Page images
PDF
EPUB

dehors des patrons et des entrepreneurs; mais qu'il les dispensat du cautionnement à fournir et qu'il leur réservât d'autres priviléges spéciaux. Qu'on favorise les essais d'association, nous le comprenons; mais qu'on leur livre les travaux publics sans garantie aucune au détriment de l'Etat, c'est-à-dire du budget et des contribuables, en vérité c'est trop et la justice ici réclame trop énergiquement pour ne pas être entendue.

D'autant mieux que Messieurs de la Montagne ont des façons loutes. particulières de solliciter ces faveurs exorbitantes. C'est avec le ton de la menace et de la colère, c'est presque l'écume aux lèvres qu'ils demandent des actes de charité. M. Nadaud, en particulier, possède un style et des gestes qui sont peu engageants, et la feinte douceur de M. Morellet ne l'empêche pas d'orner de son sourire des déclarations qui font bondir la majorité.

M. Léon Faucher, avec la vigueur souvent acerbe de sa logique et de sa science, a combattu les prétentions de la Gauche, au milieu des cris et des clameurs. M. Baroche hier, M. Bineau aujourd'hui, ont achevé de tuer sous eux les doctrines et les conséquences socialistes du projet de M. Nadaud. Deux votes par scrutin de division, et à plus de cent voix de majorité, ont motivé le rejet du premier article et de ses amendements. Dès lors la proposition croulait tout entière, et la discussion n'est pas allée plus loin.

M. d'Adelsward a ensuite été appelé à discuter une sienne élucubration tendant à frapper d'une contribution spéciale les capitaux engagés dans des entreprises industrielles. C'est une forme nouvelle et détournée de l'impôt sur le revenu, lequel est à peu près impossible et impraticable. L'honorable auteur de la proposition l'a développée avec assez de talent. M. Chegaray et M. Benoist d'Azy l'ont repoussée par de justes et solides raisons.

Entre ces divers débats on a validé hier l'élection de M. Emile de Girardin; on a renvoyé à la commission du recrutement un projet de loi sur l'armée présenté par M. d'Hautpoul. Et puis on a réglé l'or dre du jour de lundi. M. Mathieu (de la Drôme) voulait qu'on ouvrit pour ce jour la discussion sur le rapport de M. Thiers relatif à l'assistance publique. Il s'est engagé une lutte fort confuse à ce propos. M. Em. de Girardin y a fait son début, lequel n'a pas été brillant. Ce grand homme d'Etat, ce ministre en expectative, désire entamer un combat en règle sur tout, sur l'ensemble de notre système finan cier, sur l'ensemble de l'assistance. publique. Voilà bien le don Quichotte de la Presse s'imaginant qu'il va traiter devant l'Assemblée nationale les affaires du pays comme il les traite dans son journal, el qu'il en aura fini en quatre lignes et en six alinéas!

L'Assemblée lui veut donner plus de loisir et elle rejette sa demande ainsi que celle de M. Mathieu.

Au fond, elle a autre chose à faire en ce moment. Là question de dotation est là qui la tient en suspens. Quand aura-t-on le rapport?

Quand discutera-t-on? M. Flandin a lu son œuvre à la commission: tout au plus pourra-t-il la déposer demain sur le bureau. La discussion, vraisemblablement, ne s'ouvrira pas avant lundi. Et en attendant, le travail se fait dans les esprits. Marche-t-on à la rupture ou se rapproche-t-on d'un moyen de conciliation? Cela est difficile à dire la seconde hypothèse est dans le désir du plus grand nombre: il faut espérer qu'elle se réalisera.

Le vote de la chambre des lords, partageait également l'attention des représentants. Il n'y avait qu'une voix pour se féliciter de cette grande et solennelle leçon donnée à lord Palmerston, dont la politique reçoit ainsi le plus éclatant échec.

Il y a donc une justice, même en Angleterre, contre la conduite odieuse du cabinet britannique. Le ministère qui a fomenté l'insurrection et le désordre dans tous les Etats de l'Europe, qui a allumé la guerre civile en Suisse, qui a mis le Piémont et l'Italie en feu, qui soutenait à Rome les coupables et ingrats adversaires du magnanime ¿Pie IX, qui appuyait les rebelles de Sicile; dont la main trempait dans tous les complots qui ont ébranlé le Continent; ce ministère a cru pouvoir mettre le comble à ses audacieuses tentatives en opprimant par la force ouverte le faible royaume de Grèce, et en se jouant imprudemment de la France. La réprobation universelle vient le frapper, la conscience publique outragée se venge, en lui faisant subir dans son propre pays une défaite irréparable. Certes, c'est là un beau triomphe pour la justice, pour la probité, pour la cause de l'ordre. Ajoutons que pour dernier affront, il restera à lord Palmerston les éloges et les regrets de tous les révolutionnaires et avant tous ceux de nos Montagnards de France!

Les bureaux ont examiné hier la proposition relative à la convocation extraordinaire des conseils-généraux dans le cas d'une insurrection victorieuse à Paris. En principe, elle a été universellement approuvée. On a plus ou moins insisté sur les difficultés d'exécution. En somme, la majorité des commissaires y est très-favorable.

Bulletin de la politique étrangère.

ANGLETERRE. ECHEC DE Lord Palmerston. Une crise ministérielle est imminente.

Lord Stanley a présenté lundi, dans la chambre des lords, une motion impliquant un blâme pour la conduite de lord Palmerston dans les affaires de Grèce. Elle était conçue en ces termes :

<< La chambre, tout en reconnaissaut complétement que le gouvernement doit assurer aux sujets de S. M. résidant dans les Etats étrangers l'entière protection des lois de ces Etats, regrette de trouver dans les documents qui lui ont été sou→ mis, que différentes réclamations contre le gouvernement grec, douteuses sous le rapport de la justice et exagérées quant à leur montant, ont été appuyées par des

mesures coercitives contre le commerce et le peuple de la Grèce, susceptibles de compromettre les relations amicales de la Grande-Bretagne avec les autres puis

sances.

Lord Stanley a rudement frappé sur le ministère; les pièces relatives à cette affaire l'ont fait rougir de honte pour son pays en lui dévoi lant les innombrables extravagances qui fourmillent dans ces négocia tions..... La conduite du gouvernement a été inconvenante, injuste, bru tale, et a tendu sans nécessité à troubler l'harmonie qui doit régner en tre les puissances de l'Europe, etc.

La discussion, vive et animée, ne s'est terminée qu'à plus de trois heures du matin. Le ministère a éprouvé un échec marqué. La motion de lord Stanley a été adoptée à 37 voix de majorité. Il faudra que lord Palmerston obtienne de la chambre des communes un vote approbatif de sa conduite, ou qu'il se retire. Lord John Russell a déjà annoncé que cette retraite entraînerait celle du cabinet tout entier.

La chute de lord Palmerston aménerait-elle un changement de système? Il faut le croire pour l'honneur de l'Angleterre. Voilà trop longtemps que le cabinet de Saint-James appuie, de sa protection Occulte ou avouée, ie désordre partout où il se manifeste en Europe. L'affaire de la Grèce a eu un retentissement auquel l'Angleterre peut-être ne s'attendait pas la Russie s'en est émue, le congrès de Varsovie a eu lieu, et malgré les dissidences de l'Autriche et de la Prusse, on est bien d'accord sur la résistance à opposer au mouvement désorganisateur dont l'impulsion part de Londres.

La Suisse marche dans le même sens. Le gouvernement de Berne est conservateur; dans le canton de Genêve, les radicaux ont été presque partout battus. Les autres cantons ne manqueront pas de secouer le joug qui les opprime. Du moins, c'est ce que font prévoir les nouvelles que nous recevons des différentes parties de la Suisse. -La tentative du général Lopez menace, ainsi que nous en avons manifesté la crainte, d'amener de graves conséquences. Le gouvernement des Etats-Unis réclame les prisonniers faits à bord des navi

qui n'ont pas touché à Cuba, ou sur l'île de Coutoy. Les espagnols fusent de les rendre, et d'après le style des proclamations, en ont probablement fusillé plusieurs. Les Etats-Unis envoient des forces navales croiser devant Cuba, pour appuyer les réclamations de leur consul, avec ordre d'établir un blocus en cas de refus.

HOLLANDE. — La loi électorale qui, comme nous l'avons dit, froisse les droits et les intérêts des catholiques, vient d'être adoptée par la seconde chambre des Etats-Généraux, à la majorité de 46 voix contre 19.

Plusieurs amendements avaient été proposés, après une longue discussion, sur l'article 100. C'est cet article qui, par la division arbitraire et irrationelle des districts électoraux, inquiétait vivement Ja minorité religieuse, déjà si mal traitée dans le partage des em

plois et de l'influence, et à laquelle on semblait refuser jusqu'à une représentation équitable. Les dispositions dont il s'agit avaient d'ailleurs le tort de ne pas tenir compte de l'organisation provinciale. Heureusement elles ont été modifiées d'une manière très-sensible par le vote d'une proposition de M. Van Nispen. Ce vote, où 34 voix contre 32 ont donné raison à la sagesse et à la justice, est, dit le Publiciste des Pays-Bas, une preuve nouvelle des bonnes intentions de la seconde Chambre. Il a mis aussi en relief le fanatisme et les arrière-pensées de quelques esprits exclusifs qui se prétendent conservateurs par excellence, et qui, après avoir proclamé bruyamment qu'ils adopteraient la loi, ont fini par la repousser au dernier scrutin à cause de ce changement.

La loi va passer maintenant à la discussion de la première Chambre. Lorsqu'elle sera définitivement acceptée par les Etats Généraux et le pouvoir, les Chambres actuelles n'auront plus qu'à se retirer pour la laisser s'exécuter. On pense que la dissolution sera prononcée vers le mois de septembre.

Le Moniteur d'hier annonce la nomination, dont nous avons déjà parlé, de M. l'abbé Cousseau, supérieur du grand séminaire de Poitiers, à l'évêché d'Angoulême.

ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE.-I.-Comme à Arles, une commission avait été nommée au sein du conseil municipal de Guingamp, pour examiner la grave question d'un collége communal qui n'était, depuis longues années, que l'occasion de sacrifices stériles et sans avenir, et dont le prix exorbitant grevait d'une façon effrayante le budget municipal. La majorité de cette commission, regardant comme impossible le maintien d'un collége universitaire, avec les dispositions des articles 74 et 75 de la loi du 15 mars 1850, s'était adressée à Mgr l'Evêque de Saint-Brieuc, pour lui demander de fonder à Guingamp un établissement libre, dirigé par des prêtres, dont le dévouement seul pouvait accepter les conditions faites à l'enseignement privé par l'article 69 de la même loi. Mgr Le Mée, qui ne sait reculer devant aucune charge, devant aucun sacrifice, quand il s'agit de faire le bien, a consenti à se charger de l'institution de Guingamp, à partir de la prochaine rentrée des classes.

En conséquence, dans sa séance du 14 juin, et sur le rapport de M. S. Ropartz, le conseil municipal de Guingamp, à une immense majorité, a rayé de son budget l'allocation accordée au collège universitaire, et a mis à la disposition de Mgr l'Evêque les beaux et vastes bâtiments que la ville a construits il y a quinze ans. Nous ferons ultérieurement connaître le personnel de l'école libre de Guingamp et son programme, et nous ne doutons pas que le concours de tous les gens de bien du pays ne crée le plus heureux avenir à cette œuvre de dévouement d'une part et de sage administration de l'autre.

II. Les catholiques d'Avignon complètent leur œuvre : il y a quelques mois, ils ont doté leur ville d'un externat où l'instruction est donnée gratuitement déjà à près de cent vingt élèves. Dans l'intérêt du diocèse et de la province ecclésiastique dont Avignon est la métropole, à l'externat gratuit on va joindre un pensionnat où les élèves étrangers à la ville seront reçus pour prendre part aux cours communs.

Mgr l'Archevêque d'Avignon a pris l'œuvre sous sa protection et lui a donné l'approbation suivante :

« Nous soussigné, Archevêque d'Avignon, accueillons avec empressement la pensée catholique et généreuse d'unir un pensionnat à l'externat gratuit établi en cette ville, et, pour concourir à la réalisation de ce projet autant que les charges qui pèsent sur nous et les besoins des établissements particuliers qui nous sont confiés le permettent, souscrivons pour 500 francs en faveur de l'OEuvre du pensionnat.

« Avignon, le 1er juin 1850.

«† J. M. M., Archevêque d'Avignon.▸

La Commune publie une première liste de souscription dont le total s'élève à 13,420 fr. - 4,920 fr. en pur don; 8,500 fr. prêtés sans in

térêt.

III. Le collége d'Arles, dont l'état était jadis si florissant, avait cessé depuis longtemps de répondre aux sacrifices que la ville s'imposait chaque année sur son budget communal.

Le conseil municipal, pénétré de ce fâcheux état, et, d'autre part, voulant répondre aux désirs des pères de famille, nomma, dans une de ses dernières séances, une commission pour examiner toutes les questions qui se rattachaient à l'existence du collége communal de cette ville. Le 27 mai, le conseil municipal était assemblé pour entendre le rapport de cette commission.

L'organe de la commission a conclu, en son nom, à ce que la ville, usant de la faculté que lui donne la nouvelle loi sur l'enseignement, renoncât désormais à entretenir son college comme college communal, et priât Mgr l'Archevêque d'Aix, d'Arles et d'Embrun, de vouloir bien réaliser la promesse que Sa Grandeur a eu la bonté de faire à la commission, sur sa demande, de se charger lui-même de réorganiser le collége d'Arles en le transformant en un établissement libre sous sa direction et son haut patronage.

Le conseil s'est associé, à l'unanimité et avec un vif empressement, à une proposition qui répond à tous ses désirs, et de laquelle il attend les plus heureux résultats. Il a chargé M. Remacle, maire d'Arles, de se concerter avec le vénérable prélat pour conduire à bonne et prompte fin un projet qui sourit à tous les pères de famille.

Lettre de Mgr l'Evêque de Lodi à Mgr l'Archevêque de Turin.

On ne pourra lire sans admiration la lettre suivante, dont toutes

« PreviousContinue »