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construite ou lorsque Hugues réorganisa la collégiale, ou lorsqu'il fit venir les religieux de Vézelay. C'est un bâtiment oblong de 30. de long, de 6". de large, et de 15m. de haut.

Le portail, placé entre deux contre-forts carrés, est formé par une arcade à plein-cintre, offrant trois rangées d'orneinents, et supportée de chaque côté par trois colonnes cylindriques. Les bandes d'ornements, ainsi que les colonnes qui les supportent, sont disposées sur des plans différents. Là bande inférieure, qui se trouve sur le plan le plus éloigné, présente des feuilles découpées, rangées les unes à côté des autres, et occupant chacune toute la largeur d'un claveau. Leur base nouée par une espèce de galon, occupe la partie supérieure de la bande, et, comme elles se replient sur ellesmêmes, leur sommet est également tourné vers le haut. La seconde archivolte est ornée d'une rangée de roses épa`nouies, encadrées dans une bordure circulaire couverte de petits boutons de fleurs. Ces roses se rattachent à une tige perlée, qui serpente au-dessus d'elles, en formant de nombreuses volutes. La troisième bande, placée sur le même plan que la muraille qu'elle supporte, est inscrite dans une moulure saillante sur laquelle court une légère guirlande, et qui repose de chaque côté sur une tête grimaçante, au niveau de l'imposte. Cette bande, vers le milieu de sa largeur, présente une moulure creuse disposée en zig-zag. Son arête inférieure est garnie de deux tores également en zig-zag, et formant, par leur contact, une espèce de chaîne lozangée.

Au-dessous de l'angle du tailloir des chapiteaux, s'avancent des têtes plus ou moins monstrueuses, de la bouche desquelles partent des branches perlées munies de larges feuilles qui recouvrent toute la surface de la corbeille. Les fûts des colonnes

ont deux mètres de hauteur; leurs bases ont disparu par suite de l'exhaussement du sol.

Le tympan est entièrement nu, ainsi que le linteau. La porte, pratiquée primitivement au-dessous de ce linteau, a été remplacée, au XVI. siècle, par une large baie presque carrée qu'accompagnent plusieurs moulures cylindriques.

Entre les colonnes du portail et les contre-forts qui l'accompagnent, on remarque, de chaque côté, à la base du mur, une arcade simulée à plein-cintre d'environ 1". 50o. de hauteur. Celle de droite seulement est encadrée dans une bordure saillante ornée de têtes de clous. Une suite d'arcatures de la même hauteur garnissent encore à droite le bas du mur au-delà du contre-fort.

A l'angle droit de la façade existe une tour quadrangulaire : elle s'élève à la hauteur d'environ 10m., et supporte une mauvaise charpente qui remplace la flèche octogone renversée à l'époque de la révolution.

Une fenêtre à plein-cintre, d'assez grande dimension, surmonte le portail; une autre fenêtre, de même forme, mais beaucoup plus petite, est pratiquée au haut du pignon.

(Bulletin de la Société de Beauvais ).

En reproduisant cette description nous avons eu pour but de signaler un fait qui, sans doute, n'a pu être aperçu par l'auteur de la note précédente, mais qui se rapporte à un sujet d'étude, auquel je me suis particulièrement livré : je veux parler de la géographie des styles et des caractères qui différencient l'architecture romane, quand on l'observe dans plusieurs provinces.

Or, en examinant le portail du prieuré de Bulles, je trouve dans les ornements qui décorent les archivoltes, notamment

dans les roses et les galons que voici, des caractères qui me

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paraissent se rattacher à l'école de la Bourgogne ou de la France centrale plutôt qu'à celle du nord. Or, ce fait s'explique facilement, quand on sait que l'époque de la construction de l'édifice correspond à celle où Hugues fit venir des religieux de Vézelay pour réorganiser la collégiale. Ce furent alors probablement, ou des moines de Vézelay ou des architectes de ce pays, qui construisirent l'église, et il n'est pas étonnant que les moulures soient étrangères au département de l'Oise. C'est ainsi que le synchronisme de l'architecture vient parfois corroborer les documents historiques.

A. DE CAUMONT.

OGIVES ROMANES DE L'EGLISE DE MOULT (CALVADOS).

Tout ce qui tend à expliquer les causes de la présence de l'ogive dans les monuments à plein-cintre mérite d'être noté; nous avons souvent constaté des faits qui montrent comment l'ogive a été, au XII. siècle, mêlée aux cintres, toutes les fois que le défaut d'espace forçait d'avoir recours à l'arc brisé pour obtenir un niveau égal dans l'extrados des arcatures avec des arcades de diamètres inégaux. Le Calvados nous a offert, dans nos études sur la statistique monumentale, plus d'un exemple de ce mélange des ogives avec les cintres, et nous avons souvent trouvé le motif qui

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l'avait déterminé : l'église de Moult, entr'autres, nous a offert un exemple assez intéressant de cette combinaison, pour que nous ayons cru devoir en reproduire l'esquisse dans le tome 2 de notre Statistique monumentale.

Le mur du sud est orné d'arcatures, les unes à pleincintre, les autres en ogives; ces arcatures m'ont paru mériter d'être figurées ici, et sont caractéristiques du XIIe siècle. Ce n'est pas seulement la présence de deux arcatures ogivales qui me font admettre cette date de transition, car il est certain que le défaut d'espace en a seul déterminé l'emploi. La travée voisine renferme, en effet, trois arcatures cintrées, égales en diamètre, mais dans l'autre une porte était pratiquée; elle prenait plus du tiers de l'espace, il fallait donc rétrécir les deux ouvertures voisines, et pour que l'extrados arrivât à la même hauteur que celui de la porte et des arcatures cintrées, il fallut adopter la forme ogivale. DE CAUMONT.

BASILIQUE de san frEDIANO, A LUCQUES.

Les proportions et le plan de ce temple Lombard, sont exactement ceux assignés par Vitruve à la basilique civile, et par Grégoire-de-Tours à la basilique chrétienne. Sa longueur du fond de l'abside majeure à la porte Regia est de 64m. ajoutez-y l'espace du narthex qui dut exister, et vous rentrez rigoureusement dans les deux cents pieds des auteurs contemporains de ces vieux édifices. La basilique de San Frediano est la seule, parmi toutes celles de Lucques, qui présente sa façade tournée vers le levant : on a dû chercher un motif à cette condition exceptionnelle, étrange dans une cité où la règle de l'orientation sacrée, inconnue à Rome, mais admise comme principe, à partir de la Toscane, dans tout le reste de l'Italie, a toujours été invariablement et religieusement observée. On a donc pensé que l'Augusteum aurait cédé sa

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