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Caumont-Vivonne, obtint lettres-patentes de février 1652, en vertu desquelles la mouvance de son fief fut distraite de la vicomté d'Évreux, pour être tenue à l'avenir de la Tour du château de Rouen.

Telles étaient les terres les plus importantes de l'arrondissement de Louviers; un marquisat, celui du Bec-Thomas; un comté, celui de Louviers à l'archevêque de Rouen; six baronnies en comptant celles de Heudebouville, de Daubeufla-Campagne et de Quatremare, et un grand nombre de châtellenies et pleins fiefs de haubert auxquels leur étendue eût permis facilement de donner un titre plus élevé.

Tout cela eût mérité sans doute d'autres développements, et le paléographe eût demandé, pour l'histoire du pays et l'explication des anciens titres, un travail moins abrégé, mais le nôtre suffira peut-être pour faire connaître ce que le régime féodal avait établi de plus saillant dans cet arrondissement, et c'était là le seul but de la quatorzième question, posée par la Société.

M. Bordeaux annonce qu'il est détenteur d'un grand nombre de titres relatifs à la baronnie de la Boullaye, sur laquelle il se propose de publier un mémoire développé.

M. Marcel lit une note sur le château du Vaudreuil. Son travail fondu avec la partie du rapport de M. d'Estaintot concernant cette châtellenie, formerait un ensemble assez complet sur ce grand fief. Voici le travail de M. Marcel :

LE VAUDREUIL.

Vaudreuil (Vallis Rodoli, Rodolii, Rothelii, Rotogivilla, etc. - Val de Roil, de Roul, de Rael, de Ruil, de Reul (1468), de Reuil et enfin Vaudreuil).

Le Vaudreuil appartenait au Roi.

Le onzième jour d'avril 1573, par devant Jean Chesneau, notaire et tabellion royal en la cour du roi Charles IX, échange entre le Roi et messire Philippe de Boulainvilliers, comte de Fouquembergue et de Courtenay«< tant en son « nom que comme soi faisant et portant fort de dame Jeanne « de Briçon, sa femme.

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« Disant lesdites parties que comme il ait plu à S. M. de << s'approprier et accommoder par échange de la terre, seigneurie, châtellenie et haute justice de Noyon, Bourg « Baudouin et Gournest

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près et joignant la << forest de Lions appartenant au seigneur comte de Fouquembergue pour en icelle seigneurie faire construire, bâtir « et édifier un château et maison royale, et icelle récom<< penser de la terre, seigneurie, haute justice et châtellenie « du Vaudreuil. >>

Le Roi a, par cet acte, abandonné tous ses droits sur ladite seigneurie, « fors la souveraineté, ressort et hommage « que pour ce le seigneur comte de Fouquembergue, les «hoirs et ayant cause en seront tenus faire pour l'avenir à sa dite Majesté et ses successeurs rois et les relever du << château de Pont-de-l'Arche par un plein fief de haubert, « etc., etc. >>

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Voici ce que je trouve sur les successeurs du seigneur de Fouquembergue: Dans un contrat du 17 juin 1613, on lit: « Haut et puissant seigneur Monseigneur le comte de Cour« tenay, chevalier seigneur châtelain propriétaire et héré<< ditaire des châtellenies, terre et seigneuries du Vaudreuil représentant le droit du Roi. »

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On suppose, ce qui au surplus peut être facilement vérifié, que ce comte de Courtenay est un des enfants puînés de l'échangiste qualifié, comme on l'a vu ci-dessus de comte de Fouquembergue (et de Courtenay ).

Dans un contrat du 14 mai 1644, on lit : « Haute et puis

«sante dame Renée de Boulainvilliers comtesse de Courtenay, <châtelaine de Valdreuil et Léry, veuve de feu haut et puissant « seigneur messire Charles sire de Rambure, chevalier des « ordres du Roi, maréchal de camp en ses armées et gou⚫ verneur des citadelles de Doulens et du Crottoy.

Cette dame de Rambure est-elle la fille du comte de Courtenay qu'on vient de nommer?

Vient ensuite en 1659 « Claude de Girardin, écuyer, « conseiller, secrétaire du Roi, maison et couronne de France « et de ses finances, seigneur châtelain du Vaudreuil et Léry.» (Contrat du 6 février 1659.)

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Ce Claude de Girardin revêtu du titre modeste de « écuyer, << conseiller, secrétaire du Roi est-il le mari d'une Boulainvilliers Courtenay?

N'est-il pas devenu propriétaire du Vaudreuil par acquisition?

Les pièces, dont le rédacteur de ces notes est en possession, le reportent de 1659 à 1722; il y a donc ici une lacune. Quels ont été dans cet intervalle les seigneurs du Vaudreuil? On l'ignore, il faudrait compulser le chartrier du Vaudreuil, étudier la généalogie du comte de Vaudreuil qui vivait dans le siècle dernier. Le temps et les livres me manquent à la fois.

On ignore également à quel titre possédait le domaine du Vaudreuil M. de Portail, quatrième seigneur de ce domaine, d'après la série évidemment incomplète qu'on présente ici :

<< Antoine Portail, qualifié de haut et puissant seigneur << messire, chevalier, conseiller d'État, président à mortier << au parlement de Paris, seigneur châtelain et haut justicier « du Valdreuil, Léry et dépendances aux droits du Roi, << seigneur aussi du fief, terre et seigneurie de la Salle-du<< Bois unie à ladite châtellenie pour autant qu'il y en a dans « les paroisses St.-Pierre, St.-Étienne du Vauvray et Portejoie << (aveu du 4 août 1722). »

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Cet Antoine Portail, devenu premier président du parlement de Paris, en 1724, et membre de l'Académie française, est mort à 63 ans, le 2 mai 1736. (Voir Journal historique, juin 1736, p. 469).

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La seigneurie du Vaudreuil passe à son fils, << Jean Louis « Portail, chevalier, conseiller du Roi en tous ses conseils, président à mortier honoraire du parlement de Paris, seigneur châtelain, haut justicier des terres et châtellenies « du Vaudreuil, Léry, la Salle-du-Bois, Boudeville, Mégre« mont, ........................... ........ Montpoignant, Bonport, etc. ( aveu du << 25 septembre 1748). »

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Le président Jean Louis Portail a laissé une fille unique Marie Jeanne Antoinette Portail (ou plutôt Antoinette Madeleine Jeanne), mariée au marquis de Conflans (Louis Gabriel), qualifié de : « Très haut et très puissant seigneur, << lieutenant général des armées du Roi et de la haute Guyenne, «< colonel d'un régiment de husards de son nom, gouverneur << de Neuf-Brissac, commandant pour le Roi en Lorraine, marquis d'Armentières et de Ste.-Vaubourg....

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seigneur châtelain haut justicier des terres et châtellenies « du Vaudreuil, Léry, Mesgremont, Bonport, etc. (aveu « du 24 décembre 1788 ).

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Le domaine du Vaudreuil est ensuite entré successivement dans les mains :

1o. De Mm. la marquise de Coigny, fille de Mm. de Conflans;

2o. De Mme. la duchesse de Praslin, fille de Mm. la maréchale Sébastiani, laquelle était fille de Mme. de Coigny; 3o. De M. de Montalembert, aujourd'hui propriétaire du château et de deux autres enfants de Mme. de Praslin. Cette note sur le Vaudreuil, considéré comme grand fief, me conduit à recommander à tous ceux qui ont le culte de

notre histoire locale la monographie de ce château. Les souvenirs qui s'y rattachent méritent d'être recueillis.

Je voudrais voir reconstitué par l'imagination ce vieux château fort où fut reléguée la reine Frédégonde, ainsi que nous l'apprend le plus ancien de nos historiens Grégoire de Tours. J'aimerais à savoir quels sièges il a soutenus, quels hommes d'armes l'occupaient lors de l'invasion des Normands et dans notre longue lutte avec les Anglais.

Il faudra que l'historien suive les transformations que le château a subies.

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Arrivé à une époque voisine de la nôtre, l'intérêt ne manquera pas complètement à son récit. Il aura à nous dire les le jeu effréné, les bons mots du dernier seigneur de ce lieu. Le comte d'Artois qui a régné sous le nom de Charles X, devenu par suite d'un ordre du Roi, l'hôte du marquis de Conflans, fournira à la narration de nombreuses et piquantes anecdotes.

fêtes, les chasses gigantesques

La bourgeoisie de Louviers et de Pont-de-l'Arche, trouvant accueil chez le grand seigneur, sera pour l'observateur la manifestation d'un grand changement opéré dans les mœurs. Et le narrateur ne devra pas oublier de nous parler du valet de chambre devenu général après la grande catastrophe amenée par le cours des idées nouvelles. Beaucoup de ces petits faits vont disparaître entièrement de la mémoire des hommes, et il est déjà tard pour se mettre à l'œuvre.

M. Marcel s'est aussi occupé des fiefs de Louviers; voici le résumé de son travail :

FIEFS DE LOUVIERS.

Un arrêt du grand-conseil du Roi, en date du 29 août 1657, indique onze fiefs à Louviers, savoir: 1°. St. -Taurin;

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