter les tailles, furent jetés en grand nombre dans les prisons du chapitre. Beaucoup périrent dans cet infect séjour. La reine mère demanda vainement la mise en liberté des survivants. Les chanoines, considérant ses instances comme une violation de leurs privileges, firent saisir les femmes et les enfants des prisonniers et les enfermèrent aussi dans leurs cachots. Blanche se rendit avec ses hommes d'armes au cloître Notre-Dame, força les portes de la prison,❘ et mit en liberté, malgré les menaces d'excommunication des chanoines, ceux qui restaient des malheureux captifs.

Divers abus d'autorité semblables commis par l'Église avaient excité dans le peuple une violente fermentation, qui s'était traduite, en 1251, par une insurrection redoutable. « Quelques chefs de brigands, pour séduire les gens simples et répandre la croisade parmi le peuple, annoncerent, par des inventions pleines de fausseté, qu'ils avaient eu des visions d'anges, et que la sainte vierge Marie leur était apparue et leur avait ordonné de prendre la croix, de rassembler une armée de pâtres et des hommes les plus vulgaires du peuple, élue par le Seigneur pour marcher au secours de la terre sainte et du roi de France, captif en ce pays. Ils représentaient, avec des images dessinées sur les bannières qu'ils faisaient porter devant eux, les circonstances de leurs visions.» (Guill. de Nangis.)

Ce fut en Flandre et en Picardie que cette rébellion se déclara d'abord. Partout les gens des campagnes, les pasteurs ou pastoureaux, accoururent en foule se ranger sous les drapeaux du chef de l'expédition, appelé le maître de Hongrie. C'était un inconnu, parlant plusieurs langues, d'une noble figure et d'une éloquence entraînante. Bientôt les pastoureaux se comptèrent par milliers. « Lorsqu'ils passaient par les villages et les villes, ils levaient en l'air leurs masses, leurs haches et autres armes, et par là se rendaient si terribles au peuple qu'il n'y avait personne de ceux à qui

était confié le pouvoir judiciaire assez hardi pour les contredire en rien. » (Guill. de Nangis.)

Le maître de Hongrie s'entoura de sectaires de plus en plus nombreux, et se mit avec leur aide à administ. tous les sacrements, à faire les mariages et à donner l'absolution. Bientôt, soutenus et excités par le peuple, ies insurgés en vinrent à massacrer les clercs qavaient l'imprudence de se montrer dans les chaps.

Cependant la reine me, ayant entendu dire que les pastoureaux s'étaient soulevés avec l'intention de porter secours à son fils, les laissait agir librement et fermait les yeux sur leurs excès. Ils arriverent à Paris; Blanche ordonna de ne pas les inquiéter, et admit mème en sa présence le maître de Hongrie. Celui-ci, encouragé par tant d'indulgence, osa revêtir un costume sacerdotal et prêcher dans l'église Saint-Eustache, la tête coiffée d'une mitre. La violence de ses discours exalta la haine du peuple contre les clercs, à ce point qu'il fallut barricader le Petit-Pont pour mettre les écoliers de l'Université à l'abri d'une attaque. Lorsque les pastoureaux quittèrent enfin Paris, ils étaient au nombre de cent mille. « Ils crurent avoir échappé à tous les dangers, et se vantaient d'être des hommes de bien, ce qu'ils prouvaient par ce raisonnement qu'à Paris, source de toute science, jamais personne ne les avait en rien contredits. >> (Guill. de Nangis.)

Leurs rapines et leurs brigandages portèrent la terreur dans les campagnes autour de la capitale. Ils entrèrent à Orléans aux acclamations du peuple, et se répandirent en violentes invectives contre le pape, les évêques, les moines de Citeaux, et tout le clergé régulier et séculier. L'évêque, redoutant des collisions sanglantes, défendit aux membres de son clergé d'assister aux prédications des pastoureaux. Les écoliers de l'Université n'eurent pas la mème prudence, et l'un d'eux, plus hardi que les autres, osa accuser d'imposture le maître de Hongrie lui-même en présence de tout le peuple. Ce jeune homme fut tué sur-le-champ par un des routiers qui entouraient toujours le prédicateur, et ce meurtre fut le signal d'un massacre général. Les pastoureaux se ruèrent dans la ville, assassinant ou jetant dans la Loire tout ce qui portait l'habit ecclésiastique. L'évèque mit la ville en état d'interdit, excommunia le maître et ses compagnons, et porta plainte à la régente. Blanche, effrayée enfin des conséquences que pouvait avoir cette sédition, donna l'ordre de faire main basse sur tous les pastoureaux. En même temps, le clergé propagea le bruit que le maître de Hongrie était payé par le soudan de Babylone pour lui livrer une multitude de chrétiens. Il paraît, d'ailleurs, que l'hérésie des Albigeois avait reparu au milieu de cette multitude, et que ce fut une des causes les plus décisives de l'impopularité où les pastoureaux tombèrent tout à coup. La plupart de ceux qui les avaient encouragés jusqu'alors s'armèrent contre eux. Chassés partout, ils furent

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][merged small][ocr errors][merged small][merged small][subsumed][subsumed][subsumed][merged small][merged small]

de la plupart des villes du royaume. Malheureusement pour ses projets, Frédéric II avait laissé un fils naturel, Manfred, jeune homme d'un talent et d'une énergie remarquables. Dès qu'il tint la campagne, à la tête des Allemands et des Sarrasins établis dans l'Italie, les affaires prirent une tournure nouvelle, et Iunocent IV put prévoir le triomphe complet de son adversaire, lorsqu'il mourut, le 7 décembre 4254. L'incapacité de son successeur, Alexandre IV, rendit la victoire du parti gibelin plus facile, et suspendit, jusqu'à l'avénement de Clément IV, les progrès du pouvoir pontifical.

Louis, pendant ce temps, était tout entier à ses projets de réforme intérieure. Une ordonnance, rendue en 4254, réorganisa l'institution des baillis et des prévôts déjà réglementée par Philippe-Auguste, et régularisa l'administration de la justice, des finances et de la guerre, que ces puissants officiers tenaient toutes à la fois entre leurs mains.

A Paris, les moyens de défense pour la vie et la propriété des citoyens avaient été jusqu'alors tellement imparfaits que les malfaiteurs vivaient, pour ainsi dire, dans une sécurité complète. Le choix qui fut fait d'Étienne Boileau, homme énergique et honnête, pour prévôt de la ville, amoin

[graphic]
[graphic][merged small]
[graphic]

drit beaucoup le mal. Étienne Boileau gouverna sévèrement Paris, et y publia, sous le titre de Livre des Métiers, une longue et célèbre ordonnance de police, à laquelle le commerce de la capitale fut redevable d'une prospérité nouvelle. Les bourgeois et les marchands ne tardèrent pas à préférer le séjour du domaine royal à celui des seigneuries voisines.

Les négociations qui eurent lieu en 4258 avec le roi d'Angleterre, Henri III, montrent à quel point la conscience du « bon roi Louis » était délicate. Malgré la condamnation de Jean Sans-Terre par le tribunal des pairs de France, Louis IX n'était nullement convaincu de la légitimité des conquêtes de Philippe-Auguste sur les Plantagenets. Aussi promit-il à Henri III, qui venait de renouveler ses réclamations pendant une visite qu'il fit au roi après avoir étouffé la révolte des habitants de Bordeaux, de faire droit à sa demande; mais il rencontra la

plus grande opposition dans ses conseillers, qui ne pouvaient supporter l'idée de le voir prêt à se dépouiller de la moitié de son royaume : toute décision fut ajournée jusqu'en 1259.

Si désireux que fût le roi de faire régner avec lui la justice, il ne put entièrement se dégager des préjugés et des erreurs de son temps. Il renouvela contre les juifs les persécutions de Philippe-Auguste, et, étendant la même rigueur sur ceux qui les avaient remplacés, il chassa du royaume tous les banquiers lombards et les livra au duc de Savoie.

La plupart étaient de la ville d'Asti, dont les habitants s'étaient révoltés contre le duc aussi furentils tous jetés en prison et obligés d'acheter leur liberté à des prix exorbitants. Le roi de France avait été poussé à cette mesure par la pitié que lui inspirait la position malheureuse des débiteurs, et quoi qu'il considérât le prêt à intérêt comme un crime, il n'avait pas cru pouvoir en régulariser le taux. Sa profonde aversion contre les hérétiques favorisa l'introduction des tribunaux de l'inquisition dans la plus grande partie de la France. Les Domi

- a

Commencement d'un diplôme de Louis IX. Ludovicus] Dei gratià Franc
[orum] rex. Notum facimus universis tam presentibus quam futuris
quod cum dillelette nobis in Chiristo abbatissa et conventus monalin[m]
» de Salvatorio... »

hid de gra frand Lex Norum facimus vnings zam Penaly guy futuris qd cum dita nobis 15 XFD -- Albaria ex conuentus geniálu de salustozió

nicains s'établirent dans presque toutes les villes, et recherchèrent avec ardeur ceux qui avaient jusque-là échappé au bûcher. Il est vrai qu'ils eurent l'habileté de tempérer, par des services rendus à l'instruction publique, la terreur qu'ils inspiraient. Leurs docteurs ouvrirent des cours sur la montagne Sainte-Geneviève, à côté des écoles de l'Université, et enlevèrent à celles-ci un grand nombre d'élèves. Les Franciscains suivirent cet exemple, acquirent une grande renommée, et parvinrent à être admis dans l'Université, grâce à l'appui du pape et de Louis IX. Ce ne fut point cependant sans avoir eu à soutenir des luttes trèsvives avec les professeurs dont ils venaient partager l'autorité. Le général des Franciscains, Jean de Parme, auteur de l'Introduction à l'Évangile éternel, avait donné prise à des accusations d'hérésie, et un membre de l'Université, Guillaume de SaintAmour, avait publié, en réponse à cet ouvrage, le traité Des Périls des derniers temps, où nonseulement il mettait en évidence les erreurs de Jean de Parme, mais où il attaquait violemment les frères prêcheurs. Il leur contestait le droit de prédication et leur reprochait de s'emparer des prérogatives légitimes des évêques et des curés. Le pape fut obligé d'intervenir, condamna le livre Des Périls, et, ne pouvant s'empêcher de reconnaître les erreurs de l'Introduction à l'Evangile éternel, destitua Jean de Parme et lui donna pour succes

seur saint Bonaventure. Peu de temps après, saint Thomas d'Aquin devint général des Dominicains, et ces deux hommes éminents, par la durable influence de leurs doctrines et l'étendue de leurs connaissances, surent se placer au-dessus des querelles qui avaient si longtemps divisé, à Paris, les membres du corps enseignant.

Au milieu de ces débats théologiques, la France continuait à jouir d'une paix profonde. Il n'en était pas de même en Allemagne. L'empereur, Guillaume de Hollande, avait trouvé une fin obscure dans un marais de la Frise, sans avoir eu le temps d'assurer en Flandre la domination des d'Avesnes. Les seigneurs allemands, mis de nouveau en demeure d'élire un empereur, ne se pressèrent pas de remplir leur mission. Le pape, de son côté, était peu désireux de se donner un maître en choisissant un nouveau roi des Romains. Il avait, en 4254, déféré la couronne des Deux-Siciles à Edmond, fils de Henri III, et il recevait depuis cette époque d'immenses subsides du roi d'Angleterre. Il ne put toutefois arracher à Manfred l'Italie méridionale, et il réussit seulement à retarder jusqu'en 1257 son triomphe complet. Le jeune Edmond, abandonné par son père, qui refusait de vider plus longtemps son trésor sans résultat, offrit au pape de renoncer à tous ses droits sur le royaume des Deux-Siciles. Le pape, en acceptant cette renonciation, se serait enlevé tout moyen de

« PreviousContinue »