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région où se trouvent les lacs Kalln, Torrön, Storbus, Hotagen et Langligen. Ces plateformes et leurs massifs rocheux aplatis, d'une élévation peu considérable, et généralement inférieure à 1,200 mètres, paraissent avoir été l'origine d'actions érosives qui se sont étendues en rayonnant vers le midi de la Suède, comme le montrent les deux lignes normales N. 22° 1/2 O. et N. 15o E.; elles ont strié la côte orientale suivant la direction S.-S.-E., et la côte occidentale suivant la direction S.-S.-O., et sur le méridien central, celui de Philipstad et Jonköping, elles ont produit un assez grand nombre de stries voisines du N.-S., comme on le voit sur la carte. Il est inutile de faire observer que les lignes tracées sur ma carte, pour indiquer les directions moyennes des principaux systèmes d'érosions, représentent leur axe ou leur direction normale, et par suite, que les stries marquées à droite et à gauche ne doivent pas leur être exactement parallèles, car les systèmes de sulcatures affectent en général une disposition rayonnante, et chacun d'eux occupe un espace angulaire plus ou moins grand. Les trois systèmes indiqués sur ma carte comme descendant des plateformes du Jemtland, et comme ayant strié la partie méridionale de la Suède suivant les directions moyennes S.-S.-E., S. et S.-S.-O., peuvent être considérés comme ne formant que les trois branches d'un grand système, qui s'est étendu en rayonnant de manière à embrasser une étendue angulaire d'environ 50°, divisée en deux parties à peu près égales par la ligne N.-S.

Un système sulcateur s'est avancé de Gefle vers Göteborg, ou du golfe de Botnie vers le Cattegat.

Nous avons vu qu'il y a sur certaines parties du littoral E. de la Suède, sur la côte de Gefle et d'Öregrund un ensemble de stries dirigées du N.-N.-E. au S.-S -O., et du N.-E. au S.-O., produites par des causes érosives, agissant du golfe de Botnie vers la terre ferme. Dans l'intérieur de la Suède, il y a aussi des stries disposées de la même manière, et sur la côte occidentale de ce pays, on en voit un grand nombre courir du N.-E. vers le S.-O. et de l'E.-N.-E. vers. l'O.-S.-O., dans un sens oblique par rapport aux stries dirigées du N. 15° E. au S. 15° O. Cela montre donc qu'outre les systèmes d'érosions qui, à partir du 63° degré de latitude se sont étendus en rayonnant vers le midi de la Suède, y a aussi des agents sulcateurs qui, partant du golfe de Botnie et s'avançant de Gefle vers Göteborg, ont érodé les rochers de la Suède entre le 61 et le 57 degré de latitude, suivant des directions comprises entre le

il

N.-N.-E. et l'E.-N.-E. Ce sont ces sulcatures dérivant du golfe de Botnie que M. Sefström a considérées comme véritablement normales; mais on voit qu'elles forment un système à part qui croise les stries venues du Jemtland. D'ailleurs il est possible que les érosions observées entre Christiania et Göteborg, suivant la direction N.-E., ne viennent pas toutes du golfe de Botnie, et qu'une partie d'entre elles aient eu leur origine en des points situés à l'intérieur de la Suède, car il est difficile d'établir une séparation bien tranchée entre les stries venant du N. 15° E., et celles venant du N.-E.; il y a un très grand nombre de directions dans l'intervalle qui sépare les lignes normales.

En s'avançant de Gefle vers Göteborg, les agents érosifs ont obliqué vers l'O.-S.-O.

Je ferai encore observer que sur la côte du Skager-Rack et du Cattegat, les stries ont une direction plus voisine de l'E.-N.-E. et du N.-E. que sur la côte de Gefle, de façon que les agents érosifs, en s'avançant du golfe de Botnie vers le littoral de Göteborg, n'ont pas suivi une ligne tout-à-fait droite, mais ils ont obliqué vers l'O.-S.-O. La cause probable de cette déviation a déjà été indiquée par M. Sefström, il l'attribue à l'exhaussement que présente le sol de la Suède au midi du lac Wettern; il y atteint une hauteur de 200 mètres, tandis que plus au N., le niveau moyen est seulement de 30 à 40 mètres au-dessus de la mer.

Forces érosives ayant agi dans un sens parallèle à la côte et en s'avançant de la mer vers la terre forme.

Sur la côte de Cimbrishamn, dans la Scanie, il y a des stries montant de la mer vers la terre, de l'E.-N.-E. vers l'O.-S.-O., et MM. Murchison et de Verneuil ont remarqué des stries dirigées de la même manière à l'île Gotland; elles sont le produit de forces érosives qui ont agi dans le même sens que si elles venaient de la partie occidentale du golfe de Finlande. Sur la côte située entre Carlskrona et Calmar, il y a des sulcatures dirigées du N.-N.-E. au S.-S.-O., à peu près parallèlement à la côte de Calmar et à l'île Oland; on peut tirer de là une conclusion, qui est aussi confirmée par ce que j'ai observé sur la côte occidentale du golfe de Christiania, savoir que, outre les agents sulcateurs venus de l'intérieur des terres, et qui ont strié les rochers du littoral, en faisant un angle plus ou moins grand avec le rivage et descendant vers la

mer; il y eu aussi des forces érosives qui ont agi, les unes dans un sens parallèle à la côte, les autres en s'avançant de la mer vers la terre ferme.

Remarques sur le système d'érosions te plus développé dans la contrée d' Åreskuttan.

Le système sulcateur qui s'est avancé sous le 63° degré de latitude de la frontière de Norvége, vers le lac d'Östersund, de l'O.-N.-O. vers l'E.-S.-E.., a érodé les flancs et la crête de la montagne d'Åreskuttan ; cette montagne constitue un massif détaché, situé à l'E. de la bande rocheuse qui sépare la Norvége de la Suède, à peu près comme le Rigi, relativement à la chaîne centrale des Alpes. Åreskuttan a la forme d'un dos d'âne, allongé à peu près parallèlement à la direction normale des sulcatures de cette contrée, de l'O. 35° N. à l'E. 35° S. Il n'a point été l'origine de forces érosives, mais il a reçu l'empreinte de celles qui venaient de l'O. Sur le flanc septentrional de la montagne, où cette empreinte est le mieux marquée, on voit deux systèmes de stries se coupant sous un angle moyen de 20°; l'un d'eux se compose de stries horizontales tracées dans la direction de l'O. 35° N., parallèlement à l'axe de la montagne; l'autre système s'est élevé d'abord obliquement vers le haut de la montagne, comme on le voit sur le versant méridional, puis il en a coupé la crête sous un angle de 15 à 20°, en se dirigeant vers l'E. 15 à 20° S.; ensuite il s'est abaissé le long du flanc septentrional avec une pente, à l'horizon, de 30 à 35o. Jusque sur la cime la plus haute d'Åreskuttan, à une élévation de 1,045 mètres au-dessus du lac Kalln, qui en baigne le pied, et de 1,484 mètres au-dessus de la mer, on voit des stries dirigées de l'O. 20° N. à l'E. 20° S., et j'y ai remarqué aussi des blocs de granite à gros grains, dont l'un est un peu anguleux, et a environ 2 mètres cubes de volume; ces blocs sont évidemment erratiques, car Åreskuttan est formé de micaschiste passant au gneiss; il y en a d'autres sur les flancs et la crête, accompagnés de cailloux granitiques.

On voit le même système d'érosions se prolonger jusqu'à la frontière de Norvége en suivant la même direction et venant toujours de l'Ouest; même sur la bande de plateformes mamelonnées, tuberculeuses, qui séparent la Suède de la Norvége, on voit de très belles surfaces polies, des stries et des sillons dirigés à peu près de la même manière qu'à Åreskuttan, entre l'O. 25° et l'O.

40° N. Sur la portion de cette zone montagneuse, d'où sont parties les actions érosives qui ont strié Åreskuttan, toutes les cimes sont beaucoup moins élevées que le sommet de cette montague sur lequel nous avons vu qu'il y a des stries bien marquées; la plus haute cime indiquée sur la carte de Forsell (la meilleure carte de Suède et Norvége) est celle de Kelahögen, à laquelle on assigne seulement 4,300 pieds suédois (1) de hauteur, tandis qu'on attribue 4,844 pieds à Åreskuttan; mes observations barométriques donnent 1,484 mètres pour l'élévation d'Åreskuttan.

Les agents érosifs qui ont strié Åreskuttan sont partis de points

notablement moins élevés.

Il ne se trouve, dans cette région, d'exhaussement qui surpasse ou atteigne Åreskuttan qu'à une grande distance au Nord ou au Midi, de façon que si les forces érosives étaient parties de ces exhaussements, les stries seraient alors dirigées du N. au S. ou du S.-O. au N.-E., tandis qu'elles courent de l'O.-N.-O. à l'E. –S.-E. Les agents sulcateurs qui sont venus de l'ouest éroder la crète et la cime principale d'Åreskuttan sont donc partis de points beaucoup moins élevés, et ils ont d'abord traversé des plateaux dont le niveau moyen est seulement de 5 à 600 mètres, pour s'élever ensuite jusqu'à 1,484. Ces faits nous montrent combien on aurait tort de vouloir établir une assimilation complète entre les phénomènes erratiques de la Scandinavie et ceux des Alpes et des Pyrénées; les agents érosifs ont eu ici un mouvement ascensionnel au lieu de descendre suivant l'inclinaison du terrain. L'hypothèse d'une fusion de neiges ou de glace ne peut donc pas rendre raison du phénomène scandinave, et, quant à la théorie des glacialistes, je ne vois pas comment des glaciers auraient pu se mouvoir en sens contraire de la pesanteur, et remonter en des points beaucoup plus élevés que ceux dont ils seraient partis.

CARACTÈRES DES ÉROSIONS EN NORVÉGE.

Dans le massif occidental des montagnes de la Norvége, situé à l'O. du méridien de Drontheim, dans lequel se trouvent les sommités les plus élevées du N. de notre continent, les sulcatures

(1) Hisinger assigne à Kelahögen une hauteur de 3,932 pieds pa

risiens.

présentent une disposition divergente, analogue à celle qui a lieu dans les Alpes; mais ce massif rocheux, malgré son étendue et sa grande élévation, n'a pas été le point de départ des actions érosives qui se sont étendues sur la Suède; car dans la partie S.-O. de cette contrée, toutes les stries courent du N.-N.-E. au S.-S.-O. ou du N.-E. au S.-O.

Le phénomène erratique est beaucoup moins développé dans la région des hautes montagnes que dans la partie basse de la Scandinavie.

J'ai exploré dans plusieurs sens les zones montagneuses les plus élevées, le Dovre, le Langfield, le Sognefield, l'lotungfield et le Fillefield ; j'ai été étonné de voir que le phénomène erratique y est beaucoup moins développé que dans la partie basse de la Scandinavie, située plus à l'E.; cependant les caractères d'accidentation sont beaucoup plus tranchés; l'on y voit d'immenses déchirures, et quelques sommités culminantes s'élèvent, du niveau de la mer, jusqu'à une altitude de près de 2,500 mètres; on y trouve des vallées profondes, de 30 à 40 lieues de longueur, encaissées entre des parois abruptes qui s'élèvent souvent à un millier de mètres. Je m'attendais à voir dans ces vallées le magnifique spectacle de sulcatures que j'avais admiré en 1840 dans plusieurs vallées des Alpes, ainsi que dans celles de la Reuss, de l'Aar, etc.; mais presque partout les flancs de ces vallées sont décharnés et raboteux, et l'on n'y voit pas de surfaces polies, ni striées; c'est seulement dans le fond des vallées ou vers le pied de leurs flancs que l'on voit en divers endroits des rochers arrondis et présentant des stries. Néanmoins dans les parties de la Norvége, formées de collines arrondies et mamelonnées, qui vont en s'abaissant vers la mer, ainsi entre Drontheim et Levanger, aux environs de Christiania, entre cette ville et Christiansand, le phénomène des érosions se montre aussi développé qu'en Suède; c'est seulement dans les vallées profondes, formant des déchirures entre les hauts plateaux et à la surface de ces plateaux que les érosions sont peu développées.

Ce fait incontestable peut être attribué à différentes causes, d'abord à ce que les flancs de ces montagnes étant fortement inclinés, ont plus de tendance à s'ébouler, et les roches, étant habituellement schisteuses, sont plus sujettes à se désagréger que le granite sous les influences atmosphériques. Il est possible aussi que le phénomène des érosions ait été moins prononcé dès l'origine, soit parce que la disposition abrupte des flancs des rochers

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