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Nous ne dirons rien des tableaux de différentes écoles, placés dans les salles de la Préfecture, d'autres s'en sont occupés et s'en occupent encore dans des recueils spéciaux ; mais nous ne pouvons passer sous silence les peintures monumentales de M. Bouet; son tableau représentant l'intérieur de l'église de Dives et le château de Beaumesnil (Eure), ont été remarqués et méritaient de l'être à Caen, comme ils l'ont été à l'exposition de Paris.

Un tableau de notre confrère, qui vient d'être terminé et qui n'avait pas encore paru en public, demande une mention particulière; c'est une toile représentant la grande place de Trèves. Au premier plan est la fontaine qui occupe le milieu de la place; au second plan, la Maison Rouge, ancien Hôtelde-Ville de Trèves, avec son toit pyramidal, ses créneaux, ses ogives et ses statues, plus loin, quelques maisons du XVI. et du XVII. siècles, remarquables par leur architecture. Ce tableau, dont le croquis avait été fait au mois de juin dernier, pendant la session de la Société française à Trèves, est très-riche de couleur et a mérité à M. Bouet les compliments les plus sincères et les plus empressés.

D. C.

Histoire des Évêques d'Evreux, avec leurs armoiries. (Evreux, Tavernier et C. 1846, in-16). L'opuscule dont nous rendons compte n'est pas une histoire complète et nourrie des évêques d'Evreux, c'est seulement un Abrégé chronologique, un recueil de fastes du diocèse. L'éditeur a voulu avoir un livre qui fût par son format et par son prix à la portée de chacun. Deux auteurs l'ont rédigé dans ce but l'un, M. G. Sauvage, professeur au collége d'Evreux, a traduit une bonne partie du texte de la Gallia Christiana relatif au diocèse; l'autre, M. A. Chassant, membre de la Société française, a complété ou rectifié ce texte par des notes succinctes. Ils y ont mis chacun ce qui distingue leur talent; l'un, cette fidélité exagérée qui

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s'attache à chaque mot, et qui bannissant la paraphrase, donne la traduction la plus littérale possible; l'autre, cette scrupuleuse exactitude historique, cette critique des sources qui assurent à ses assertions une irrécusable valeur. Mais ce volume ne contient pas seulement une traduction annotée de la Gallia Christiana; on y trouve une partie originale et neuve, la continuation de l'histoire sommaire des évêques d'Evreux, jusqu'au pontificat actuel. Une curieuse époque déjà fort obscure est retracée pour la première fois, celle des deux évêques de la constitution civile du clergé. Si les actions du premier de ces évêques repoussés des fidèles, Robert Lindet, est écrit dans les biographies, le mépris où tomba cette église schismatique fut si grand et son autorité si petite, que le nom du second était même difficile à retrouver. M. Chassant a indiqué dans des notes les brochures souvent rares auxquelles on doit recourir pour cette partie de l'histoire ecclésiastique d'Evreux.

Les armoiries des évêques, placées en tête de chaque notice, s'adressent surtout aux investigateurs de nos monuments: ces gravures sur bois leur feront reconnaître les écussons épiscopaux qu'on trouve dans la contrée sur les édifices, les verrières et les boiseries. M. Chassant est parvenu à rendre complète la série de ces blasons qu'il a luimême dessinés. Raymond BORDEAUX,

Docteur en droit.

NECROLOGIE. Mort de M. Mahieu, architecte, membre de la Société française. Nous apprenons la mort de M. Mahieu, architecte à Cuffy (Aisne), membre de la Société française. M. Mahieu avait pris part au Congrès scientifique de Reims et aux séances tenues dans cette ville par la Société française. Il avait étudié avec zèle les monuments religieux du moyen-âge; jeune encore il était appelé à rendre de longs services, si la mort n'était venue l'enlever inopinément à ses travaux.

ÉTUDES

SUR LES

MONUMENTS RELIGIEUX

DU DIOCÈSE DE LANGRES,

Par M. l'abbé GODARD SAINT-JEAN,

Professeur d'archéologie et de géologie au grand séminaire de Langres, membre de la Société française pour la conservation

des Monuments.

BASILIQUE DE SAINT-GEOSMES.

Le premier monument religieux que nous rencontrons au sortir de Langres sur la route de Dijon, c'est l'illustre et vieille basilique de St.-Geôsmes.

La consécration des souvenirs et du sang de trois frères martyrisés, dans le premier âge du christianisme, le mystère d'une crypte dont la nuit des temps voile l'origine, la majesté de l'art gothique, à sa période primitive, environnent d'une auréole glorieuse cette église bien chère à l'artiste chrétien.

Elle se rattache à Autun par les liens d'une antique et sainte

parenté. Faustus, préteur de cette ville célèbre, ayant reçu la foi, ainsi que Symphorien son fils, des apôtres saint Bénigne et saint Andoche, se souvint de sa sœur Léonille et leur dit : « J'ai ma sœur Léonille, illustre dame qui habite la ville de Langres son fils lui a laissé trois enfants jumeaux, instruits dans les sciences et les belles-lettres, mais par suite de l'éducation paternelle, vivant encore dans les ténèbres du paganisme; leur aïeule qui leur tient lieu de mère désire les voir enrôlés sous l'étendard de Jésus-Christ. O saints prêtres, allez donc au secours de sa piété, ajoutez cette gloire nouvelle à la gloire que déjà vous avez donnée à notre noble famille » (1).

Bénigne partit seul et accomplit sa mission, aidé de sainte Léonille; ensuite il alla recueillir, à Dijon, la palme du martyre. Speusippe, Mélasippe, Eléosippe, ses disciples fidèles, confessèrent bientôt le nom de Jésus-Christ en face des bourreaux payens; ils souffrirent la dislocation et furent jetés dans une fournaise dont Dieu éteignit les ardeurs. Au milieu des flammes, on les entendit chanter ses louanges. Quand le brâsier fut éteint, ils s'agenouillèrent et leurs âmes s'envolèrent au paradis, abandonnant leurs corps entièrement préservés de l'atteinte du feu.

<«< Leurs corps, dit Warnahaire, furent transportés et ensevelis par les chrétiens à deux milles de la ville de Langres, dans un village appelé Urbatus, à la jonction de deux grandes voies auxquelles en aboutissent d'autres de différents côtés : de telle sorte que la facilité de s'y transporter et de satisfaire sa dévotion y amène une affluence considérable de peuples... Leur basilique devient de jour en jour plus ornée, et la dévotion des fidèles l'enrichit chaque jour de nouveaux dons.

(1) Chronique de Warnahaire. Trad. de M. Favrel, curé de SaintGeôsmes.

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