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Etienne Duval, riche marchand de Caen, né à Mondrainville, s'est rendu célèbre par le service important qu'il rendit en faisant entrer adroitement des vivres dans la ville de Metz, en 1552, peu de temps après qu'elle fut assiégée par Charles Quint. Henri II, pour l'en récompenser, lui donna des lettres de noblesse. Ce Duval, seigneur de Mondrainville, fut trésorier de l'ordre de SaintMichel en 1569.

Jacques Duval, son fils, lui succéda dans la même charge, et donna sa démission après avoir été fait chevalier du même ordre, en octobre 1577.

La route passe ensuite sur le territoire de Grainville. L'église, au nord de la route, dépendait de l'abbaye de Sainte-Trinité de Caen; et, comme toutes celles dont les abbayes avaient le patronage, elle offre de l'intérêt par son architecture. La nef appartient au style roman; le chœur et la tour, au style ogival de la troisième époque (1).

L'église de Noyers, à peu de distance à droite de la route, à 3 kilomètres de Grainville, appartenait aussi à une abbaye (l'abbaye d'Ardennes près Caen). Elle paraît du XIIIe siècle.

La nef était autrefois garnie de bas-côtés, qui ont été supprimés. On distingue de chaque côté cinq arcades bouchées, au-dessus desquelles s'ouvrent de petites fenêtres en lancettes, sans colonnes. Le portail de l'ouest

(1) Voir la description détaillée de cette église dans ma Statistique monumentale du Calvados, 1er volume.

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offre la moitié de ce portail; elle en fera comprendre l'ordonnance. Au-dessus de la porte surbaissée et festonnée s'élève l'ogive centrale, dont l'archivolte principale est ornée de têtes plates.

Le chœur, percé de deux fenêtres au chevet, doit être à peu près du même temps que la nef; mais les voûtes ne sont que du XVIe siècle. La tour centrale est massive et moderne.

Tout près de la route est une maison peu importante, dont la cour est précédée de deux portes cintrées, l'une pour les charrettes, l'autre pour les piétons. L'une de ces ouvertures est surmontée de l'inscription suivante :

COEUR DÉSIREUX N'A JAMAIS DE REPOS;
ASSEZ VA QUI FORTUNE PASSE.

1620.

Missy est en face de Noyers, du, côté opposé de la route. L'église n'offre de remarquable qu'une porte ogivale entre deux arcades obscures. Le travail des chapiteaux et des archivoltes se rapporte au XIIIe siècle.

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Tout près et à l'est de l'église, existe une maison de la

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première moitié du XVIe siècle, dont les fenêtres sont

encore

assez bien conservées. Elle appartient à M. le comte de Chazot, membre de l'Association normande.

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La butte de Montbroc est un point culminant d'où la vue s'étend au loin, au sud et au nord. On découvre de là la cathédrale de Bayeux, et une assez grande quantité de points divers; ce terrain, autrefois couvert de bois et de bruyères, fut le sujet de longues contestations entre les moines d'Ardennes et les habitants de Monts. Les moines prétendaient que la montagne de Montbroc était une dépendance de la baronnie de Tesnière, qui leur avait été donnée, en 1190 , par Richard Coeur-de-Lion, roi d'Angleterre. On trouve un grand nombre de pièces relatives aux contestations qui s'élevèrent, à différentes époques, relativement à ces bruyères, dans le cartulaire de l'abbaye d'Ardennes (1)..

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Du point culminant de Montbroe, la route descend vers le bourg de Villers, laissant à droite le village de Villy, à gauche celui de Parfouru et d'Epinay-sur-Odon (2).

Géologie. Entre Caen et Verson, la route est établie sur le calcaire secondaire (grande oolite et oolite inférieure); à Verson, elle passe sur les phyllades dénudés sur ce point, le long de la vallée de l'Odon; à Mouen une chaîne de grès quartzeux se montre à la surface du soli; puis, à partir de Tourville, la route court sur l'oolite inférieure et peut-être le lias, jusqu'à Epinay, à 1 kilo

(1) V. ma Statistique monumentale du Calvados, t. 1er,

on y trouvera une longue note extraite du cartulaire.

page 2003

(2) V., sur ces deux communes, ma Statistique monumentalé du Calvados, t. 1er.

mètre 1/2 de Villers, qu'elle entre dans la région des phyllades (1).

Agriculture. Suivant la nature géologique des terrains que je viens de citer, le sol arable offre des qualités très-diverses: la région la plus productive, celle où le colza et toutes les cultures épuisantes réussissent le mieux, est comprise entre Mouen et les buttes de Montbroc, au-dessus de l'oolite inférieure et du lias: ce sont des terres argileuses et profondes, dans lesquelles la végétation des arbres est aussi très-belle. Les terrains arables qui bordent la route dans le reste de son parcours (grès schistes grande oolite), sont généralement plus légers, quoique productifs, dans des proportions diversement graduées, suivant les circonstances faciles à apprécier sur place, mais qu'il suffit d'indiquer ici.

VILLERS-BOCAGE.

Villers, aujourd'hui chef-lieu de canton, était autrefois le chef-lieu d'un doyenné, comprenant 31 paroisses, et d'une sergenterie, qui en avait 26 dans son ressort.

Il y avait deux églises paroissiales à Villers: St-Germain et St-Martin. L'une d'elles (St-Germain ) a été reconstruite tout entière, et n'est pas encore achevée ; c'est l'église paroissiale actuelle. Elle est d'un assez pauvre style; on vient d'y construire une tour, ornée de colonnes, et au haut de laquelle se trouve un édicule où l'on doit placer la statue de St-Martin, devenu premier patron de

(1) V. la preuve de ces assertions dans ma Topographie géognostique du Calvados. V. aussi la carte géologique de ce département.

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