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s'appuyant sur la linguistique, selon lui, Carnac voudrait dire amas de pierres.

M. le Directeur nomme, selon l'usage, la commission des vœux : elle sera composée de MM. de Glanville, de la SeineInférieure ; baron Bertrand-Geslin; Audé, secrétaire-général de la préfecture de la Vendée; H. de Bouteiller; baron de Lustrac, ancien élève de l'école polytechnique; Foulon, docteur-médecin; Nau, architecte, inspecteur des monuments de la Loire-Inférieure, qui la présidera.

La première question n'étant pas épuisée est renvoyée à la prochaine réunion.

La séance est levée à 10 heures.

Le Secrétaire,

Baron D'IZARN.

2o. Séance du 11 juin.

Présidence de M. DE GLANVILLE, inspecteur de la Société française, à Rouen.

Siégent au bureau: MM. Vandier, Le Mesmeur, Le Petit, Gaugain, de Caumont, Bizeul.

M. de La Borderie est invité à remplir les fonctions de secrétaire.

M. le Président communique à l'Assemblée une lettre où M. de La Villemarqué, retenu par la maladie, exprime ses regrets de ne pouvoir prendre part au Congrès archéologique de France. M. de La Borderie transmet au Congrès des regrets de même nature, fondés sur une cause semblable de la part de MM. Audren de Kerdrel et Alfred Ramé.

A l'occasion de la première question, traitée dans la séance du matin, M. Bizeul signale, près de Pornic (Loire-Inférieure, arrondissement de Paimbœuf), un tumulus sous lequel sont enfouies trois grottes de pierres brutes, du genre de celles appelées vulgairement celtiques, à tort ou à raison.

M. Le Bastard de Mesmeur, tout en rendant justice aux excellents renseignements fournis par M. de Keranflech, croit devoir protester contre l'esprit de système qui pourrait se glisser dans ce genre de recherches; il voudrait que l'on se bornât à constater les faits, sans en tirer de conclusions trop générales et trop absolues.

M. le Président fait observer à M. de Mesmeur que la première question du programme, en appelant explicitement l'examen sur l'origine et sur la destination des monuments dits celtiques, justifie de tout point la méthode suivie dans la discussion de la question première.

L'ordre du jour appelle la deuxième question :

Le comptoir de commerce (emporium) nommé Corbilon par Pythéas et mentionné par le seul Strabon, doit-il être placé dans la Basse-Loire et particulièrement à Coueron?

Sur cette question M. Bizeul donne lecture d'un mémoire, et, après avoir rapporté et critiqué les opinions émises sur ce point par les divers érudits qui en ont parlé, conclut que nous ignorons absolument la situation de Corbilon.

L'ordre du jour appelle la troisième question :

Indiquer les résultats généraux des études entreprises, depuis vingt ans, sur la géographie et l'itinéraire de l'époque romaine, particulièrement en Bretagne et en Poitou.

M. Bizeul a la parole: après avoir mentionné la belle découverte du castellum de Jublains, situé hors de la Bretagne, mais dans son voisinage, il se renferme dans cette

province et signale parmi les monuments et établissements romains, découverts ou explorés avec des résultats nouveaux depuis vingt ans, ceux qui suivent, savoir: Corsenlt, ancienne capitale des Curiosolites, avec sa belle tour du HautBécherel et sa curieuse inscription de Silicia, aujourd'hui déposée au musée de Dinan; les établissements romains retrouvés dans le Finistère, à Kerilien (en Plouneventer) et à Douarnenez: celui-ci par M. Halléguen, l'autre par M. de Kerdanet; le petit appareil romain et les cordons de briques observés par les membres de l'Association bretonne, en octobre dernier (1855) dans les deux courtines qui flanquent le portail du château de Brest; les belles murailles romaines de Vannes, reconnues par M. de Caumont, et, en dehors de ces murailles, une autre ville romaine presque aussi considérable que la ville murée; les établissements de Cozilis et de Bourgerel (en Aradon), dans ce même département du Morbihan, où l'on a trouvé aussi trois colonnes milliaires; la forteresse du Coz-Yaudet, mieux observée, mieux décrite ; le camp vitrifié de Péran, découvert, décrit et dessiné par M. Geslin de Bourgogne; les murailles romaines de Rennes, fouillées, reconnues, dessinées et décrites par M. Vatar, et l'immense amas de médailles romaines trouvé dans le lit de la Vilaine et dont M. Toulmouche nous a donné le catalogue; chez les Nannètes l'importance antique de Blain, mise en lumière par la découverte de sept voies romaines convergentes en ce point, dont cette circonstance et sa situation centrale donne lieu de faire l'antique capitale des Nannètes, remplacée, effacée enfin au IV. siècle par le Portus Nannetum, qui est Nantes; M. Bizeul donne succinctement l'historique des découvertes romaines faites à Nantes, ensuite des diverses fouilles exécutées depuis 1580 (époque où l'on sortit de terre l'inscription célèbre du dieu Volianus ou Volkanus), jusqu'aux fouilles de 1851. Il signale ensuite l'enceinte romaine de Nantes, retrouvée en

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grande partie, restituée en son entier ; les infinies découvertes de Rezé, où les débris romains se trouvent répandus sur une surface de plus de 100 hectares; l'aquéduc romain d'Arthon, long de 3 kilomètres, et enfin le camp romain dit la Motte de Bougon, que le Congrès doit visiter.

M. de Caumont et M. de La Borderie expriment le vœu de voir M. Bizeul compléter ce tableau si intéressant des découvertes de l'archéologie romaine dans notre province, par un résumé des voies et des vestiges authentiques de constructions gallo-romaines qui y ont été reconnues; après quoi, M. le Président met en discussion la quatrième question appelée par l'ordre du jour et ainsi conçue :

Donner la série des inscriptions et celle des médailles romaines trouvées en Bretagne, en marquant autant que possible les points où ont eu lieu ces découvertes.

M. Bizeul, pour répondre à cette question, donne lecture d'un mémoire où il reproduit, en signalant les lieux et les circonstances de leur découverte, les inscriptions romaines de date certaine, trouvées, non-sculement sur le sol de la province de Bretagne, mais dans toute l'étendue de l'antique tractus Armoricanus en tout vingt-sept inscriptions, dont treize trouvées en Bretagne, six en Normandie, six en Poitou, une en Berri, une en Guienne, savoir: en Bretagne, deux inscriptions du règne de l'empereur Claude, une de Néron, une de Trajan, une de Septime-Sévère, une de Gordien III, une de Galle-Trébonien, une de Victorin et une de Tétrique; en Normandie, une de Claude, une de Trajan, deux de Septime-Sévère, une de Maximien et une de Tétrique ; en Poitou, deux d'Antonin, une d'Alexandre Sévère, une de Tacite, une de Constance-Chlore et une de Maximin Dason; en Berri, une de Maximin, et en Guienne (à Périgueux), une de Florus.

M. Lallemand, qui a bien voulu donner lecture du mémoire

de M. Bizeul, y joint d'intéressants commentaires ayant pour but de constater la part et le genre d'influence exercée sur la destinée des contrées occidentales de la Gaule par chacun des empereurs sus dénommés.

M. le Président, aux applaudissements du Congrès, rend un juste hommage aux excellents travaux de M. Bizeul et à ses efforts, non moins heureux que persévérants, pour l'avancement de la science.

L'ordre du jour appelle la cinquième question, ainsi conçue : Les villes et en général les principaux centres de population sont-ils demeurés fixés, durant le moyen-âge, aux lieux où ils étaient à l'époque romaine? Les châteaux du moyen-âge ont-ils ordinairement succédé à des fortifications romaines? Y a-t-il, à ce double point de vue, quelque différence à établir entre le Poitou et la Bretagne, ou entre telle et telle partie de chacune de ces provinces?

M. de La Borderie a la parole sur cette question. Il veut s'occuper seulement de la Bretagne, et surtout pour constater une différence assez forte entre deux parties distinctes de cette province, séparées par une ligne idéale allant de l'embouchure du Couesnon à l'Ouest de la ville de Vannes : à l'Ouest de cette ligne c'est la vraie Bretagne, couverte depuis le milieu du Ve. siècle des flots de l'émigration bretonne, chassée de l'île de Bretagne par l'invasion saxonne, toute pénétrée, dès la fin du VIII. siècle, de la langue, des mœurs et de l'esprit des Bretons. A l'Est de cette ligne et jusqu'aux frontières de la Normandie, du Maine, de l'Anjou et du Poitou, c'est la Bretagne gallo-franque, si l'on peut dire, conquise au IX. siècle seulement par les rois bretons sur l'empire des Francs, unie politiquement depuis lors à la partie occidentale de la péninsule, mais où l'influence des mœurs bretonnes n'eut jamais autant d'empire, où la langue bretonne pénétra peu.

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