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les paroles respirent l'esprit le plus apostolique. Ainsi, dans les premiers âges, les pasteurs et les églises souffrantes se consolaient par les témoignages de leur foi et de leur espérance communes.

Nous remercions le vénérable ecclésiastique à qui nous devons cette pièce, d'une si haute édification pour nous et pour nos lecteurs :

« Excellence révérendissime,

Les peines par lesquelles il a plu au Seigneur, dans ses très-hauts desseins, d'éprouver à la face de l'Eglise votre zèle apostolique, ont douloureusement ému mon cœur qui, après avoir élevé dans l'amertume et l'espérance d'humbles prières à Dieu, désire vous adresser une parole de consolation. Ce divin esprit qui remplissait d'une sainte joie les âmes des Apôtres quand ils étaient jugés dignes de souffrir l'opprobre pour le nom de Jésus, vous fait éprouver sans doute une partie de ce bonheur dont surabondait le cœur de Paul dans toutes ses tribulations: bonheur qui ne laisse pas désirer les consolations de la terre.

« Mais le ministère épiscopal me fait un devoir de prendre part aux douleurs et aux angoisses des Evêques, mes frères, qui souffrent persécution pour la justice. La cause pour laquelle vous combattez est la cause de Dieu, puisque c'est celle de son Eglise, cause que jadis ont sanctifiée et glorifiée le zèle et la mort de l'illustre Evêque saint Thomas de Cantorbery. Héritier du même sacerdoce, vous l'êtes aussi de ses combats, de son généreux courage, et un jour vous aurez part à sa gloire.

« Vous avez été condamné comme coupable, mais l'Eglise et tous les fidèles vous mettent sur la tête la couronne du triomphe: car la force et la violence avec lesquelles on vous a traité n'autorisent pas à dire qu'on vous ait vaincu. La force est souvent entre les mains des impies, et vaincre par la force, c'est vaincre comme les persécuteurs. La fermeté d'âme qui, soutenue par la foi, combat et souffre pour la vérité, voilà ce qui mérite l'honneur du triomphe. C'est ainsi, dit l'Apôtre, que les saints ont triomphé des royaumes et vaincu le monde, dans les chaînes, dans les prisons, sur les échafauds. Votre constance sera la joie des bons et la confusion des méchants.... leur conversion et leur salut si Dieu le permet! L'épiscopat catholique vous devra de magnanimes exemples, et, fort de votre courage, il saura défendre avec intrépidité la cause de l'Eglise et combattre un bon combat jusqu'au jour de la couronne.

«Nos souffrances étant destinées à produire tant de bien, je vous plains moins que je ne plains le Piémont, qui va recueillir des fruits bien amers là où de folles espérances lui font chercher le bonheur et la gloire. Je souffre de voir la maison royale de Savoie, modèle jusqu'à présent de vertus civiles et religieuses, répudier la plus pure des gloires de ses aïeux, la dévotion sincère au Chef visible de l'Eglise catholique; j'ai pitié des sacriléges qui vous perséculent, car ils

amassent sur eux les maux de la colère du Dieu qu'ils offensent dans votre personne sacrée.

« Unissons nos cœurs dans la prière en présence de ce Dieu qui, dans l'affliction, mûrit ses desseins de paix et de miséricorde. Vos prières montent certainement plus agréables vers lui, sanctifiées par la tribulation que vous souffrez pour son saint nom. Qu'elles obtiennent la lumière pour ceux qui sont dans l'erreur, la force et la résignation pour ceux qui souffrent et combattent, et pour tous consolation en notre Seigneur Jésus-Christ.

<< Du palais épiscopal de Lodi, 29 mai 1850.

«† GAETANO BENAGLIO, Evêque.»

SOUSCRIPTION pour offrIR UNE CROIX A MGR L'ARCHEVÊQUÉ

DE TURIN.

Désiré Maréchaux, nolaire.

Le Vulgos, de Vannes.

L'abbé Mary, vicaire de Saint-Patern, de Vannes.
Le Dr Récamier.

Liste précédente.

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Nouvelles Religieuses.

DIOCÈSE DE Clermont.

On écrit d'Ambert :

« Un fait extraordinaire vient de se passer tout récemment dans la chapelle de l'hospice d'Ambert, où reposent les cendres du vénérable abbé Gaschon, ancien missionnaire et, sur la fin de ses jours, aumônier de cet établissement. Ce digne ecclésiastique mourut en odeur de sainteté, et depuis longues années sa tombe est visitée par un grand nombre de pèlerins qui viennent de toutes parts, et notamment du Forêt, se placer sous la protection de celui qu'ils appellent le Bienheureux Père Gaschon.

« Jeudi, 23 mai, une jeune personne de 19 ans, originaire d'un village de la commune de Saint-Anthême, qui, depuis un an, ne prenait presque aucune nourriture, et ne pouvait faire aucun mouvement, vint, portée sur une charrette, à l'hôpital pour implorer la protection du vénérable père Gaschon. Lorsque la charrette fut arrivée dans la cour de l'hospice, quatre personnes chargèrent sur leurs bras la pauvre malade et la transportèrent ainsi sur la tombe du père Gaschon, où elle resta en prières pendant une demi-heure. A peine était-elle assise qu'elle se sentit mieux, et lorsqu'elle eut satisfait sa dévotion, elle se leva seule pour sortir de la chapelle et alla s'asseoir, sans avoir besoin d'aucun bras pour la soutenir, sur un des bancs de la cour. On a su depuis que le changement inopiné opéré dans l'état de cette personne ne faisait que s'améliorer et qu'il était un grand sujet d'étonnement pour tous ceux qui avaient vu auparavant la malade, et surtout pour les médecins qui l'avaient traitée, et sur laquelle ils avaient épuisé en vain toutes les ressources de leur art. »

HONGRIE.- Un congrès d'Evêques aura lieu à Gran, en Hongrie, vers la fin de juin, et l'on fait déjà les préparatifs nécessaires. Le primat de Hongrie le présidera, et l'on s'y occupera, entre autres, de l'accroissement du nombre des Evêques grecs-réunis.

ANGLETERRE. Le Rév. P. André, ancien religieux de Melleray et aujourd'hui aumônier des Trappistines de Stape-Hill (Dorsetshire), donne, dans une lettre écrite de Liverpool en date du 11 mai, des détails très-intéressants dont nous faisons quelques extraits. Il est à Liverpool pour une vente, un bazar, en faveur de son ordre :

Nous avons des objets envoyés et même travaillés et confectionnés par Mmes les duchesses d'Angoulême et de Berry, par Mme Amélie, ex-reine des Français, et par beaucoup d'autres dames et demoiselles de la noblesse et de la haute bourgeoisie, ainsi que des couvents de la France et de l'Angleterre....

Le chœur de notre église est fini; il y a deux grands autels et trois autres, trente hautes stalles pour les religieuses professes, et vingt-deux basses pour les novices, etc. Ces stalles sont bien jolies, quoique très-simples. La tour fut finie l'année dernière, elle a quatre-vingt cinq pieds de haut, et le 30 août on y monta une grande croix en pierre, que l'on entoura de branches vertes, et par-dessus, on fit flotter un large drapeau blanc, au milieu duquel était une splendide croix rouge. Jugez quel bonheur pour nous, quelle consolation pour nos pauvres catholiques. On fait les vitraux peints pour nos fenêtres à Birmingham. Il y aura trois grandes fenêtres et treize autres; j'en aurai pour ma part à payer au moins pour 3,500 francs..... Ensuite, il faudra bâtir les sacristies, les cloîtres, les murs de clôture, etc. Après tout cela, les cloches. Mais comment y parviendronsnous? Notre vénérable Evêque défunt, Mgr Ullathorme, quand il vint bénir et poser la première pierre, le premier jour du mois de Marie de 1847, dit : « Dans « mon district, il y a à présent plusieurs églises en construction; toutes, elles ◄ont quelques ressources, quelques espérances, mais celle-ci ne sera pas l'éa glise de construction humaine, c'est le Seigneur qui choisit, qui se bâtit un a temple; elle n'a rien à espérer que de lui, aussi je me plais à l'appeler l'église « de la Divine Providence. Deus providebit. »

« Je ne sais comment je fais; j'avance peu à peu, et je n'ai pas de dettes. C'est Notre-Dame-des-Sept-Douleurs qui fait et qui conduit tout, et j'ai la consolation d'être assuré que ce ne sera pas une peine inutile. Il nous faut donc la prière, le travail, la patience, la persévérance; et nous aurons le bonheur de tout achever. Vous savez combien je suis pauvre, je ne reçois aucune rétribution pour moi-même, pas même un honoraire de messe, en dehors de ceux que vous pouvez m'envoyer, et c'est cela qui me donne le moyen de me fournir mes vêtements, et me procurer le plaisir de faire une petite aumône de temps en temps. Il est vrai que je reçois continuellement pour mon entreprise; et cependant il y a quarante autres églises et chapelles en construction en Angleterre..... On sait que la comtesse Arundel Surrey fit son ab,uration au mois de janvier, à l'exem-. ple de son mari. Le comte donne plus de 5,000 fr. par an, pour dix ans, aux oratoriens qui l'ont reçue, et il veut leur faire élever une église. Ils sont sept ou huit, autrefois ministres protestants, mais aujourd'hui travaillant avec zèle et ardeur dans la vigne du Seigneur, et faisant beaucoup de bien dans le troupeau du Divin Pasteur. Dans la ville où je suis, il y a maintenant 300,000 âmes, et on compte 100,000 catholiques. Il est à croire qu'il y a maintenant 500,000 catholiques à Londres, c'est-à-dire près du quart de la population. J'ai eu le bonheur de recevoir huit protestants à faire leur abjuration à Pâques, et j'en ai maintenant de trente à quarante autres qui se disposent à en faire autant tout prochai

nement. Depuis que je suis à Stape-Hill, il m'est arrivé de recevoir dix-sept abjurations le même jour; aussi on me dit que ma nouvelle église sera bientôt trop petite. Et que faire alors ! Dilata tentoria tua..... »

IRLANDE. On lit dans le Kilkenny Journal :

Dans le prochain Synode de Thurles on discutera la question de convertir le collége catholique de Emly en une université catholique nationale. Sa Gráce l'Archevêque de Tuam est très-favorable à ce projet.

On lit dans le Morning-Advertiser du 17:

« La maladie du roi Louis-Philippe est beaucoup plus sérieuse qu'on ne pourrait le supposer d'après les allusions de quelques journaux. On a essayé dernièrement, par un paragraphe officiel envoyé à toutes les feuilles publiques, de faire croire que son état n'a rien qui puisse menacer d'une catastrophe immédiate; ce paragraphe n'est point d'accord avec la vérité. L'ex-roi des Français se trouve, au contraire, dans une situation très-critique. Il est attaqué d'un mal dont l'issue ne saurait être ni douteuse ni éloignée, bien qu'on ne puisse en assigner le terme, et il le sait lui-même, ainsi que toute sa famille. C'est ce qui nous explique le voyage de M. Thiers en ce pays jeudi dernier, et celui du duc de Broglie aujourd'hui. ▸

VARIÉTÉS.

I. Œuvres très-complètes de M. Riambourg,
Revues, annotées et corrigées par M. TH. FOISSET.
PUBLIÉES PAR M. L'abbé MIGNE.

II.-Histoire du Gouvernement provisoire, par M. ELIAS REGNAULT, ancien chef de cabinet de M. Ledru-Rollin.

(Deuxième article. Voir le n° 5071)

Dans les pages divinatoires qu'il a écrites sur le socialisme saintsimonien, M. Riambourg signalait avec une merveilleuse sûreté de coup d'œil la portée formidable de cette dernière évolution de l'esprit antichrétien. « La réforme, disait-il, a produit le double effet de rompre le faisceau que formait la grande famille européenne et d'altérer plus ou moins, dans chacun des peuples qui en faisaient partie, les principes d'ordre et les éléments de liberté que le christianisme y avait déposés. Or, comme il s'agit d'une guerre à mort, si l'entreprise est couronnée de succès, les conséquences seront bien autrement graves. » Paroles d'une justesse effrayante, car, tout le monde le conçoit, une révolution économique, c'est le bouleversement d'une société jusqu'en ses derniers fondements.

La révolution de Juillet, les hommes d'Etat qui l'ont servie et ceuxlà mêmes qui l'ont préparée et glorifiée devraient avoir la loyauté de le reconnaître aujourd'hui, la révolution de Juillet ne fut pas, en réalité, un acte moins antisocial que la révolution de Février. Du moment où il était admis en principe et proclamé à la tribune et dans

la presse que l'insurrection doit être considérée comme le plus saint des devoirs aussitôt qu'une Constitution est violée ou même dès qu'elle semble l'avoir été, il devenait évident que le nouvel ordre de choses, exploité par la classe moyenne au profit de qui s'était déjà faite la première révolution, serait tôt ou tard renversé par cette masse de prolétaires dépossédés, depuis 1789, de toutes les ressources (1) et de toutes les espérances chrétiennes, et qui, incessamment poussés à la révolte par des tribuns factieux, réclament toujours impérieusement l'exécution des promesses faites avant le combat, c'està-dire l'égalité du bien-être.

Quand la religion, disait M. Riambourg, ne sera plus assez puissante pour imposer aux riches des privations volontaires, aux pauvres des sentiments de résignation, une révolution sociale éclatera!

Nous avons vu la prédiction se réaliser sous nos yeux. Aujourd'hui, un écrivain de l'école révolutionnaire, un ancien chef du cabinet de M. Ledru-Rollin, veut bien nous raconter toutes les péripé– ties de ce drame dont son patron peut dire : Pars magna fui. Républicain de la veille, M. Elias Regnault est convaincu, tout naturellement, que la postérité tressera une couronne aux membres du Gouvernement provisoire, lesquels, s'il faut l'en croire, ont assis définitivement la République sur une base inébranlable. Mais si les jugements de l'historien sont favorables à nos anciens gouvernants, son récit, presque toujours impartial, nous les présente sous un tout autre aspect.

Voici, par exemple, en quels termes M. Elias Regnault raconte la distribution des portefeuilles à l'Hôtel-de-Ville :

Dans la distribution des portefeuilles, M. Ledru Rollin s'imposa plutôt qu'il· ne fut choisi pour ministre de l'intérieur. M. Crémieux s'insinua au ministère de la justice, etc. (P. 72.)

M. Elias Regnault caractérise d'un trait, et sans s'en douter, tous ces grands hommes d'un jour : « Chacun d'eux, dit-il, voulut autre chose que ce qu'il fit. »

Si bienveillant qu'il soit pour M. Ledru-Rollin, l'historien nous le peint au naturel paa ces deux lignes jetées, comme en passant, dans le récit :

« M. Ledru-Rollin eut le tort de ne pas faire ce qu'il annonçait ; si son langage fut hardi, ses actes furent timides. >>

M. Elias Regnault nous apprend, toutefois, que les desseins formés par M. Ledru-Rollin ne manquaient pas de hardiesse. Ainsi, c'est M. Ledru-Rollin (le public l'a ignoré jusqu'ici ) qui a fait et défait le complot du 16 avril 1848, complot dont le but, l'auteur l'avoue avec une grande sincérité, était d'écarter du gouvernement le principe énervant de la dualité, et d'en finir avec une politique incertaine PAR UN COUP DE MAIN CONTRE SES COLLÈGUES (p. 241).

(1) La spoliation des biens du clergé fut pour des classes pauvres la perte de leur liste civile.

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