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Dans les titres du XVII. siècle, la butte dont il s'agit était appelée la motte des fiefs anciens, et c'est sur cette motte même que les vassaux primitifs de la baronnie devaient rendre hommage, tandis que les vassaux plus modernes le devaient à un château plus récent, construit dans l'enceinte extérieure de la motte.

Le sol de la petite ville de Montfaucon a été fouillé à une profondeur de 2 à 6 mètres dans la plupart de ses jardins, dans ses trois cimetières, dans l'emplacement d'une église détruite et dans sa place publique; les terres en ont été enlevées, tant pour l'agriculture que pour la construction d'une route stratégique, et aucun vestige de l'occupation ou du passage des Romains ne s'est montré.

De tout ce qui précède on peut conclure que la motte dont il s'agit a dû être l'assiette du donjon construit par Foulques Nerra, et qu'elle ne peut être rapportée à l'époque romaine.

Les fouilles précitées, qui ont été faites en divers points sur une étendue totale de 4 ou 5 hectares, ont fait découvrir dix à douze souterrains, sans compter ceux qui, ayant été trouvés à diverses époques en construisant des maisons, servent aujourd'hui de caves à ces mêmes maisons.

Tous ces souterrains sont creusés dans une roche tendre, de formation incomplète; leurs parois et leur voûte sont taillés avec soin dans quelques-uns seulement; leur figure est un carré long plus ou moins régulier, sur une largeur de 3 à 5 mètres, une longueur de 5 à 10 mètres et une élévation de 2 mètres à 2 mètres 50 centimètres. Aucune maçonnerie n'est employée à leur construction, même comme auxiliaire pour l'entrée. L'un deux, taillé avec soin, a la figure d'une croix. Leur situation variait entre 2 à 5 mètres de la voûte au niveau du sol. Trois de ces souterrains, se joignant, communiquent entre eux au moyen d'ouvertures

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fort basses. Un autre, dans un autre point, se trouvait sous les fondements des murs d'une église du XII. siècle; sa voûte était séparée des premières assises de ces murs par une épaisseur de 1 mètre environ, ce qui semble indiquer que son existence était ignorée lors de la construction de cette église.

Aucuns restes de constructions n'ayant été trouvés en rapport avec ces souterrains, ceux-ci ne paraissent pas avoir communiqué à des habitations.

Tous ces souterrains ne renfermaient aucun objet étranger au sol où ils sont construits. Un seul doit être excepté de cette condition, il a été trouvé sous la maison seigneuriale de recette; un de ses bouts était séparé du reste et clos par un mur en pierre; dans cette partie renfermée fut trouvé un squelette.

Un autre souterrain, beaucoup plus étroit et d'une longueur indéterminée, fut coupé en deux par la construction d'une route stratégique, il était de 1 mètre 50 centimètres à 2 mètres de largeur, sur une élévation de 2 mètres à peine. C'était, sans doute, un chemin souterrain: sa direction est du Nord au Midi, il semble marcher vers la motte féodale, au Nord, et vers la rivière de Moine, au Midi. Ce chemin, qui se trouvait rempli d'eau, sans doute par suite d'éboulements, ne put être exploré.

Il est remarquable que, dans la petite ville de Montfaucon, presque nulle part le sol ne puisse être fouillé sans amener la découverte de semblables souterrains.

Je m'abstiens d'émettre aucune idée sur leur usage et leur date, que j'ignore absolument, de même que la valeur de leur existence aux yeux de la science.

M. Guéraud lit ensuite un mémoire sur la crypte des Essarts. Il ajoute qu'une autre crypte, trouvée au château

de Tiffauges, a beaucoup de rapport avec celle des Essarts.

M. Van Iseghem manifeste, à cette occasion, le désir qu'un membre de la Société archéologique veuille bien faire un travail sur les châteaux de Clisson et de Tiffauges.

M. Van Iseghem présente le rapport suivant sur les fouilles faites, aux frais de la Société française d'archéologie, dans l'enceinte gallo-romaine voisine de la motte de Bougon, près de Nantes.

RAPPORT DE M. VAN ISEGHEM.

J'ai l'honneur de présenter au Congrès le résultat des fouilles pratiquées à Bougon :

On avait constaté, en cet endroit, la présence d'un mur, à sa trace, mise à nu au niveau du sol; on y a fait des fouilles qui ont eu pour effet de mettre ce mur à découvert du côté de sa face extérieure. On avait conçu l'espoir d'en suivre la trace très-loin, et d'arriver par là à d'autres découvertes; malheureusement cet espoir a été déçu, le mur s'étant arrêté à peu de distance des deux extrémités qui se trouvaient découvertes, ce qui ferait présumer que ce mur, au lieu d'être un mur d'enceinte, ne serait qu'un simple mur de soutènement destiné à maintenir, dans cet endroit, les terres au niveau du sol supérieur sur lequel devaient se trouver indubitablement établies d'autres constructions.

Sa longueur totale est de 18 mètres 30 centimètres, aux fondations. La hauteur actuellement existante est de 1 mètre 80 centimètres, prise dans les parties les plus élevées. En épaisseur, le mur mesure 1 mètre 30 centimètres aux fondations, et 1 mètre 70 centimètres à la partie la plus élevée ; elle varie par conséquent de 40 centimètres en sens inverse

de celle de nos constructions actuelles, qui sont toujours plus larges à leur base et diminuent suivant la hauteur.

Ce mur est construit en pierre de petit appareil prise dans la localité, ce qui a dû en rendre l'ébauchage plus difficile, attendu que la nature de cette pierre, qui est un gneiss éminemment quartzeux, ne se prêtait pas plus du temps des Romains qu'elle ne le ferait de nos jours aux exigences du marteau, Néanmoins les dispositions du petit appareil y sont observées avec soin; le mur conserve encore de nos jours, comme aux temps primitifs, le caractère de sa construction: deux rangs de larges briques, signe distinctif et irrécusable de l'époque gallo-romaine; placées à la partie supérieure de la base, elles sont là pour confirmer l'origine du mur et lever tous les doutes.

Les deux extrémités Est et Ouest de cette enceinte ne présentant que très-rarement des indices qui puissent conduire à des découvertes, ont dû être abandonnées lors des recherches auxquelles je me suis livré après le déblaiement du mur dont je viens de parler.

La partie centrale, plantée de vignes, dans laquelle se trouve compris ce mur, présentant partout sur le sol cultivé des débris de terre cuite, de ciment, mêlés à des terres noires et souvent parsemées de charbon, me portait à croire que c'était là que devaient être dirigées de préférence les fouilles.

En effet, après plusieurs trous de sondage, pratiqués entre les ceps de vignes, qu'il fallait ménager, j'ai rencontré, à une profondeur d'environ 80 centimètres, un sol uni et compacte, formé de ciment d'une teinte blanche légèrement rosée et de fragments excessivement petits de briques, espèce de mosaïque informe, comme on en a rencontré dans les fouilles de Rezé, de Blain et d'autres localités analogues à celle-ci.

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Sur ce sol parfaitement conservé, dont les limites ainsi que l'étendue me sont encore complètement inconnues, se trouvent disposés en relief et dans un ordre symétrique des petits carrés, en même ciment, ayant tous généralement 21 centimètres sur chaque côté et placés carrément à environ 46 centimètres les uns des autres. Leur hauteur varie: quelquefois elle est réduite à une simple couche de mortier, et rarement elle dépasse 5 à 10 centimètres.

Cette disposition du sol m'a paru assez caractérisée pour ne pas douter, un seul instant, que ces sortes de substructions ne soient autre chose que les restes d'un hypocauste destiné à chauffer les bains qui se trouvaient placés immédiatement au-dessus, au moyen de piliers dont les carrés dont je viens de parler sont la base, et que recouvraient les grands carreaux formant le sol superposé de la salle du bain, balneum, ainsi qu'on voit ces pièces établies dans plusieurs autres localités et notamment à Landunum, cité antique située dans le département de la Côte-d'Or, dont les fouilles faites en 1851 ont été l'objet d'un rapport éminemment remarquable, par M. Henri Baudot, dans lequel il a fait ressortir tous les importants résultats que ces fouilles ont produits.

Ce rapprochement entre les deux situations est tellement identique, pour ce qui concerne seulement l'hypocauste, que, si, sur l'emplacement des piliers dont je viens de parler, on posait indistinctement les carreaux de 66 centimètres désignés par M. Henri Baudot, ils trouveraient partout leurs points d'appui sans rien perdre nulle part de leur juxta-position, et de telle sorte que l'axe de chaque pilier deviendrait par ce fait le point de coïncidence des quatre carreaux qui le recouvrent; ce qui prouve non-seulement que la construction dont nous nous occupons a un caractère antique, mais que ceux qui étaient chargés de les établir s'écartaient peu d'une règle commune.

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