Page images
PDF
EPUB

M. R. Bordeaux : « Il est à regretter que l'ancienne église d'Acquigny ait été détruite, sans qu'on ait conservé dans l'église actuelle, construite au milieu du siècle dernier, d'autre monument de cet événement important qu'une inscription qu'on voit tracée sur une tablette de marbre conservée dans l'autel de l'arrière-chœur. Cette inscription, qui rappelle en trois lignes le martyre de Mauxe, de Vénérand et de quarante soldats chrétiens, est regardée comme du VIII. siècle. »

On signale à Acquigny un lieu dit des Quarante Martyrs. Il s'y fait un pélerinage, tous les ans.

Il y aurait, dit M. Bordeaux, des recherches à faire, pour compléter les documents fournis par les légendaires sur le martyre de ces deux frères et de leurs compagnons.

M. P. Dibon ne peut s'expliquer le motif pour lequel les pélerins collent à leurs fronts des cailloux pris sur l'emplacement du martyre, et que l'on dit avoir ce privilége de rester attachés à la peau plusieurs heures et même des journées entières.

Un membre indique, comme cause possible de cet usage, la lapidation des deux saints; mais un autre membre fait observer que les légendes ne font point mention de ce genre de supplice.

M. Bordeaux résume verbalement l'historique de l'abbaye de la Croix-St.-Leufroy, fondée à la fin du VII. siècle.

14. QUESTION. - Temps féodaux. Quelle était la hiẻrarchie des fiefs dans l'arrondissement?

M. l'abbé Caresme a fait passer aux secrétaires la note ci-après :

PRINCIPAUX FIEFS DE L'ARRONDISSEMENT.

« Les châteaux de Pitres et du Vaudreuil, résidences royales sous la première et la seconde races, sont toujours restés les points culminants du système féodal dans la contrée. Sous les Normands, Pitres fut remplacé par Pont-de-l'Arche; mais le Vaudreuil, château de nos ducs de Normandie, resta une place militaire importante et fut le chef-lieu d'une baillie qui comprenait une bonne partie de l'arrondissement de Louviers.

Après la conquête, le pays se trouva divisé en divers titres féodaux.

Le marquisat du Neubourg, assez moderne, fut érigé en faveur du seigneur de la maison de Vieux-Pont; jusqu'à lui la terre du Neubourg était une simple baronnie.

Dans le XIVe siècle, Louviers prit le titre de comté, au profit des archevêques de Rouen.

Les baronnies étaient nombreuses dans l'arrondissement. Heudebouville était une baronnie appartenant à l'abbaye de Fécamp.

Acquigny était aussi chef-lieu d'une baronnie.

La baronnie de Crèvecœur à la Croix-St.-Leufroy jouissait des droits de haute-justice.

Quatremare était une baronnie passée de la maison d'Harcourt aux princes de la maison de Lorraine. Gros-Theil était dans le même cas.

L'abbaye de St.-Ouen possédait la baronnie de la Grâce à St.-Pierre-de-Bailleul.

Les barons de Bec-Thomas avaient fiefs soumis à leur suzeraineté.

Rouville était aussi un chef-lieu de baronnie. Il est certain du moins que les seigneurs avaient droit de haute-justice.

7x

La terre des Landes avait été érigée par Louis XI en baronnie et haute-justice.

Le duché d'Elbeuf, le marquisat de la Londe et le comté d'Harcourt étendaient leur suzeraineté sur notre arrondissement.

La baronnie de la Boulaye à Auteuil est célèbre comme résidence du fameux maréchal de Caumont-La-Force. >>

M. Robert d'Estaintot donne lecture d'un travail important sur les fiefs de l'arrondissement :

FIEFS DE L'ARRONDISSEMENT DE LOUVIERS.

« L'arrondissement de Louviers, dont la majeure partie était enclavée dans l'ancienne vicomté de Pont-de-l'Arche, renfermait un assez grand nombre de fiefs très-importants.

Les baronnies d'Acquigny, de Crèvecueur et du BecThomas, les châtellenies du Mesnil-Jourdain, du Vaudreuil et de Lery, les baronnies de Daubeuf-la-Campaigne et d'Heudebouville à l'abbaye de St.-Ouen de Rouen, la seigneurie et haute-justice de Louviers et la châtellenie de Gaillon à l'archevêque de Rouen, la baronnie de Quatremare réunie au duché d'Ellebeuf, et plusieurs autres fiefs, comme ceux de Tourville-la-Champaigne, Tosny, Amfreville-sur-Yton, tous pleins fiefs de haubert et d'une valeur considérable; voilà ce que comprenait son ressort. Nous avons essayé de recueillir sur certains d'entre eux quelques-uns des détails historiques que contiennent les archives de la Chambre des comptes de Normandie.

Les baronnies d'Acquigny et de Crèvecueur donnaient droit de haute, moyenne et basse-justice.

La première était sise à Acquigny, et son chef-mois, << maintenant rebasty et de nouveau construit » disait, dans

un aveu de 1584, Henry de Silly, comte de la Roche-Guyon, était situé près de l'église d'Acquigny et de la rivière d'Eure, comme il l'est encore aujourd'hui.

Les fiefs de Becdal, et la Mestairie, ceux de Vieuvillers et de Heudreville, les pleins fiefs de haubert de la Chapelledu-Bois-des-Faulx et des Planches, en relevaient.

[ocr errors]

La baronnie de Crèvecueur sise à St.-Vigor-sur-Eure, avec le patronage de ce lieu, n'était pas moins considérable. Son manoir était, il est vrai, selon l'aveu de 1584, « ruyné par les anciennes guerres »> mais presque toutes les paroisses qui l'avoisinent sur la rive gauche de l'Eure en dépendaient. Du reste, comme elle se trouve en-dehors de l'arrondissement de Louviers, nous nous contenterons d'indiquer qu'elle fut réunie pendant assez long-temps à la baronnie d'Acquigny.

Elle l'était en 1584, entre les mains du comte de la Roche-Guyon que nous rappellions tout-à-l'heure ; il les possédait toutes deux au droit d'Anne de Laval, sa mère. Son fils, François, mourut probablement sans enfants, et en 1636, le 20 mai, le duc de Retz et de Boispréau, pair de France, en rendait aveu, héritier pour moitié du comte de la Roche-Guyon, et pour l'autre moitié, acquéreur des représentants de Madeleine de Silly, dame de Fargis, sa tante.

Vers la fin de la première moitié du XVII. siècle, le duc et la duchesse de Rethel les vendirent à MM. du Rollet et des Hommets; et, à partir de cette époque, ces deux baronnies furent désunies. La première, celle d'Acquigny, la seule dont nous avons à nous occuper, fut acquise en 1656, de M. du Rollet par Claude Le Roux, fils de Robert, seigneur châtelain de Tilly et autres lieux, et de Marie de Bellièvre, tous les deux étaient conseillers au parlement et sont la tige des vidames d'Esneval et barons d'Acquigny.

Seulement, pour faire oublier ce morcellement, et rendre à la baronnie d'Acquigny une partie de sa précédente splen

[ocr errors]

deur, Claude Le Roux obtint des lettres-patentes de décembre 1661, pour y incorporer, d'une part, la châtellenie de Cambremont et les fiefs de Becdal et la Mestairie qui en dépendaient, et de l'autre, la châtellenie du Mesnil-Jourdain, tenue nuement du roy par un plein fief de haubert.

Cette dernière avait droit de patronage et présentation à la cure du Mesnil-Jourdain, et bénéfice de la chapelle Ste.Agathe y annexé. Quatre fiefs en relevaient, quart de fiefs de haubert, quelques-uns avec droit de motte et fossés, comme celui de Viel-Rouen, d'autres, de patronage honoraire, comme celui de Criquebeuf ou le Mesnillet.

Le seigneur châtelain du Mesnil-Jourdain jouissait en outre de prérogatives particulières qu'il est curieux de rappeler: « J'ai,» disait Claude Le Roux dans son aveu de 1665, << titre de Conestable de camp, quand il y a gage de bataille « livré, lors de quoi les quatre tenans noblement de moi « en fief sont tenus se mettre en équipage convenable à leurs dépens, et m'accompagner pour tenir en assurance le << camp de bataille, et empescher qu'il ne s'y commette force << ni violence; après lequel combat, je dois avoir les armes « du resséant et vaincu. »

[ocr errors]
[ocr errors]

Mais il avait encore droit de chasse dans la forêt de Bord, et dans les bois du comté de Louviers et de la baronnie d'Acquigny, seulement il était tenu « après la chasse faite et la

beste prise, d'aller trois fois et par trois diverses fois, son« ner de son cor sur le pont d'Acquigny, pour y semondre « le seigneur baron de venir prendre le costé droit par moi« tié de la venaison, ou s'il n'y avait qu'un préposé, le << quart de la dite beste, en fournissant le pain, tant pour « les chasseurs que pour les chiens. >>

Cette obligation cessa d'exister lors de la réunion des deux fiefs dans la même main.

La baronnie du Bec-Thomas fut érigée en marquisat vers

« PreviousContinue »