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ment même où le coup est parti, un faux pas. Il se serait relevé et aurait machinalement porté le bras en avant de sa figure. C'est ainsi que la balle, au lieu d'atteindre la tête, n'a fait que labourer la chair du bras droit, entre le poignet et le coude. L'os n'a pas été atteint.>>

ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

Séance du 25 mai. - PRÉSIDENCE DE M. DUPIN.

L'ordre du jour appelle la suite de la discussion sur le projet de loi électoral. Après le défilé ordinaire des pétitions montagnardes, M. de Flotte monte à la tribune, et l'ex-transporté donne une définition du socialisme, Il s'écrie ensuite :

Le pays ne s'est pas demandé de quel côté j'avais été en juin, si je m'étais trouvé de ce côté-ci ou de celui-là.

Voix à droite De quel côté étiez-vous?

M. DE FLOTTE. On me dit: De quel côté étiez-vous! Messieurs, j'accepte cette question comme un aveu, et je la renvoie à ceux qui m'ont envoyé ici.

Si vous ne le savez pas pour moi, de quel côté j'étais, vous ne le savez pas davantage pour ceux qui sont encore détenus, et contre cette ignorance, d'ici, je proteste. (Approbation à gauche.)

Après cette réponse, modèle de loyanté et de franchise démocratique, M. GRÉVY prend la parole. Il termiue sa longue dissertation en disant que l'Assemblée n'a aucune qualité pour faire des modifications à la Constitution.

M. LÉON FAUCHER. Lorsque l'on pend en effigie, dans quelques coins de faubourgs, les membres de la commission des 17, mon passé ne pouvait pas être à l'abri des calomnies.

Je ne suis ni étonné ni ému de ces calomnies, et je ne m'en plaindrais pas si on n'avait pas voulu les faire rejaillir sur la commission. (Très-bien!)

Il est très-vrai que l'Assemblée constituante, dans la lutte ardente de ses derniers moments, croyant voir en moi une barrière à renverser... (Interruption à gauche.) Il n'est pas dans ma dignité, il ne m'appartient pas de juger à mon tour ceux qui se portèrent mes juges; mais ce que je dois dire, c'est que le jugement que la Constituante a rendu a été cassé par la France entière. (Bruit à gauche.-Approbation à droite.)

Si j'avais eu besoin d'être relevé aux yeux de l'Assemblée législative, je l'aurais été par le témoignage de confiance, dont j'ai été honoré par elle, dont je suis fier et serai toujours reconnaissant. (Approbation.)

On s'est permis une allusion indécente. (Rumeurs à gauche.)

On a osé dire que j'avais fraudé le suffrage universel.

Jamais, ajoute l'orateur, il n'y eut élections plus pures, plus libres, que celles de l'Assemblée législative; les fonctionnaires avaient reçu du ministère de l'intérieur la mission de prêcher la concorde.

Si je voulais user de représailles, ne pourrais-je pas me demander s'il n'y a pas de la part de M. Favre une singulière audace, un singulier oubli à venir parler ici de la liberté des élections. (Très-bien! très-bien!)

M. FAVRE. Parlez-nous donc de vos dépêches!

M. LE PRÉSIDENT. M. Favre, vous avez occupé hier assez longtemps la tribune, (Rires.)

Voix: Trop longtemps !

M. L. FAUCHER. M. Favre vous a dit que sous le gouvernement provisoire il a été grand directeur des élections. J'ai bien le droit alors d'attaquer une circulaire qui a été publiée à cette époque et qui a révolté le sentiment public en France. (Très-bien ! trèsbien!)

Il y avait dans cette circulaire adressée aux commissaires, entre autres choses curieuses, celle-ci :

« L'élection est votre grande œuvre. »

Ainsi l'élection n'était pas l'œuvre du pays, elle était celle des commissaires. (On rit.)

Je continue:

« L'éducation du peuple n'est pas faite. (On rit.) Guidez-le. Provoquez les réunions

des comités électoraux. Examinez sévèrement les titres des candidats. Arrêtez-vous à ceux-là seulement qui aiment la République. Pas de coacession; travaillez au triomphe de la révolution. »

Une grosse voix de la Montagne : Très-bien!

Voix à droite: Et la liberté!

A la Montagne M. Faucher, trouvez quelque chose de plus fort.

M. THIERS. Ces messieurs sont difficiles. (Hilarité.)

M. LÉON FAUCHER. Alors on donnait l'ordre de combattre une candidature par tous les moyens possibles.

Voulez-vous savoir maintenant quels étaient les moyens avec lesquels était combattue cette candidature? Précisément ceux que M. Jules Favre et ses amis reprochaient souvent à l'ancien gouvernement, c'était la destitution des fonctionnaires publics. (Mo vement)

M. J. FAVRE. Citez-en un seul qui ait été destitué. (Marques de surprise.)
M. BOUVATTIER, se levant et s'indiquant lui-même. En voici un ! (Rires.)

M. L. FAUCHER. On me demande de citer les fonctionnaires qui ont été destitues on ferait aussi bien de me demander d'indiquer ceux qui ne l'ont pas été. (Nouveau: rires.)

Je vais, du reste, citer un exemple direct, et qui est, pour ainsi parler, la moralité di la pièce. Je rappellerai qu'à l'occasion de la candidature de M. Thiers, le recteur de l'tcadémie d'Aix a été destitué. (Mouvements divers.)

Une voix à gauche Vous êtes nos maîtres en destitution.

:

M. CARNOT. Le fait est faux, et je fais appel à M. Thiers lui-même (M. Thiers la un geste qui paraît indiquer qu'il ne sait rien.)

MM. MOUNET et FOURNIER échangent de leur place avec M. Carnot quelques vivos explications que nous ne pouvons entendre.

M. LÉON FAUCHER. L'honorable M. Jules Favre était directeur des élections au mo ment où, dans Paris, s'ouvraient des clubs dont les débats ont scandalisé Paris, et où,à la veille de l'élection, on agitait cette question: Jettera-t-on l'Assemblée constituante dans la Seine? (Mouvement.)

L'honorable M. Jules Favre était directeur des élections quand on préludait dat tous les clubs à l'invasion de l'Assemblée le 15 mai.

L'honorable M. Jules Favre était directeur des élections quand le gouvernement provisoire publiait une proclamation pour remercier les clubs de la décence et de l'indi pendance de leurs discussions. (Rires.)

L'honorable M. Jules Favre était directeur de l'Assemblée quand un sieur Longepied, armé de 100,000 fr., pris sur les fonds secrets, allait semer partout dans la province k désordre et la corruption. (Très-bien ! très-bien!)

L'honorable M. Jules Favre était directeur des élections quand la préfecture de palice, ce lieu qui dépend essentiellement du ministère de l'intérieur et d'où l'ordre doit des cendre sur la capitale, était devenu un repaire de bandits (Mouvement, conspiration et d'orgie. (Nouveau mouvement.)

un antre de

L'honorable M. Jules Favre était directeur des élections pendant que s'accomplissaient dans la capitale toutes ces merveilles de dignité, de liberté et d'indépendance. M. Léon Faucher termine son discours, et reçoit les vives félicitations de la majo

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Le 3 p. 100, 56 05 à 56 80. — Actions de la Obligations de la Ville, 1,280 00. Nouvelles Obliga

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tions, 1,132 50.5 p. 100 belge, 98 318. Emprunt romain, 79 414.

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L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY.

Paris, imp. BAILLY, DIVRY et Comp., place Sorbonne, 2,

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LUNDI 27 MAI 1850.

L'AMI DE LA RELIGION.

BREF DE N. S. PÈRE LE PAPE

(N° 3060.)

A MM. LES VICAIRES CAPITULAIRES DE CAMBRAI
Sur la Mort du Cardinal Giraud.

PIUS P. P. IX.

Dilectis filiis presbyteris vicariis capitularibus metropolitanæ Ecclesiæ Cameracensis.

pro

PIE IX, PAPE.

A Nos chers fils les prêtres vicaires capitulaires de l'Eglise métropolitaine de Cambrai.

Chers fils, salut et bénédiction apostolique.

J: Dilecti filii, salutem et apostolicam benedictionem. Vestris moestissimis litPar votre très affligeante lettre du 17 teris die XVII hujus mensis datis comde ce mois, vous Nous avez fait part de la municastis Nobiscum gravissimum sane douleur assurément très-profonde, dont luctum, quo, vos dilecti filii, una cum vous, chers fils, avez été pénétrés, isto clero, populoque fideli affecti fuis- ainsi que le clergé et les fidèles de cette tis ob mortem dilecti filii Nostri Petri Eglise, par la mort de Notre bien-aimé S. R. E. Presbyteri Cardinalis Giraud, fils, Pierre Giraud, Cardinal-prêtre de vigilantissimi istius diœcesis pastoris. la sainte Eglise romaine, très-vigilant Doluimus et Nos vehementer clarissimi pasteur de ce diocèse. Nous aussi Nous avons vivement déploré la perte de ce antistitis obitum, qui, egregiis tum anitrès-illustre Evêque, qui, non moins mi tum ingenii dotibus præstans, tanta distingué par les éminentes qualités du fide et pietate in Dei gloriam, et comcœur, que par les talents de l'esprit, missi sibi gregis salutem procurandam s'appliquait de tout son pouvoir, avec incumbere viribus studebat. Ac piis tant de foi et de piété, à procurer la vestris erga defunctum Nostra quoque gloire de Dieu et le salut du troupeau adjungimus officia, illius animam Divi- confié à sa sollicitude. Aux derniers denæ misericordiæ humiliter enixeque voirs que lui rend votre piété, Nous commendantes; et ingens sane deside-dant son âme à la divine miséricorde, joignons aussi les Nôtres, en recommanrium ea profecto spe solamur fore, ut ipse bene actæ vitæ et pastoralium suorum laborum præmium æternam felicitatem a justissimo Judice recipiat. Nihil autem Nobis optabilius, quam isti Ecclesiæ novum Pastorem quam primum præficere, qui virtutum ornatu fulgens istius gregis saluti studiosissime advigilet, atque proscipiat. Neque vero dubitamus, quin vos, dilecti filii, in vestro munere obeundo omnem curam, industriam, ac diligentiam impendere velitis, quo ista Ecclesia viduitatis suo L'Ami de la Religion. Tome CXLVIII.

par Nos humbles et instantes prières; et Nos regrets vraiment grands trouvent une consolation dans la ferme espérance qu'il doit recevoir du très-juste Juge l'éternelle félicité, en récompense de sa vie sainte et des travaux de son ministère pastoral. Et maintenant Notre plus grand désir est de préposer le plus prochainement à cette Eglise, un nouveau pasteur qui, brillant de l'éclat des vertus, veille et pourvoie, avec la plus grande sollicitude, au salut de ce troupeau.

Cependant, Nous ne doutons pas que

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tempore nullum detrimentum capiat. | vous, chers fils, n'ayez la ferme volonté Denique cœlestium omnium munerum d'apporter, dans l'accomplissement des auspicem, et præcipuæ Nostræ pater- devoirs de votre charge, tout le soin, le næ voluntatis testem apostolicam bene-zèle et la diligence nécessaire, pour dictionem intimo cordis affectu vobis que cette Eglise, durant le temps de son veuvage, ne souffre aucun détriment. ipsis, dilecti filii, cunctisque istius Ecclesiæ clericis, laicisque fidelibus peramanter impertimur.

Datum Romæ apud S. Petrum die 30 aprilis anno 1850, Pontificatûs nostri anno quarto.

PIUS P. P. IX.

Enfin, comme gage de tous les secours célestes, et en témoignage de Notre spéciale et paternelle bienveillance, Nous vous donnons avec amour, et du plus intime sentiment de Notre cœur, à vous-mêmes chers fils, à tout le Clergé et aux fidèles de cette Eglise, la bénédiction apostolique.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 30 avril 1850, la quatrième année PIE IX, Pape.

de notre Pontificat.

Lettre pastorale de Mgr l'Evêque de Langres.

La rentrée triomphale de Notre Saint-Père le Pape inspire à Mgr l'Evêque de Langres des réflexions et des enseignements de la plus haute portée. Le savant et vénérable Prélat, mêlé plus qu'un autre au mouvement des affaires publiques, a envisagé de plus près la marche et les desseins de la politique. Il tire de ce tableau des contrastes pleins d'éloquence, et il y trouve une magnifique occasion de rappeler aux gouvernements et à la société humaine leurs impres criptibles devoirs.

Nous donnons aujourd'hui la première partie de cette belle Instruction pastorale:

« Vous savez qu'après avoir, d'âge en âge, triomphé successivement des sanglantes persécutions du glaive, des sophismes acharnés de l'hérésie et de l'effroyable dépravation de ses propres enfants, l'Eglise catholique s'est trouvée en présence d'un ennemi nouveau que l'on peut appeler la politique des gouverne

ments.

« Cette politique, de quelque nom qu'on l'ait qualifiée, c'était au fond la cause des intérêts matériels et de l'orgueil humain luttant contre l'intérêt des âmes et le règne de Dieu. C'était la jalousie des puissances temporelles s'attaquant à l'existence même de l'Eglise, tout en paraissant ne porter atteinte qu'à ses formes extérieures.

Sans remonter aux époques, déjà bien reculées, où les Grégoire VII, les Innocent III, les Boniface VIII, luttaient, au péril de leur vie, contre les ambitions sacriléges ou les désordres scandaleux des puissances de la terre, il nous suffira de dire que, depuis deux cents ans surtout, la politique des gouvernements tendait constamment à refuser à l'Eglise, dans les divers degrés de sa hiérarchie, l'exercice de en autorité visible, à lui en contester même le droit, à la confiner systématiquen ert dans ses temples, à la tenir strictement isolée dans ses fonctions exclusivemen, spirituelles, afin que, ne se mêlant plus à la vie ex

térieure des peuples, elle n'eût plus aucune action sur leurs mœurs, et finit par être regardée comme une abstraction respectable, mais inutile, en attendant qu'elle disparût entièrement comme une pure chimère.

Ç'a été là, soyez-en sûrs, la grande et formidable conspiration des temps modernes contre l'Église de Dieu. Il est facile d'en suivre la trace depuis la déclaration pour le moins téméraire de 1682 jusqu'à la schismatique constitution civile du clergé en 1790; depuis les usurpations qui s'opérèrent sur le domaine de l'Eglise sous les noms de régale ou d'investiture, jusqu'à la spoliation violente et prétendue légale qui lui ravit d'un seul coup tous les biens dont l'avait très-légitimement dotée la piété des peuples; enfin, depuis le pouvoir irrégulier, et j'oserai dire sacrilége, que s'étaient arrogé les anciens parlements quand ils s'érigaient en tribunaux ecclésiastiques, jusqu'à notre législation actuelle des cultes qui a tout réglé dans l'Eglise sans l'Eglise, et qui est comme le résumé pratique de ce long système d'envahissement et d'oppression; cette législation toute profane en matière sainte, qui tantôt, par ses articles organiques, tranchait sans le concours du Saint-Siége, ou plutôt dénaturait les grandes questions concordataires, tantôt, par son décret du 30 décembre 1809, soumettait exclusivement aux lois humaines la gestion de tous les revenus ecclésiastiques, et qui, de la sorte, avait fini par remplacer le droit canon, c'est-à-dire les lois propres à la société chrétienne, au point d'en faire perdre jusqu'au souvenir, même dans la plus grande partie du clergé. Voilà, bien en abrégé, quelle fut cette persécution dernière, dont nous ne sommes pas encore sortis.

Et remarquez bien que ceux qui l'exerçaient n'étaient pas ordinairement des ennemis déclarés du christianisme; ils en étaient le plus souvent les disciples fidèles, et quelquefois les défenseurs zélés sur tout le reste. Ils ne voulaient donc pas l'attaquer comme religion; ils s'en seraient bien gardés: mais ils l'attaquaient comme société, et c'est pour cela qu'aux lois d'après lesquelles l'Eglise est gouvernée, ils substituaient la suprématie absolue d'une législation purement civile; c'est pour cela qu'ils lui interdisaient et la réunion de ses conciles, et la liberté de son enseignement, et l'acceptation publique des décisions souveraines émanées du Prince visible de ses pasteurs.

« On accordait bien aux fidèles, au nom de la liberté des cultes, la facilité de remplir tous leurs devoirs religieux; mais on ne voulait voir en eux que des individus et non pas les membres d'un corps divinement organisé.

« On laissait bien, par suite de la tolérance, c'est-à-dire peut-être de l'indifférence qui est dans nos mœurs, le prêtre catholique remplir son ministère tout spirituel, de même qu'on laissait le pasteur protestant ou le rabbin israélite se livrer à leurs fonctions spéciales; mais si, dans ce ministère sacré, le prêtre exerçait quelque autorité au dehors, s'il la manifestait sous la direction de l'autorité diocésaine par des actes révélant une puissance distincte et indépendante de la puissance séculière, on se récriait contre son usurpation, on se scandalisait de sa témérité.

C'est dans cet ordre d'idées qu'avaient prévalu certaines sentences ou certaines formules de langage, à l'aide desquelles on excluait de l'Eglise tout ce qui tient à l'essence d'une société visible.

« Ainsi, l'on disait que son royaume n'est pas de ce monde : ce qui est vrai sans aucun doute, en ce sens que les biens de ce monde ne sont ni l'objet ni la fin dernière de ses travaux, en ce sens qu'elle ne s'en sert que comme d'un instrument fragile et passager; mais ce qui est faux et condamné (1), si l'on entend

(1) Propositio affirmans abusum fore auctoritats Ecciesiæ transferendo illam ultra limites doctrinæ, ac morum, et eam cxtendendo ad res exteriores... quatenus indeter

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