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Assez de bals, assez de danses, assez de jeux, assez de folies. Donnons place à des voluptés et plus chastes et plus sérieuses. Voici, mes Frères, une grande joie que Dieu nous donne pour ce carême. Cette fille du ciel ne devoit point être accueillie par une joie dissolue : il faut une joie digne de la paix, qui soit répandue en nos cœurs par l'esprit pacifique.

Qui ne voit la main de Dieu dans cet ouvrage? Que notre grande Reine ait travaillé à la paix de toute sa force, quoique ce soit une action toute divine, j'avoue que je ne m'en étonne pas car que lui pouvoit inspirer cette tendre piété qui l'embrase, et cet esprit pacifique dont elle est remplie? Nous savons, nous savons il y a long-temps qu'elle a toujours imité Dieu, dont elle porte sur le front le caractère; elle a toujours pensé des pensées de paix.

Mais n'y a-t-il pas sujet d'admirer, de voir notre jeune Monarque toujours auguste s'arrêter au milieu de ses victoires, donner des bornes à son courage, pour laisser croître sans mesure l'amour qu'il a pour ses sujets; aimer mieux étendre ses bienfaits que ses conquêtes; trouver plus de gloire dans les douceurs de la paix que dans le superbe appareil des triomphes; et se plaire davantage à être le père de ses peuples qu'à être le victorieux de ses ennemis? C'est Dieu qui a inspiré ce sentiment. Qui ne béniroit ce grand Roi?

Qui ne bénira tout ensemble la main sage et industrieuse!... Parlons, parlons et ne craignons pas.

principales conditions le mariage du Roi avec l'Infante Marie-Thérése. (Edition de Déforis.)

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Je sais combien les prédicateurs doivent être réservés sur les louanges mais se taire en cette rencontre, ce ne seroit pas être retenu, mais en quelque sorte envieux de la félicité publique...... Elle viendra, elle viendra accompagnée de toutes ses suites.

Çà, çà, peuples, qu'on se réjouisse; et s'il y a encore quelque maudit reste de la malignité passée, qu'elle tombe aujourd'hui devant ces autels, et qu'on célèbre hautement ce sage ministre qui montre bien, en donnant la paix, qu'il fait son intérêt du bien de l'Etat, et sa gloire du repos des peuples. Je ne brigue point de faveur, je ne fais point ma cour dans la chaire; à Dieu ne plaise! Je suis français et chrétien: je sens, je sens le bonheur public; et je décharge mon cœur devant mon Dieu sur le sujet de cette paix bienheureuse, qui n'est pas moins le repos de l'Eglise que de l'Etat. C'est assez dire, il faut que nos vœux achèvent le reste.

C'est nous, c'est nous, mes Frères, qui devons commencer la réjouissance. C'est à Nathan le prophète, c'est à Sadoc le grand-prêtre, c'est aux prédicateurs, c'est aux sacrificateurs du Très-haut à sonner de la trompette devant le peuple, et de crier les premiers: Vivat rex Salomon (1): « Vive le roi, » vive le roi, vive Salomon le pacifique ». Qu'il vive, Seigneur, ce grand Monarque; et pour le récompenser de cette bonté qui lui a fait aimer la gloire de la paix, plutôt que celle des conquêtes, qu'il jouisse long-temps, heureusement, de la paix qu'il nous a donnée; qu'il ne voie jamais son Etat troublé, (1) III. Reg, 1. 39.

ni sa maison divisée; que le respect et l'amour concourant ensemble, la fidélité de ses peuples soit inviolable, inébranlable; et enfin pour retenir longtemps la paix sur la terre, qu'il fasse régner la justice, qu'il fasse régner les lois, qu'il fasse régner Jésus-Christ, que je prie de nous donner à tous son royaume, à qui appartient tout honneur et gloire, qui avec le Père et le Saint-Esprit vit et règne maintenant et aux siècles des siècles.

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III. SERMON

POUR

LEIER DIMANCHE DE CARÊME,

PRÉCHÉ DEVANT LE ROI.

Vérité évangélique: ignorance, oubli, mépris des hommes à son égard: ses différens états, affoiblissement qu'elle éprouve, son efficacité: attention qui lui est due dispositions nécessaires pour l'écouter avec fruit.

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Non in solo pane vivit homo, sed in omni verbo quod pro

cedit de ore Dei.

L'homme ne vit pas seulement de pain, mais il vit de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Matth. iv. 4.

C'EST une chose surprenante que ce grand silence de Dieu parmi les désordres du genre humain. Tous les jours ses commandemens sont méprisés, ses vérités blasphémées, les droits de son empire violés; et cependant son soleil ne s'éclipse pas sur les impies; la pluie arrose leurs champs; la terre ne s'ouvre pas sous leurs pieds; il voit tout, et il dissimule, il considère tout, et il se tait.

Je me trompe, chrétiens, il ne se tait pas; et sa bonté, ses bienfaits, son silence même est une voix

publique

publique qui invite tous les pécheurs à se reconnoître. Mais comme nos cœurs endurcis sont sourds à de tels propos, il fait résonner une voix plus claire, une voix nette et intelligible, qui nous appelle à la pénitence. Il ne parle pas pour nous juger; mais il parle pour nous avertir, et cette parole d'avertissement qui retentit en ces temps dans toutes les chaires, doit servir de préparatif à son jugement redoutable. C'est, Messieurs, cette parole de vérité que les prédicateurs de l'Evangile sont chargés de vous annoncer durant cette sainte quarantaine; c'est elle qui nous est présentée dans notre Evangile, pour nous servir de nourriture dans notre jeûne, de délices dans notre abstinence, et de soutien dans notre foiblesse: Non in solo pane vivit homo; sed in omni verbo quod procedit de ore Dei. J'ai dessein aujourd'hui de vous préparer à recevoir saintement cette nourriture immortelle. Mais, ô Dieu, que serviront mes paroles, si vous-même n'ouvrez les cœurs, et si vous ne disposez les esprits des hommes à donner l'entrée à votre Esprit saint? Descendez donc, ô divin Esprit, et venez vous-même préparer vos voies. Et vous, ô divine Vierge, donnez-nous votre secours charitable, pour accomplir dans les cœurs l'ouvrage de votre Fils bien aimé. Nous vous en prions humblement par les paroles de l'ange. Ave.

JÉSUS-CHRIST, Seigneur des seigneurs, et Prince des rois de la terre, quoique élevé dans un trône souverainement indépendant, néanmoins, pour donner à tous les monarques qui relèvent de sa BOSSUET. XII. 15

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