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pression, car il se rendit sans délai chez l'Empereur pour lui déclarer que sa conscience ne lui permettrait pas de garder plus longtemps le portefeuille si justice n'était faite aux réclamations des Evèques. Là-dessus, l'Empereur ordonna une conférence dans laquelle l'affaire serait discutée en sa présence entre MM.de Thun d'une part, et Bacle et Schmerling de l'autre. Dans cette conférence, l'Empereur se rangea à l'avis du comte de Thun, et les deux ministres opposants cédèrent. Voilà de quelle manière cette grande affaire a été décidée : le mérite en appartient tout entier au jeune Empereur.

La même correspondance ajoute :

Pour apprécier ce mérite selon toute sa valeur, il faut connaître et se rappeler l'état des esprits en Autriche, tel qu'il a été formé par le système renversé en 1848. Il en est résulté un abâtardissement incroyable des intelligences, et, à côté d'une tendance de plus en plus prononcée vers l'incrédulité et la licence, une incapacité extraordinaire pour les choses spirituelles, une impuissance incroyable des masses à s'élever aux idées et aux sentiments, ont préparé l'élan religieux dont nous apercevons les symptômes consolants dans le reste de l'Europe. Jugez d'après cela de l'accueil que l'empereur et son ministère pouvaient se promettre pour une mesure de réforme par laquelle ils allaient prendre les devants sur tous les gouvernements, même les plus avancés et les plus élevés au-dessus des préjugés invétérés de la politique maçonnique des deux derniers siècles. La rage des uns, l'épouvante et la stupeur imbécile des autres, surpassent tout ce que l'on peut imaginer. On dirait l'inquisition, les dragonnades, les persécutions de tout genre déjà à leurs trousses. Il n'y a pas, à cet égard, d'absurdité qui ne soit inventée par les uns et crue par les autres. Les populations catholiques encore intactes de quelques provinces éloignées de la capitale, telles que celles du Tyrol, et quelques intelligences d'élite dans les autres parties de la monarchie, seules se montrent contentes ou ont du moins le courage de témoigner leur satisfaction. Cependant les catholiques des provinces rhénanes et de la Westphalie, ceux de la Bavière, du Wurtemberg et du pays de Bade, ont salué d'un cri d'allégresse la résolution de l'empereur, si droite, si franche, si loyale. Ce cri aura du retentissement dans la Posnanie, la Gallicie et parmi les catholiques épars dans le nord de l'Allemagne. Les protestants mêmes, chez qui la foi et l'idée d'une communauté des chrétiens ne sont pas tout-à-fait éteintes, y prendront part, et il en résultera un mouvement général d'enthousiasme, de confiance et de respect pour le jeune empereur. »>

Nouvelles de Rome.

On écrit de Rome, à la date du 4 mai :

« Le Pape, en apprenant la catastrophe d'Angers, a ordonné immédiatement qu'un service solennel pour les victimes de ce triste événement serait célébré à ses frais dans notre église de Saint-Louis des Français; et afin de laisser à cette cérémonie le caractère tout particulier qu'elle doit avoir, S. S. a voulu que toutes les dépenses de décoration et des autres accessoires fussent supportées par sa cassette particulière. Il a fait en outre prier le cardinal Dupont, qui désirait chanter la messe, de céder cet honneur à monsignor sacristo du palais. De plus, un don de 10,000 fr. a été envoyé au nom de S. S. au colonel du malheureux 11° léger, pour ajouté au chiffre des souscriptions françaises. Ces deux faits parlent assez

être

d'eux-mêmes, et proclament plus éloquemment que je ne saurais le faire ce que Pie IX a été, ce qu'il est, ce qu'il sera toujours.

« Je ne puis finir cette lettre sans constater l'impression produite dans les régions du pouvoir par le grave et consciencieux rapport de M. de Beaumont sur le crédit demandé pour l'armée expéditionnaire. Dans ma pensée, la question romaine y a été saisie dans toute la hauteur de la double action de la Papauté totalement indépendante et de la France respectueusement conseillère, délimitée avec pleine entente des traditions et des faits. Je crois savoir que telle a été aussi l'opinion émise sur ce rapport important, et dont l'adoption par l'Assemblée simplifiera singulièrement les relations diplomatiques des deux pays.

«M. de Rayneval n'est point encore arrivé.

« Le général Baraguay-d'Hilliers, dont les pouvoirs expirent demain, partira, dit-on, le 10 ou le 11. La municipalité romaine compte lui offrir, en gage de souvenir, le buste en marbre de Pie IX, une des plus belles œuvres de Tenerani. Sur le socle, en albâtre oriental, une inscription votive expliquera le don et ses motifs. On parle aussi d'une magnifique plaque en diamant avec le portrait de Pie IX, destinée également au même général, et qui lui serait remise par S. S. dans son audience de congé. >>

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Le plain-chant, depuis son origine, a été employé chez tous les peuples religieux dans l'Eglise catholique. Malheureusement, il a été dans les derniers temps dénaturé par de prétendues améliorations qui lui ont fait perdre presque entièrement son caractère. D'un autre côté, on n'a rien imaginé de mieux, pour remédier à cet abus, que d'y substituer une musique soi-disant religieuse dont les meilleurs morceaux n'ont pas la gravité soutenue des chants primitifs et qui dégénère trop souvent en un genre beaucoup plus approprié au théâtre qu'au sanctuaire.

En ce moment, au milieu du travail de réforme et de régénération qui s'opère dans la musique religieuse, on distingue trois opinions diverses.

L'une veut le plain-chant dans toute sa simplicité primitive, c'est-à-dire chanté à l'unisson, comme il était écrit autrefois et tout au plus accompagné par l'orgue; une autre, partant des mêmes principes que la précédente, voudrait cependant que le plain-chant fût enrichi d'une noble et grave harmonie; la troisième, au contraire, est celle qui repousse le plain-chant et qui voudrait créer une nouvelle espèce de musique vraiment religieuse, mais dans le système moderne.

Chacune de ces opinions, s'étant appuyée jusqu'à présent sur des considérations plus ou moins solides, l'habile et savant maître de chapelle de Saint-Etiennedu-Mont, M. Savart, professeur au Conservatoire, a voulu offrir, aux personnes qui s'occupent d'art chrétien, le moyen de comparer et de, juger les divers systèmes. Avec le concours des chœurs formés par ses soins et par son zèle, et celui de l'orchestre de la société musicale du cercle catholique, qui fait chaque jour de nouveaux progrès, sous la direction d'une de nos célébrités musicales, M. de Cuvillon, l'ami si apprécié d'Habeneck, M. Savart est parvenu à organiser dans l'église de Saint-Etienne, pour le jour de l'Ascension, une messe dont l'exécution remarquable fait honneur à tous ceux qui y ont pris part.

Voici comment avaient été choisis les morceaux, qui devaient fournir le spécimen des différents genres.

L'introït, le graduel et la communion: Plain-chant à l'unisson, accompagné par l'orgue et par les instruments graves à cordes.

La messe de Dumont (kyrie, gloria, sanctus et agnus) harmonisée à quatre voix, avec accompagnement instrumental (sans violons); le plain-chant au medium.

Le Credo de Gauthier, harmonie en accords plaqués.

La prose harmonisée à quatre voix, avec accompagnement instrumental (sans violons), le plain-chant à la partie supérieure.

Pour l'offertoire, l'élévation et la sortie, des morceaux extraits des plus célèbres chefs-d'œuvre de Haendel, Haydn et Lesueur.

Nous espérons que cette solennité, dont le succès est de nature à encourager M. Savart, pourra se reproduire; de tels essais sont un heureux présage de réforme et de progrès dans la musique religieuse, et ne sauraient être trop encouragés tant dans l'intérêt de l'art qu'au point de vue de la majesté et de la dignité

du culte.

Nouvelles Religieuses.

ROME. — Le Saint-Père a chargé M. le comte de Mérode, un de ses camériers secrets, de faire célébrer, à Saint-Louis-des-Français, un service funèbre en l'honneur des Français tués sous les murs de Rome. Le Pape fera personnellement tous les frais de la cérémonie; il a en même temps fait remettre à M. l'abbé Lével, supérieur de la maison de Saint-Louis, une somme de 2,000 piastres, destinée à être distribuée aux familles de nos soldats morts en combattant. DIOCÈSE D'ANGERS. - On lit dans l'Union de l'Ouest :

« Les exercices du mois de Marie ouverts il y a dix jours, sous les plus heureux auspices, réalisent déjà, dépassent même toutes les espérances que les amis de la religion en avaient conçues, et ils se poursuivent avec un succès que rien ne pourra plus désormais arrêter ni compromettre.

De jour en jour la foule se presse plus nombreuse et plus attendrie aux instructions qui se donnent régulièrement chaque soir. Hier, enfin, elle a envahi la cathédrale tout entière. Une heure avant le sermon, la multitude remplissait déjà la nef et les deux ailes; elle se déroulait à flots pressés depuis les cariatides du grand orgue jusqu'à la balustrade du sanctuaire qui la contenait à peine, impatiente des bornes qu'on semblait vouloir lui imposer d'abord et qu'il fallut bientôt enlever pour la laisser refluer jusque sur les marches du grand autel.

<< Mille hommes environ remplissaient en colonnes serrées l'espace qui s'étend depuis l'entrée de la sacristie jusqu'à la porte latérale au-dessous de la chaire. Nous n'avons pas souvenir d'avoir jamais vu à Saint-Maurice une affluence aussi considérable, un spectacle aussi consolant pour la foi.

L'entraînement que subissaient visiblement les pieux habitants d'Angers s'était communiqué de proche en proche et avait gagné plus loin que nous n'eussions pu le penser. Saumur même s'en était ressenti, il nous avait envoyé par un convoi spécial du chemin de fer une députation de trois cents fidèles, comme pour nous disputer la palme de l'empressement et du zèle.

« Annoncé depuis quelque temps, le Conférencier de Lyon, le Missionnaire des bagnes de Toulon et de Brest était impatiemment attendu parmi nous avec sa double renommée d'orateur et d'apôtre.

« ...... Quel zèle pour le salut de ses frères ! quel ardent désir de leur bon

heur ! comme il supplie son auditeur d'aimer Dieu et de songer à son éternité ! Sa voix a surtout des accents pénétrants quand il prononce le nom de JésusChrist et qu'il demande à ceux qui l'écoutent si ce nom divin ne dit rien à leur oreille et ne remue rien dans leurs entrailles; on sent qu'il porte lui-même ce nom sacré écrit dans son cœur. ›

DIOCÈSE DE POITIERS. La fête de l'installation des PP. Trappistes, à Fontgombaud, aura définitivement lieu le mardi de la Pentecôte, 21 du courant, à dix heures du matin. On espère qu'en l'absence de S. E. Mgr le Cardinal-Archevêque de Bourges, retenu à Rome près du Saint-Père, la cérémonie sera présidée par Mgr l'Archevêque de Tours qui sera assisté du R. P. Abbé de la GrandeTrappe de Mortagne et de plusieurs autres Abbés. M. le préfet de l'Indre y as

sistera.

Bien que les travaux de restauration de l'église abbatiale soient loin d'être terminés, puisque les transsepts et le sanctuaire seuls sont à l'abri des injures du temps, on s'occupe de préparer pour ce jour solennel le chœur du magnifique monument. Un autel provisoire s'élève en avant d'un piédestal sur lequel reposera une belle statue de la Vierge, et sous ces voûtes depuis si longtemps muettes on entendra bientôt retentir la prière et les chants d'un clergé nombreux et des populations accourues des contrées voisines. On a lieu de croire, en effet, que le concours des fidèles sera immense et que les murs du temple auraient besoin de se dilater ce jour-là pour contenir l'affluence des visiteurs.

Si nous en croyons quelques bruits parvenus jusqu'à nous, il paraîtrait que notre ville serait représentée à cette solennité par plusieurs de nos concitoyens, qui unissent à un goût prononcé pour les études archéologiques, les sentiments religieux sans lesquels une telle cérémonie ne saurait avoir de sens.

ESPAGNE.

- La ville de Tortosa possède une relique qu'elle vénère sous le nom de Santa Cinta (la Sainte-Ceinture), comme un don de la sainte Vierge. La reine, par un ordre royal émané le 20 avril, a commandé qu'on l'apportât à Madrid, pour la conserver près d'elle jusqu'à l'époque de ses couches. Le 28, en présence de la municipalité, un chanoine de la cathédrale a reçu le religieux dépôt dans une cassette fermée et scellée, s'engageant par un acte public à ne laisser déposer la relique nulle part ailleurs que dans la chapelle royale; puis il est parti au son des cloches de toute la ville.

Discussions et projets fraternels des Révolutionnaires. La Presse, interrogée par la Voix du Peuple sur les mesures à prendre au sujet du vote probable du projet de loi électoral, déclare qu'il lui paraît indispensable d'organiser le refus de l'impôt, et que, si cela ne suffit pas pour empêcher qu'on ne ravisse aux électeurs leurs bulletins, IL FAUDRA TRANSFORMER L'AVERTISSEMENT du percepteur

EN BOURRE DE FUSIL.

La Voix du Peuple répond qu'il ne s'agit pas de discuter la question de savoir lequel est préférable, de l'insurrection à main armée ou du refus préalable de l'impôt. Y a-t-il violation de la Constitution? Le droit de résistance est-il ouvert?

Voilà, suivant le journal de M. Proudhon, le seul point qu'il importe d'examiner. Y a-t-il avantage pour le peuple à prendre patience?

VAUT-IL MIEUX QU'IL S'INSURge ou qu'il se CONTENTE DE REFUSER L'IMPÔT?

La Voix du Peuple proclame de nouveau que ces questions ne sont pas de la compétence des écrivains démocrates. Au peuple seul, c'està-dire aux quelques centaines de bandits dont disposent les conspirateurs révolutionnaires, le droit de prononcer une décision.

En attendant, à en juger par les discussions d'une presse qui se dit bâillonnée, il faudrait croire que l'ordre ne tardera pas à être troublé dans la rue. Les frères et amis, dit-on, se donnent rendez-vous, et ceux de Paris écrivent aux provinces « que le jour de l'orage s'appro « che et qu'il sera terrible. »

Tout cela est-il bien sérieux? « On ne doit conseiller au peuple que ce qu'on est soi-même disposé à faire, » a dit M. de Girardin. On prétend que ce mot profond a fait quelque impression sur les meneurs de la démagogie, surtout sur ceux qui seraient mis peut-être en demeure de changer leur siége à l'Assemblée pour le sort de MM. Ledru-Rollin, Boichot et Considérant.

Bulletin de la politique étrangère.

ALLEMAGNE. On sait que la question des duchés de SchleswigHolstein, qui, au milieu des bouleversements révolutionnaires, a entretenu une guerre assez vive entre le Danemark et l'Allemagne, n'a pas encore reçu de solution.

D'après une correspondance d'Altona en date du 7, il serait question d'établir un nouveau gouvernement provisoire dans le duché de Schleswig.

La Confédération germanique est toujours en voie de transformation. Le gouvernement bavarois a répondu aux circulaires du cabinet de Vienne qu'il enverrait, selon le désir qui lui en était exprimé, un plénipotentiaire à Francfort. De plus, il a manifesté le vœu qu'un pouvoir central nouveau fût promptement créé, et a déclaré même qu'il ne consentirait pas à la prolongation indéfinie du pouvoir intérimaire actuellement existant.

ANGLETERRE. — Il est probable que le Parlement va s'ajourner pendant les fêtes de la Pentecôte.

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La plupart des grands journaux anglais commentent la loi élec torale soumise actuellement à l'examen de nos représentants. Tous l'approuvent.

SUISSE.-Le 5 de ce mois, deux importantes élections ont dû avoir lieu à la fois ; les deux principaux cantons de la Suisse, Berne et Zurich, avaient à renouveler intégralement leurs Grands Conseils. Ces deux Conseils avaient été nommés en 1846. L'un et l'autre se trouvèrent en grande majorité élus dans le sens le plus avancé du mo

ment.

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