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dinaux, Prélats et consulteurs de la Congrégation s'avancent processionnellement, et, après avoir fait leur adoration, vont prendre place sur les siéges qui leur sont préparés du côté de l'Evangile. Le clergé de la basilique, avec le Cardinal-Archiprêtre, vient ensuite précédé de sa croix, et l'Evêque qui doit chanter la messe ferme la marche, assisté du diacre et du sous-diacre. Ils s'assoient du côté de l'Epître ainsi que les postulateurs de la Cause. Un de ces derniers, conduit par un maître des cérémonies, s'avance vers le CardinalPréfet de la Congrégation et lui présente le Bref de la béatification, en lui demandant de le faire exécuter: le Cardinal remet cette pièce au secrétaire, qui la transmet de suite au Cardinal-Archiprêtre. Celui-ci en fait faire la lecture à haute voix, et, quand la lecture est terminée, le célébrant entonne le Te Deum. Pendant que la musique de la chapelle le continue, on découvre le portrait pour l'exposer à la vénération des fidèles, et au dehors le canon du château SaintAnge et toutes les cloches de la ville proclament la gloire du serviteur de Dieu.

Après le Te Deum, le célébrant récite le verset Ora pro nobis beate N. avec l'oraison propre du nouveau saint; il ensence le por trait, puis revient à sa place pour quitter la chape et revêtir les or nements pontificaux. Cependant on distribue au peuple les images du bienheureux.

La messe est du commun, avec la collecte propre.

Le soir, le Pape vient en pompe faire sa prière devant l'autel où l'image est restée exposée.

Il y a indulgence pour tous ceux qui avec les dispositions requises visitent ce jour-là la basilique de saint Pierre.

On accorde quelquefois que la fête de la béatification accomplie d'abord dans la basilique vaticane, soit renouvelée en quelques églises, dans l'année qui suit la publication du bref, avec l'office et la messe du bienheureux. Les Ordinaires en fixent le jour dans leurs diocèses respectifs.

Avant de passer à ce qui regarde les canonisations, il est à propos de dire quelques mots des titres usités dans les actes de la Congré gation des Rits.

On appelle serviteur de Dieu (Dei servus) celui qui meurt en odeur de sainteté. Il est Vénérable après la signature de la commission; Bienheureux après la béatification, SAINT après la canonisation.

Les honneurs qu'on doit rendre aux bienheureux, sont réglés par les Ordinaires, pour ceux qu'une antiquité respectable a consacrés dans l'Eglise. Quant à ceux dont le culte a été autorisé par la Congrégation des Rits ou par le Souverain-Pontife, on doit se conformer aux décrets ou aux indults qui entrent à ce sujet dans le détail le plus circonstancié.

DE LA CANONISATION.

Pour qu'un Bienheureux reçoive les honneurs de la canonisation,

il faut que, depuis qu'il a été béatifié, de nouveaux miracles soient 1 venus augmenter sa gloire sur la terre, et montrer plus positivement encore la volonté de Dieu. Quand les postulateurs de la Cause ont la certitude que ces nouveaux prodiges ont été opérés, ils adressent une supplique à la Congrégation à l'effet d'obtenir la signature de la commission reassumptionis, et l'expédition de lettres remissoriales autorisant l'instruction de la procédure sur ces miracles. Les procèsverbaux sont ouverts comme nous avons dit ci-dessus, on discute leur validité devant la Congrégation ordinaire, puis les faits miraculeux sont examinés dans les trois degrés de la Congrégation antépréparatoire, préparatoire et générale; et de même que l'on avait posé la question : « Si les vertus et les miracles étant approuvés, on pouvait passer à la béalification, » on discute maintenant dans la Congrégation générale la même question par rapport à la canonisation. Les délais apportés par le Pape à l'expédition des décrets, et les formes de procédures, sont les mêmes que pour la béatification. Après l'expédition du décret, si de nouvelles requêtes sont adressées au Saint-Siége pour obtenir la canonisation, le Pape convoque le Consistoire secret auquel sont invités tous les Evêques présents à Rome et ceux dont les Eglises sont peu éloignées de la ville (1). Le secrétaire de la Congrégation des Rits ou le promoteur de la Foi, y présente un abrégé de la vie, des vertus et des miracles du Bienheureux, et des actes de toute la procédure, afin que les Cardinaux et les Evêques étrangers à la Congrégation aient une idée exacte de la cause; le Pape demande si l'assemblée juge convenable de procéder à la canonisation, et chacun donne son suffrage par ces mots : placet ou non-placet.

Dans le Consistoire public qui suit, un avocat consistorial prononce le panégyrique du Bienheureux, auquel le Prélat, secrétaire des Brefs, répond, au nom de Sa Sainteté, qu'Elle recommande l'affaire aux prières, au jeûne et autres bonnes œuvres de l'assemblée et des fidèles, et qu'Elle se réserve de recueillir encore une fois les suffrages des Cardinaux et des Evêques.

C'est ce qu'Elle fait dans le Consistoire semi-public où Elle fixe le jour de la cérémonie.

CÉRÉMONIE DE LA CANONISATION.

L'église de Saint-Pierre est ornée de tentures de damas rouge brodé d'or, aux armes du Pape, et du souverain ou de l'ordre qui a sollicité la canonisation du Saint: une innombrable quantité de cierges reproduit en lignes étincelantes l'architecture de l'admirable basilique; des tableaux rappellent aux fidèles les actions héroïques de celui qu'ils peuvent désormais regarder comme un intercesseur auprès de Dieu.

(1) Le secrétaire de la Congrégation Super Residentia adresse, à cet effet, une circuLaire aux Evêques siégeant dans un rayon de 100 milles (15 myriam.)

Une solennelle procession déroule sa sublime ordonnance sur la place de Saint-Pierre: le clergé régulier et séculier, les Cardinaux en habits pontificaux et la mitre en tête, préceden ie souve rainPontife, auquel toute la prélature et le sacré collége vont rendre hommage quand il est sur son trône. Alors un maître des cérémonies conduit près de Sa Sainteté le Cardinal chargé de demander publiquement la canonisation du Saint. Un avocat consistorial l'accompagne et formule la demande. Après la réponse que fait le secrétaire des Brefs, on chante les Litanies des Saints, à la fin desquelles le Cardinal renouvelle sa demande. On chante alors le Veni Creator: et après une troisième supplique le Pape donne le décret de canonisation.

On chante ensuite le Te Deum avec l'oraison du Saint ou des Saints canonisés, tandis que le canon et les cloches retentissent an dehors.

Le Cardinal-Diacre chante ensuite le Confiteor, en ajoutant le nom du Saint après les paroles sanctis Petro et l'aulo (1), et le Pape donne la bénédiction.

Quoique le Pape n'ait pas toujours célébré la messe aux canonisations, il est d'usage cependant qu'il le fasse, et s'il ne le peut, le Cardinal doyen a l'honneur de le remplacer.

Si le Pape célèbre, les cérémonies sont celles de la messe papale, et à l'offertoire les Cardinaux rapporteurs et les postulateurs appor tent les offrandes consistant en cierges, pain et petits barils de vin recouverts d'or et d'argent.

Il faut observer ici que la canonisation ne suffit pas pour auioriser la récitation de l'office ou la célébration de la sainte messe en l'honneur d'un Saint, mais pu'il faut encore un décret spécial de la Congrégation des Rits. Ainsi, bien que la bulle de canonisation de saint Antonin, Archevêque de Florence, fasse mention de l'office et de la messe, ils n'ont pourtant été admis comme de précepte dans l'Eglise universelle, qu'après le décret de la Congrégation, rendu le 17 aoû! 1689. Nous pourrions citer bien d'autres exemples.

E. DE VALETtte,
Chan. hon. de Digne.

(1) Dans tous les ordres religieux, on ajoute de même le nom du fondateur au Confteor, même à la messe.

BOURSE DU 17 JUIN.

Le 5 p. 100, 93 00 à 93 33.

Banque, 2,230 00.

--

Actions de la

Le 3 p. 100, 56 90 à 36 15. Obligations de la Ville, 1.320 00.- Nouvelles Obligations, 1,060 00.5 p. 100 belge, 99 010.- Emprunt romain, 77 0,0.

L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY.

[ Paris, imp. BAILLY, DIVRY et Comp., place Sorbonne, 2.

JEUDI 20 JUIN 1850.

(N° 3073.)

L'AMI DE LA RELIGION.

Avis aux honnêtes gens sur leurs erreurs
et sur leurs devoirs.

Une des plus singulières et des plus audacieuses prétentions des révolutionnaires de notre temps est d'accomplir en Europe, et sans doute ensuite dans le monde entier, une révolution qui bouleverse et anéantisse les principes sur lesquels ont été fondées jusqu'ici toutes les sociétés humaines, ou, en d'autres termes, de faire ce qu'ils appellent une révolution sociale.

L'esprit révolutionnaire du dix-neuvième siècle possède, nous le savons, une force immense de destruction; mais il ne lui est pas donné de pouvoir changer la nature humaine, ni les institutions qui en sont les conséquences. Le génie du mal a un domaine très-vaste, mais limité cependant, et nos anarchistes sont comme ces barbares qui, après avoir renversé un temple et dispersé ses fondations, assouvissaient sur le tuf leur rage aveugle et impuissante. Les vraies révolutions sociales sont celles qui modifient, qui changent successivement et lentement ce qu'il y a de variable dans les sociétés, d'abord les idées, puis les mœurs, et enfin les lois des peuples. L'histoire du monde est remplie de ces révolutions qui sont les phases mêmes de la civilisation.

Comment donc se fait-il que les mots de révolution sociale qui se trouvent depuis deux ans dans toutes les bouches et sous toutes les plumes, mots vides de sens ou menteurs, soient devenus un cri de guerre, propre à exciter les passions de la foule et à glacer d'effroi le cœur des honnêtes gens? La réponse est facile.

La France poursuivant la chimère d'une liberté politique qu'elle ne comprend pas, qu'au fond elle n'aime pas, et pour laquelle son caractère n'est pas fait, a essayé et s'est promptement dégoûtée de toutes les formes imaginables de gouvernement, des meilleures institutions, des plus sages lois; et elle en est arrivée, après des variations sans fin, à nier le principe même de l'autorité, sans lequel aucune société n'a existé et n'existera jamais, et à le remplacer par le déchaînement des volontés individuelles. De là les folies et les excès dont nos pères et nous avons été les témoins et les victimes, et dont on nous menace encore; de là l'anarchie d'idées, de vœux, d'espérances qui nous tourmente tous plus ou moins en ce moment.

Les uns appellent ce désordre le prélude nécessaire d'une rénovation sociale dont le germe se trouve dans le christianisme, qui s'est développée par la réforme religieuse au seizième siècle, par la ré volution française au dix-huitième, par la révolution de Février au dix-neuvième, et qui n'a plus à surmonter que de faibles obstacles L'Ami de la Religion. Tome CXLVIII.

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pour être complétement réalisée; les autres n'y voient que la maladie d'un peuple qui, ayant brisé tous les liens sociaux, ne sait plus se gouverner et marche au hasard, cherchant en vain à donner, de ses fautes et de ses revers, une explication philosophique.

Lorsqu'une nation ne peut plus supporter le frein d'aucune autorité, et que nul gouvernement se saurait plus lui convenir ni la satisfaire, elle est bien près de revenir à l'état primitif ou de périr; il n'est donc pas étonnant que, chez elle, un grand nombre d'esprits, pleins d'une extrême audace ou d'une extrême faiblesse, croient sincèrement que les principes de sociabilité déposés par Dieu dans le cœur de l'homme, vont à leur tour y succomber, ainsi qu'y ont succombé les institutions et les lois humaines. Ceux qui ont toujours triomphé dans la révolte contre le pouvoir politique sont trop enivrés de leurs succès pour regarder les lois naturelles comme un obstacle à leurs desseins; ceux qui ont été toujours vaincus en défendant les lois, perdent confiance dans les principes supérieurs aux lois, et celle nation redoute des maux impossibles.

Si nous ne devons pas supposer que les éléments sociaux puissent succomber chez nous, pas plus qu'ailleurs, parce qu'ils sont la condition de l'existence de l'homme; si la religion, la famille et la propriété doivent durer tant qu'il y aura des hommes sur la terre, cependant l'espoir insensé de détruire ces principes fermente dans plus d'un cœur et armerait au besoin plus d'un bras. Les révolutionnaires poursuivent l'idéal du mal, et avant que de confesser leur impuissance, ils tourneraient leur fureur, s'ils venaient à triompher de nouveau, contre tout ce qu'il y a d'extérieur et de visible dans notre société. Déçus dans leurs rêves de transformation sociale, ils s'acharneraient sur les derniers débris de notre ancienne et glorieuse civilisation, et ne pouvant rien fonder, ils voudraient tout détruire. On se trompe en les croyant tout-puissants; on se tromperait davantage si on ne les croyait pas capables de faire autant et plus de mal que leurs prédécesseurs, et de nous retirer le droit à l'existence comme nation.

D'où leur vient donc cette force terrible? Serait-ce de l'autorité de leurs doctrines? Non, car ces doctrines sont aussi anciennes que le monde, et se résument en quelques grossières erreurs contre l'effet desquelles les lois ont été rendues et les gouvernements établis. Serait-ce de leur nombre? Non,' car s'il est vrai que tous ceux qui sont pauvres et malheureux prêtent une oreille amie aux apôtres d'une égalité et d'un bonheur universels, il ne l'est pas moins que le parti qui met aujourd'hui en péril l'avenir de notre patrie se compose d'un petit nombre d'hommes audacieux, poussés au désor dre et aux révolutions par l'ambition, par l'envie et, plus que tout, par l'absence d'une autorité assez respectée pour commander non-seulement aux actes extérieurs, mais aux mauvaises passions. Notre nation est en butte aux outrages d'une poignée de gens sans

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