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et qu'elle soit parmi les déesses, ce qu'était Priape parmi les dieux. Mais peut-être comme Junon présidait-elle aux enfantements et était-elle invoquée pour la délivrance des femmes en couche. Souvent comme nous venons de le dire, le symbole phallique n'est que celui de l'abondance, de la fécondité, de la reproduction générale, etc., et nous l'avons vu reproduit. même sur des tombeaux, des lampes sépulcrales, etc.

Réduit à cette signification et à cette valeur, le symbole sur lequel les anciens attachaient de toutes autres idées que les nôtres, pouvait figurer au nombre des attributs allégoriques d'une divinité qui aurait présidé au commerce, à la reproduction des biens de la terre, etc., etc.

Quoi qu'il en soit, si le monument de Sandraudiga, assez peu connu pour qu'il nous ait été permis d'en occuper ici les lecteurs du Bulletin monumental, avai! été découvert seulement un siècle plutôt, de simples et bonnes gens auraient bien pu prendre le change, et faire, sur-le-champ, de notre déïté payenne une sainte, sous le nom de sancta Sandraudiga. Tout le monde connaît l'anecdote de saint Viar, et la plaisante méprise du bon curé de village, en lisant ce reste d'inscription fruste, sur un tronçon de colonne milliaire.

...... S. VIA........ R... (1).

Inscription commémorative d'une restauration de voie romaine, et dont un antiquaire rétablit ainsi la dernière ligne : .S (dernière lettre du nom d'un Empereur), VIA R.. Restituit.

(1) Après avoir rapporté ce conte frivole, est-il besoin de dire que, de nos jours, grâce au progrès des études archéologiques, aucun ecclésiastique, même le plus modeste desservant de la plus petite succursale de campagne ne tomberait pas dans une telle méprise, le mouvement archéologique s'est principalement fait sentir et a eu son foyer dans les séminaires.

MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.

Sous ce titre nous donnerons de temps à autre, dans le Bulletin, des notes et des articles courts sur divers sujets que nous pourrons parfois extraire d'ouvrages inédits et souvent aussi d'ouvrages imprimés. A ce moyen, nous ferons connaître des faits intéressants, et nous éviterons des recherches longues et difficiles aux membres de la Société française et aux lecteurs du Bulletin monumental.

RECHERCHE DES AQUEDUCS DE LA VILLE D'AUTUN.

Grand aqueduc amenant les eaux de Montjeu (Mons Jovis) à Augustodunum. La connaissance exacte des aqueducs antiques présentait de grandes difficultés dans l'état actuel de la ville, mais la Commission des antiquités attachait une trop grande importance aux notions positives que l'on pouvait acquérir sur ce sujet, pour ne pas diriger ses travaux vers ce but.

Le grand aqueduc amenant les eaux des sources de Montjeu à Augustodunum était le plus important à explorer. Ce travail de plusieurs années a été conduit avec une rare persévérance et a obtenu un succès complet, puisque aujourd'hui on peut suivre la trace de ce monument remarquable depuis l'intérieur de la ville jusqu'à sa prise d'eau dans le parc de Montjeu.

M. Desplaces de Martigny, ayant reçu de M. le pré

sident de la Commission des antiquités mission de diriger les recherches, rend ainsi compte de leur résultat.

« Dans ma jeunesse, le cours du grand aqueduc avait été le but constant de mes promenades; souvent il m'échappait par sa marche tortueuse en apparence bizarre; en effet, tantôt il suit côte à côte le cours naturel et sinueux du ruisseau, tantôt il s'en éloigne brusquement afin de gagner, par un trajet périlleux sur le flanc de rochers escarpés, le sommet de la montagne, de laquelle il se précipite par une pente rapide pour rejoindre encore le ruisseau dont il était séparé; arrivé à l'entrée de la vallée de Brisecou, l'eau entre dans un conduit dont la pente insensible la dirige tranquillement jusque dans les murs de la ville, qu'elle vivifiait et embellissait en s'y répandant par mille canaux divers.

Thomas, Courtépée, Rosny, dans leur Histoire d'Autun, disent l'aqueduc de Brisecou, à présent couvert d'arbres, conduisait les eaux de Montjeu à la Naumachie.

« Cette assertion est erronée, car il serait absurde de conduire, par un travail immense, l'eau dans un lieu où elle allait naturellement. Cette réflexion piquait vivement ma curiosité; je me mis à l'œuvre, et je fus assez heureux pour suivre les vestiges pas à pas. C'est donc après un examen sérieux que je rends compte de mes observations.

L'aqueduc, depuis sa naissance à Montjeu jusqu'à la Maladrerie, sous le théâtre, a 4,150". de longueur.

« Le génie de l'architecte qui dirigea ce prodigieux travail se révèle dans les moindres détails.

<< Son but fut de conduire la plus grande quantité d'eau possible par un canal, dont la construction solide devait résister à l'effort combiné de l'eau et des ans. La direction de l'aqueduc fut donc soumise à la nécessité de recueillir les eaux des différentes sources qu'il devait recevoir dans son

parcours; ensuite il ne pouvait suivre la pente rapide de la montagne de Montjeu à Autun, puisque l'eau enfermée dedans aurait acquis une vitesse telle que la maçonnerie la plus solide n'aurait pu résister à sa furie. C'est pour obvier à cet inconvénient que l'ingénieur imagina de donner très-peu de pente à son aqueduc, et de le rompre de distance en distance par des chutes. L'eau tombait sur des plans inclinés revêtus de pierres de taille; ces espèces de cascades avaient de 230 à 2600 de hauteur; l'eau, ainsi battue et imprégnée d'air, acquérait une qualité supérieure.

«Les sources principales qui fournissaient l'eau à Autun sont situées entre les deux grands étangs de Montjeu, en tirant du côté du château. Ladone en parle elles étaient rassemblées par des tranchées dont on voit les vestiges; elles aboutissaient à l'entrée de l'aqueduc qui se trouve près de la chaussée du grand étang du bas; de là il passe sous l'étang neuf des Cloix; il coupe plusieurs fois la route de Montcenis, entre le pont de Montmin et celui de Saint-Georges; plus bas, il entre dans la vallée, la côtoie, adossé aux rochers à l'aide de contreforts, jusqu'à la montagne de Brisecou.

« A deux cents pas de la maison d'agrément bâtie en ce lieu, au nord-ouest, l'aqueduc aboutit au sommet de la montagne et se précipite par une pente très-rapide à l'entrée de la vallée : arrivé là, il suit le ruisseau artificiel des moulins jusque au-dessous du petit Montjeu, pour entrer dans les jardins des maisons de St.-Blaise et l'ancien cimetière de ce faubourg: il s'introduit dans la ville au-dessous de la porte Matheron par l'établissement des écoles chrétiennes, suit la rue Chaffaud, la rue Ste.-Barbe, les caves du chapitre, le Terreau, et arrive entre les prisons et l'évêché. Dans cette partie, il est construit en fort belles pierres de taille; après avoir fait une cascade dans cet endroit, il se dirige vers l'ancien théâtre en passant sous le grand et le petit séminaire.

Les eaux, après avoir servi ce monument important, tombaient dans le grand égout dont l'entrée se voit dans le mur de la ville près de la Maladrerie.

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"L'exécution de ce beau travail a dû trouver de grands obstacles par l'inégalité du terrain, les rochers sans nombre en granit qu'il a fallu trancher pour enterrer un aqueduc qui a 4,150 mètres ou plus d'une lieue de longueur, des sources de Montjeu au théâtre. Sa construction est faite en petits moellons de granit. Il a environ 0m90 de large. Dans la ville, où il est bâti en pierres de taille, il a 1m73 de large sur 1m93 de hauteur sous clef.

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Indépendamment des eaux du moulin, les sources de St.-Blaise, de la Mine, de Couhard, de Montmin, de Brisecou et autres lieux, étaient rassemblées avec soin et con

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