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stitutions ecclésiastiques seraient mises entièrement sous la direction des Evêques; les Facultés théologiques restent, il est vrai, incorporées aux Universités ; mais l'Evêque seul donne et retire l'autorisation indispensable pour professer la théologie, et de plus il nomme la moitié des membres de la commission chargée de l'examen pour le doctorat. Or, le doctorat est nécessaire pour un professorat théologique. L'Evêque érigera un séminaire auprès de chaque Faculté; les professeurs du séminaire, qui dépendent entièrement de lui, pourront en même temps donner des leçons dans les cours de l'Université. Une Ecole normale théologique à Vienne, d'où sortiront les professeurs, sera mise de même sous la direction des Evéques. Lorsque les Evêques désigneront un homme capable de défendre scientifiquement les vérités de la religion, l'Etat le placera dans la Faculté philosophique. Les Universités auront leurs prédicateurs particuliers. Chaque école secondaire aura pour l'éducation religieuse deux titulaires désignés par l'Evêque et installés par l'Etat.

J'ajoute à cet aperçu que ces concessions si justes, si nécessaires, ont excité en Autriche et dans toute l'Allemagne philosophique une opposition violente. Les catholiques espèrent que le gouvernement ne se laissera pas intimider et continuera l'œuvre commencée. »

(Correspondance particulière de l'AMI DE LA RELIGION.)

On nous écrit de Berne, le 6 mai 1850 :

« La joie de notre population contraste avec la consternation du gouvernement! Voilà à quoi ont abouti trois années de mensonges et d'oppression! Les conservateurs triomphent dans le canton de Berne! Le peuple qui, en 1847, croyant un instant aux promesses du radicalisme, se fit l'instrument de la démagogie, ce même peuple se réveille après trois années d'épreuves et de souffrance, pour secouer le joug qu'il s'était imposé en aveugle!

« Dans la ville de Berne, les conservateurs l'ont emporté à une immense majorité, en dépit des menées du gouvernement.

« Voici en bloc le résultat connu :

Nombre des candidatures.

Majorité absolue.

Résultat connu :

226

114

103

Conservateurs.

(Parmi lesquels 6 seulement sont douteux.) Radicaux (ou socialistes, car c'est la même

chose).

Inconnus.

96

199

21

« Il est certain que parmi ces 21 il y aura au moins 12 conserva

teurs.

« P. S. J'apprends à l'instant que dans le district de Porrentruy les conservateurs ont triomphe: sur 11 candidats les 6 connus sont des conservateurs.

« Ainsi la victoire est à nous! »

Le Pape vient d'autoriser la formation d'une nouvelle banque avec le titre de Banque de l'Etat pontifical, dans laquelle devra se fondre la Banque romaine en y déposant tout son capital.

Le siége de la banque sera à Rome : elle aura des succursales à Ancône et à Bologne. Elle sera fondée au capital de deux millions de scudi, divisé en actions de 200 sc. (1,800 fr.), qui pourront se subdiviser en demi-actions, et seront nominales ou au porteur.

Jusqu'à ce que la nouvelle banque ait justifié du capital de un million de scudi, elle n'est pas considérée comme constituée, et la banque actuelle continue ses opérations.

Bulletin de la politique étrangère.

Différend anglo-grec-Solution.- La nouvelle Gazette de Prusse publie la dépêche télégraphique suivante :

« Athènes, 30 avril.

« Le 21, M. Gros a reçu de nouvelles dépêches. Ses efforts renouvelés auprès de M. Wyse sont demeurés infructueux. Le 25, dans l'après-midi, les ports grecs ont été bloqués. Le même soir, des navires grecs ont été capturés en pleine mer et conduits à Salamine.

« Le gouvernement grec a résolu de ne pas résister plus longtemps à la force. Le 27, dans l'après-midi, il a accepté les conditions injustes de M. Wyse et les a exécutées.

« M. Wyse déclare qu'il est satisfait et lève ses mesures de coërcition.

« L'opinion publique est pour le roi et pour le gouvernement. »

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ESPAGNE. La Gazette de Madrid publie enfin le décret royal qui nomme M. Isturiz ministre plénipotentiaire d'Espagne à Londres. On dit de nouveau que lord Hocoden représentera l'Angleterre à Madrid.

Le comte de la Vega del Pozo est nommé ministre d'Espagne à Turin, en remplacement de M. Beltran de Lys, démissionnaire. M. Donoso Cortès aura, dit-on, pour successeur à la légation de Berlin, le général Armero y Miralles.

ALLEMAGNE. VIENNE, 4 mai. L'association catholique de notre ville a résolu, dans sa séance d'avant-hier, d'envoyer à S. M. l'empereur une adresse de remercîments pour la loi récemment promulguée, contenant des concessions à l'Eglise catholique. Une députation de l'association a été reçue aujourd'hui en audience par S. M. Dans la même séance, il a été décidé que l'on appuierait le gouvernement dans cette affaire. Dans les faubourgs, au contraire, on fait circuler des formules imprimées qui excitent les citoyens à protester contre les résolutions adoptées par le gouvernement relativement à l'Eglise catholique.

-On écrit de Berlin, le 3 mai :

«La circulaire autrichienne du 26 avril a produit ici une assez vive sensation. Le ton de cet acte, dans lequel l'Autriche déclare déchu de sa qualité de membre de la confédération quiconque ne se rendrait pas à son appel, motivera, à ce que l'on assure, une réponse très-ferme du gouvernement prussien. La Prusse ne conteste pas à l'Autriche le droit de réunir un congrès des plénipotentiaires, mais elle lui refuse absolument le droit de le convoquer en s'arrogeant la présidence d'une diète qui n'existe plus.

• Ensuite elle demande que l'Autriche reconnaisse à la Prusse le droit de représenter collectivement les voix des princes appartenant à l'union restreinte. Ce droit est admissible même en vertu des décisions de l'ancienne diète germanique, qui autorisaient les Etats particuliers à charger de leurs pouvoirs d'autres Etats membres de la confédération. Cependant l'Autriche se refuse à cette transaction.

«L'accord n'est donc pas prêt à s'établir à Francfort, surtout si les princes adhérents à l'union restreinte, dans la réunion qui aura lieu le 8 à Berlin, et puis à Gotha, s'entendent pour conférer à la Prusse les pleins pouvoirs d'agir en leur nom.

La solution de cette question aura lieu probablement à Varsovie après l'arrivée de l'empereur Nicolas et son entrevue avec le prince de Prusse.»

ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

Séance du 10 mai.-Présidence de M. LE GÉNÉRAL BEDEAU, VICE-PRÉSIDENT. L'Assemblée reprend la discussion sur le budget des travaux publics dont les divers chapitres sont adoptés après une rapide discussion.

L'Assemblée continue le budget du ministère des finances.

Chap. 24. Cour des comptes. Personnel, 1,010,616 fr.

Chap. 25. Matériel, 59,600 fr.

Adopté.

Adopté.

Chap. 26. Administration centrale des finances, personnel, 4,988,100 fr.

M. SAUTAYRA propose de réduire ce chapitre d'une somme de 618,200 fr. Cette réduction porterait sur le traitement de divers employés.

M. BERRYER combat cet amendement. Des réductions très-considérables ont été déjà faites au ministère des finances, depuis l'année dernière, et sur le chiffre du personnel

et sur le chiffre du traitement.

L'orateur flétrit énergiquement cette tendance qui se manifeste sur quelques bancs à priver d'une juste rémunération des fonctionnaires très-intelligents, très-capables, qui sont à la tête des principaux services du ministère des finances. Ces hommes-là ne se rencontrent pas tous les jours; il faut les conserver avec soin. Ils augmentent les richesses de l'Etat.

Et c'est souvent, dit l'orateur en terminant, avec des économies de mille écus qu'on fait perdre des millions à l'Etat. (Très-bien!)

M. Sautayra veut répondre, mais l'Assemblée ferme la discussion.
L'amendement est rejeté. Le chapitre 26 est adopté.

La séance est levée à six heures.

Chronique et Faits divers.

On sait qu'il y a quelques jours l'Assemblée législative a ouvert au gouverne

ment un crédit pour la formation d'un deuxième bataillon de gendarmes-mobiles.

Le personnel de ce nouveau corps est déjà organisé, et, hier matin, il s'est rendu à Vincennes, par les quais, pour aller recevoir son armement. A onze heures, il rentrait à la caserne de l'Assomption, rue Neuve-du-Luxembourg. Il était en petite tenue.

Devant et derrière étaient deux détachements armés, en tenue de campagne, des gendarmes du 1er bataillon dit des vétérans. Chaque homme du nouveau bataillon portait sur son épaule deux fusils à piston. Deux fourgons, dans lesquels étaient les sabres, suivaient ce convoi.

Ce sont d'anciens militaires de cinq pieds trois à quatre pouces, recrutés dans tous les régiments d'infanterie et d'un tempérament très énergique, qui composent ce nouveau corps.

-M. Christophe Colomb, ingénieur, naturaliste, de retour d'une mission scientifique et commerciale sur les côtes occidentales d'Afrique, a remis hier, en audience particulière, au président de la République, un message du roi du Dahoumey. L'audience s'est prolongée pendant une demi-heure. Le Président a adressé au voyageur un grand nombre de questions sur la situation politique, morale et matérielle de cette ancienne colonie française. Il a écouté, avec un intérêt marqué, les détails que M. Colomb lui a communiqués à ce sujet. Il a paru très disposé à faire revivre le protectorat de la France sur cette partie de l'Afrique, qui touche presque à nos établissements de la côte occidentale, et qui peut devenir très utile si on parvient à la mettre en relations avec l'Algérie par la voie de terre.

Un incendie considérable vient de réduire en cendres une ferme dépendant du château de la Couarde (Seine-et-Oise). Tout a été détruit, et la perte est estimée à plus de 25,000 fr. D'après les premières constatations faites par rité, ce sinistre semble devoir être attribué à la malveillance.

l'auto

L'arrondissement de Rambouillet a été pendant ces deux dernières nuits le théâtre de trois incendies; à Gaimbaseul, le sieur Portas, cultivateur, a vu ses granges devenir la proie des flammes; elles contenaient pour plus de 3,000 fr. de céréales.

Enfin, deux habitants de la commune de Roinville, passant vers minuit près de la demeure du sieur Douai, cabaretier, remarquèrent une lueur illuminant les fenêtres du rez-de-chaussée et pénétrèrent dans la maison; ils furent assez heu reux pour étouffer à temps le feu commençant à prendre à un amas de copeaux, de paille et de bois placé près du comptoir.

Cette fois, la présence des malfaiteurs a été constatée; plusieurs meubles ont été fracturés et des effets, du linge et une somme de 150 fr. ont été soustrails.

Nécrologie.

NOTICE SUR LA VIE ET LA MORT DE M. LOUIS DE COURSON,
SUPÉRIEUR-GÉNÉRAL DE SAINT-SULPICE.

(Voir les numéros 5038 et 5040.)

III.

M. de Courson avait été élu supérieur-général de la Compagnie de

Saint-Sulpice en 1845. Vers le commencement de 1850, ses occupations pesaient sur lui d'un poids si accablant que sa santé commença à décliner de nouveau. Seulement le mal, au lieu de se porter au cerveau, s'attaqua cette fois au cœur. Il eût fallu, dès le début de cette dangereuse affection, que le malade se condamnât à un repos presque absolu. Mais le bon Supérieur qui veillait avec la vigilance d'une mère sur la santé des élèves et des directeurs du séminaire, ne souffrait qu'avec répugnance qu'on s'occupât de la sienne, et il n'en continua pas moins à faire face à toutes les affaires, répondant, avec la même ponctualité, aux lettres sans nombre qu'on lui écrivait de tous les points de la France. D'un autre côté, le vif chagrin que causa à M. de Courson la mort d'un ami qu'il aimait tendrement; les graves préoccupations que lui inspiraient, pour l'avenir de l'Eglise, les tristes événements qui se succédaient en Europe, ne contribuèrent pas peu à aggraver son état de souffrance. Doué de la sensibilité la plus exquise, M. de Courson ne pouvait longtemps supporter tant de fatigues et tant de chocs.

Au mois de février dernier, quoique déjà assez gravement malade, il n'avait pas hésité à entreprendre, comme de coutume, ses visites annuelles dans les séminaires de province dirigés par MM. les prêtres de Saint-Sulpice. Dès les premiers jours de son arrivée à Orléans, M. de Courson se vit contraint de suspendre une partie de ses travaux. Son énergie le soutint quelques semaines encore. Il put même visiter Limoges et Tulle; mais, dans cette dernière ville, le mal empira tellement qu'il fallut revenir immédiatement à Paris. Quand le vénérable Supérieur rentra à Saint-Sulpice, les traits de son visage étaient profondément altérés, sa faiblesse extrême, les battements de son cœur effrayants.

Les médecins consultés déclarèrent que son état était des plus graves, sinon désespéré. Et en effet tous les remèdes étaient sans efficacité. Le malade ne pouvait plus qu'à grand'peine se tenir sur ses pieds. Mais son énergie ne faiblit point. Le 10 mars, jour d'élection de trois représentants du peuple, à l'Assemblée législative, M. de Courson, l'homme du devoir en toutes choses et toujours, demanda qu'on retirât sa carte d'électeur, parce qu'il voulait aller voter. Il fallut l'intervention du médecin pour le faire renoncer à ce projet dont l'accomplissement aurait pu avoir pour lui les suites les plus funestes; il était à craindre que la fatigue qu'il éprouverait en remontant à son appartement n'amenât une crise, peut-être même une

mort instantanée.

Convaincu, par cette défense, que sa fin était prochaine, il s'occupa aussitôt d'arranger ses affaires de famille et demanda les sacrements. Il se prépara à recevoir l'Extrême-Onction avec un calme et une sérénité admirables, et comme il voyait la douleur peinte sur le visage des ecclésiastiques qui l'entouraient, il leur dit : « Pourquoi

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