Revue des deux mondes, Volume 50

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François Buloz, Charles Buloz, Ferdinand Brunetière, Francis Charmes, René Doumic, André Chaumeix
Au Bureau de la Revue des deux mondes, 1882
 

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Popular passages

Page 71 - C'est contre cette autorité que les libertins se révoltent avec un air de mépris. Mais qu'ont-ils vu ces rares génies? qu'ont-ils vu plus que les autres? Quelle ignorance est la leur ! et qu'il serait aisé de les confondre, si, faibles et présomptueux, ils ne craignaient d'être instruits ! Car pensent-ils avoir mieux vu les difficultés à cause qu'ils y succombent, et que les autres, qui les ont vues, les ont méprisées? Ils n'ont rien vu ; ils n'entendent rien ; ils n'ont pas même...
Page 462 - Je suis un ange, mais un ange femme ; c'est-à-dire que si j'avais une paire de chevaux, nous irions avec à la messe. Je ne serais pas fâchée non plus que mon bonnet fût doré, que ma jupe fût moins courte, et que cela fit enrager les voisins.
Page 70 - Fausses quand elles ussajcnt de prouver l'infini , de le déterminer, de l'incarner, si j'ose le dire , les religions sont vraies quand elles l'affirment. Les plus graves erreurs qu'elles mêlent à cette affirmation ne sont rien comparées au prix de la vérité qu'elles proclament. Le dernier des simples, pourvu qu'il pratique le culte du cœur, est plus éclairé sur la réalité des choses que le matérialiste qui croit tout expliquer par le hasard et le fini.
Page 271 - A Fleury enfin il adressait une épître longue, embarrassée et confuse, où il récapitulait ses griefs vrais ou prétendus et finissait par cette assertion hardie : « La guerre présente est un tissu des marques de bonne volonté que j'ai données à mes alliés...
Page 899 - J'ai souffert qu'elle ait vu les belles compagnies, Les divertissements, les bals, les comédies; Ce sont choses, pour moi, que je tiens de tout temps Fort propres à former l'esprit des jeunes gens; Et l'école du monde, en l'air dont il faut vivre, Instruit mieux, à mon gré, que ne fait aucun livre : Elle aime à dépenser en habits, linge et nœuds; Que voulez-vous?
Page 333 - C'est là une force morale qui ne tombe sous le coup d'aucune appréciation « priori. Turenne pouvait bien dire la veille d'une bataille : « Tu trembles, carcasse ! tu tremblerais bien plus si tu savais où je te conduirai demain, » et le lendemain il allait où il s'était promis d'aller. Les capitaines qui se prépareront aux futures opérations des guerres maritimes trembleront sans doute la veille comme l'illustre maréchal. Iront-ils jusqu'au bout le lendemain? Dieu seul peut le dire.
Page 68 - La plus solide bonté est celle qui se fonde sur le parfait ennui, sur la vue claire de ce fait que tout en ce monde est frivole et sans fond réel. Dans cette ruine absolue de toute chose, que reste-t-il? La méchanceté? Oh ! cela n'en vaut pas la peine. La méchanceté suppose une certaine foi au sérieux de la vie, la foi du moins au plaisir, la foi à la vengeance, la foi à l'ambition. Néron croyait à l'art; Commode croyait au cirque, et cela les rendait cruels.
Page 276 - Frédéric-le-Grand en fait de si grandes en un moment. Vous n'êtes donc plus notre allié , sire ; mais vous serez celui du genre humain ; vous voudrez que chacun jouisse en paix de ses droits et de son héritage, et qu'il n'y ait point de troubles : ce sera la pierre philosophale de la politique ; elle doit sortir de vos fourneaux. Dites : Je veux qu'on soit heureux , et on le sera ; ayez un bon opéra , une bonne comédie.
Page 331 - Il faut donc s'attendre à voir les flottes cuirassées, maîtresses de la mer, tourner leur puissance d'attaque et de destruction, à défaut d'adversaires se dérobant à leurs coups, contre toutes les villes du littoral, fortifiées ou non, pacifiques ou guerrières, les incendier, les ruiner, et tout au moins les rançonner sans merci. Cela s'est fait autrefois; cela ne se fait plus; cela se fera encore : Strasbourg et Péronne en sont garants
Page 68 - Je veux que l'avenir soit une énigme; mais s'il n'ya pas d'avenir, ce monde est un affreux guet-apens. Remarquez en effet que notre souhait n'est pas celui du vulgaire grossier. Ce que nous vouIons, ce n'est pas de voir le châtiment du coupable, ni de toucher les intérêts de notre vertu.

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