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preuve de cette donation dans l'acte de confirmation de Richard Coeur-de-Lion du 15 jauvier 1195, document qui nous est resté. C'était alors la seule paroisse de Louviers.

<< Elle devait être construite sur l'emplacement même qu'occupait dernièrement encore l'église qui portait ce nom. Le voisinage de la maison du XII. siècle, dite des Templiers, les abornements inscrits dans les actes du temps, l'existence du cimetière que l'on retrouve aujourd'hui, tout concourt à me donner la conviction qu'elle ne pouvait être ailleurs.

<< Depuis, en 1219, Lucas, évêque d'Évreux, divise en deux la paroisse de Louviers. On devrait supposer qu'alors St.-Martin resta une de ces deux paroisses et pourtant nous ne la voyons pas mentionnée dans l'accord de 1218, entre Jean, abbé de St.-Taurin, et Thomas de Louviers qui conviennent de faire desservir l'église de Notre-Dame et la chapelle St.-Jean par deux curés qui devront partager les dîmes et autres revenus de la cure et changeront entr'eux chaque semaine...... Est-ce de cette division seulement que parle la charte de 1219? St.-Martin, trop petit alors ou en trop mauvais état, fut-il momentanément abandonné lors de l'édification de l'église nouvelle? ou resta-t-il à l'état de paroisse ou de succursale ? rien n'est bien établi à cet égard.

« La même incertitude résulte de la charte d'érection des paroisses de St.-Germain et de St.-Jean en 1330. Il y est dit d'abord qu'une seule église existait à Louviers. « Ecclesia beatæ Virginis Mariæ, una et sola, in loco illo constructa........» puis plus loin << attendentes fructus, reditus et proventus et oblationes ecclesiæ præfatæ pro quatuor curatis præsbiteris posse suffire...... »

<< Nulle part il n'est fait mention de St.-Martin dans cet acte qui partage en trois la paroisse de Louviers, tout en stipulant cependant que les fruits, revenus, etc., etc.... de l'église peuvent suffire à quatre curés.

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« Il y a dans tout ceci des contradictions dont il ne me paraît pas facile de sortir.

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L'antique église du Xo. siècle a disparu et a été reconstruite on ne sait au juste à quelle époque; les vestiges que nous avons eus sous les yeux, paraissaient être du XV.; elle tombait encore en ruine au commencement du XVIII., époque où elle fut de nouveau réparée, recouverte et close; puis après avoir éprouvé bien des vicissitudes, et servi à bien des usages différents, elle vient de tomber définitivement sous les exigences qu'entraînent de nos jours la circulation et l'appropriation des cités.

« St.-Jean et St-Germain. J'ai peu de choses à ajouter à ce que j'ai dit de ces deux églises en parlant des autres. Simples chapelles avant 1330, elles furent alors érigées en paroisses par charte de Jean III, du Prat, évêque d'Evreux, datée du 5 novembre ou 5 décembre 1330.

« L'église St.-Jean n'existe plus; celle de St.-Germain est en ce moment la seconde paroisse de Louviers. Le chœur est bien du XIV. siècle; il y a sans doute soit dans les murs de la nef, soit dans la tour du clocher des restes de l'ancienne chapelle. »

M. Guillaume Petit a d'autres idées sur les époques de fondation et sur le rang des églises de Louviers.

12o. QUESTION.

A quelle époque remontent les patronages des paroisses de l'arrondissement, l'organisation des doyennés, etc.?

M. Robert d'Estaintot a fait passer aux secrétaires la note suivante :

PATRONAGE DES PAROISSES.

« Comme exemple des plus anciennes concessions de pa

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tronages, on peut citer les suivantes, dont le souvenir est conservé par les arrêts de la Chambre des Comptes.

« C'est d'abord la présentation au bénéfice de Sainte-Marie de Montaure, octroyée aux religieux de St.-Ouen, de Rouen, par Estigandus, maître d'hôtel de Guillaume, duc de Normandie.

« Le patronage honoraire en avait été conservé par les seigneurs du fief de Montaure, quart de haubert, assis audit lieu et à la Haye-Malherbe. Une série d'aveux permet de constater, à partir de la fin du XV. siècle, la suite de ses possesseurs. En 1481, c'est Loys de Fonteine, seigneur de Criquetot et de Montaure; en 1497, Thibaut d'Anfreville au droit de sa femme, Marie de Fonteine, seigneur de Criquetot et dudit fief. Plus tard, en 1547, le fief se trouve partagé entre les filles de Christophle de Serviac et de Guillemette d'Anfreville, l'aînée, Diane, femme de Anthoine Masquerel, sieur de Bréauté, des seigneurs d'Hermanville en Caux, l'autre, Loyse, mariée à Messire Nicolas de Canouville, chevalier. Le fief vendu par elles fut probablement acquis ou retiré à droit lignager par des parents du côté d'Anfreville; car, en 1634, Pierre Vigor, conseiller au Parlement, rendait aveu du fief de Montaure qu'il avait acquis par décret, en 1612, sur Jean d'Anfreville; enfin, au commencement du XVIII. siècle, après avoir passé entre les mains d'un sieur Belot, correcteur en la Chambre des comptes de Paris, du président d'Anfreville (Adrian Poërier), ce fief était possédé par François Le Camus, de Louviers, dont la famille paraît l'avoir conservé jusqu'à la Révolution.

« Un autre seigneur normand, sur lequel le cartulaire de l'abbaye de St.-Pierre de Conches doit contenir de nombreux renseignements, Raoul de Tosny, donna à cette abbaye le patronage des églises d'Acquigny, de Tosny et de Villiers (Villers).

« Nous n'avons pas la date de ces chartes; mais il est, je crois, facile de la suppléer. Ce Raoul de Tosny était, disent les chartes de donation, fils de Roger de Tosny,

d'Acquigny et de Godehilde.....

« L'historien (Gabriel Dumoulin) nous a conservé le souvenir de deux Roger de Tosny, tous deux célèbres par leurs dévastations, on pourrait presque dire, par leurs briganda ges.

« Le premier trouva la mort dans un combat qu'il soutint contre Onfroy de Vieilles, comte de Pont-Audemer, vers 1040; mais sa veuve s'appelait Héleine.

Le second, comte de Conches et seigneur d'Acquigny, en punition de ses sacriléges, et pour avoir incendié l'abbaye de la Croix-St.-Leufroy, pillée par ses soldats, fut frappé d'excommunication et ses biens mis en interdit. Il vivait en 1136, et l'on trouve précisément, en 1170, au nombre des signataires d'une charte de Henri II, roi d'Angleterre ( V. Cartulaire Normand, no. 9) un Radulphus de Toineio. N'estce pas le même que notre donateur, Raoul, fils de Roger, baron d'Acquigny, et ses nombreuses aumônes aux religieux de Conches n'auraient-elles pas pour cause le désir d'expier les excès de son père envers ceux de la Croix-St.-Leufroy. Ce n'est là, du reste, qu'une hypothèse, mais qui pourrait devenir certitude, si l'on connaissait le nom de la femme de ce Roger II. »

M l'abbé Caresme a fait la communication qui suit :

ORGANISATion des doyENNÉS.

L'organisation du diocèse d'Évreux, en trois archidiaconés et treize doyennés, remonte à une date fort ancienne.

L'arrondissement actuel de Louviers comprenait trois doyennés: ceux de Louviers et du Neubourg relevaient de l'archidiacre du Neubourg; celui de la Croix était soumis à l'archidiaconé d'Évreux.

Dès l'année 1249, un doyen de Louviers figure comme témoin dans une enquête ordonnée par l'archevêque de Rouen, Eudes Rigaud, au sujet des droits réclamés dans la forêt de Louviers par les seigneurs de la Salle-du-Bois, de Pinterville et de la Villette.

En 1269, Raoul de Chevriers, évêque d'Évreux, publia une ordonnance réglementaire des droits de visite, de surveillance et de juridiction de ses archidiacres. Ce prélat dit dans son ordonnance, que les mesures par lui adoptées ont été approuvées par les prêtres des doyennés de Louviers, Neubourg, Verneuil et Conches. « Sacerdotibus decanatuum de Locoveris, de Novoburgo, etc. »

Un membre fait observer que les patrons ou collateurs de la plus grande partie des paroisses de l'arrondissement sont indiqués dans l'excellent Dictionnaire des anciens noms de lieu du département de l'Eure, par M. Auguste Le Prevost.

13o. QUESTION. · Quels monuments et quels souvenirs se rapportent à l'introduction du christianisme dans le pays? Tradition, pélerinages, cryptes, fontaines; - martyre de saint Mauxe, de saint Vénérand et de leurs compagnons Acquigny.

M. Marcel dit que le martyre de saint Mauxe et de saint Vénérand, arrivé, selon les légendaires, à Acquigny, dans le mois de mai de l'an 369 (voir la Vie de ces saints, par le curé Picard et une autre par M. Chemin, curé de Tourneville), est considéré par la tradition comme étant l'origine de l'introduction du christianisme dans le pays.

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