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s'obstine à violer les droits les plus sacrés de l'Eglise ; et l'Autriche qui, renonçant à ses traditions philosophiques, reprend le rôle du respect et de la soumission. Croit-on que des populations encore chrétiennes ne soient pas profondément frappées de ce contraste? Quelle différence! Tandis que les Evêques d'Autriche louent l'em= pereur comme un libérateur, les Evêques de Piémont déplorent que leur roi descende au rôle de persécuteur. Qu'on ne s'étonne donc pas d'entendre dire que dans de certaines parties de l'Italie le peuple témoigne moins d'éloignement que jamais pour les autorités impériales. L'Autriche, c'était l'ordre, ce sera la liberté. Le Piémont, c'est le désordre, c'est la servitude, c'est Gioberti en attendant Mazzini! Ainsi posé, le choix ne serait guère douteux.

Quant à nous, il nous suffira, en réfléchissant sur ces faits, de faire un retour sur nous-mêmes. Dans l'intérêt de notre foi, dans l'intérêt de la société, dans l'intérêt même de notre politique, que cet exemple nous serve! Nous avons tout à gagner à reconnaître à l'Eglise de Dieu sa liberté et ses droits. C'est elle qui seule peut sauver l'ordre social, et la France n'a jamais été plus grande et plus prospère que quand elle s'est mise au service du catholicisme!

Voici les deux pièces dont nous avons parlé :

On écrit de Luxembourg, 3 juin :

« L'adresse suivante, à Sa Majesté l'empereur d'Autriche, est partie pour Vienne signée par notre association de Pie IX, et par beaucoup d'autres citoyens.

Très honoré Empereur et Seigneur que Dieu veuille protéger et bénir!

Un demi siècle s'est bientôt écoulé depuis que les destinées de Luxembourg furent séparées de celles de l'Autriche et de son auguste maison souveraine. Ce pendant, Votre Majesté impériale ne doit pas s'étonner de recevoir aujourd'hui du fond des Ardennes, du sein d'une ville qui ne fut pas la moins brillante des perles de la couronne de l'empire allemand, et qui a été depuis si longtemps arrachée au cœur de l'Autriche, une adresse couverte des signatures d'un grand nombre de citoyens, et de trouver encore en elle cet écho d'un amour antique et d'un attachement inébranlable. La piété, le courage, la justice et l'affection paternel de la maison d'Autriche pour ses sujets, ont laissé dans le cœur des Luxembourgeois, des souvenirs trop doux pour que la durée de la séparation ait pu les étouffer. Mais, si notre amour antique renaît plus fort que jamais aujourd'hui pour l'auguste personne de Votre Majesté Impériale, c'est à cause de l'acte récent et glorieux par lequel en rendant justice à l'Eglise, dans ces temps d'in#justice et de révolte contre tout ordre humain et divin, Votre Majesté s'est montrée à nous le fils fidèle de cette même Eglise.

« Nos ancêtres étaient accoutumés à voir dans la race souveraine de Habsbourg, les plus constants et les plus énergiques défenseurs de la cause catholique, et c'est là ce qui assura de tout temps à la maison impériale, une place d'honneur dans le cœur des peuples.

a

« Votre Majesté Impériale à son tour, en traitant l'Eglise comme sa mère, conquis de nouveau la reconnaissance et le dévouement de tous ceux qui se montrent les sincères enfants de l'Eglise. Vous avez offert au Dieu des armées, qui, dans les grandes batailles des plaines de la Hongrie et d'Italie, a veillé d'une manière si merveilleuse sur les destinées de votre empire, vous lui avez offert des

actions de grâces dignes de vos aïeux, de ces grands hommes, dont la plus grande gloire a été de protéger l'Eglise, et qui par là ont appelé les plus abondantes bénédictions sur leur dynastie et sur leurs sujets. N'était-ce pas l'Autriche qui, au jour du danger, portait le drapeau à la tête de la chrétienté, lorsque l'ennemi juré de l'Eglise la menaçait dans sa liberté et jusque dans son existence? L'Autriche n'était-elle pas le bouclier de l'Eglise pendant la guerre sanglante des trente ans, lorsque les forces coalisées de tous ses ennemis menaçaient d'expulser la foi de la terre d'Allemagne. N'y a-t-il pas un grand nombre des plus belles fêtes de l'Eglise, qui se rattachent aux glorieuses victoires qui ont immortalisé les générations autrichiennes? Aujourd'hui encore, l'acte de généreuse justice que Votre Majesté Impériale vient de sanctionner, portera des fruits abondants de grâces et de prospérités; et, non-seulement les peuples des Etats autri chiens en jouiront, mais nous tous encore, qui appartenons à la grande familie des peuples catholiques, nous participerons à ces faveurs du ciel, comme nous partageons dès à présent la joie que cet acte a inspirée !

« Oui! celui qui fait du bien à l'Eglise est le bienfaiteur de toutes les nations catholiques; et le prince qui donne aux autres princes l'exemple de l'amour e de la fidélité envers la Mère commune, celui-là s'élève par dessus tous les autres et reçoit à juste titre les plus grands hommages. C'est ce qui a engagé les membres de l'association des bourgeois et de Pie IX à remercier V. M. I. de la liberté et de la protection rendues à l'Eglise. Nous ferons donc monter avec ardeur nos prières vers le protecteur et l'époux céleste pour lui demander de verser ses bénédictions sur V. M. I. et sur ses sujets, en récompense de la fidélité et du dévouement que vous avez montrés pour l'Eglise.

< Luxembourg, le 22 mai, le jour de Marie, la protectrice de la chrétienté » De son côté, le comité de l'association de Pie IX, établie à Essen, a également envoyé à l'empereur d'Autriche une adresse ainsi conçue :

Majesté! L'association de Pie IX dans la vieille ville de l'empire, Essen, sent le besoin d'exprimer ses sentiments de reconnaissance pour cette parole magnanime et vraiment impériale par laquelle Votre Majesté a rendu généreasement à l'Eglise la liberté qui lui vient de Dieu et qui lui avait été ravie par les hommes.

Aujourd'hui encore ce n'est que l'Eglise d'Autriche qui peut se réjouir de ce présent si cher aux catholiques, et néanmoins nous aussi, avec tous les vrais catholiques de toutes les contrées, nous saluons avec joie ce grand triomphe de la vraie liberté, cette première rupture des chaînes honteuses qui pesèrent si longtemps et si injustement sur l'Eglise, et l'empêchèrent de répandre et de développer son influence salutaire. On a toujours vụ, et les événements le prouvent de plus en plus, qu'aucune autre puissance, aucune autre que l'Eglise, ne peut guérir les plaies du temps; qu'aucune ne peut consolider le véritable bien-être et rendre à l'humanité une paix durable! L'Eglise seule a pour cela da vocation et la force qui lui viennent d'en haut; mais aussi l'Eglise ne pent remplir cette mission sublime que lorsqu'elle est libre. Puissent ceux qui sont appelés à donner des lois et à gouverner les peuples se persuader de cette vérité!

Nous sommes fiers que cette vérité, l'empereur d'Autriche, le protecteur de T'Eglise catholique, avec ses dignes conseillers, aient été les premiers à la comprendre et à la proclamer en présence et à l'encontre de tous les ennemis acharnés de la religion.

« Nous espérons maintenant que les autres princes et leurs conseillers, sui

vant l'exemple de Votre Majesté, rendront l'Eglise à sa liberté, pour le bonheur de leurs sujets et des siens; et cela au plus tôt, avant qu'il soit trop tard, avant qu'une puissance d'une autre nature puisse s'émanciper; puissance funeste qui menace de renverser et le trône et l'autel!

<«<Daigne le Tout-Puissant, nous l'en conjurons, seconder de sa grâce les efforts magnanimes de Votre Majesté, et lui donner sa force pour le salut de l'Eglise et pour la gloire de notre grande patrie allemande !

Séances de l'Assemblée.

Une loi sur l'avancement des fonctionnaires publics a toujours été réputée fort difficile à faire. A côté de la légitime prétention d'assurer les droits des employés, il y a la crainte fort sérieuse de compromettre l'indépendance et la responsabilité du pouvoir. Autant l'inamovibilité de la magistrature est un principe nécessaire, autant l'inamovibilité des autres fonctionnaires pourrait avoir de dangers. Nous l'avons bien vu à propos des instituteurs.

Mais faut-il, pour combiner les garanties indispensables de l'administration et de ses serviteurs, tout l'attirail d'un long projet de loi ; et ne suffit-il pas que des règlements soient rédigés pour chaque -branche de service?

La commission et M. Mortimer-Ternaux n'avaient pas été de ce dernier avis. Le ministère était bien d'un sentiment contraire, mais il n'osait pas trop le déclarer. Il a fallu que M. de Vatimesnil, avectoute la puissance de son bon sens, vînt rétablir les vrais principes. Seulement on avait perdu trois heures à épiloguer sur des articles dont la défense: comme l'attaque faisaient ressortir à l'envi le caractère impraticable.

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La loi était condamnée. Par un reste de déférence pour la commission, qui y travaille depuis huit mois, l'Assemblée, à une majorité imperceptible, a consenti à passer à une troisième délibération.. Mais que les commissaires se le tiennent pour dit : il faut qu'ils se résignent à présenter un seul article de loi, et à renvoyer le reste aux réglementations particulières.

Au milieu de la séance, M. Berryer a déposé son rapport sur le budget de 1851. Ce dépôt a été accueilli avec une très-vive satisfaction. Il met l'Assemblée en état de voter les lois de finances avant de se proroger.

On a entamé ensuite (et la discussion commencée hier se conti ́nuera demain, après avoir tenu aujourd'hui toute la séance), on a entamé la seconde délibération sur le projet de M. F. de SaintPriest, tendant à modifier la loi de 1807, qui proscrit l'usure.

Un des moindres inconvénients de cette proposition, inspirée du reste par les sentiments les plus généreux, cst de soulever dans ce temps, et au milieu de toutes les ardeurs du socialisme, une des ¡questions les plus délicates que puisse se poser un législateur. Ilify a qu'une voix assurément pour condamner l'odieux trafic de l'usure.

Mais jusqu'à quel point est-il opportun, lorsque de toutes parts l'armée démagogique fait la guerre à « l'infâme capital, » d'agiter le problème du taux légal de l'intérêt? Si tout devait se borner à rendre les peines plus sévères contre les usuriers, assurément rien ne serait plus louable et mieux accueilli. Mais le résultat est douteux, et en attendant on aura donné carrière à toutes les billevesées du crédit gratuit et à toutes les rêveries des économistes. Nous n'avons pas le courage d'analyser les très-ennuyeuses harangues prononcées à celle occasion par des orateurs tels que M. Cassal et M. Lherbette!

Un assez grave incident, d'ailleurs, est venu préoccuper tous les esprits. Malgré les remontrances des hommes les plus considérables de la majorité, le ministère a cru devoir persister à demander pour jeudi la mise à l'ordre du jour de la loi des maires. On sait que cette loi est une pomme de discorde jetée entre les deux grandes fractions du parti de l'ordre. Que si, lorsqu'elle fut présentée il y a six mois, elle pouvait avoir pour excuse les longs délais qu'exigeait encore la préparation, au conseil d'Etat, de la loi communale et départemen tale, assurément ce motif n'existe plus. Le conseil d'Etat a eu le temps de travailler. Son projet est tout prêt; pourquoi donc s'obstiner à détacher de l'ensemble une partie qui en dépend essentielle

ment?

Cette opinion, exprimée par M. de Vatimesnil, a été partagée par l'Assemblée, qui, à une assez grande majorité, a rejeté la demande du ministre de l'intérieur. On ne peut pas se dissimuler que c'est là un échec pour le ministère. Il ne faut pas cependant prendre le change. Ce vote n'est pas un acte d'hostilité, c'est un avertissement salutaire. Quant au fond de la question, il ne préjuge rien. Il condamne seulement l'inopportunité de la mise en discussion, et il atteste hautement la résolution de la Droite de ne laisser rien se produire qui puisse altérer l'union et la concorde des diverses nuances qui composent la majorité. Ajoutons que la conduite du cabinet était, de la part de ceux-là mêmes qui l'ont soutenu, l'objet d'une juste désapprobation.

Nous recevons la lettre suivante :

Monsieur le Rédacteur,

‹ Dans l'un des derniers numéros de votre journal, vous dites, à propos des travaux de la commission chargée d'examiner la question de la réunion extraor dinaire des conseils généraux, que la proposition, qui paraît devoir être préféra blement accueillie, est celle que présentèrent MM. de Montigny et de Riances, lors de la loi sur l'état de siége, et qui confie l'autorité extraordinaire aux généraux commandant les divisions.

Il est très-vrai que l'amendement présenté par nous donnait, dans certains cas déterminés, au général commandant la division militaire, le droit de déclarer l'état de siége, de concert avec le préfet du département; mais il portait aussi que le conseil général s'assemblerait immédiatement et de plein droit, et déci

derait si l'état de siége devait être maintenu où levé. Nous avions pensé qu'à défaut du gouvernement central de la nation, il n'appartenait pas aux autorités 1 quelqu'élevées qu'elles fussent, de se maintenir dans l'exercice des pouvoirs, extraordinaires de l'état de siége, sans l'assentiment du corps électif qui représente le département.

• Nous vous prions de vouloir bien insérer, dans votre prochain numéro, ces observations qui nous paraissent utiles, pour fixer le sens de la proposition que nous avions faite et que vous avez rappelée.

<«< Recevez, Monsieur le Rédacteur, l'assurance de notre considération trèsdistinguée.

«J. DE MONTIGNY,
représentant.

HENRY DE RIANCEY, représentant.

Nous rappelons à nos lecteurs, à l'occasion des listes électorales qui se font en ce moment, que le 5 juillet prochain, à minuit, expire le délai accordé par l'article 16 de la loi aux ascendants, maîtres ou patrons, pour faire les déclarations relatives à l'inscription de leurs fils, petits-fils, ouvriers ou domestiques.

Après le 5 juillet, ces déclarations ne seront plus reçues. Les retardataires n'ont donc pas de temps à perdre pour se mettre en règle.

C'est du 6 au 16 juillet que les citoyens, omis sur la liste quoiqu'ayant droit, pourront présenter leurs réclamations dans les mairies. A la même époque, tout électeur inscrit pourra réclamer l'inscription ou la radiation des individus omis ou indûment inscrits. A cet effet, pendant le même délai, les listes demeureront exposées dans les mairies.

Nous le répétons encore une fois, on n'inscrit d'office que les personnes dont le domicile est constamment resté le même pendant les années 1847, 1848 et 1849, et qui ont été, pendant cet espace de temps, inscrites au rôle des contributions. Celles qui ont changé de demeure en restant dans le même canton et auxquelles des justifications n'auraient pas été demandées, doivent se hâter de les produire. Quant aux individus pour lesquels on admet d'autres preuves du domicile que l'inscription au rôle des contributions, c'est à eux à prendre l'initiative, et ils n'ont plus que quelques jours pour cela.

Que les amis de l'ordre ne laissent point dormir leurs droits quand leurs adversaires ne négligent rien pour maintenir ou accroître sur les listes électorales le nombre de leurs aveugles recrues.

La commission administrative du département de la Seine est convoquée en session extraordinaire pour procéder à l'élection, dans son sein, de six membres du conseil académique du département en vertu de la loi nouvelle sur l'instruction publique.

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