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et à Sigebert le royaume de Thierri, avec Reims pour cité royale.

Le nouveau partage reproduisait l'irrégularité de l'ancien; il fut, de plus, cimenté par le serment solennel, que les quatre frères préterent sur les reliques des saints, de ne pas empiéter sur leurs territoires respectifs : serment que le souvenir des précédents règnes rendait nécessaire, mais que trop d'exemples domestiques invitaient les nouveaux rois à violer. Les copartageants n'étaient pas, du reste, tous également disposés au parjure Charibert et Gontran étaient de nature pacifique, et affectaient un grand respect de la

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Déjà, en 562, pendant que Sigebert était occupé à repousser loin des frontières de la Germanie franke la nation hunnique des Avares, le turbulent Chilpéric, reprenant ses projets d'empiétement, avait brusquement envahi l'Austrasie (4), dévasté toute la Champagne, et forcé Reims à lui ouvrir ses portes; mais le roi de Metz, revenu à temps, avait pu arracher son bien des mains de l'usurpateur, et, passant de la défense à l'attaque, l'avait poursuivi jusque dans Soissons, sa capitale. Il n'avait pas fallu moins que la double intervention de Charibert et de Gontran pour arrêter le vainqueur.

La haine mutuelle de deux femmes ne tarda pas à ranimer, plus vive et plus implacable que jamais, la guerre entre les deux frères ennemis, que la médiation de Gontran, demeuré leur unique arbitre, ne suffit plus à contenir.

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BRUNEHAUT ET FRÉDÉGONDE.

Scul des fils de Clotaire, Sigebert avait contracté un mariage digne du chef d'une nation; et tandis que les aînés s'étaient méconnus jusqu'à prendre pour femmes de simples servantes du fisc, et s'étaient

Tombeau de Clotaire, autrefois dans l'abbaye de Saint-Médard de Soissons (1)..

justice et des choses de la religion, sans être pour cela exempts de mobilité, d'emportement, d'incontinence, vices inséparables du caractère barbare. Sigebert rachetait une humeur violente et batailleuse par une certaine magnanimité; quant à Chilpéric, nous le verrons à l'œuvre.

La mort de Charibert, survenue en 567, réduisit à trois le nombre des royaumes franks, et augmenta, en nécessitant un nouveau partage, les chances du conflit

(') Euvre d'époque postérieure.

Monnaie de Sigebert Ier, mari de Brunehaut. (511-575.)

exposés à toutes les sévérités de l'Église pour faits de bigamie et autres graves infractions à la morale chrétienne, il avait résolu de n'épouser qu'une seule femme, et de la choisir en haut lieu: Brunehaut, fille cadette d'Athanagilde, roi des Visigoths, était devenue son épouse en 566, après avoir abjuré entre les mains de l'évêque métropolitain de Metz la religion arienne, dans laquelle elle avait été élevée.

Aussitôt Chilpéric souffrit à se sentir dans une condition inférieure à celle de son frère, et, quoiqu'il eût déjà plusieurs épouses, il sollicita la main de la sœur aînée de Brunehaut, nommée Galeswinthe. Bien qu'il promit formellement de répudier ses autres femmes et de ne reconnaître qu'à elle seule le titre de reine, les parents de Galeswinthe, sa mère surtout, n'accueillirent la demande du roi de Neustrie qu'avec une extrême répugnance, mais finirent par céder aux grands avantages politiques que présentait cette union. Chilpéric eut à cœur d'effacer les pompes du ma

(1) AUSTRASIE (Oster-rike, royaume de l'est), NEUSTRIE (Ne-oster-rike, royaume qui n'est pas celui de l'est), sont des dénominations qu'employaient alors les Franks pour désigner les parties orientale et occidentale de leur territoire. C'étaient, du reste, des noms donnés vaguement à deux pays dont les limites n'étaient pas fixées. Elles suivaient à peu près le cours de la Meuse.

Typ. de J. Best, rue St-Maur-St-G., 15.

riage de Sigebert, qui avait été célébré à Metz, avec un luxe inoui, rehaussé encore par la présence et les chants du poëte Fortunat.

L'éclat des fètes, l'enthousiasme des populations, les semblants d'amour de son royal époux, purent faire illusion, pendant quelques semaines, à la malheureuse fille des rois goths d'Espagne; mais son triste sort fut bientôt décidé. Son avénement avait, sinon ruiné, du moins ajourné les ambitieuses espérances d'une des servantes du palais, de Frédégonde, femme aussi dangereuse par sa rare beauté que par son infernale méchanceté, et qui, après avoir supplanté et fait répudier Audovere, première épouse de Chilpéric, jura encore la perte de cette nouvelle rivale. A cet effet, elle feignit de se résigner à sa disgrâce passagère, mais ne tarda pas à ressaisir son ascendant sur l'àme de Chilpéric, qui, excité par elle, accabla Galeswinthe d'outrages: un matin (568), l'infortunée fut trouvée morte dans son lit. Nul ne fut dupe des explications que l'on voulut donner de cette mort mystérieuse, quand on vit, au bout de peu de jours, Frédégonde élevée du rang obscur de concubine à ce titre d'épouse que depuis longtemps elle convoitait.

Brunehaut, sœur et héritière de la victime, annonça hautement la résolution de la venger, et souleva contre les coupables jusqu'à l'indignation des leudes neustriens, qui, dans un mâll ou assemblée générale de la nation, faillirent déposer Chilperic; mais Gontran intervint, et réussit à faire accepter par Brunehaut, à titre de wehrgeld ou de rachat du sang, la cession des cinq cités de Bordeaux, Limoges, Cahors, Béarn et Bigorre, qui avaient formé le douaire de sa sœur.

Celte satisfaction politique ne suffit pas au ressentiment de Brunehaut, et les hostilités auraient immédiatement éclaté, sans une diversion inattendue des Avares et des Lombards, qui, dans le même temps, détourna vers le Rhin et le Rhône les armes de Sigebert et celles de Gontran son allié, lorsqu'elles menaçaient déjà d'écraser la Neustrie.

De la sorte, Chilpéric cut le temps de se mettre sur ses gardes, et même de prendre les devants : sans vouloir écouter la voix des évêques, réunis en synode à Paris pour tâcher de conjurer l'orage, il fit dévaster, dans deux campagnes consécutives (573-74), par ses fils, Clovis et Théodebert, la Touraine et le Poitou, domaines de Sigebert.

Afin de répondre avec vigueur à cette agression, le roi d'Austrasie appela du fond de la Germanie franke des hordes de païens qui, déchaînés sur l'opulente Neustrie, s'abandonnèrent à d'effroyables représailles; les églises notamment et les monasteres souffrirent cruellement : « C'était, dit Grégoire de Tours, une tribulation plus grande qu'au temps de la persécution de Dioclétien. »

Sigebert lui-même fut effrayé des excès de ses Barbares. Pour préserver Paris de leurs dévastations, il courut vers eux, à la requête de l'évêque Germain, et par de bonnes paroles réussit, mais

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cette fois à ne rien épargner, il marcha droit sur Paris et, en violation du serment qui garantissait la neutralité de cette importante cité, il s'en empara, tandis que le duc austrasien Gontran-Boson, avec les seules milices de Touraine, faisait évacuer cette province aux troupes de Théodebert, tué de sang-froid après le combat.

Les leudes neustriens, effrayés des rapides progrès de Sigebert, abandonnérent à l'envi Chilpéric, et, le laissant se réfugier seul derrière les murs de Tournai avec Frédégonde et ses enfants, s'empressèrent d'offrir la couronne de Neustrie au vainqueur.

Étroitement bloqué dans Tournai par les troupes de son frère, Chilpéric semblait perdu; lui-même désespérait de sa fortune: il savait que l'évêque

() Euvre d'époque postérieure.

de Paris, Germain, dont la voix jusque-là avait été docilement écoutée, avait intercédé en vain auprès de l'altière Brunehaut et de Sigebert. L'énergie sauvage de Frédégonde lui vint alors en aide. Elle fascina par ses maléfices, enivra de ses philtres et de ses promesses deux jeunes guerriers mandés exprés de Thérouenne, qui frappérent de poignards empoisonnés le roi Sigebert au milieu mème de son camp de Vitry-sur-Scarpe, et au moment où il recevait le serment de fidélité de ses nouveaux sujets.

Jamais mort imprévue n'entraîna un revirement de fortune plus complet.

Chilpéric et Frédégonde, délivrés, sortirent brusquement de Tournai, et, à la tête de cette même armée qui tout à l'heure s'était donnée au roi de Metz, marcherent sur Paris, s'en emparèrent et jetèrent en prison Brunehaut et ses deux filles.

CHILDEBERT II.

Mais, quelle qu'eût été leur célérité, l'otage le plus précieux, le jeune Childebert, héritier de la couronne d'Austrasie, leur échappait; un ami zélé, le duc Gondebaud, l'avait soustrait à temps du palais des Thermes et conduit à Metz, où, malgré son jeune àge, il avait été proclamé roi d'une voix unanime, le jour de Noël 575. Seulement, comme cet enfant de cinq ans devait rester pour longtemps encore éloigné des armées, les leudes élurent un chef, ou maire du palais, pour veiller sur son éducation, administrer ses domaines et maintenir le pays en paix, mission qui tirait des circonstances actuelles une importance extrême et devait, avec le temps, prêter à une charge jusquelà obscure et subalterne tout l'éclat d'une cou

ronne.

Heureusement pour le jeune roi de Metz, à la protection équivoque du maire du palais et des leudes s'ajoutèrent bientôt les soins et le dévouement de ses défenseurs naturels, sa mère Brunehaut et son oncle Gontran, roi de Bourgogne.

Brunehaut, après une courte captivité dans Paris, s'était vu dépouiller de ses trésors, séparer de ses filles et finalement exiler à Rouen; mais Mérovée, fils de Chilpéric et d'Audovère, touché de sa beauté, l'avait suivie dans son exil, et avait obtenu de l'amitié de l'évêque de Rouen, Prétextat, qu'il le mariât à la veuve de son oncle, par dérogation aux canons de l'Eglise.

Frédégonde, qui, dans son ardent et sauvage amour de ses propres enfants, brûlait d'anéantir toute la lignée d'Audovère, et qui passait déjà pour avoir sous main poussé le duc Gontran-Boson à faire périr son prisonnier Théodebert, frère aîné de Mérovée, présenta aux yeux de Chilpéric ce mariage de son fils comme un acte de rébellion ouverte. Chilpéric courut à Rouen, tira, à l'aide d'un faux serment, les deux époux de l'église qui leur servait d'asile, laissa Brunehaut retourner à Metz, mais retint Mérovée près de lui, puis le

fit tondre et ordonner prètre, et l'envoya sous escorte au monastère de Saint-Calais, dans les environs du Mans. Délivré dans le trajet par un serviteur dévoué, nommé Gaïlen, Mérovée gagna d'abord la basilique de Saint-Martin de Tours; mais pour ne pas compromettre l'évèque Grégoire, menacé par Chilpéric, il en sortit bientôt et parvint, après mille périls, à rejoindre Brunehaut dans la capitale de l'Austrasie. La jalousie des leudes, déjà inquiets de l'ambition et de l'activité de Brunehaut, le chassa encore de ce dernier asile; il dut reprendre sa vie errante, jusqu'à ce que, traqué de toutes parts et « craignant de satisfaire par beaucoup de tourments à la vengeance de ses ennemis », il se jeta de désespoir sur l'épée de son fidele Gaïlen. Le peu d'amis qu'il laissait périrent dans les supplices, et celui d'entre eux que semblait devoir couvrir le caractère sacré dont il était revêtu, Prétextat, fut relégué dans l'île de Jersey.

Brunehaut, qui n'avait pu venger son premier époux, entreprit de venger le second. D'abord, afin de punir et d'arrêter les incursions incessantes que, depuis deux ans, Chilpéric dirigeait à la fois contre l'Aquitaine austrasienne et contre l'Aquitaine bourguignonne, elle procura un traité d'alliance entre le royaume de l'Est et le roi Gontran, qui même, se voyant sans héritier, pensa à adopter Childebert. La proclamation eut lieu dans une entrevue solennelle au Pont-de-Pierre, sur le Mouzon, non loin de Neufchâteau (577). Gontran ayant fait asseoir son neveu à ses côtés : « Que le même bouclier, dit-il, nous protége! que la même framée nous défende! Et s'il me survient des fils, je te considérerai comme l'un d'eux, afin que la tendresse que je te promets devant Dieu subsiste entre eux et toi. >>

Néanmoins l'alliance dura peu de temps, Gontran ayant prétendu, à titre d'indemnité, retenir pour lui seul la propriété de Senlis et de Marseille, que le traité de partage de 567 avait laissée indivise entre Sigebert et lui.

Par suite, Chilpéric demeura libre d'affermir sans obstacle sa domination sur la plus grande partie de la Gaule occidentale et méridionale, d'autant plus facilement que, dans le même temps à peu près, le patrice Mummolus, le rempart de la Bourgogne, le vainqueur des Lombards, s'était brouillé avec Gontran son maître, et retiré avec les siens dans la cité d'Avignon.

PUISSANCE DE CHILPÉRIC. IL RÉTABLIT LES IMPOTS. SA MORT,

La puissance de Chilpéric était au comble; fier de ses nouvelles conquêtes, de la magnificence de sa cour, et de l'empressement avec lequel le roi des Visigoths et l'empereur d'Orient, Tibère II, recherchaient son amitié, il ordonna au Romain Marcus, son référendaire, la confection de rôles d'imposition qui atteignaient tous les propriétaires à l'instar de l'ancien impôt romain (579). C'était,

aux yeux des Franks surtout, une nouveauté intolérable. Chaque soldat n'était sous les ordres d'un chef que par l'effet de sa soumission libre et volontaire; il était souverain maître de son bien, et les taxes publiques étaient pour lui chose inconnue.

Le roi, de son côté, propriétaire des domaines de l'ancien fisc impérial, sans avoir à subvenir aux lourdes charges qui pesaient sur les empereurs, puisque les cadres de l'ancienne administration civile et judiciaire avaient disparu, que les cités se gouvernaient elles-mêmes et que l'armée, composée des guerriers franks et des milices gauloises, ne recevait point de solde, le roi semblait riche au delà de tous ses besoins. Mais, en réalité, il ne l'était pas depuis que, cessant d'être un chef d'armée, il avait voulu devenir un souverain et imiter le faste des cours de l'Orient. Ses soldats, mêlés à la vie romaine, n'avaient plus que de rares occasions de pillage; la religion les conviait à la paix, et leurs penchants matériels, qu'ils étaient si portés à satisfaire à l'aide d'exactions, ne s'accommodaient pas moins bien des largesses du roi. La servilité gauloise et l'avidité franke se pressaient autour des Mérovingiens et se disputaient les dignités de ducs, de comtes, d'évêques, de référendaires, de sénéchaux, de camériers, et cent autres. La domesticité des cours, dont les Gallo-Romains donnaient surtout l'exemple, exista dès les premiers temps de l'établissement barbare, et, en retour des dévouements personnels, il fallait que les rois donnassent des terres, des bijoux, de l'argent; il leur fallait aussi faire briller la splendeur royale par des fêtes, des ambassades, des fondations pieuses. Ainsi l'on voit, dès l'époque où nous sommes arrivés, les fidèles ou antrustions tendre à devenir des officiers royaux, les possesseurs de terres à devenir des vassaux, les deux peuples frank et gaulois à devenir des sujets, et la royauté entraînée à recomposer un édifice gouvernemental imité grossièrement du vieil édifice impérial et assis, comme lui, sur l'impôt comme sur une base inévitable.

Déjà en Austrasie, sous le règne de Théodebert (534-547), l'un des Mérovingiens dont les vues furent le plus élevées, on avait essayé le rétablissement de l'impôt. Théodebert avait chargé de cette tâche un de ses ministres, le Gaulois Parthenius; mais dès que Théodebert eut expiré, Parthenius fut poursuivi par la fureur publique et lapidé dans l'église de Trèves. Chilpéric, trente ans après, éprouva moins de résistance, peut-être parce que la Neustrie était plus romaine, mais il ne souleva pas moins de réprobation. La voix populaire prétendit que le ciel même se courrouçait contre le crime d'avoir ressuscité les taxes romaines.

L'année 580 fut, en effet, remplie de calamités : pluies torrentielles, débordements de rivières, tremblements de terre, incendies de villes, phénomènes célestes, prodiges, épidémies, tous ces fléaux se déchaînèrent à la fois sur la Neustrie; Chilpéric, atteint de la contagion, fut en danger de périr et ne se releva que pour voir expirer, coup sur coup,

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Childebert pour son héritier, à condition qu'ils s'uniraient à lui contre Gontran; pacte impie que ni l'éloquence, ni le courage de Brunehaut, assistée du duc de Champagne, Lupus, ne purent conjurer, et que l'influence de l'évêque de Reims, Égidius, fit prévaloir. L'année 583, on vit une armée neustro-austrasienne envahir les domaines du roi Gontran par le territoire de Melun, et envelopper le Berri, seule possession qui lui fût restée au sud de la Loire et à l'ouest du Rhône. Mais, au moment d'opérer, le « même peuple » de l'armée

d'Austrasie se souleva« contre ceux qui vendaient ainsi le royaume, » et l'évêque de Reims, réduit à s'enfuir, laissa le champ libre à Brunehaut. Sûre d'elle-même et toute-puissante, cette reine aurait alors, au dire du chroniqueur Frédégaire, poursuivi et satisfait sur Chilpéric une vengeance trop longtemps ajournée; et de fait, l'assassinat du roi de Neustrie, survenu peu après (584) dans la métairie royale de Chelles, et entouré de circonstances mystérieuses qui rappelaient, à neuf ans de distance, le meurtre du roi Sigebert, semble pouvoir lui ètre

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Figures de saints et de saintes, au grand portail de l'église Saint-Germain des Prés (1). D'après la Statistique monumentale de M. Albert Lenoir (fac-simile d'un ancien dessin).

attribué; mais d'autres chroniqueurs en accusent une main plus habituée au crime, celle de Frédégonde, qui savait, disent-ils, son époux informé de liaisons adultères qu'elle avait avec un leude nommé Landri.

FRÉDÉGONDE ET SON FILS CLOTAIRE.

Chilpéric mort, Frédégonde se réfugie précipitamment avec son enfant, alors âgé de quatre mois à peine, dans l'église cathédrale de Paris, et du fond de cet asile envoie vers le roi de Bourgogne, qu'elle sait crédule et facile à émouvoir, pour qu'il ait à prendre possession du royaume et à se charger de la tutelle de son neveu; mais, contente d'avoir, par ce semblant d'abdication, divisé ses ennemis, elle n'a garde de livrer, de montrer

(') La construction de ce portail et ses sculptures paraissent être du douzième siècle.

à Gontran son jeune pupille, dont elle ajourne indéfiniment le baptême, et s'applique au contraire, avec l'aide de Landri, à rallier autour de cet enfant les débris de la truste de Chilpéric, afin de susciter en Neustrie, contre le protectorat bourguignon, une espèce de réaction nationale.

En général, c'est en prenant le contre-pied de la politique de Brunehaut et de Gontran, politique tout imbue des traditions romaines, politique d'ordre et de légalité; c'est en déchaînant les passions brutales des leudes de Neustrie et en fomentant les complots et les insurrections de ceux d'Austrasie et de Bourgogne, que Frédégonde entreprend de fonder son empire. On la soupçonne mêlée avec les Mummolus, les Gontran-Boson, les Desiderius, les Sagittarius, à l'étrange levée de boucliers (décembre 584) de ce Gondovald, prétendu fils de Clotaire ler, qui périt misérablement au pied des Pyrénées, après avoir ébranlé un moment le trône de Gontran; on la trouve ostensiblement associée à la

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