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VENDREDI 10 ET SAMEDI 11 MAI 1850.

(Nes 5043 et 5044.)

L'AMI DE LA RELIGION.

Bref de N. S. Père le Pape Pie IX

AU MÉTROPOLITAIN ET AUX ÉVÊQUES DE LA PROVINCE D'AVIGNON.

PIUS PP. IX. Venerabilibus fratribus JOANNI MARIE, archiepiscopo Avenionensi, et aliis antistitibus illius ecclesiasticæ provincia.

Venerabiles fratres, salutem et apostolicam benedictionem.

Vehementer delectati sumus vestris obsequentissimis litteris quas die 30 proximi mensis januarii datas una cum actis provincialis Avenionensis synodi a vobis habitæ, ad nos misistis. Ex ipsis enim litteris summa animi nostri consolatione magis magisque cognovimus quo singulari erga nos et apostolicam sedem amore et observantia præstetis et quo episcopali zelo animati sitis ad ea peragenda, quæ in hac præsertim tanta temporum iniquitate ac Ecclesiæ causam tuendam, ac animarum salutem procurandam conducere possint.

PIE IX.

Aux Vénérables Frères, JEAN-MARIE, Archevêque d'Avignon et aux autres Prélats de cette province ecclésiastique.

Vénérables Frères, salut et bénédiction apostolique.

Nous avons reçu avec une vive satisfaction la lettre respectueuse que vous Nous avez adressée, à la date du 30 janvier dernier, ainsi que les actes du Synode de la province d'Avignon tenu par vous. Cette lettre Nous a donné la profonde consolation de reconnaître de plus en plus les sentiments de tendresse et de soumission tout particuliers dont vous êtes animés envers Nous et le Siége Apostolique, ainsi que votre zèle épiscopal pour accomplir tout ce qui, dans ce temps d'iniquité, peut servir à la défense de l'Eglise et au salut des âmes.

En effet, dès que vous l'avez pu, sans aucun délai, vous vous êtes empressés, selon Nos désirs

Namque ubi primum potuistis, nulla interjecta mora provincialem ipsam Synodum concelebrare properastis, ut in ejusmodi sacro conventu collatis inter vos conciliis et studiis ea statuere possetis, quibus in vestris diœcesibus et catholica fides integra atque inviolata servetur, ac solidius firmetur, ecclesiastica disciplina magis magisque foveatur, divini cultus majestas et splendor augeatur, fideles vobis commissi ac L'Ami de la Religion. Tome CXLVII.

VOS

et les vôtres et conformément à la règle des sacrés canons, de tenir ce Synode provincial : dans cette sainte réunion, vous communiquant mutuellement pensées et vos jugements, votre but était de déterminer par quels moyens dans vos diocèses la foi catholique, conservée dans son intégrité et à l'abri de toute vio

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tot undique grassantibus crro- | lation, peut être encore affermie;

ribus pestiferisque libris amoveantur, ac sauæ doctrinæ pascuis nutriantur et ad morum honestatem, virtutem, religionem, pietatem excitentur et inflammen

tur.

la discipline ecclésiastique, de plus en plus observée; la majesté et la splendeur du culte divin, développées; par quels moyens vous pouvez garantir les fidèles confiés à vos soins, des erreurs et des livres pestilentiels qui les envahissent de toutes parts; les nourrir des préceptes d'une saine doctrine; et remplir leurs âmes d'une vive ardeur pour la pureté des mœurs, la vertu, la religion et la piété.

Nous avons appris également avec satisfaction, par votre lettre, Vénérables Frères, qu'un de vos principaux désirs est de faire donner aux jeunes cleres qui, dans les séminaires auront suivi avec le

Ac perlibenter ex iisdem vestris litteris novimus, quantopere vobis inter alia cordi sit, Venerabiles Fratres, omni cura prospicere, ut clerici, qui in seminariis cum majore pietatis et ingenii laude studiorum curriculum exe-plus de piété et d'application le gerint, ampliorem sacrarum rerum, ac theologica potissimum scientiæ cognitionem penitus ac rite addiscere possint, utque in vestris diœcesibus pium aliquod sodalitium sub vestro regimine et ductu existat in illorum præcipue subsidium, quibus deest opus, quo propriam exercentes artem, sibi suæque familiæ consulere queant. Jucundissimum autem nobis accidit perspicere quanta veneratione sanctissimam Dei Genitricem Virginem Mariam prosequi gloriamini, et quam vehementer optelis, ut erga Immaculatam ejusdem beatissimæ Virginis Conceptionem cultus in omnium fidelium animis magis in dies augeatur et confirmetur.

Quamobrem de his rebus omnibus vobis vel maximè gratulamur, Venerabiles Fratres, vobisque addimus animos, ut in hac tam tristi rerum ac temporum perturbatione

cours de leurs études, une connaissance plus grande et plus approfondie des choses sacrées et surtout de la science théologique; et de former dans vos diocèses, sous votre direction et votre surveillance, une piense association dont le but soit de secourir ceux qui, faute d'un état, ne peuvent subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Il nous a été bien doux aussi de voir quelle vénéra tion vous attachez au nom de la Vierge Marie, la très-sainte Mère de Dieu, et combien vous désirez que le culte de la Conception Immaculée s'étende de jour en jour parmi les fidèles.

Sur tous ces points, Vénérables Frères, Nous vous adressons Nos plus vives félicitations, et Nous vous exhortons à poursuivre votre ministère avec une ardeur

pergatis majore usque alacritate | plus grande encore, à cette triste

ministerium vestrum implere ac bonum certamen certare, nihilque unquam intentatum relinquere, quo Dei, ejusque sanctæ Ecclesiæ causam, jura, libertatem impavide propugnare, et fideles vobis commissos ab inimicorum hominum insidiis, et fraudibus defendere, atque ad salutis semi-fidèles confiés à votre garde, et à tam deducere valeatis.

époque de perturbation; à soutenir la lutte du bien, à ne rien négliger de ce qui peut vous servir à combattre courageusement pour la cause de Dieu et de la sainte Eglise, pour les droits et la liberté; à défendre, contre les embûches et les ruses des méchants, les

dona

les conduire vers les sentiers du salut.

Soyez persuadés que vous recevrez une réponse au sujet des actes de votre Concile provincial que vous vous êtes empressés de soumettre à Notre jugement et à celui du Siége apostolique, dès que, selon l'usage, ces actes auront été examinés more examinés par Notre Congrégation du Concile. En attendant, Nous ne négligerons pas d'invoquer humblement et ardemment la miséricorde du Dieu très-clément, pour qu'il ne cesse de répandre abondamment sur vous, Vénérables Frères, les dons de sa bonté ainsi que sur tous les fidèles que vous dirigez; afin que ceux-ci sentent de plus en plus croître dans leur cœur la science de Dieu, et qu'ils marchent d'un pied plus ferme dans les sentiers du Seigneur.

Pro certo vero habeatis velimus, vos congruum de provincialis vestri concilii actis, quæ nostro, et apostolicæ sedis judicio subjicere festinastis, responsum statim esse accepturos, ubi primum acta ipsa a nostra concilii congregatione ex more fuerint perpensa et recognita. Atque interim a clementissimo misericordiarum Patre humiliter, enixeque exposcere haud omitti mus, ut uberrima suæ bonitatis super vos, Venerabiles Fratres, propitius semper effundat, quæ in omnes quoque fideles vobis concreditos copiosè descendant, quo ipsi magis in dies crescant in scientia Dei, et alacriori usque pede incedant per semitas Domini. Cujus superni præsidii auspicem, et studiosissimæ Nostræ in vos voluntatis testem apostolicam benedictionem toto cordis affectu vobis ipsis, Venerabiles Fratres, cunctisque vestrarum diœcesium clericis, laicisque fidelibus peramenter impertimur.

Datum Neapoli, in suburbano Portici, die 20 martii, anno 1850, pontificatus nostri anno quarto.

Comme gage de la protection céleste, comme témoignage de Notre tendresse particulière pour vous, recevez la bénédiction apostolique que Nous donnons du fond de Notre cœur à vous, Vénérables Frères, et à tous les prêtres et fidèles de vos diocèses.

Donné à Naples, faubourg de Portici, 20 mars 1850, 4 année de Notre pontificat.

Affaires ecclésiastiques du Piémont.

EMPRISONNEMENT DE MGR L'ARCHEVÊQUE DE TURIN. Nos tristes et douloureuses prévisions sur les tendances du gouvernement piémontais ne se réalisent que trop!

Samedi, 4 mai, vers une heure de l'après-midi, un capitaine et un brigadier de carabiniers se présentèrent au palais archiepiscopal, et introduits près du prélat, ils lui intimèrent l'ordre de les suivre, prisonnier, à la citadelle de Turin. L'Archevêque conservant cette sérénité calme qu'il oppose à toutes les violences, demanda seulement le temps de prendre des vêtements plus chaus, et, le bréviaire sous le bras, suivit les agents de la force publique.

Comme pour augmenter le scandale de cette arrestation, on avait choisi le jour de la fête du Saint-Suaire, jour de religieuse mémoire pour la maison de Savoie, et reconnu pour férié, même aujourd'hui, par la loi civile.

Le soir, une députation de chanoines vint apporter au noble captif le témoignage du respect et de la sympathie de tout le chapitre.

Le dimanche, dans toutes les églises de Turin, on fit des prières publiques, et les prêtres ajoutèrent à la messe la collecte Pro Epis copo constituto in carcere.

dans

Quels pas a faits, dans l'arbitraire, ce pouvoir des modérés établi au nom de la LIBERTÉ! La circulaire de Mgr l'Archevêque de Turin aux prêtres de son diocèse est en opposition, sans doute, avec les doctrines et les actes du ministère : mais n'est-ce pas son droit comme celui de tout citoyen de rendre publique sa pensée? Et n'était-ce pas son devoir d'Evêque de prévenir contre les dangers actuels les prê tres chargés, sous sa direction, de conduire et de sauver les âmes? Quoi! les plus misérables folliculaires peuvent dans la Strega, Fra Burlone, tourner chaque jour en ridicule la religion de l'Etat, attaquer, menacer les ministres de cette religion reconnus par l'Etat, et un pontife ne pourra pas communiquer ses craintes et donner ses conseils à son peuple! Un roi constitutionnel, dominé par un parti qui prépare sa perte, et malgré les conseils de ses proches, ratifie des actes devant lesquels hésiterait le pouvoir absolu. On se met tout d'un coup au-dessus des lois de la religion qu'on se vante encore de professer! Et pour qui croyez-vous donc travailler? Le savezvous? C'est pour ce parti que vous pensez avoir vaincu, et sur qui vous n'avez que l'avantage d'un portefeuille; car il vous mène, il vous précipite, et si vous persistez dans cette voie fatale, votre ruine est certaine.

Retraite de Fontevrault.

Les journaux ont parlé plusieurs fois de ces 1,600 détenus de Fontevrault, privés depuis plus de six mois de secours religieux. Le gouvernement a pris enfin

la détermination de remplacer le directeur, et des exercices religieux, en forme de retraite, ont été autorisés dans la maison centrale. Mgr l'Evêque d'Angers a appelé, pour les donner, les hommes apostoliques qui venaient d'évangéliser le bagne de Brest. Pendant quinze jours les infatigables missionnaires ont labouré cette terre demeurée en friche, et les pauvres condamnés, avides des consolations de la foi à proportion de la privation qu'il avaient éprouvée, se sont empressés de répondre à l'appel qui leur était fait. Environ 1,300, y compris 300 femmes, ont eu le bonheur de recevoir la sainte communion le dimanche 5 mai. Mgr d'Angers était venu pour présider à la clôture, amenant avec lui le R. P. Lavigne, qui, pour se retrouver au milieu de ses chers condamnés, avait suspendu les exercices du mois de Marie dans la cathédrale d'Angers. Au milieu de cette famille, vouée à la douleur, le bon Père a laissé tomber de ces paroles de feu que la foi inspire, que la charité seule peut mettre dans la bouche du prêtre catholique, et tous, dans un religieux silence, semblaient suspendus à ses lèvres. Le Prélat vénéré, épanchant son âme au sein de ses pauvres enfants, leur a exprimé avec une bonté paternelle la joie qu'il éprouvait de se retrouver enfin au milieu d'eux. Il a remercié la nouvelle administration de la bienveillance avec laquelle elle avait favorisé les exercices de la retraite, et à tous, avec un paternel dévouement, il a promis de revenir souvent chercher des consolations et prendre un peu de repos au milieu de ses chers enfants de Fontevrault. Environ 400 détenus, hommes et femmes, ont reçu la confirmation; plusieurs, le matin, avaient été baptisés par le R. P. Ringo qui dirigeait les exercices de la retraite. Sur tous les visages on voyait l'expression de la paix et de la joie qui inondaient les cœurs. Toutes les bouches répétaient avec force les refrains des saints cantiques, et, en reconduisant processionnellement au presbytère le digne Prélat, les jeunes détenus de la colonie faisaient retentir les rues de la petite ville de leurs chants de bonheur. Le lendemain, Mgr est allé visiter tous les cachots; la veille, il avait visité les infirmeries, parlant à chaque détenu et portant partout des paroles affectueuses et consolantes.

Pendant que des écrivains sans principes ou des hommes d'Etat sans convictions, font de belles phrases ou de vains rêves sur la moralisation des pauvres ou des condamnés, la religion résout le problème en montrant ce qu'elle peut sur les âmes mêmes que le crime avait dégradées et que la société avait bannies de son sein: au lieu de théories, elle leur apporte ses bienfaits; au lieu de rigueurs, elle leur offre ses consolations; elle adoucit ces hommes farouches, elle fait descendre le repentir, et avec lui la soumission, la paix dans ces cœurs aigris par la souffrance ou exaltés par le désespoir. Après bien des essais malheureux, il serait temps enfin de comprendre que seule elle peut rendre la vie à ce cadavre de la société qui tombe en dissolution, et que la religion qui prévient les émeutes est un meilleur remède que la force matérielle, impuissante même souvent pour les comprimer.

Nouvelles Religieuses.

ROME.-Mgr Charvaz, Archevêque de Sebaste, ancien Evêque de Pignerol, vient d'être nommé consulteur de la S. Congrégation des affaires ecclésiastiques extraordinaires.

DIOCÈSE DE PARIS.- Voici les noms de quelques-uns des prédicateurs de la station du Saint-Sacrement, dans les principales églises de Paris : à la Madeleine, M. l'abbé Bautain, vicaire-général de Paris; à Saint-Germain-des-Prés, M. l'abbé

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