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SÉANCES ADMINISTRATIVES.

SÉANCE TENUE A CAEN,

Le 21 octobre 1846,

PAR LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE POUR LA CONSERVATION DES MONUMENTS.

Présidence de M. E. LAMBERT.

Le 21 octobre 1846, la Société française pour la description des monuments a tenu à Caen une de ses séances.

Sur l'invitation de M. de Caumont, directeur de la compagnie, M. Lambert occupe le fauteuil de la présidence; M. Villers remplit les fonctions de secrétaire.

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Sont présents MM. de CAUMONT; baron de LA FRENAYE; LAMBERT ; de LA CHOUQUAIS ; GAUGAIN; de CAIX ; RICHELET; de BONNECHOSE; GUY; DAN DE LA VAUTERIE; LE FLAGUAIS; HARDEL; BOUET; DOUIN; PELFRESNE et GEORGES VILLERS.

M. de Caumont prend la parole et consulte l'assemblée relativement à l'impression des procès-verbaux des séances tenues à Autun, après le Congrès de Metz, et qui doivent figurer à la suite des mémoires recueillis dans la réunion scientifique

dont cette dernière vil'e a été le centre. Ces procès-verbaux s'imprimeront à Caen, mais comme la partie relative au Congrès de Metz n'est pas encore éditée dans cette localité, ce retard paralyse l'impression des mémoires d'Autun, vu qu'il faudrait connaître la pagination avant de commencer, à Caen, le même travail. Cependant cette difficulté pourrait disparaître si l'on affectait aux séances d'Autun une pagination spéciale; mais alors le volume serait divisé en deux parties, ce qui ne laisserait pas que d'être regrettable dans un ouvrage consacré dans son ensemble au même objet. Aussi ce motif engaget-il à reporter l'impression des séances d'Autun après celle du compte-rendu de Metz, dont, au reste, on s'efforcera d'accélérer l'achèvement, autant que possible.

Dans le courant de l'année 1845, la Société avait voté diverses sommes pour l'érection de bornes monumentales et la pose d'inscriptions sur plusieurs points des départements de l'Aisne, de la Marne et des Ardennes, notamment à Attigny. M. de Caumont donne communication du procèsverbal de la pose de l'inscription qui a été placée à Attigny. Cette cérémonie a eu lieu avec beaucoup de solennité et en présence du clergé et des autorités de la contrée.

En témoignage de satisfaction de l'empressement apporté dans l'accomplissement de cette œuvre, la Société vote des remerciements à la commission qui y a présidé et notamment à M. Beglot, un de ses membres.

M. Digot, de Nancy, annonce à la Société qu'il s'occupe de préparer un rapport sur la statistique monumentale de la Meurthe.

La Société archéologique du Grand-Duché de Luxembourg demande à échanger ses publications avec la Société française pour la conservation des monuments.

Le Conseil accepte avec empressement cette offre flat

teuse.

M. Des Moulins annonce qu'il s'occupe de sa publication sur le Périgord, dont l'intérêt grandit tous les jours; il a découvert, ignorées dans les campagnes, de curieuses églises à coupoles; dans quelques mois il espère offrir à la Société les premières livraisons de son ouvrage.

M. Gustave Levavasseur, récemment élu membre de la Société, à Argentan, écrit pour offrir ses remerciements. M. de Blois, de Quimper, envoie des renseignements sur les vases découverts dans les tumulus de la Bretagne.

On sait que plusieurs antiquaires Anglais ont parlé de vases émaillés comme ayant été trouvés en Bretagne et à Carnac. La constatation de ce fait, ignoré en France, a éveillé la curiosité de M. de Caumont, qui pour savoir à quoi s'en tenir sur ce point important de l'art céramique, s'était enquis près de plusieurs archéologues bretons, de la véracité de l'assertion émise par les savants anglais; jusqu'ici aucuns renseignements adressés à la Société, ne sont venus confirmer les assertions faites, et c'est également dans un sens négatif qu'écrit M. de Blois qui fait parvenir sur ce sujet des notes de M. de Freminville et de plusieurs antiquaires bretons.

Sur l'invitation de M. de Caumont, M. de Caix donne des renseignements sur les travaux qu'on se propose d'exécuter à l'église de Mathieu; M. de Caix, qui a fait construire d'après ses plans, sur sa propriété de Bernay (Orne), une charmante chapelle gothique, dans le goût du XIII. siècle, a bien voulu rédiger des projets pour l'église de Mathieu, notamment le plan d'un clocher, d'architecture romane, qu'il soumet à la Société. La Société signale quelques modifications à introduire, et en félicitant M. de Caix de son zèle, elle le prie de surveiller les travaux que l'on doit faire à Mathieu.

M. Gaugain met sous les yeux de l'assemblée un projet de chœur, conçu pour l'église de Boulon par l'agent-voyer

du canton; ce plan n'est satisfaisant ni sous le rapport du goût, ni sous celui du style qui convient au monument. A cette occasion, un grand nombre de membres présents font entendre des réclamations au sujet de la plupart des plans exécutés par les agents-voyers, et dont la réalisation ne produirait ordinairement que de grossiers anachronismes, de hideux disparates. Il serait fort à désirer que M. le Préfet du Calvados, aussi bien que tous les préfets, se montrât difficile dans l'adoption des plans qui lui sont soumis.

M. Gaugain communique un autre plan destiné à l'église de St.-Georges-en-Auge, puis il entretient l'assemblée des travaux qu'il est question d'exécuter à l'église de Mézières. Il s'agit de remplacer le lambris tombé en vétusté. La fabrique qui doit subvenir aux frais de ce travail, s'est prononcée pour une voûte simulée en plâtre; mais jusqu'à ce moment aucun des projets présentés par l'agent-voyer du canton, n'a répondu à cette idée, et elle refuse de les adopter.

M. Guy et tous les membres présents insistent sur les avantages de ce mode de voûte simulée qui, jusqu'ici, à quelques exceptions près, n'a pu encore être mis en faveur dans notre pays, et substitué aux hideux planchers de bois dont on persiste à vouloir éterniser l'emploi dans nos églises. Ce système de voûte est pourtant très-avantageux. On peut se servir de tuiles, de plâtre ou de torchis; matières qui acquièrent une grande solidité; un recrépissement leur donne la physionomie de la pierre; et les nervures même peuvent être faites en bois, et une fois peintes convenablement, elles se confondent avec le ton général de l'édifice (1); outre la modicité de son prix de revient, et sa

(1) La plus grande partie des voûtes de l'Abbaye-aux-Dames de Caen sont simulées; elles trompent cependant par leur aspect l'œil le plus exercé.

facilité d'exécution dans tous les pays, ce système présente encore l'extrême avantage de la légèreté et de ne point pousser ainsi les murailles au vide.

En présence de ces avantages signalés la Société nomme MM. de Caumont et Richelet, pour aider de leurs conseils la fabrique de Mézières, et la mettre à même de faire établir une voûte convenable et en rapport avec le monument auquel elle est destinée.

M. Gaugain soumet à la Société le plan d'un autel en pierre composé par M. Vérolles pour l'église de Cagny.

M. G. Villers prend la parole au sujet de cet autel, et signale plusieurs modifications importantes qu'il désirerait lui voir subir, et qui, une fois adoptées, le mettraient à même de figurer convenablement dans l'église de Cagny. Après ces observations, M. Villers se plaît à reconnaître que, malgré ces imperfections, ce projet atteste chez son auteur de notables progrès dans l'étude de l'architecture du moyenâge, et il croit devoir signaler à la Société la fidélité irréprochable avec laquelle M. Vérolles a restauré le portail méridional de la cathédrale de Bayeux, restauration qui lui fait le plus grand honneur. La Société s'associe aux éloges de M. Villers et vote des félicitations à M. Vérolles pour le zèle qu'il déploie dans les travaux de restauration ou de consolidation dont il est chargé.

Grâce aux efforts de la Société française, un sage retour commence à se manifester vers l'architecture ogivale. L'arrondissement de Bayeux en peut déjà offrir plus d'un exemple; et dans ce moment où il s'agit de construire un clocher à l'église d'Ecrammeville, près Bayeux, deux projets gothiques ont été dressés par MM. Vérolles et Delaunay ; un troisième plan, dit M. Gaugain, avait aussi été présenté par M. Pelfresne; il est fâcheux qu'on ait refusé de l'admettre à concourir.

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