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« Je connais assez, Monseigneur, votre cœur bienfaisant, pour être assuré d'avance de l'empressement que vous voudrez bien mettre au soulagement de ces infortunés, de la part du Père commun des fidèles, qui, dans son cœur, dans ses prières, ne saurait oublier non plus de demander à Dieu le repos et la consolation pour ceux qui sont si inopinément décédés.

«Veuillez agréer...

Signé † R. Archevêque de Nicée, nonce apostolique.
<< Pour copie conforme

GUIL., Ev. d'Angers. ›

Affaires ecclésiastiques du Piémont.

Mgr l'Archevêque de Turin est toujours enfermé à la citadelle. Il reçoit un grand nombre de visites de personnes distinguées qui se font un devoir d'aller lui témoigner leurs sentiments de respect, de chagrin et de sympathie. La foule a été grande dans les diverses églises, où des prières publiques se sont faites pour l'illustre Prélat.

Avec le calme et la sérénité qui ne l'abandonnent jamais, il a rcfusé de répondre à l'interrogatoire auquel on prétendait le soumettre, comme aussi de signer le procès-verbal de la démarche tentée à ce sujet auprès de lui par le tribunal.

Le ministère aura-t-il à se féliciter d'avoir engagé, et sur des motifs si peu plausibles, une question à laquelle va prendre part tout l'Episcopat du royaume? ou, voudrait-il amener une rupture éclatante entre l'Eglise et l'Etat ? On serait tenté de le croire en voyant l'esprit dans lequel la loi a été faite, et l'empressement brutal qu'on a mis à l'appliquer à un des Evêques les plus vénérables. Dans ce cas, le ministère fera bien de savourer promptement les douceurs du triomphe que lui décernent les journaux antireligieux et toute celte populace payée pour crier: Viya Siccardi, et casser les carreaux des honnêtes gens; car, ou une énergique réprobation de la naiion le forcera bientôt à se retirer, ou ceux dont il satisfait à présent les passions ne tarderont pas à le chasser comme trop modéré.

Nouvelles Religieuses.

DIOCÈSE DE BLOIS.-Le faubourg de Vienne, à Blois, manquait d'un établissement convenable pour une école primaire; et cette ville, déjà obérée, ne pouvait en supporter la dépense.

Un des Frères de la doctrine chrétienne eut la généreuse pensée de proposer de faire les avances nécessaires jusqu'à concurrence de 14,000 fr., dont il abandonnerait la nu-propriété à la ville, moyennant qu'on paierait la rente via ère de cette somme à lui et à sa sœur, à raison de 4 un quart pour cent.

La ville accepta, et consentit à payer un supplément de 1,000 fr. en frais de

construction.

M. le ministre de l'instruction publique a accordé à la ville une somme de cinq mille francs, qui permet de couvrir les dépenses faites en dehors du devis,

et de compléter le mobilier de l'école; la ville se trouve ainsi, en définitive, dotée d'un fort bel établissement sans qu'il lui en ait presque rien coûlé.

DIOCÈSE DE RENNES. Dimanche matin, avis a été donné aux fidèles par une circulaire épiscopale, que le Souverain-Pontife a octroyé en faveur du diocèse de Rennes la permission déjà accordée à d'autres diocèses de France, d'ajouter aux litanies de la sainte Vierge l'invocation: Regina sine labe CONCEPTA, en l'honneur de l'Immaculée Conception, et à la préface de la Conception de la TrèsSainte-Vierge le mot : IMMACULATA après ceux-ci : et te in Conceptione.

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Cette nouvelle arrivant au milieu du mois consacré spécialement au culte de Marie, est d'une opportunité touchante pour tous les cœurs dévoués à la gloire de cette divine Mère. On se rappelle que le Concile de Rennes avait par une acclamation unanime sollicité un décret du Saint-Siége qui déclarât dogme de foi cette pieuse et filiale croyance de l'Eglise. On ne peut guères douter que ces concessions partielles du Souverain-Pontife ne soieut un acheminement vers la réalisation complète du vou exprimé par nos vénérables pères dans la foi. ON ÉCRIT DE MARSEILLE : L'ostensoir que Mgr Mathieu va porter au Pape, au nom de la province ecclésiastique de Besançon, avait été confectionné à la fin de l'empire par ordre de Marie-Louise : les événements survenus avant l'entière exécution de l'ouvrage ne permirent pas que la commande impériale eût son effet. Cet objet précieux vient d'être vendu par les héritiers de l'artiste qui l'avait fait, et le Concile de Besançon a profité de cette occasion pour en faire hommage au Saint-Père. Ce magnifique présent devra être d'autant mieux accueilli, que l'ostensoir est d'une hauteur inaccoutumée pour l'Italie, où ces soleils eucharistiques n'ont pas plus d'un pied, tandis que celui-ci en a quatre. La beauté des détails répond à la dimension.

DIOCÈSE D'AMIENS.

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Mgr l'Evêque est parti pour Bruges. Le prélat se rend dans cette ville pour le Jubilé du Précieux Sang.

la

Séance de l'Assemblée. On s'attendait à une séance de chiffres, on a eu une séance d'orages. Aussi bien, avec la mobilité, et qu'on me permette ce barbarisme, avec l'impressionnabilité du caractère français, quand il y a de l'émotion dans l'air extérieur, bon gré mal gré, à propos ou hors de propos il faut qu'elle éclate au sein du Parlement. Il n'y a pas d'ordre du jour qui y tienne : lorsque les partis s'excitent et se mesu rent, les premiers coups se portent dans l'arène parlementaire. Les impatiences hostiles ne peuvent pas attendre le jour fixé pour lulle, et elles y préludent par de violentes affaires d'avant-garde. L'animation était grande avant l'ouverture. Le retrait du brevet de l'imprimeur Boulé, qui prêtait ses presses à la Voix du Peuple, à la République, à je ne sais quelle feuille révolutionnaire encore, avait blessé la Montagne au cœur. On annonçait de plus la saisie de la Presse et quelques autres actes de vigueur du ministère. Tout cela, grossi de ce besoin de scandale, qui fait la vie de l'Opposition, a crevé comme un nuage, à l'occasion des interpellations de M. Chauffour. Certes, le prétexte était bien futile. Il n'y a au fond, entre M. Chaulfour et M. le ministre de l'intérieur, qu'une querelle de procédure:

les délais dont parle la loi électorale, pour la convocation des colléges après démission, doivent-ils courir du jour de l'insertion au Moniteur, ou du jour de la notification par le président de l'Assemblée au ministre ? L'usage et une combinaison de textes se prononcent pour la notification.

Cette simple explication coupait court à tout. Ce n'était pas le compte de M. Mauguin. M. Mauguin était encore sous le poids de la défaite assez rude que lui avait infligée hier son ancien confrère, M. Baroche. La rancune aidant, il est revenu à la charge: « M. le ministre, s'est-il écrié, a l'habitude de violer les lois! » La Montagne applaudit. « Je somme M. Mauguin de s'expliquer, et de venir dire ici, et tout de suite, quelles lois j'ai violées; sinon, je le tiens pour un calomniateur! » répond le ministre, aux acclamations de la Droite. M. Mauguin monte à la tribune, se drape assez piètrement dans sa dignité, et déclare qu'il prendra son temps et qu'il s'ajourne au 22: c'est la date à laquelle ont été remises ses interpellations du mois passé. L'Assemblée rit et s'exclame, et M. Mauguin, honteux et muet, est cloué sur son banc, d'où il ne se relève pas malgré les nouvelles sommations du ministre. La Montagne était fort sotte de cette déconvenue. Pour la cacher, M. Noël Parfait se démène et se récrie. « A la tribune! à la tribune!» lui dit-on de toutes parts. « Je vous somme aussi de vous expliquer, » reprend M. Baroche. Et M. Noël Parfait, assez embarrassé de son personnage, s'en vient déclamer trois phrases sur la violation du Droit de Pétition; puis il descend, au milieu des rires et des huées.

La campagne n'était pas brillante. M. Dupont (de Bussac), une des ressources de l'Opposition, fait un dernier effort. Du ton le plus calme et le plus cauteleux, il demande compte au cabinet du retrait du brevet de M. Boulé. On était loin des élections de Strabourg. « Je suis à vos ordres, répond M. Baroche. Voici la loi de 1814 le brevet pourra être retiré après un jugement encouru pour contravention aux lois et règlements. M. Boulé a été condamné en 1848... » Exclamations furieuses de la Montagne. M. Baroche garde le plus admirable sang-froid, laisse passer le tumulte et reprend : « M. Boulé a été condamné une seconde fois en 1849. » A ce mot, la Gauche se tait et la Droite applaudit. « Et en 1850! ajoute le ministre; voici les jugements et les arrêts! » On ne se figure pas l'effet de cette simple constatation. La Montagne était atterrée et la majorité bondissait d'aise. Rien n'était comparable à ce triomphe. M. Baroche l'a complété par quelques paroles de la plus grande énergie et d'une ad:nirable résolution; l'Assemblée s'y est associée avec un ardent enthousiasme.

En vain M. Pascal Duprat d'abord, M. Dupont (de Bussac) ensuite se sont-ils remis en scène, l'un avec toute l'enflure de sa rhétorique retentissante, l'autre avec ses arguties d'avocat ; ils n'ont fait que s'attirer une réplique d'une vigueur sans pareille. Le talent de M. Ba

roche, son courage, sa présence d'esprit l'ont mieux servi que jamais. Cette séance l'a encore grandi dans l'opinion. Il a dû être satisfait, comme homme de gouvernement, de l'adhésion franche et complète de la majorité la majorité est heureuse de le voir aux affaires dans les circonstances graves qui nous attendent, et elle compte sur lui. C'est une assurance qu'il n'était pas nécessaire de formuler sans doute aux yeux du pays, mais que M. Piscatory s'est empressé de donner au pouvoir du haut de la tribune. L'intention était excellente: elle cût pu être accomplie avec plus de bonheur dans l'expression. Quoi qu'il en soit, et c'est l'immense résultat de cette séance, l'union et la concorde de toutes les nuances du parti de l'ordre se resserrent et se manifestent plus que jamais. Vienne le jour du péril, la France sait qu'elle trouvera la majorité aussi compacte et aussi énergique qu'aux premiers moments de la législature!

Les articles complémentaires du budget ont été votés sans discussion. M. le rapporteur a proposé et l'Assemblée a adopté un amendement qui répare en très-grande partie le mal que pouvait produire l'adoption irréfléchie de la proposition de M. Chauvin.

Un vote définitif a eu lieu sur l'ensemble du budget des dépenses. Il s'est encore trouvé 184 Montagnards pour voter contre. Quel pa

triotisme!

Après quelques autres votes de crédits sans importance, la séance a été levée.

TROUBLES DU CREUZOT.

Les troubles du Creuzot peuvent être considérés comme apaisés. Un détachement de deux cent cinquante hommes du 13° léger, aidé de soixante gendarmes, a suffi pour rétablir l'ordre. Les principaux meneurs de la révolte ont été arrêtés et conduits à Autun. Des forces militaires plus considérables se concentrent sur ce point. La plupart des ouvriers ont repris leurs travaux. Les mineurs seuls restent en grève.

Voici en quels termes la Voix du Peuple appelait hier ses adhérents à ce que les journaux révolutionnaires nomment l'exercice du droit de pétition :

<< Pétitions! Pétitions! Pétitions!

Le temps presse; un jour, une heure, un moment perdu, sont un crime. Debout tout ce qui a du feu dans la poitrine, de la force dans l'âme! Debout tout "ce qui veut la Constitution, tout ce qui est républicain, tout ce qui est peuple! Debout Paris et les départements! Debout la France entière! Que chaque nom SOIT UN PAVÉ, CHAQUE SIGNature un fusiL, CHAQUE PÉTITION UNE BARRICADE, -et nous verrons quelle armée pourra vaincre cette révolution du pétitionne

.ment. >>

On serait tenté de s'écrier: C'est de la frénésie!

Mais non! ce n'est même pas cela! Car il faut bien penser que de tels écrits sont rédigés à froid, tranquillement, au coin d'un pacifique bureau, avant d'être jetés comme d'irrésistibles amorces à ces pauvres fanatiques qu'on espère précipiter au combat.

En reproduisant le Règlement d'administration publique pour l'élection au conseil de l'enseignement, et le Rapport qui l'a précédé, nous nous sommes bornés à prendre acte de quelques déclarations, textuellement insérées dans la seconde de ces pièces et qui rendent hommage au DROIT SUPÉRIEUR de NN. SS. les Evêques.

Après avoir purement et simplement enregistré ces courtes citations, nous ne sommes pas entrés le moins du monde dans l'appréciation de la valeur intrinsèque ni même de l'opportunité relative de l'acte administratif dont il s'agit et des dispositions qu'il contient.

L'Univers ne nous fera pas sortir de notre réserve, même en la travestissant de la manière la plus étrange.

Le croirait-on pourtant? Il a trouvé moyen d'accuser à ce sujet l'Ami de la Religion, d'avoir usurpé l'initiative du jugement et de la discussion qui n'appartiennent qu'à l'Episcopat!

Si cette allégation devait être prise au sérieux, ce serait un procédé que nous nous bornerions à signaler, et contre lequel toute autre protestation serait superflue.

Si, au contraire, l'Univers se moque; si, rappelant ironiquement l'admirable lettre de Mgr l'Evêque de Langres sur l'intervention des journaux dans les affaires de l'Eglise, l'Univers a prétendu insinuer que les sages et salutaires conseils du vénérable Prélat sont illusoires ou inapplicables, nous ferons trois observations:

1° Nous dirons qu'il a bien mal choisi son exemple;

2° Nous regretterons qu'il semble ne pas pouvoir mettre un peu de gravité et de respect dans ses incessantes polémiques, lors même qu'il entreprend d'atténuer l'effet et l'autorité d'une parole qui a tant de titres à être religieusement écoutée par tous les catholiques de France;

3° Pour ce qui nous concerne, nous ajouterons enfin qu'il peut tant qu'il voudra railler l'obéissance et la soumission de l'Ami de la Religion aux directions de l'illustre Prélat.

L'Ami de la Religion ne fait point parade, mais il ne rougit point non plus de sa soumission et de son obéissance aux directions qu'on veut bien lui donner. Bien plus, il se croirait coupable de s'y soustraire et de s'y refuser avec amertume, au lieu de les recevoir avec vénération et reconnaissance. Toujours il a tâché, autant qu'il a dépendu de lui, de s'y montrer fidèle et de s'y conformer. Il continuera de même; et si l'Univers a réellement ressenti les inquiétudes singulières et la douleur imprévue qu'il témoigne ce matin, a propos du changement prétendu de nos dispositions, nous lui affirmons qu'il peut se rassurer complétement à cet égard.

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