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siasme universel qui a éclaté à l'arrivée du Saint-Père. Je n'adopte, comme vous le pouvez penser, aucune des réflexions haineuses qui échappent à une plume protestante. Ce que dit l'écrivain de la perte de la liberté est en contradiction flagrante avec ce que répètent depuis six mois les épitres du correspondant babituel et les colonnes du journal. Belle liberté que celle dont Mazzini, Canino et Sterbini se faisaient les dispensateurs! Ce qu'il faut à ce pays ci, c'est une bonne, une sage administration; ce qu'il lui faut, c'est la JUSTICE. Entre les mains du Saint-Père, ainsi qu'on peut le voir par le résultat de la commission d'enquête sur les employés qui ont trahi leurs devoirs, elle sera tempérée par une clémence compatible avec la sûreté de l'Etat. La première parole de Pie IX fut une parole de PARDON, mais la seconde fut une promesse de JUSTICE.

« J'oubliais de vous parler de la grande et magnifique soirée donnée avant-hier jeudi par S. Em. Mgr le Cardinal Altieri, en l'honneur de l'heureux retour de Sa Sainteté parmi nous. Les officiers de l'armée y assistaient en grand nombre et avaient été parmi les premiers invités.

« C. C. B. D

On écrit de Rome, le 30 avril, à la Gazette d'Augsbourg, à laquelle nous laissons la responsabilité de ce récit :

« Le docteur Townsend, chanoine de la cathédrale de Durham (Angleterre), homme très-religieux, mais en même temps animé d'un grand esprit de tolérance, était déjà depuis longtemps préoccupé des moyens propres à faire cesser l'indifférence en matière de religion, qui, dans son opinion, envahit de plus en plus tous les pays chrétiens. Muni d'une lettre de recommandation de l'Archevêque de Paris, à qui il avait communiqué ses idées et ses intentions, il est venu à Rome et a sollicité une audience du Pape, qui la lui a accordée immédiatement. Le docteur Townsend, reçu par le Saint-Père avec la plus grande bienveillance, lui a remis un Mémoire rédigé en anglais et en italien et expliquant le but de s démarche. Dans ce Mémoire, le ministre anglican s'étend sur les progrès chaque jour croissants de l'indifférence en matière religieuse dans toutes les sectes chrétiennes, et des suites funestes que peut avoir un pareil état des esprits pour la société en général; il adjure le Pape, en sa qualité de prince temporel et spirituel, d'inviter tous les gouvernements chrétiens à envoyer à Rome des délégués laïques ou ecclésiastiques, qui formeraient, sons la présidence du Pape, nn Concile pour chercher à s'entendre sur les différences qui séparent les sectes chrétiennes, et les amener avec calme, et dans un parfait esprit de tolérance, à ne former désormais qu'une seule Eglise chrétienne. Le docteur Townsend a en så première audience le 26; dès le lendemain, le Saint Père, qui lui avait promis de lire son Mémoire avec attention, a fait dire au savant théologien qu'il était disposé à lui accorder un nouvelle audience; mais comme le docteur Townsend se trouvait forcé de se rendre à Naples pour quelques jours, il a obtenu du SaintPère la permission de remettre sa seconde entrevue jusqu'à son retour.

Affaires religieuses du Piémont.
(Correspondance particulière de l'AMI DE LA RELIGION.)

On nous écrit de Turin, le 5 mai :

« L'incarcération de Mgr l'Archevêque de Turin est l'événement qui préoccupe toute la ville. Depuis quelques jours, nous étions inquiets sur les dispositions du gouvernement. On savait que le ministère public avait décidé qu'il y avait lieu à poursuivre on savait aussi que le Prélat était résolu à ne pas répondre aux interrogatoires, et comme un article du Code de procédure criminelle prescrit l'incarcération pour le prévenu qui refuse de répondre aux demandes du juge, le triste résultat était prévu, Seulement, qui aurait pu croire que le ministère public poussât la témérité jusqu'à incrin.iner la circulaire du vénérable Archevêque? Comment, pour l'accomplissement d'un devoir de conscience, et dans un pays catholique, se trouve-t-il un gouvernement assez insensé pour s'engager dans une lutte qui devait avoir une telle issue? L'exemple de Cologne et de Posen ne devait-il donc pas servir an cabinet de Turin? D'ailleurs, quelle honte de voir un ministère s'acharner contre les actes d'un Prélat, quand il laisse scandaleusement imprimer et distribuer, sans oser les poursuivre, les écrits les plus odieux et les plus incendiaires! C'est un capitaine de carabiniers qui a été chargé de présenter à Mgr Fransoni le mandat d'arrêt et de le conduire à la citadelle. Cet officier s'est acquitté de cette pénible mission avec toute la prudence et les ménagements possibles. Mgr n'a manifesté ni surprise ni émotion; il a déclaré qu'il était prêt à se rendre au lieu où on devait le conduire. On assure que lorsqu'il est entré dans l'appartement du commandant de la citadelle, la femme de ce commandant s'est jetée à ses genoux, en lui demandant sa bénédiction.

L'effet de cet attentat sur un Prince de l'Eglise est immense dans le cœur des catholiques. Que deviendra cette affaire? Le procès doit avoir son cours, et Mgr l'Archevêque sera mis en liberté ou retenu, selon le verdict du jury. Quelle extrémité? D'ailleurs, le cabinet n'est pas au bout de ses embarras. Il faut que le ministère sache ce qu'il en coûte de s'attaquer à l'Eglise. Je crois pouvoir vous assurer que tous les Evêques du royaume prendront fait et cause pour le vénérable captif et demanderont à s'associer à sa résistance et à son sort. Le ministère fera-t-il emprisonner tous les Evêques? Voilà pourtant la situation où le conduit cet entêtement aussi absurde que violent qui le pousse à persécuter la religion dans ses droits les plus sacrés et dans ses ministres les plus vénérés ! »

Le journal le Courrier des Alpes confirme la nouvelle que nous faisait pressentir notre correspondant. Voici la lettre «qu'il «conlient :

A M le directeur du Courrier des Alpes.

Monsieur le Directeur,

« Chambéry, 8 mai 1850.

Pour justifier les mesures prises à l'égard de Mgr Fransoni, on cite à Turin une prétendue circulaire que les Evêques de Savoie auraient adressée à leur clergé.

« On fait dire à ces Prélats que s'ils ont combattu la loi Siccardi alors qu'elle n'était qu'un simple projet, ils reconnaissent que, depuis que ce projet a reçu la sanction des trois pouvoirs de l'Etat, nous lui devons l'hommage d'une aveugle obéissance.

Je vous prie, Monsieur le Directenr, de rectifier cette assertion.

Il est complétement faux que les Evêques de Savoie aient publié aucune circulaire à l'occasion de la loi précitée.

« Quant à leur opinion, je vous assure qu'en cette matière ils adoptent tous les principes de Mgr l'Archevêque de Turin, et partagent pleinement sa manière de

voir.

«Ils croient avec cet illustre Prélat que, quels que soient les effets qu'elle ait pu produire dans la sphère des rapports purement civils, cette loi, portée sans le concours du Souverain-Pontife, ne saurait déroger aux lois de l'Eglise, ni donner la moindre atteinte aux obligations de conscience qui en dérivent.

C'est pour obtenir l'autorisation de dispenser de ces lois, et rendre ainsi possible, aux yeux de la conscience, l'exécution de la loi Siccardi, que nos Prélats ont recouru au Pape, comme Mgr l'Archevêque de Turin, et que, le cas échéant, ils donneront à leur clergé la même instruction.

J'ai l'honneur d'être, etc.

H. PILLET, vic.-gén.

Situation des Chrétiens du Levant.

On nous écrit du Mont-Liban :

Nos tribulations continuent et redoublent. Les habitants de Dgezzin (MontLiban), ne pouvant plus supporter les vexations des gouverneurs druses, ont dû abandonner leurs demeures. Plusieurs d'entre eux se sont rendus à Beyrouth, avec leurs prêtres, pour se plaindre de l'injustice qu'ils enduraient de la part de leurs ennemis, et après de nombreux et pénibles recours, ils ont obtenu de payer directement l'impôt au Mouchir de Deir-El-Kamar.

Cette mesure, qui paraissait devoir être favorable aux malheureux chrétiens, ne leur a apporté aucun avantage, attendu que l'arriéré de cinq années étant exigé avec la plus grande rigueur, ils sont obligés d'entretenir les garnisaires turcs, et que ceux-ci sont encore plus impitoyables que les Druses. On fait monter la dépense des poules fournies, dans un seul village, à ces exacteurs, à 2,200 piastres (500 fr.), et quant aux moyens de contrainte, c'est toujours le bâton qui tient le premier rang.

Tout cela jette les esprits dans un profond abattement; il est peu probable, en définitive, que les chrétiens puissent conserver quelques propriétés dans le Liban.

La tranquillité n'y est pas moins compromise dans d'autres parties druses où des scènes sanglantes ont eu dernièrement lieu.

Les autorités de cette nation ont, au surplus, poussé l'arrogance jusqu'à re

fuser d'exécuter les ordres suprêmes dont l'émir El Kassem était porteur pour la restitution de ses biens injustement séquestrés.

« L'ancien prince du Liban, l'émir Béchir Chehab, a obtenu la permission de venir à Constantinople, et il y est arrivé le 14 mars. L'émir Emin, son fils, est allé le recevoir en se jetant à ses pieds. Il l'a ensuite accompagné jusqu'au logement qui lui était préparé. Trois jours après, le prince a été reçu en audience par le grand-visir. Ces nouvelles ont produit une vive sensation dans le Liban, à cause de l'espoir qu'on y entretient toujours que l'émir Béchir y reviendra prendre son ancien poste pour le bien général des populations et en même temps du sultan.

« Les chrétiens de Damas ont également éprouvé une recrudescence de tribulations en voyant dépouiller la famille El-Bahri de tous ses biens. Deux de ses chefs remplissaient les charges de premiers commis des finances pendant l'occupation égyptienne. >

Bulletin de la politique étrangère.

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ÉTATS-ROMAINS. Les deux frères Pierre et Paul Palomba, de Civita-Vecchia, réfugiés à l'étranger comme exclus de l'amnistie en leur qualité de chefs de corps militaires au service de la République romaine, ayant fait présenter une supplique au Souverain-Pontife, ont obtenu de sa clémence la permission de rentrer dans les EtatsPontificaux.

-Nous avons annoncé la vente des biens du domaine pontifical situés dans les provinces de Bologne, Ferrare, Forbi et Ravenne. La même mesure est étendue, par notification du 4 mai, aux autres provinces faisant partie de l'ancien royaume d'Italie, telles que Urbin, Pesaro, Ancona, Macerata, Fermo, Ascoli, Camerino.

-

ROME. Le Saint-Père, ayant pris connaissance des actes des conseils de censure, a approuvé la diligence, l'intégrité et la modération avec lesquelles ces conseils avaient procédé dans leurs opérations, et il a déclaré en conséquence qu'ils avaient mérité sa satisfaction. Mais, voulant user de sa clémence, Sa Sainteté a daigné réduire de moitié la durée de la suspension de charge à laquelle quelques individus avaient été soumis par l'arrêt de ces conseils. Pour les autres personnes atteintes par des mesures plus graves, le SaintPère a institué une commission, composée de Mgr Giannozzi, président du tribunal civil de Rome; Mgr Milella, prélat de sa maison; le marquis L. Lepri, des gardes-nobles; et M. l'avocat Louis Gagliardi, juge au susdit tribunal. Cette commission est chargée d'examiner tous les pourvois en grâce et d'aider Sa Sainteté dans la connaissance des cas où quelqu'un des pétitionnaires pourra avoir droit à quelque participation à la clémence du Souverain.

Le Président de la République française vient d'envoyer à S. Em. le Cardinal Antonelli, pro-secrétaire-d'Etat, les insignes de grand-croix de la Légion-d'Honneur.

ALLEMAGNE. — C'est le 9 qu'à eu lieu à Berlin la première réu

nion des souverains de l'union restreinte. On distinguait parmi les principaux membres de cette réunion S. A. le duc de Saxe-CobourgGotha, S. A. le duc de Brunswick, S. A. le grand-duc de Saxe, les ducs de Saxe-Altenbourg et d'Anhalt-Dessau (avec le prince héréditaire), l'électeur de Hesse-Cassel, le grand-duc de Bade, etc., etc.

On ignore les résultats de cette entrevue; tout ce que dit la Gozette de Cologne, c'est que le roi de Prusse aurait déclaré dans un discours remarquable qu'il fondait les plus grandes espérances sur le succès de l'état fédératif. C'est le grand-duc de Bade qui aurait répon du à S. M. Ces journaux allemands ne disent point encore si le cabinet de Berlin aurait cousenti enfin à envoyer un plénipotentiaire au congrès de Francfort. La Gazette de Cologne annonce seulement que la Prusse aurait protesté contre les droits présidentiels que voudrait s'arroger l'Autriche dans ce congrês.

- Les conférences de Berlin sont ouvertes. Le point principal qu'elles seront appelées à décider est la contatation du pouvoir de l'union prussienne; on s'occupera ensuite de la participation au congrès de Francfort et des rapports avec l'Autriche et les quatre royaumes. On assure que tout sera réglé en deux ou trois séances. Les af faires concernant la Constitution seront traitées par les ministres, qui continueront plus tard leurs conférences à Gotha.

A propos des rapports avec l'Autriche, on assure positivement, qu'à la note-circulaire du gouvernement autrichien, invitant les plé nipotentiaires à se rendre au congrès de Francfort, la Prusse a ré pondu par une protestation formelle datée du 4 mai. Elle déclare ne pouvoir reconnaître ni la présidence de l'Autriche, ni la me sure comminatoire d'exclusion de la confédération, des Etats qui n'auraient pas pris part au congrès. Les plénipotentiaires assemblés à Francfort ne pourront, d'après le gouvernement prussien, que se concerter sur les dispositions à prendre pour les Etats qu'ils représenteront, et nullement délibérer au nom de la confédération entière.

Les Etats qui enverront certainement leurs plénipotentiaires à Francfort sont les quatre royaumes: la Bavière, le Wurtemberg, la Saxe et le Hanovre. L'électeur de Hesse Cassel qui a, dit-on, conclu un pacte de famille avec le grand-duc de Hesse-Darmstadt et le duc de Nassau, pourra aussi s'y faire représenter. Mais quant aux autres Etats compris dans l'Union prussienne, il est probable qu'ils s'abs tiendront de paraître à Francfort on s'y feront représenter collectivement par le pouvoir central de l'Union.

GRÈCE. — Au moment où le gouvernement grec vient de payer à l'Angleterre les sommes exigées par cette puissance, il n'est pas sans intérêt de savoir quels sont les droits réservés par les notes diplomatiques à M. Pacifico, relativement à ses créances sur le Portugal. M. David Pacifico, naturalisé Portugais en 1822, fut nommé consul

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