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les détails. Il parle ensuite des cuisines de diverses abbayes, qu'il a décrites dans son Abécédaire d'archéologie, t. II.

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M. Lallemand, si versé dans la littérature des premiers temps de notre ère, rappelle un fait culinaire de la fin du VI. siècle.

Sidoine-Apollinaire, qui était sénateur, avait abandonné ce monde, et s'était fait portier de couvent.

Saint Paulin de Nole lui écrit qu'il lui envoie un cuisinier sachant très-bien accommoder des fèves, avec une sauce au vinaigre, et faire une bouillie de betteraves excellente.

L'ordre du jour est épuisé.

Cette séance étant la dernière de la session, M. Nau se lève et demande à adresser, en son nom personnel, au nom des archéologues, et au nom de la cité de Nantes elle-même, des remercîments à la Société française d'archéologie et au savant qui est venu la diriger dans cette ville.

Il rappelle que, par les allocations généreuses de cette

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Société, plusieurs monuments du département ont échappé à une ruine entière; de ce nombre sont la chapelle de Bethléem, commune de St. -Jean-de-Boiseau, et la chapelle de N.-D., paroisse de Batz; il rappelle les lumières jetées dans nos études locales par des collègues étrangers qui n'ont pas craint de braver des difficultés de l'inondation pour apporter au Congrès le tribut de leur talent et de leur expérience.

M. de Caumont, dans une improvisation des plus gracieuses, en réponse aux remercîments qui lui sont adressés, constate la bonne tenue du Congrès, le charme de ses séances, l'assiduité rare de tous les membres, la nouveauté des questions traitées. Il regrette de n'avoir pu, par suite des inondations, déterminer plus d'étrangers à venir à Nantes. Il réitère, au nom de M. l'abbé Lacurie, l'invitation de se rendre, en septembre prochain, au congrès de La Rochelle, et déclare la session close et la séance levée.

INAUGURATION DU NOUVEAU MUSÉE D'ANTIQUITÉS DE NANTES PAR LE CONGRÈS ARCHÉOLOGIQUE.

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La Commission du musée archéologique avait déployé un zèle et une activité extraordinaires, pour que la translation des objets et leur classement méthodique fussent terminés avant la clôture du Congrès archéologique, et que l'inauguration de ce nouveau musée pût avoir lieu pendant la réunion de la Société française à Nantes.

Ces efforts ont été couronnés de succès, et le musée d'an

tiquités, parfaitement disposé dans l'église de l'Oratoire que M. le Préfet de la Loire-Inférieure a eu la bonne pensée d'accorder pour y loger le musée, a été inauguré le samedi 14 juin, à 7 heures du soir. M. le Préfet s'y était rendu accompagné de M. le baron de Girardot, secrétaire-général, membre de l'Institut des provinces et de la Société française ; M. de Caumont, M. l'abbé Le Petit, M. Bizeul, M. le comte de La Fruglaye, M. de Glanville, M. Gaugain et les membres du Congrès, ont été reçus par M. Nau et la Commission du musée. Cette commission a immédiatement fait parcourir les galeries à tous les assistants, en indiquant le mérite relatif des objets et leurs provenancês diverses. M. Guéraud avait pu terminer la rédaction du catalogue ou livret qui a été publié le même jour. Ce livret très-bien fait, donne des détails intéressants et une appréciation très-satisfaisante sur chaque objet. On peut le signaler comme un modèle à suivre.

M. de Caumont a adressé au nom du Congrès de sincères félicitations à MM. les membres de la Commission; il est heureux pour la Société française d'archéologie, a-t-il dit, «< d'avoir pu, par sa présence, hâter la translation du musée d'antiquités dans un local parfaitement convenable et admi<«<rablement situé; d'avoir été aussi la cause de la publication << d'un catalogue qui pourra être imité dans toutes les villes « où l'on a créé des musées d'archéologie. Ce catalogue est méthodique, raisonné et très-instructif, mérite que n'ont

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<< pas la plupart des catalogues de même genre.

« La disposition des objets, a continué M. de Caumont, << me paraît excellente, et l'architecture de cette église du << XVII. siècle se prête admirablement à la disposition des << monuments que vous possédez déjà; elle conviendra de << même à ceux qui viendront par la suite se réunir à << ceux-ci. »

Les membres du Congrès sont ensuite restés plus de deux heures à parcourir et à examiner le musée; nous regrettons de ne pouvoir décrire les principaux fragments de sculpture gallo-romaine et d'architecture du moyen-âge. Les débris gallo-romains proviennent en grande partie des fouilles faites à Nantes pour construire de nouvelles maisons près de l'enceinte de la cité gallo-romaine.

M. Thiollet qui a dessiné presque toutes ces pièces, avait adressé une note explicative de ses dessins.

<< Ne pouvant me rendre au Congrès archéologique qui a lieu à Nantes, disait M. Thiollet, je vais vous faire part « des observations que j'ai faites au mois d'octobre 1855, « avant l'organisation du musée archéologique actuel. A cette

époque, j'avais dessiné toutes les pierres sortant des fon«dations de l'ancien Bouffay, et je comptais soumettre ce a travail au Congrès.

«La ville de Nantes a été favorisée par les découvertes « que l'on a faites en fouillant sur l'emplacement du Bouffay « en 1848. Ces fragments sont peu nombreux, mais ils sont « d'une grande importance pour le pays, on les a retirés « de plus de 8 mètres au-dessous du sol actuel. Il est trèsregrettable que les constructions se soient bornées à suivre

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« une direction donnée, et que l'on ne se soit pas étendu à « droite et à gauche; on aurait probablement découvert un plus grand nombre de pierres.

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«Il s'agit maintenant de déterminer l'emploi et l'usage de « ces pierres; c'est à celui qui a cultivé la science de l'ar«chitecture, l'étude des monuments, de leur décoration << et de leur construction qu'il appartient de se lancer dans a des conjectures, c'est à lui de jeter quelque lumière sur << la destination de ces monuments exécutés en France par << les Romains du Ier. au III. siècle de notre ère. Ces maté<< riaux n'ont de prix qu'autant que l'on pourra faire con

« naître leur destination première, et par là, compléter << notre éducation en nous faisant connaître les progrès des sculpteurs anciens et de leur science dans un pays qui

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<< alors devait manquer de toutes ressources, et où il leur « a fallu tout créer. C'est ainsi que nous devons apprécier << leur mérite. Nous devons puiser dans les monuments «< païens comme dans les monuments du moyen-âge. Les << Romains nous ont laissé de grandes choses, et ils ont << promené le flambeau de l'art sur toute la Gaule. Ce ne « sont pas seulement les découvertes récentes que l'on vient « de faire à Nantes qui sont là pour l'attester, il faut voir << tout ce que possède Poitiers, Bordeaux, Dijon, Besançon, « Metz, Autun, Sens, Auxerre, Rouen, Lillebonne, Champlieu et tout le midi de la France, tous ces fragments où règne une si grande pensée. Tâchons donc d'interpréter << ces restes que le génie de ces hommes géans nous a << transmis; c'est à nous de chercher à en comprendre le « sens mystique.

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« La réunion de plusieurs pierres sculptées du musée de Nantes offre un magnifique groupe, dont les figures sont « de grandeur naturelle, et que je suppose d'après ma res<< tauration, être le combat d'un grec et d'une amazone. Le guerrier est armé d'une lance qu'il enfonce dans le cœur « de l'amazone, tandis que cette dernière lui lance un coup « de poignard de la main droite; de la main gauche, elle « a dû tenir une hache à deux tranchants, laquelle a été «< mutilée. Le guerrier a son bouclier passé au bras gauche, << son corps est couvert d'une cuirasse et sa tête porte un << casque richement orné. On ne peut se tromper sur le sujet ; << tous les bas-reliefs qui décorent les pilastres sont formés << avec les dépouilles des amazones : ce sont les épées, les << boucliers, les bipennes, etc., etc.

<< Tous les pilastres sont ornés de bas-reliefs composés de

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