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de Portugal à Athènes en 1837. Sa conduite excita tant de réclamations que son gouvernement le destitua en 1842. Il fallut que le gouvernement grec intervint pour lui faire céder à son successeur les archives du consulat qu'il voulait retenir de force. En 1844, il présenta au Portugal une demande en indemnisation des pertes qu'il prétendait avoir éprouvées au service de ce royaume; il s'agissait d'une vingtaine de millions. Sans discuter le fond de la demande, le Portugal répondit par une fin de non-recevoir, parce que M. Pacifico n'avait fait qu'en 1844 une réclamation qui aurait dû être faite en 1837, terme fixé par une loi pour ces sortes de demandes et que M. Pacifico connaissait parfaitement. Cependant, on passa outre à la liquidation, et il demeura prouvé que la créance se bornait à très-peu de chose. Ce qui le prouve, c'est que M. Pacifico demanda en 1835 le consulat de Maroc, déclarant, par une pièce conservée au ministère, qu'il regardait cette place comme une indemnisation suffisante de toutes ses pertes. Et pourtant les prétentions de M. Pacifico entrent pour beaucoup dans les griefs dont l'Angleterre appuyait une démarche qui pouvait mettre le feu aux quatre coins de l'Europe! Cette conduite est sévèrement jugée, même en Angleterre.

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TURQUIE. SMYRNE, 17 avril. Une nouvelle insurrection a éclaté dans l'île de Samos. Après la révolte de l'année dernière, tous les chefs avaient été chassés de l'île, à l'exception d'un seul, A. Lekatho, homme entreprenant et influent qui s'était fortifié dans le village de Leka, bravant l'autorité. Jeudi dernier, 250 hommes, cernant le village pendant la nuit, arrêtèrent Lekatho et le conduisirent à Baths, où réside le gouverneur.

Le vendredi, 12 avril, Mustapha-Pacha fit venir l'Archevêque et les primats grecs, et les força d'accompagner Lekatho que l'on promena dans la ville assis sur un âne dont il tenait la queue dans les mains. Dans l'après-midi, les Grecs furieux prirent les armes et commencèrent le combat avec les troupes ottomanes. Au départ du courrier, l'on entendait encore le bruit de l'artillerie et l'on voyait arriver sans cesse des fuyards et des blessés.

On dit qu'aujourd'hui 80 Turcs blessés sont arrivés ici.

ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

Séance du 15 mai.-Présidence de M. LE GÉNÉRAL BEDEAU, VICE-PRÉSIDENT. L'Assemblée vote successivement et sans discussion les derniers chapitres du bud

get.

M. CHAUVIN demande, par une disposition additionnelle, que les dépenses non autorisées par l'Assemblée restent à la charge du ministre responsable.

M. MAUGUIN appuie l'amendemeut.

M. FOULD, ministre des fiuances. Il est impossible qu'un ministre ordonnance des dépenses pour lesquelles il n'y a pas de crédit voté.

M. FAVREAU. Oui; mais il est possible que le ministre ordonne des dépenses pour lesquelles un crédit ne serait pas voté. L'affaire du tombeau de l'empereur Napoleon le prouve:

M. ROUHER, ministre de la justice. L'amendement de M. Chauvin se rallie très-directement à la loi sur la responsabilité des ministres qui doit être présentée. (Bruit à gauche.) Ce sera là un de ses articles les plus importants.

La commission du budget n'a pas même été appelée à discuter sur la proposition de M. Chauvin. Cette question est trop importante pour être discutée incidemment. A gauche Cela vous fait peur.

M. ROUHER. Pas le moins du monde; et je déclare que si l'on voulait remonter dans un passé récent, il y en aurait d'autres qui auraient beaucoup plus peur que moi. (Rires.

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Approbation.)

A droite: Oui, les comptes du gouvernement provisoire. (Nouveaux rires.)
Voix Renvoi à la commission.

M. BERRYER. La commission du budget n'accepterait aucun renvoi; elle n'a point à délibérer sur un principe engagé dans une loi spéciale.

L'amendement de M. Chauvin est adopté.

M. COLFAVRU dépose des pétitions signées par les habitants de la Seine contre le projet sur la loi électorale. (Ah! ah!)

La séanée est levée à six heures et un quart.

Chronique et Faits divers.

Le Président de la République a nommé M. Petit de Bantel, préfet du département de l'Aube; M. Besson, de la Haute Garonne; M. Vallon, de Maine-etLoire; M. Guyot, de l'Eure; M. Jourdain, de la Lozère; M. Dieu, de la HauteSaône; M. Luçay, de la Mayenne; M. de Saint-Marsault, de la Moselle; M. Tonnet, des Deux-Sèvres; M. West, du Bas-Rhin; M. de Durckeim-Montmartin, du Haut-Rhin; M. Haussman, de l'Yonne; M. Jeanin, de la Vienne; M. Bruno-Devès, du Finistère.

- Avant-hier, vers minuit, la place de Laborde, située près de la rue du Rocher, derrière la caserne de la rue Verte, a été le théâtre d'une lâche agression, dont a failli périr victime le sieur Martelet, maître menuisier et logeur en garni, rue Saint-Jean-Baptiste, 8. Comme il regagnait son domicile en compagnie de quatre de ses amis, une bande d'individus, au nombre de dix ou douze, se sont précipités sur eux, et s'acharnant plus particulièrement sur le sieur Martelet, l'ont frappé avec tant de fureur, que ce malheureux, renversé, couvert de blessures et de sang, est resté sans mouvement sur le pavé jusqu'à ce que les habitants des maisons les plus voisines pussent venir à son secours.

D'après les premiers renseignements recueillis, cette attaque odieuse aurait pour cause un sentiment d'animosité qu'aurait inspiré à quelques mauvais ou vriers l'empressement avec lequel le sieur Martelet aurait pris les armes aux affaires de juin pour combattre l'insurrection. Plusieurs des voisins croient avoir reconnu parmi ceux qui l'ont assailli des individus qui avaient été, à cette époque, transportés, et qui ont été récemment graciés. La justice est saisie, et l'un des substituts du petit parquet s'est déjà transporté près du blessé pour recevoir sa déclaration.

La cour d'appel de Nancy vient de décider que le fait, par un journal, d'avoir ouvert une souscription dont le produit, destiné aux instituteurs révoqués, pouvait éventuellement servir à indemniser des journaux des condamnations à des amendes dont ils seraient frappés, était passible de la peine prévue par l'art. 5 de la loi du 27 juillet 1849.

Le 5 mai, a eu lieu à Ajaccio l'inauguration de la statue du premier consul, œuvre de M. Laboureur. Toutes les autorités civiles et militaires, plus de deux cents maires, les troupes de la garnison assistaient à cette cérémonie. Les

cris de Vive Napoléon! ont vivement retenti lorsqu'on a enlevé le voile qui recouvrait le monument. Le soir, toute la ville a été illuminée.

-Un crime atroce auquel la politique ne paraît pas étrangère, a été commis quartier Popincourt, dans une fabrique de produits chimiques appartenant à une dame.

Celle-ci avait délégué tous ses pouvoirs à un contre-maître d'origine belge qui se faisait un devoir de veiller avec soin aux intérêts de sa maîtresse. Cette conduite avait suscité contre lui la haine de quelques-uns des ouvriers de cette fabrique, haine qui s'augmenta encore de la défense faite par le contre-maître d'entamer des discussions politiques pendant le travail.

Hier matin, le contre-maître, qui déjeûne tous les jours à l'atelier, plaça comme d'habitude sa tasse de lait sur un petit réchaud portatif, lorsqu'on vint : l'appeler au dehors pour affaires de la fabrique. Revenu au bout de cinq minutes, il retira son lait du feu; puis, buvant une ou deux gorgées, il se tourna vers un ouvrier allemand qui se trouvait à côté : « Mon lait a un singulier goût aujourd'hui, je n'en veux plus. Si tu veux l'achever, je te le donne. L'Allemand but le reste de la tasse : quelques heures après il était mort dans d'horribles souffrances. Quant au contre-maître, il est très-gravement malade; ses jours sont en danger. La justice s'est transportée sur les lieux; elle parviendra sans doute à découvrir les auteurs de ce lâche attentat.

– Les grands travaux de l'hôpital de la République, au clos Saint-Lazare, suspendus depuis quelque temps, sont repris depuis ce matin.

-Nous apprenons que le télégraphe électrique de la ligne du centre pourra fonctionner dans le courant du mois de juin.

-Un ouvrier imprimeur lithographe, demeurant rue de Ponthieu, le sieur P., compromis pour la part qu'il avait prise aux derniers événements de juin 1848, avait été condamné à la transportation, lorsqu'il y a quelques mois il fut gracié par M. le Président de la République, et revint à Paris. Depuis son retour, il ne négligeait aucune occasion de faire montre de ses opinions communistes, en cherchant à faire de la propagande parmi les ouvriers. On le rencontrait fréquemment sur la voie publique, cherchant à ameuter les passants par des discours séditieux. Arrêté hier au milieu d'un groupe où il pérorait, il a été mis à la disposition de l'autorité judiciaire, et conduit au dépôt de la préfecture de police. - On écrit de Moissac, 5 mai :

Il existe à Moissac une réunion connue de l'autorité, sous le nom de Cercle de Réunion, et de tout le monde sous le nom de Café de la Montagne, Cercle Montagnard. Le comité, qui préside à ses délibérations, a fait jouir la ville, dans la soirée, d'une illumination sui generis; des globes rouges, répandant une lueur sinistre, avaient été disposés sur la façade qui regarde la promenade des Récollets.

A une des fenêtres les plus apparentes de l'établissement, et sur la même façade, avait été placé un store plus significatif : dans la partie inférieure se dessinaient quatre bonnets phrygiens, et dans les compartiments supérieurs étaient figurés le triangle égalitaire et le niveau avec son fil à plomb. Le commissaire de police a, dit-on, fait son devoir, mais le store séditieux n'a pas été enlevé. La justice est saisie.

P. S. Nous apprenons à l'instant que, par arrêté de M. le préfet, le Cercle Montagnard de Moissac va être fermé. Les emblêmes séditieux ont été saisis sans qu'il y ait eu la inoindre tentative de désordre. La ville jouit de la tranquillité la plus parfaite.

Les cochers de voitures publiques ont adressé, il y a quelque temps, une demande au ministre de l'intérieur pour obtenir que leur nombreuse corporation (elle s'élevait à plus de huit mille) fût représentée au conseil des prud'hommes, afin que les différens qui surgissent entre leurs patrons et eux puissent être jugės avec plus de connaissance de cause. Cette pétition a été envoyée à M. le préfet de la Seine et à M. le préfet de police, qui tous deux l'ont renvoyée au ministre après lui avoir donné, dit-on, leur approbation.

Le district de Raguse vient d'éprouver un fort tremblement de terre. Le 14 avril, à une heure après minuit, par un ciel serein et tranquille, la première secousse se fit sentir, elle dura dix secondes environ et causa de graves dommages à Raguse, à Cattaro et à Stagno.

Dans cette derrière ville, plusieurs maisons ont été renversées et ne forment plus qu'un amas de pierres. Les secousses ont continué jusque vers le milieu de la matinée, accompagnées d'un mugissement souterrain.

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Clermont, fer mai.

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PUY-DE-DOME. Hier, entre six ou sept heures du soir, un feu des plus violents s'est déclaré chez M. Pianello, vermicellier, passage Godefroy-de-Bouillon, à côté de la maison des Frères de la doctrine chrétienne. Le feu a pris, en peu d'instants, une extension considérable, et a atteint la maison voisine, qui contenait un dépôt de bois. Ces deux maisons ont été fort endomma. gées. Un jeune pompier nommé Lavigne, père de famille, a été victime de son dévouement; il a été entraîné au milieu de l'incendie par la chute d'une poutre; on l'en a retiré à moitié brûlé; nous ne savons s'il est mort. A huit heures et demie, on était maître du feu ; il est à regretter que l'eau ait manqué, car tout le monde a fait son devoir. La garnison, cavalerie et infanterie, ainsi que les sapeurs-pompiers, se sont très-bien comportés. Les Frères surtout ont montré un zèle extraordinaire; leur premier soin a été de faire mettre en lieu de sûreté les Jeunes élèves qui leur sont confiés.

P. S. Dix heures et demie. Le feu est presque entièrement éteint, mais nous avons d'autres malheurs à déplorer: deux autres pompiers et un hussard ont été victimes de leur zèle. L'un deux, le nommé Babut, pompier de Montferrand, a eu la jambe cassée en deux endroits. Nous ne connaissons pas au juste la gravité des blessures de l'autre pompier ni du hussard qu'on a emporté sans connaissance. Un Frère a reçu une blessure assez grave à la tête.

Dans la commune de Solagno en Piémnout, on vient de découvrir un assez grand nombre de monnaies du 15° et du 16° siècle. Les plus curieuses sont : un ducat d'or d'Alexandre VI, frappé à Bologne, et un de Léon X, de la monnaie de Rome. Quelques testons et cornabi de Boniface VI, marquis de Montferrat, frappés à Casale; de Michel-Antoine, marquis de Saluzzo, frappés à Carmagnola, etc., etc. Ce qu'il y a de plus remarquable dans ce catalogue, c'est le grand nombre de petits fiefs qui conservaient en Piémont, jusque vers la fin du 16° siècle, le droit de battre monnaie.

BOURSE DU 13 MAI.

Le 3 p. 100, 56 00 à 54 75.

Le 5 p. 100, 88 50 à 88 85. Actions de la Banque, 2,080 00. Obligations de la Ville, 1.270 00. Nouvelles Obligation's, 1,125 00.5 p. 100 belge, 98. Emprunt romain, 79 114.

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L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY.

Paris, imp. BAILLY, DIVRY et Comp., place Sorbonne, 2,

MERCREDI 15 MAI 1850.

(N° :048)

L'AMI DE LA RELIGION.

Séance de l'Assemblée.

Etrange et odieuse conduite que celle des démagogues aujourd'hui ! Ils ont paru d'abord vouloir entraîner dans les périlleux hasards d'une lutte violente et immédiate la population qu'ils espéraient avoir égarée. Maintenant que le bon sens et le calme du peuple semblent avoir déjoué ce détestable projet, les voilà qui essaient de l'émeute légale, les voilà qui simulent l'organisation de je ne sais quelle résistance pacifique et qui attisent le feu de la révolte et de l'insurrection, sous le commode abri de cette prudente habileté ! Hier, c'étaient les scènes du Creuzot qu'on exploitait. La grève de quelques ouvriers mineurs était représentée comme le signal d'une levée formidable. Vérification faite, il ne s'agit que d'une émotion locale, facilement comprimée. Ce matin, c'était le droit de pétition violé, disait-on dans les couloirs de l'Assemblée, violé par la saisie de la Voix du Peuple, par la destitution de deux adjoints de Paris et de plusieurs officiers de la garde nationale, coupables d'avoir adhéré à l'œuvre de MM. Goudchaux et consorts. Il ne manquait pas de Montagnards faisant grande esclandre du retrait d'un brevêt d'imprimeur enlevé, en vertu de la loi de 1814, au chef d'atelier qui prête ses presses aux organes les plus ardents et les plus incendiaires de l'opposition.

Enfin le flot de cette factice indignation est monté jusqu'à la tribune, où une procession de Montagnards est venue, avec force gestes et intonations excentriques, déposer des pétitions contre le projet de loi électorale. Le tout s'est terminé par le rappel à l'ordre des plus turbulents, M. Bourzat et M. Péan à la tête. Le scandale tourne au grotesque.

On juge que, jaloux d'une aussi belle campagne, les Montagnards n'ont pas daigné accorder leur attention à la suite de la discussion du budget. Il reste encore en arrière quelques-uns de ces articles réglementaires sur lesquels l'éloquence de l'amendement et les surprises du scrutin peuvent s'exercer. Mieux avertie qu'hier, l'Assemblée a tenu bon, malgré les efforts de M. Mauguin et ses traits de satire, malgré les emportements de M. Charras et ses rudes malices.

Ce dernier ne voulait-il pas mettre à la charge du brave général Rulhières, je ne sais quelle dépense, indûment faite, disait-il, au profit du maréchal Jérôme Bonaparte, ancien roi de Westphalie et de présent gouverneur des Invalides. La question préalable a repoussé cette taquinerie, comme le vote par division venait de repousser une limitation dans le nombre des croix de la Légion-d'Honneur destinées à l'armée.

L'Ami de la Religion. Tome CXLVII.

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