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l'ambassadeur de Pyrrhus reconnaîtrait encore dans cet auguste sénat de l'Eglise, cette assemblée de rois qui, aux jours de l'ancienne Rome, inspirait son admiration.

Il faut voir les grandes basiliques de Rome dans la religieuse majesté de leur solitude, mais il faut aussi les contempler en présence de toutes ces pompes, et lorsque les multitudes se pressent dans leurs vastes nefs; les innombrables statues dont elles sont peuplées, les peintures qui les couvrent ne se présentent plus seulement alors comme de simples décorations, elles semblent s'animer pour participer à la vie et au mouvement général; j'ai été frappé surtout de cette pensée en contemplant, au milieu de la mosaïque de l'abside, l'admirable figure du Christ, qui semblait tourner vers nous des regards d'ineffable tristesse.

La messe a été célébrée sur l'autel papal par le cardinal-vicaire, S. E. Patrizzi; le Saint-Père seul a le droit d'offrir le saint sacrifice sur cet autel; nul ne peut le faire que moyennant un bref spécial qui est affiché à l'un des piliers de la Confession.

La messe terminée, le Pape dépose la mitre, vénère les têtes sacrées des saints apôtres Pierre et Paul, puis il prend le trirègne, et il est porté sur la sedia, an grand balcon de la basilique, d'où il doit donner la bénédiction.

La place de Saint-Jean de Latran avec ses magnifiques points de vue, la multitude de ses doubles souvenirs chrétiens et païens, est peut-être l'endroit de tout Rome le plus saisissant; joignez à cela en ce moment la présence d'une immense population de toute langue, je dirai presque de toute religion, agenouillé par terre, et du haut de la basilique le saint Pontife, les yeux et les mains élevés vers le ciel, appelant sur la ville et sur le monde les bénédictions de Dieu, vous comprendrez que ce sont là les plus grandes choses que l'œil de l'homme puisse voir, que son oreille puisse entendre, et que je n'essaierai pas de vous raconter en quelques lignes.

10 mai.

Hier au soir, j'ai vu la girandole tirée sur le château Saint-Ange; jevoudrais que cette lettre ne fût pas déjà trop longue pour vous en parler avec quelques détails; mais vous connaissez nos fêtes de Paris, et je ne pourrai rien vous dire que vous n'ayez déjà vu dans des proportions plus considérables; il paraît que la pluie qui a tombé dans la journée a empêché les principaux effets.

Affaires religieuses du Piémont.

S. E.

L'Archevêque de Sassari, M. Varecini, a été arrêté pour s'être refusé à mettre à exécution la loi Siccardi.

N'ayant pas reçu notre correspondance du Piémont, nous ne pouvons ajouter aujourd'hui aucun détail à cette nouvelle que nous donnons d'après un journal du soir. Le Piémont va sans doute enfermer tous ses Evêques, car tous partagent les sentiments de Mer Fransoni, comme le prouvent les passages que nous citions hier de l'adresse des Evêques subalpins. Placés entre les poursuites du parquet et la prévarication, ils n'hésiteront pas, et grâce au ministère Siccardi, un roi de la pieuse maison de Savoie sera noté comme un persécuteur.

S

DIOCÈSE D'AMIENS.

Nouvelles Religieuses.

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-Mgr l'Evêque a fait, le samedi des Quatre-Temps, une ordination dans la cathédrale. Le nombre des ordinands était de 92— prêtres 14, diacres 17, sous-diacres 11, acolytes 16, tonsurés 34.

DIOCÈSE DE NANTES.- Une ordination a eu lieu en la chapelle de la Retraite. › Monseigneur a fait cinq prêtres: 18 diacres, 13 sous-diacres, 12 minorés, et 11 tonsurés.

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DIOCÈSE D'ORLEANS. Cette semaine, Mgr Dupanloup, accompagné du R. P. Dom Guéranger, abbé de Solesmes, a visité l'ancienne abbaye de Saint-Benoît, et honoré les reliques du pieux et saint abbé, illustre fondateur de l'ordre célèbre des bénédictins.

PIEMONT.-Mgr Billiet, archevêque de Chambéry, a été reçu par L. L. M. M. qui sont venues dans cette ville à la rencontre du duc de Gênes. Dans son discours au roi, S. G., en l'assurant du dévouement parfait de son clergé tout entier, a rappelé la nécessité de s'attacher au Saint-Siége, en des termes qui font le plus grand honneur à son caractère vénérable. Le roi lui a répondu de la manière la plus cordiale et a donné, pour l'avenir, toutes les espérances qu'il a pu.

Le sénat belge a commencé la discussion du projet sur l'enseignement moyen. Il a, dans sa première séance, entendu contre le projet M. de Pélichy, ancien membre du Congrès national de 1830, M. d'Anethan, ancien ministre, M. le comte de Ribaucourt. Ces divers orateurs ont énergiquement insisté sur les vices de la loi qui a été très-faiblement défendue par MM. Rogier, Van Muyssen et Mosselman. Les débats continueront aujourd'hui.

Chronique et Faits divers.

On lit dans le Moniteur Catholique:

« Nous sommes autorisés à faire savoir au public qu'un indviidu se disant Frère Jean-de-Matha et supérieur-général des Frères Hospitaliers de la Sainte-Trinité en France, n'est reconnu ni autorisé en aucune manière par l'archevêché de Paris. Cet homme qui se permet d'aller quêter dans les maisons et d'envoyer des circulaires, porte un costume blanc avec une croix rouge sur la poitrine.

Le roi de Hollande a reçu en audience solennelle, et avec tout le cérémonial usité en pareille circonstance, Son Exc. Mehemed-Pacha, ambassadeur de S. H. le Sultan de Turquie près la cour de la Grande-Bretagne. Son Exc., arrivée depuis quelques jeurs de Londres, avait mission expresse de féliciter, au nom du Sultan, S. M. le rsi des Pays-Bas, à l'occasion de sonavénement à la couronne.

- M. le préfet de Saône-et-Loile vient d'adresser à MM. les sous-préfets, maires, juges de paix, etc., une circulaire par laquelle il leur rappelle qu'à partir de ce moment il ne peut y avoir dans le département de réunions politiques quelles qu'elles soicnt. L'interdiction devient absolue aux termes de la loi du 17 juin 1849, les réunions fussent-elles couvertes du nom de banquet.

(Journal de Saône-et-Loire.)

· Le musée d'Avignon vient de faire l'acquisition de diverses pièces d'archéologie nouvellement découvertes dans le département.

La première est un cippe, haut de 54 centimètres, trouvé par un cultivateur sur la commune du Rasteau. Il porte deux crampons de bronze scellés dans du plomb; des plaques et une grille aussi en plomb. Il paraît avoir servi à une fontaine, ainsi que l'indique l'inscription NYMP. pour Nymphis.

Le reste aussi, trouvé par un cultivateur, sur le territoire de Cavaillon, comprend :

Une urne cinéraire, en terre rouge, avec des ossements calcinés. Trois fioles dites lacrymatoires, dont deux de verre blanc, et la troisième de verre bleu. Une petite bouteille, de l'espèce dite guttus, de verre bleu, ayant la forme d'une boule avec une très-petite ouverture pour laisser couler le baume goutte à goutte. Une bouteille en terre grisâtre avec une anse verticale. Un vase en terre rouge, de la forme d'un bol. Une coupe en terre ronge aussi, portant deux petites anses et le nom du fabricant à demi effacé. Une soucoupe ou patère en terre rouge, avec le nom du potier: XANTHI. Un vase mince, d'une qualité de terre noire très-dure. Quatre lampes en terre cuite avec des sujets en relief et tout à fait remarquables. Une hache en fer et d'autres outils très-oxydés. Quatorze petits objets ressemblant à nos boutons, dont onze en os, deux en émail bleu et le dernier en émail blanc. Enfin une médaille d'argent, de Marseille: tête diadémée de Diane, portant des boucles d'oreilles, un collier; derrière le dos an arc et un carquois; dans le champ IA. Revers: MAZA. lion marchant à droite: dans le champ A. exergue AIIX.

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L'ordre du jour appelle la suite de la discussion sur la loi électorale.

M. PIERRE LEROUX monte à la tribune et essaie de placer son discours du 25. Il fait l'éloge de l'illustre Robespierre et de l'illustre Saint-Just.

A droite Deux assassins!

A gauche N'interrompez pas! A l'ordre! à l'ordre! (Agitation.)

Plusieurs membres placés au pied de la tribune interpellent vivement l'orateur. M. le président s'efforce inutilement de se faire entendre.

M. DE CROUSHEILLES, s'adressant avec vivacité à l'orateur. Ce sont d'infâmes scélérats! (Marques d'assentiment.)

M. LE PRÉSIDENT. Je ne peux pas souffrir qu'il s'établisse une discussion entre un orateur et un membre de cette assemblée.

M. DE RESSEGUIER. Dites entre l'orateur et toute l'Assemblée. (Oui! oui! à droite. - Rumeur à gauche.)

M. LEROUX, selon son usage, rentre dans la question générale et ne souffle mot de l'article en discussion. M. le Président est forcé de consulter l'Assemblée qui interdit la parole à l'orateur.

M. DUPONT (de Bussac) développe longuement un amendement qui est rejeté.
M. CORNE a la parole pour défendre un amendement par lui présenté de concert &-
vec MM. Coquerel, Ferdinand de Lasteyrie et le général Cavaignac.
L'orateur défend cet amendement au milieu de l'inattention générale.

Après avoir entendu M. de Vatimesnil, l'Assemblée repousse l'amendement.
M. LARABIT propose aussi un amendement qui est rejeté.
L'article 2 de la commission est adopté à une grande majorité.

L'abondance des matières ne nous a pas permis jusqu'à présent de rendre compte de l'ouvrage de M. l'abbé Bouix sur le Concile provincial. Nous espérons le pouvoir faire bientôt; mais nous don

nerons dès à présent une idée de la valeur de ce travail en publiant les deux lettres suivantes que l'auteur a reçues :

‹ Monsieur l'abbé,

« Paris, 26 mai 1850.

J'ai été bien sensible aux obligeantes expressions dont vous avez bien voulu accompagner l'envoi du volume que vous venez de publier sous ce tire: Du Concile provincial. La matière si importante qui forme l'objet de cette publication et l'opinion que j'ai de la profonde attention que vous savez porter aux études ecclésiastiques, m'ont aisément déterminé à prendre connaissance de votre livre, et j'aime à vous dire que ç'a été avec un grand bonheur et intérêt; car celte compilation si parfaitement complète est aussi remarquable d'érudition et d'exactitude; et c'est un travail qui révèle votre patience et votre jugement, comme il est honorable pour votre affection à la science sacrée, et pour votre dévouement à l'Eglise et au Saint-Siége. Le clergé, ce me semble, doit vous savoir gré d'avoir réuni, dans votre utile traité, avec ordre et lucidité, de précieuses notions et de consciencieuses recherches.

◄ Veuillez agréer mes félicitations, monsieur l'abbé, avec mes remercîments et l'assurance des sentiments bien respectueux avec lesquels

J'ai l'honneur d'être,

Monsieur l'abbé,

« Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

<< Monsieur l'abbé,

R., archevêque de Nicée, nonce apostolique.» << Paris, 22 mai 1850.

Je vous remercie de l'envoi que vous avez bien voulu me faire de votre Traité du Concile provincial. J'en ai pris immédiatement connaissance, et je bénis Dieu de vous l'avoir inspiré; d'abord parce que nous n'avions encore aucun ouvrage ex professo sur cette importante matière, ensuite parce que le rétablissement providentiel des conciles provinciaux en France dans un moment où le droit canon est généralement oublié, nous rendait ce traité plus nécessaire que jamais, enfin et surtout parce que vous avez fait là un très-solide et très-savant ouvrage. Puisse-t-il, comme je l'espère, avoir beaucoup de lecteurs.

Veuillez donc, M. l'abbé, agréer mes félicitations et l'assurance de mes sentiments affectueux.

› P. L., Evêque de Langres. >> Après de si honorables témoignages, notre appréciation deviendrait inutile, j'ai presque dit téméraire. Nous nous bornerons donc à faire connaître le but et le plan de l'ouvrage.

VARIÉTÉS.

Tableau de l'éloquence chrétienne au quatrième siècle,

PAR M. VILLEMAIN.

-

(Voir le n° 5019.)

II.

Nous avons mis en relief, autant qu'il était en nous, dans un pré

cédent article, les incontestables beautés du livre de M. Villemain. Aujourd'hui, une tâche très-pénible nous reste à remplir, c'est de signaler les nombreuses erreurs qui se sont glissées dans cet ouvrage composé depuis près d'un quart de siècle, et dont l'auteur, malheureusement, n'a guère perfectionné, dans une nouvelle édition, que la partie littéraire.

Dans un livre intitulé: Le monde enchanté, le protestant Becker entreprit de prouver, à la fin du dix-septième siècle, que le démon ne peut agir sur les corps, que toutes ses prétendues opérations sont illusoires, et que la possession est une maladie très-naturelle qui doit être guérie non par des exorcismes mais par les remèdes ordinaires. A l'exemple du critique protestant, Voltaire et la plupart des philosophes anti chrétiens du siècle dernier et de ce temps-ci ont combattu à outrance « ces folles imaginations d'obsession, de possession, cette croyance au diable, au démon, empruntées, s'il faut en croire Voltaire, au peuple Chaldéen, et dont il n'y a aucune trace, affirmet-il, dans l'Ancien-Testament (1). »

Il est à regretter que M. Villemain qui, de tous temps, nous en sommes convaincu, a été animé de sentiments vraiment chrétiens, se soit laissé aller à se faire l'écho d'opinions complétement en désaccord avec les doctrines que renferment et la sainte Ecriture et les écrits des Pères.

Le Christianisme enseigne, que l'ange rebelle et déchu devint, avec ses complices, l'artisan du mal sur cette terre. « Quand Dieu créa les purs esprits, dit Bossuet, autant qu'il leur donna de part à son intelligence, autant leur en donna-t-il à son pouvoir: et en les soumettant à sa volonté, il voulut pour l'ordre du monde, que les natures corporelles et inférieures fussent soumises à la leur, selon les bornes qu'il avait prescrites. Ainsi, le monde sensible fut assujetti à sa manière au monde spirituel et intellectuel et Dieu fit ce pacte avec la nature corporelle qu'elle serait mue à la volonté des Anges, autant que la volonté des Anges, en cela conforme avec celle de Dieu, la déterminerait à certains effets (2).»

Et un peu plus loin, l'illustre écrivain ajoute :

« Au commencement, Dieu avait mis l'homme au-dessous de l'ange; mais seulement, comme dit David, un peu au-dessous. Mais par le péché, le diable qui nous a vaincus, est devenu notre maitre; et nous, comme dit Jésus-Christ lui-même, enfants du diable (3), esclaves livrés à ce tyran, non-seulement nous ne saurions nous délivrer de cette servitude, mais nous ne pouvons pas même faire de

(1) Voltaire, Essai sur les mœurs, Introduction, XLVIII, Ed. Beuchot, tome XV, page 218 et suiv.

(2) Bossuet, cinquième élévation de la puissance du démon, OEuvres complètes, tome VIII, page 522.

(3) Joann., XIV, 34, 44.

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