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Chronique et Faits divers.

On a remarqué qu'hier, à la soirée de l'Elysée, MM. Molé, de Broglie et Thiers se sont entretenus longtemps avec le Président. Les invitations avaient été res treintes à une portion de l'Assemblée, aux généraux, aux chefs de corps et à quelques membres du corps diplomatique.

(Patrie.) -Le comité de l'Union électorale a décidé dans sa réunion d'hier que le candidat proposé au parti de l'ordre, dans l'élection du 28 avril, serait M. Fernand Foy.

Le comité a pensé que le scrutin du 10 mars, qui porté M. Fernand Foy à la tête de la liste modérée avec 125,000 voix, était le scrutin préparatoire le plus décisif. (Id.)

- La commission de la presse a entendu aujourd'hui MM. les ministres des finances et de l'intérieur, qui ont fourni de nouveaux documents. Elle s'est ajournée à demain matin samedi, à onze heures, pour se mettre d'accord sur un projet définitif.

-On vient de découvrir, près d'un village du Piémont, une quantité assez considérable de médailles de cuivre, en partie argentées; elles sont pour la plupart très-bien conservées et portent les empreintes de onze empereurs romains, depuis Gallien jusqu'à Maximien.

Les dernières nouvelles d'Irlande sont plus favorables que celles que l'on a reçues depuis bien longtemps. Les travaux agricoles ont été secondés par une excellente température.

Numéros de la Loterie des Artistes

QUI ONT GAGNÉ DES LOTS IMPORTANTS.

286,682, service peint sur porcelaine, 20,000 fr.; 624,165, service de vermeil, 10,000 fr.; 516,458, parure de diamants, 5,000 fr.; 811,921, Bellangé (l vieille garde à Waterloo), 6,000 fr.; 925,895, Jaley (l'amour et la tortue), marbre, 3,000 fr.; 654,854, piano à queue, d'Erard, 5,000 fr.; 908,780, Pradie (bronze), 3,000 fr.; 553,505, piano de Pleyel, 5,000 fr.; 882,596, Feuchères bronze (enlèvement des Sabines), 3,000 fr.; 69,744, nécessaire en vermeil, 3,000 fr.; 343,609, Lapito, paysage, vue d'Italie, 2,000 fr.; 239,560, Ch. Lefebvre (Saint-François-d'Assise), 2,000 fr.; 529,071, Jules Coignet (le Château d'Eu rope), 2,000 fr.; 451,478, Eugène Giraud (les trois âges), 2,000 fr.; 227,189 marine, 2,000 fr.; 700,150, un vase de porcelaine de Sèvres, 1,800 fr.

Tableaux et bronzes à 1,500 fr.: 742,299; 890,266; 683,782; 198,475. 874,715; 518,759; à 1,000 fr.: 580,265; 520,759; 40,844; 495,601; 396,611 928,696; 71,405; 594,438; à 500 fr.: 466,519; 912,740; 450,959; 802,751 936,006; 136,27; 769,900; 639,525; 150,440; 55,079; 61,617; 265,012; 473,302 65,100.

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BOURSE DU 5 AVRIL.

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· Actions de la

Le 5 p. 100, 90 15 à 89 50. - Le 3 p. 100, 56 00 à 55 60. Banque, 2,170. Obligations de la Ville, 1,272 50.- Nouvelles Obligations. 1120.5 p. 100 belge, 99 010. Emprunt romain, 78 518.

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L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY.

Paris, imp. BAILLY, DIVRY et Comp., place Sorbonne, 2.

DIMANCHE 7 AVRIL 1850.

[(N5010)

L'AMI DE LA RELIGION.

Des conditions nécessaires de la durée et du progrès pour la société française.

Si le contrat social donné à l'homme sur le mont Sinaï est indissoluble, et si la raison ne peut substituer à cette œuvre divine que des chimères ou des calamités; si, d'un autre côté, le contrat politique, œuvre de l'homme, ne peut jamais atteindre la perfection que les législateurs poursuivent vainement, depuis un demi-siècle, à travers tant de désastres; quel espoir reste-t-il à la société française d'améliorer sa condition sociale et politique ?

A cette question la réponse est facile : Si la société française persiste à chercher le progrès, sans autre guide que la trompeuse infaillibilité de la raison, si elle reste dans la voie où l'orgueil aveugle et infini des philosophes du dernier siècle l'a entraînée, elle ne recueillera que d'amères déceptions et d'implacables haines; si, au contraire, la société française appelle à son aide les lumières de cette raison supérieure dont les générations précédentes avaient accepté et reconnu la bienfaisante autorité, elle assurera, non-seulement la paix entre les hommes, mais encore le développement de la civilisation qu'ils ont droit d'ambitionner.

Il y a un demi-siècle que les novateurs les plus audacieux ont résumé toutes les espérances de la civilisation dans une formule célèbre qui est encore aujourd'hui le symbole des plus modernes et des plus téméraires prophètes. « Liberté, égalité, fraternité, dit M. « Pierre Leroux, sont les trois mots de l'humanité et la fortune de la a révolution. »

M. Pierre Leroux a dit vrai en ce sens que le monde est séduit par l'attrait de ces principes, et que la révolution tire toute sa force de son dévouement hypocrite à leur réalisation. Mais M. P. Leroux se trompe lorsqu'il espère formuler une théorie sociale et politique qui établisse parmi les hommes le règne de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. On a pu voir que des législateurs plus habiles et plus audacieux avaient échoué à une époque où ils étaient secondés par les illusions d'une génération facile à passionner pour toutes les erreurs; on a pu voir comment on avait sacrifié à l'espoir d'une réforme idéale un contrat politique adopté par une longue suite de siècles, comment ceux qui avaient tout à perdre ont mis la main à la sape et à la mine non moins ardemment que ceux qui avaient tout à gagner, et avec quelle liberté on a forgé les lois qui devaient nous assurer les bienfaits de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. Cependant, il faut bien le reconnaître, malgré ces universels efL'Ami de la Religion. Tome CXLVII.

forts, malgré ce concours loyal de toutes les volontés, on n'a pas fait un progrès réel dans l'application de ces principes; au contraire, plus on a voté de décrets pour atteindre ce but, plus on s'en est éloigné et plus on a propagé l'oppression et la haine, à tel point que le dernier mot de la grande réforme révolutionnaire a été le règne de la terreur.

Ce n'est pas à dire que la liberté, l'égalité et la fraternité soient des principes sans application possible, mais seulement qu'il y a de la démence à vouloir établir, de par la loi humaine, le règne pacifique et incontesté de ces principes, et que le législateur aveugle, qui poursuit cette séduisante chimère, ne décrètera jamais que des thèmes féconds en utopies extravagantes et en commentaires sanglants.

Si la France veut donner quelque réalité à ses rêves de liberté, d'égalité et de fraternité; si elle veut assurer le paisible développement de ces principes, qu'elle se rappelle avec quelle sagesse, quelle infatigable constance l'Eglise les a propagés depuis dix-huit cents ans. Si l'œuvre a été lente, c'est parce que la loi religieuse elle-même a été trop long-temps sans empire sur les sociétés, et parce qu'elle n'a presque jamais régné en même temps sur les forts et sur les faibles.

On doit comprendre qu'il ait fallu beaucoup de temps à l'Eglise pour renverser les idoles du vieux monde et pour ramener les hommes à des idées plus justes sur la Divinité; cependant cette entreprise n'était pas la plus difficile, il y avait dans les dogmes chrétiens des séductions puissantes, des idées d'anoblissement et de rédemption qui relevaient l'homme à ses propres yeux, et lui faisaient mépriser les idoles qui l'avaient abaissé en abaissant la Divinité elle-même. Une tâche plus pénible était celle de renverser les principes que le paganisme avait infiltrés dans les habitudes et pour ainsi dire dans le sang des peuples. Cette régénération, qui semblait impossible, a été poursuivie avec une infatigable persévérance et une religieuse ardeur. Souvent la semence est tombée sur un terrain ingrat où elle ne pouvait éclore; mais elle a porté les plus heureux fruits partout où elle a rencontré un champ fertile, partout où un rayon de soleil est venu réchauffer son immortelle sève.

Et pourquoi ce privilége d'une action lente et sûre? pourquoi cette progression pacifique et constante vers la liberté, l'égalité et la fraternité sous l'empire de la religion? Parce que le catholicisme, en publiant le premier ces principes, que les socialistes modernes ont trouvés assez larges pour les écrire sur leur drapeau, a enseigné en même temps les limites qu'il ne fallait jamais franchir; et telle a été son intelligence des droits et des devoirs de l'homme, des exigences de la liberté et des nécessités de l'ordre, qu'il a surpassé sous ce double rapport tout ce qui avait été fait par les législateurs précédents, depuis le commencement du monde.

Les philosophes païens avaient parlé de liberté, mais ils avaient condamné la majorité de l'espèce humaine au plus dur esclavage; le catholicisme, en promettant la liberté à tous, a su écrire la règle qui pouvait en conjurer les périls, car il a dit à l'homme : « Ne fais « pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'on te fasse à toi-même. >> Le principe et la limite de la liberté se trouvent à la fois dans cette maxime.

Les païens n'avaient compris l'égalité que par exception pour les races privilégiées; l'égalité régnait parmi les esclaves comme parmi les maîtres, mais entre les premiers et les seconds il y avait la distance d'un homme à une brute. Le catholicisme a seul proclamé le principe d'une égalité réelle, lorsqu'il a dit que tous les hommes étaient fils d'un même père et tous égaux devant Dieu. Mais en même temps il ne leur a pas promis l'égalité des biens et des jouissances, égalité chimérique que repoussent toutes les lois de la nature. Il a reconnu, au contraire, le principe de l'inégalité des droits et des devoirs dans la société, lorsqu'il a recommandé aux grands la bienveillance et aux petits la soumission. Tout ce qui était humainement possible pour adoucir l'inégalité des conditions sociales, pour rétablir l'équilibre entre le fort et le faible, il l'a fait en enseignant à tous le principe de la fraternité; principe sacré que les anciens ne pouvaient pas même connaître et qui a fondé, dans le moyen âge, à côté des institutions charitables les plus fécondes, des institutions sociales non moins précieuses, notamment ces confréries à la fois civiles et religieuses qui ont été la première organisation du travail, et jusqu'à ce jour, la seule qui ait porté d'heureux fruits. Ainsi, d'une part, l'esclavage aboli, le monde chrétien couvert d'innombrables asiles ouverts à la misère et à la piété; d'autre part, les mœurs païennes purifiées, la tyrannie des barbares mitigée, la législation du travail régularisée, en un mot les principes de liberté, d'égalité et de fraternité successivement introduits dans les institutions françaises, telle a été l'œuvre de l'Eglise chrétienne.

Qu'a-t-on proposé pour accélérer le développement d'une civilisation si laborieusement et si heureusement conquise? qu'a-t-on inventé, depuis l'origine du monde et dans ces derniers temps, pour amener l'humanité à l'application immédiate et absolue de la liberté, de l'égalité et de la fraternité? Des utopies aussi usées que criminelles, une liberté absolue habilement déguisée par les comédiens du socialisme, mais franchement appelée anarchie par le seul réformaleur qui ait le courage de son opinion; une égalité absolue, qui n'est elle-même qu'une suprême inégalité, et qui a été condamnée il y a longtemps par un philosophe païen dans des termes qui semblent écrits pour notre époque : « Si semblable honneur, a dit Cicéron, est « exactement rendu aux hommes les plus éminents et aux plus in⚫ fimes, il est inévitable que l'égalité même devienne la plus injuste « inégalité. » Une fraternité enfin qui est la négation de la fraternité.

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En effet, dans l'état socialiste où, de par la loi, tous les hommes sont tenus de vivre en frères, où la part de chacun est fixée d'avance par une autorité souveraine, la fraternité n'est plus qu'un vain mot. Cette vertu sublime, qui ne peut se concevoir qu'au sein même de la liberté, ne pourrai! plus exister sous le despotisme de la loi socialiste, et les générations appelées à la subir perdraient jusqu'à l'idée même de la fraternité. Là où il n'y aurait plus de propriété, où chaque citoyen aurait une ration égale de pain et de vin, quel mérite auraient les hommes à vivre dans une fraternité qu'ils seraient forcés de subir? Le christianisme entend mieux la fraternité; il la veut libre avant tout, il la veut sublime jusqu'à l'abnégation la plus absolue; il dit aux hommes : « Si vous n'aimez que ceux qui « vous aiment, quelle récompense en aurez-vous? » Dans la fraternité socialiste, on ne peut aimer ni être aimé, le dévouement et le sacrifice sont sans objet et sans but. L'élat socialiste parfait est un état dans lequel il n'y a ni bonheur ni malheur, ni vice ni vertu, et, en définitive, ni liberté, ni égalité, ni fraternité réelle. On a dit : Le socialisme c'est la barbarie; on s'est trompé; c'est moins que cela encore, c'est l'état le plus voisin de celui des bêtes fauves.

On a pu voir comment l'Eglise assurait le développement des principes de liberté, d'égalité et de fraternité; on a pu apercevoir le secret de cette puissance dans une sagesse prévoyante qui a su donner des limites à ces principes en les proclamant, et dans une intelligence vraiment divine de la nature des hommes et des choses, qui, en modérant les passions et en développant les vertus, travaille d'une main sûre à la perfection des lois. Le législateur, au contraire, qui a cherché la perfection des lois pour conduire l'homme à la civilisation, agissait en sens inverse de la nature des choses, et toujours il a été impuissant à réaliser les espérances de l'humanité.

Les lois constatent la civilisation d'un peuple, elles ne la font pas. Que l'homme obéisse à l'ardeur irrésistible qui l'entraîne vers le progrès, qu'il cherche à faire chaque jour un pas vers la perfection du contrat politique et du contrat social, cette ambition est légitime; mais qu'il n'oublie jamais, dans cette périlleuse carrière, les conseils que Washington adressait dans sa lettre d'adieu aux Etats-Unis:

« La religion et la morale, dit le libérateur de l'Amérique, sont les « appuis nécessaires de la prospérité des Etats. En vain prétendrait«il au patriotisme, celui qui voudrait renverser ces deux colonnes « de l'édifice social. Le politique, ainsi que l'homme pieux, doit les « révérer et les chérir. Supposons même un moment que la morale « puisse se soutenir seule. L'influence qu'une éducation très-soignée « aura peut-être sur des esprits d'une trempe particulière, la raison << et l'expérience nous défendent de l'attendre de la morale de toute <«< une nation, sans le secours des principes religieux (1). »

E. DE VALMY, ancien député.

(1) Nos lecteurs sauront gré à M. le duc de Valmy de la communication qu'il a bien

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