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CY GIST LA FLEUR A ODEUR FINE
DE SCIENCE DE MÉDECINE

MAISTRE GUIBERT DIE DE CELSOY
LEQUEL VO DIEU PENSER A SOY,
A FAIT CESTE CHAPELLE FAIRE
ET FUNDÉE DE GRANT DOAIRE

MAISTRE FU ES ARS EXCELLENT

ET EN MÉDECINE ENSEMENT

DE LA PRATIQUE SOUVERAIN

PAREIL N'AVAIT EU CORPS HUMAIN;

MEDECIN FU DES ROIS DE FRANCE

JEHAN ET DEUX CHARLES SANS DOUBTANCE
DE BÉNÉFICES HABONDANCE

OT ET DU SURPLUS SOUFISANCE
TROIS PREBENDES ET CATHÉDRAULX
LAON, CHALONS ET AUSSI MEAULX

A PARIS EN SON BEL MANOIR

FINI SES JOURS POR DIRE VOIR

L'AN DE GRACE M CCC ET X

ET 1111 CE M'EST ADVIS,

AU MOIS D'AOUST PRÈS DE LA FIN

JOUR DE SAINT-AUGUSTIN.

PRIEZ DIEU DE CUERTZ LOIAL

QUE LUI DOINT SON PALAIS ROIAL

On voit aisément qu'un c fut omis dans la date. Le règne du roi Jean commence en 1350; en 1378 Charles V fit une donation en faveur de son amé phisicien Guibert de Celsoy, pour les bons et raisonnables services par lui rendus. D'ailleurs le monument lui-même corrigerait cette erreur par son caractère architectonique.

Telle est la pierre tombale de Celsoy ; j'ai l'honneur d'en offrir l'empreinte à la Société française, au nom de M. l'abbé Michaut, curé de la paroisse.

NOTICE

SUR LA DÉESSE SANDRAV DIGA,

ET

SUR UN AUTEL DE CETTE DIVINITÉ,

Par M. le Bo". DE CRAZANNES,

Correspondant de l'Institut, inspecteur divisionnaire de la Société française.

Il y a plusieurs années que, sur la route d'Anvers à Bréda, et entre les villages de Rysberg et de Zander, on découvrit un autel antique sur lequel est gravée l'inscription suivante :

DEAE

SANDRAVDIGAE

CVLTORES

TEMPLI.

Cet autel appartenant à la classe de ceux nommés ARAE par les Antiquaires, et formé d'une pierre calcaire très-tendre. de 1 mètre 35 centimètres de largeur, sur 81 centimètres dė hauteur; chacune des faces latérales de ce petit monument que nous visitâmes peu de temps après sa découverte, est orné d'une corne d'abondance remplie de fruits, sculptée en relief et semblable à celle que porte souvent le Dieu Priape, et au-dessus de l'autel est un phallus également figuré en relief, autre analogie avec les attributs ordinaires de cette divinité des jardins. Le travail de ce marbre est romain; auprès

de lui, lors de la fouille qui le remit en lumière, on a trouvé des anneaux en fer et des fers de lance corrodés par la rouille, et qui se sont en quelque sorte réduits en poussière dès qu'on les a touchés.

Ce monument nous a paru d'autant plus précieux et plus digne de fixer l'attention des explorateurs et des amis de l'antiquité, qu'il paraît être encore unique.

L'on ne connaissait pas la déesse Sandraudiga, lorsqu'un heureux hasard le rendit au jour, et appela sur lui l'intérêt des archéologues, d'après la description qu'en donnèrent les journaux.

La nouvelle divinité auquel cet autel est consacré doit être ajoutée à la nombreuse série de celles nommées DII MUNICIPES par Minutius Félix, DII LOCALES par Ammien-Marcellin, DII TOPICI par Servius, et que nous voyons figurer en si grand nombre dans nos recueils épigraphiques; elle devait donc, selon toutes les probabilités, appartenir à la localité, ou du moins à la contrée dans laquelle on a déterré son monument. Il ne serait pas aussi facile de dire quels étaient sa nature, ses attributions, son domaine. Il ne nous semble pas qu'on puisse rien préjuger avec quelque fondement et quelque certitude à cet égard, des armes ou instruments en fer, assez peu déterminés auprès de son autel, et qu'on soit suffisamment autorisé à l'inspection de leurs formes, lors même qu'on y reconnaîtrait des fers de lances, des anneaux (ou fragments de chaînes), etc., à lui donner le département de la guerre, chez les peuples qui la vénéraient; ces débris de ferrures pouvaient aussi bien avoir été destinés ou employés à d'autres usages qu'à ceux de l'attaque ou de la défense dans les combats. Ils pouvaient être relatifs aux sacrifices offerts à Sandraudiga, et avoir été même des instruments de supplice.

Les attributs emblématiques du phallus et de la corne

d'abondance sculptés sur le monument, ont une toute autre importance à nos yeux; ils nous paraissent caractéristiques, et nous nous occuperons tout-à-l'heure de leur interprétation et de leur appréciation.

On voit par l'inscription que nous venons de rapporter plus haut que cette dédicace, cet ex voto à Sandraudiga, lui a été offert par ses cultores, c'est-à-dire, par ses dévots, par les habitants, les familiers de son temple.

Gruter, dans son trésor, a recueilli un certain nombre d'inscriptions où figurent les cultores de plusieurs divinités et même des empereurs romains et de leur famille (DOMVS DIVINA); trois de ces inscriptions attestent des concessions de terrains faites par des particuliers pour servir de sépulture à des cultores d'Hercule.

Nous avons déjà dit que notre Sandraudiga, sur laquelle (1) les mythologies, les théogonies de l'antiquité payenne sont demeurées muettes, avait probablement sa place parmi les divinités topiques ou locales qui forment une classe si nombreuse. A ce titre, elle devait être une des déesses tutélaires ou tutèles des anciens peuples du Brabant, et particulièrement de ceux du district, dont faisait partie le lieu de Zander où notre cippe votif a été découvert et dont le nom nous semble offrir la plus grande analogie avec le nom de sa protectrice, de sa patronne présumée, sous l'influence des croyances du paganisme.

La déesse que nous signalons ici nous paraît avoir certains rapports assez frappants de ressemblance avec Nehalennia appartenant aux habitants de l'ancienne Zélande.

On a longuement écrit, disserté, établi des conjectures sur cette dernière divinité, beaucoup plus connue que l'autre ; on croit qu'elle présidait au commerce, aux marchés publics,

(1) Gruter. CCCXV-6, 7, 8.

etc., ce qui lui donnait quelques affinités avec le Mercure des Grecs et des Romains, et qu'elle était une des déesses ou nymphes protectrices des eaux et des fleuves, adorées des peuples septentrionaux.

Nehalennia est souvent représentée avec les mêmes emblêmes (sauf le phallus), que Sandraudiga, « elle est environnée, écrit feu M. Pougens, dans ses doutes et conjectures sur la mythologie des peuples septentrionaux, etc., de fruits de toute espèce, quelquefois de cornes d'abondance ». Les cornes d'abondance furent de tout temps l'emblême du commerce, et par suite de la marine, de la marine marchande s'entend; témoin, cette inscription tumulaire grecque du jeune Théophile, trouvée à Marseille, dans les fondements de l'abbaye de Saint-Victor et publiée par MM. de St.-Vincens fils (1), et Millin (2).

Au-dessus de l'inscription sont sculptées deux cornes d'abondance, unies par des bandelettes; aux faces latérales on voit des guirlandes de fruits d'où pendent également des bandelettes, et enfin, on remarque une barque en relief sur le côté du monument opposé à l'inscription du jeune naute ou trafiquant Massaliote.

Mais la représentation du Phallus, emblême de la fécondité, de la génération de tous les êtres, du principe actif de la nature, est beaucoup plus remarquable parmi les attributs symboliques et nautiques qui décorent le monument votif élevé à une déesse, que les autres ornements qui décorent l'autel élevé à Sandraudiga par ses cultores, ce n'est pas cependant un motif suffisant, à nos yeux, pour qu'on doive la classer au rang des divinités génératrices proprement dites,

(1) Notice sur Jules-François, Paul-Fauris de St.-Vincens père, et sur son cabinet, ses collections, etc.

(2) Voyage dans les départements du midi de la France, etc.

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