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devenus propriété nationale, furent concédés à la commune, à la charge par elle d'y entretenir une école secondaire communale.

Cette école, transformée depuis en collége communal, a subsisté jusqu'à l'année dernière, où la ville, succombant sous le poids des charges financières, ne se trouva plus en état d'assurer une dotation suffisante à l'établissement.

Le collége est aujourd'hui fermé, et rien ne fait prévoir l'époque où la ville pourrait le rouvrir. Les familles de la localité se voient donc privées actuellement, et pour un temps indéfini, du bienfait de l'instruction secondaire.

Mgr l'Evêque de Nantes a offert à l'autorité municipale d'Ancenis d'installer et d'entretenir dans le local vacant du collége, dont la jouissance lui serait concédée, une école secondaire privée. Mgr l'Evêque se chargerait de pourvoir à tous les ⚫frais d'entretien et de réparation des bâtiments. Tous les droits résultant, pour l'université, du décret précité de 1807, et de celui du 11 décembre 1808, seraient d'ailleurs expressément réservés.

J'ai l'honneur, monsieur le Président, de vous proposer l'adoption de cette transaction, qui aurait le double avantage d'offrir aux familles d'Ancenis la facilité de donner à leurs enfants l'instruction secondaire sans les éloigner du pays, et d'utiliser, au profit général, des bâtiments en ce moment sans destination, et dont il ne peut être disposé pour aucune autre affectation. Une pareille concession, qui n'est point sans précédents sous le régime universitaire actuel, est pareillement conforme aux prévisions de la loi organique du 15 mars 1850. Elle est d'ailleurs vivement désirée par l'administration municipale d'Ancenis.

J'ai donc l'honneur de soumettre à votre signature le projet de décret cijoint.

Veuillez agréer, monsieur le Président, l'hommage de mon profond respect. Le ministre de l'instruction publique et des cultes,

Le Président de la République,

PARIEU.

Vu le décret du 11 mai 1807, par lequel les bâtiments de l'ancien collége d'Ancenis ont été concédés à la ville d'Ancenis à la charge d'y établir une école secondaire communale;

Vu le décret du 11 décembre 1808;

Vu la délibération du conseil municipal d'Ancenis, en date du 8 janvier 1849; Le conseil de l'Université entendu,

Décrète :

Art. 1er. La ville d'Ancenis est autorisée à concéder à Mgr l'Evêque de Nantes les bâtiments affectés au collége communal d'Ancenis, à la charge d'y établir une école secondaire privée et sous la réserve de tous droits résultant, au profit de l'Université, des termes des décrets précités du 11 mai 1807 du 11 décembre 1808; et en outre à la charge par ladite ville d'Ancenis de pourvoir à tous les frais d'entretien et de réparation desdits bâtiments.

Art. 2. Le ministre de l'instruction publique et des cultes et le ministre de l'intérieur sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret.

Au palais de l'Elysée, le 2 mai 1850.

Le ministre de l'instruction

publique et des cultes,

PARIEU.

LOUIS-NAPOLEON BONAPARTE.

Affaires ecclésiastiques du Piémont.

Mgr l'Archevêque de Turin, ayant été cité à comparaître devant le juge d'instruction, au sujet de sa circulaire au clergé de son diocèse, a fait la réponse suivante :

« Turin, 29 avril 1850.

« Au reçu de la citation qui m'est faite à comparaître aujourd'hui devant Votre Seigneurie, je me suis mis à examiner sérieusement si je puis m'appliquer les régles que j'ai tracées à mon clergé, dans ma circulaire du 18 du courant, et suivant lesquelles il pourrait, sans péché, comparaître et répondre aux interrogatoires.

« Mais j'ai dû reconnaître que non sculement, dans les causes criminelles, les Evêques sont exclusivement soumis au Souverain-Pontife (Conc., Trid., sess. 24, cap. 5, de refor.); mais que de plus, dans la circulaire de la S. Congrégation de l'immunité, émanée sur la demande de S. M., le 14 juin 1823, en même temps qu'on pourvoit à ce que les ecclésiastiques appelés à déposer devant la cour laïque, s'y puissent présenter, il est expressément déclaré que s'il est indispensable d'examiner un Archevêque ou un Evêque, il ne devra pas, en premier lieu, par le respect dû à sa dignité et à son caractère, être appelé au lieu du jugement, et qu'en outre Sa Sainteté se réserve l'autorisation, voulant qu'on lui en fasse la demande spéciale pour chaque cas.

« Vous voyez donc, qu'en présence de dispositions si claires et si formelles, je me trouve dans l'impossibilité absolue de me rendre à votre citation. Et, par conséquent, tout en protestant de ma parfaite soumission aux lois du gouvernement en tout ce qui ne blesse pas la conscience, comme dans le cas actuel ma conscience est engagée, je prie qu'on m'accorde le temps nécessaire, pour demander au Saint Siége une autorisation tout à fait indispensable. Dès que je l'aurai obtenue, je me ferai un devoir sévère de me conformer à la prescription de la loi.

<< En attendant votre réponse pour écrire à Rome, je suis etc. «† Louis, Archevêque, de Turin. »>

Réponse de M. le juge instructeur à Mgr l'Archevêque.

« Turin, 29 avril 1850.

« Excellence Révérendissime,

« Ne pouvant déférer aux raisons pour lesquelles Votre Grandeur se dit dans l'impossibilité d'obéir à l'ordre de comparaître qui lui a été signifié, ni en conséquence lui accorder la demande faite dans sa lettre d'aujourd'hui, je me fais un devoir de vous prévenir que, si vous ne comparaissez pas aujourd'hui même, la cause sera poursuivie aux termes de la loi. >>>

Réplique de Mgr l'Archevêque à M. le juge instructeur.

« Monsieur,

«Turin, 29 avril 1850,

« Dans ma lettre précédente d'aujourd'hui, j'ai dit, j'ai démontré qu'en conscience je ne pouvais pas comparaître devant un tribunal laïque, sans en avoir obtenu l'autorisation du Souverain-Pontife, autorisation que je me suis offert à demander. Maintenant, pour toute réponse, Monsieur le chevalier, vous me signifiez que vous ne pouvez recevoir mes raisons, ni consentir à ma demande, et que ne comparaissant pas aujourd'hui même, la cause aura son cours aux termes de la loi.

<Comme il s'agit ici de la conscience, il ne me reste plus qu'à dire avec saint Pierre: Si justum est vos potius audire quùm Deum judicate! Quelles que puissent être les conséquences, je dois répéter qu'il m'est absolument impossible de me présenter.

«Bien plus affligé des offenses qu'on fait à Dieu et des censurēs qu'on ne craint pas d'encourir que de tout ce qui me concerne, j'ai l'honneur d'ètre, etc. »

Nouvelles Religieuses.

ROME. Le 26 avril a commencé, dans l'archi-basilique patriarcale de Saint-Jean-de-Latran, un triduo solennel en actions de grâces du retour du Pape. Les chefs des SS. anôtres saint Piorro of saint De-1

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& O da rau, ont été exposés pendant les trois jours, et le chant du Te Deum a terminé ces exercice de dévotion. ETATS PONTIFICAUX. Parmi les démonstrations d'allégresse que donnent les provinces des Etats pontificaux, nous citerons ce qu'a fait la ville de Macerala (marche d'Ancône). La municipalité a arrêté qu'on doterait onze jeunes filles pauvres, que 200 scudi (1,080 fr.) seraient affectés à l'hospice des Orphelins, que les écoles des Sœurs seraient agrandies et assainies, et recevraient 100 sc. plus par an. C'est une noble manière de fêter le retour du Père au milieu de ses enfants.

de

La noblesse de Rome a fait frapper une médaille qui porte sur sa face la figure de Pic IX, avec cette légende :

et sur l'exergue:

PIO IX PONTIFICI MAXIMO, A MDCCCL,

PIO IX PONT. MAX.

FAVSTE FEVICITER REDEVNTI
PRID. IDVS APR. MDCCCL

OB MAIESTATEM VIRI RESTITVTAM

CIVIVM ANIMOS ERECTOS

FORTVNAS RELEVATAS
OPTIMATES ROMANI.

Le prince Rospigliosi, le marquis Patrizi et le chevalier D. Vincenzo Colonna ont eu l'honneur d'offrir cette médaille à Sa Sainteté.

Le Rév. P. François Vaures, ex-provincial de l'ordre des Minimes de SaintFrançois, consulteur des sacrées congrégations des Evêques et réguliers, des indulgences et sacrées reliques; conseiller et canoniste de l'ambassade française

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à Rome, a été nommé, par le Président de la République française, chevalier de la Légion-d'honneur, en récompense des services rendus au Saint-Siége et à la France pendant l'expédition militaire ayant pour but le rétablissement du pouvoir temporel du Souverain-Pontife.

⚫ DIOCÈSE D'ALBI.

L'ouverture du Concile de la province d'Albi est fixée au 23 juin. NN. SS. les Evêques de Perpignan, Cahors, Rodez et Mende sont les suffragants de cette métropole.

On nous écrit que Mgr l'Evêque amènera avec lui M. Grimal, vicaire-général, M. Georjon, supérieur du grand séminaire, et M. Trémolet, chanoine délégué du chapitre. Mgr l'Evêque de Mende amènera M. Comandie, vicaire-général, délégué du chapitre, le R. P. Martin, de la compagnie de Jésus, et M. Baduel, son secrétaire particulier.

DIOCÈSE D'ANGERS. Depuis le 2 septembre 1849, la maison centrale de Fontevrault était privée d'aumônier. M. l'abbé Brouillet avait, par suite des procédés arbitraires du directeur de la prison, été forcé de cesser ses fonctions; les deux aumôniers adjoints, profondément blessés de l'outrage immérité fait à leur confrère, avaient donné leur démission, que Mgr l'Evêqne avait acceptée, déclarant ne pouvoir livrer d'autres prêtres aux caprices du directeur.

Ce grave conflit vient de cesser; le gouvernement a enfin donné satisfaction à l'autorité ecclésiastique, en changeant M. Lucas, qu'il envoie gouverner la prison de Clairvaux. Espérons que l'issue de cette grave affaire servira de leçon à la bureaucratie centrale, et lui enseignera à respecter davantage l'autorité épiscopale.

Le vénérable Evêque d'Angers, qu'une dure nécessité avait forcé de refuser pour un temps des aumôniers à la maison centrale, s'est empressé de pourvoir aux besoins religieux des condamnés aussitôt que la nouvelle du changement de directeur lui a été notifiée; deux ecclésiastiques ont été désignés par lui pour être aumôniers, et ils n'attendent que l'agrément du ministre pour aller prendre possession de leur charge. Ils sont précédés à Fontevrault par six pères jésuites, entre lesquels plusieurs de ceux qui viennent d'évangéliser le bagne de Brest; ils ont commencé le 21 avril une retraite qui va durer environ vingt jours, et qui promet les plus heureux résultats.

Le conflit que nous avons déploré comme un malheur va pourtant contribuer à la liberté de l'Eglise, et M. Lucas, en usant envers l'aumônier d'un inqualifiable procédé, aura rendu, sans le vouloir probablement, un service réel à la cause religieuse, tant il est vrai que la Providence divine sait faire tourner à bien les événements fâcheux.

L'aumônier de Fontevrault, M. l'abbé Brouillet, a fait paraître, à l'occasion de sa révocation, une brochure intéressante sur un sujet fort sérieux; elle a pour titre des Aumôniers d'établissements publics, etc.

DIOCÈSE D'ORLÉANS. Mar Dupuch, ancien Evêque d'Alger, que Mgr Dupanloup, empêché par la maladie, avait invité à venir donner le Sacrement de Confirmation dans son diocèse, a commencé sa tournée pastorale dimanche dernier. DIOCESE DE NANCY. On nous adresse des environs de Phalsbourg des nouvelles fort touchantes sur la visite pastorale de Mgr Menjaud. Toutes les populations se pressent au devant et sur les pas du digne prélat. Les malades eux-mêmes se font porter sur son passage pour recevoir sa bénédiction.

Mgr traversait le hameau des Trois-Maisons. Bien des fois déjà il avait fait arrêter sa voiture pour bénir les enfants et les malades qu'on portait sur son passage. Une femme accourt: elle annonce qu'un malade sollicite avec instance la

bénédiction de son Evêque. Mgr quitte aussitôt sa voiture et se dirige vers la maison qui lui est indiquée. Il allait pénétrer dans l'humble habitation, quand on en vit sortir une vieille mère portant sur son dos, son fils, âgé de trente-quatre ans, dangereusement malade de la poitrine. Elle le déposa aux pieds de Sa Grandeur, dont elle implora la bénédiction pour son enfant. A la vue de tant de foi et de dévouement, nul parmi les assistants ne put retenir ses larmes. Mgr, après avoir béni le fils malade, et donné à la mère une abondante aumône, s'empressa de se dérober à la reconnaissance de cette pauvre mais honnête famille, et aux applaudissements de la population vivement émue.

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DIOCÈSE DE TOULOUSE. L'ouverture du Jubilé de Saint-Jérôme que nous avons annoncé, a été faite par une édifiante procession.

Hier, après les vêpres de la fête de l'Invention de la Croix, la procession sortit de l'église Saint-Jérôme, et se rendit dans l'église inétropolitaine, où elle fit station.

Elle se composait des confréries de la paroisse, des élèves des divers établissements d'instruction primaire, situés sur son territoire, des Frères des écoles chrétiennes, de jeunes demoiselles, et d'un nombre considérable d'hommes et de femmes. Une partie des ecclésiastiques des deux séminaires s'était réunie au clergé paroissial. Il est difficile de voir plus de régularité et de recueillement dans une longue procession; le défilé n'a été interrompu nulle part, et le pieux cortége est rentré dans l'église Saint-Jérôme dans le même ordre.

La fête de l'Invention de la Croix a été solennellement célébrée dans cette église.

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SUISSE. ·Vente des biens ecclésiastiques dans le canton de Vaud. gouvernement du canton de Vaud vient d'opérer la vente définitive des biensfonds appartenant aux cures catholiques du district d'Echallens.

Ces propriétés proviennent de fondations pies, la plupart antérieures à la Réformation. Le gouvernement bernois, qui à cette époque surtout n'avait pas la conscience trop délicate, les gouvernements qui depuis se sont succédé dans le pays de Vaud, n'ont jamais songé à y porter atteinte. On espérait donc qu'un reste de pudeur empêcherait le gouvernement actuel de jouer un rôle inqualifiable vis-à-vis de cette minorité presque imperceptible de pauvres catholiques si paisibles et si bons Vaudois. Comme jamais il ne leur avait été seulement permis de convoiter le bien d'autrui, ils espéraient qu'on les laisserait en possession de ce qui leur avait été légué par leurs ancêtres catholiques, pour l'entretien du culte catholique.

Eh bien! non. Ils ont fait leurs observations les plus humbles et les plus respectueuses, ils ont fait valoir leurs droits; toutes les paroisses ont adressé au conseil-d'Etat leurs réclamations signées à l'UNANIMITÉ, et le gouvernement, après avoir répondu par un silence prodigieusement démocratique, fait publier la vente; la vente s'opère, et l'Etat met bel et bien en poche la somme de 110,000 fr. de Suisse, ce qui fait environ 180,000 fr. de France.

Pourquoi cette mesure qui n'a pas le plus léger prétexte pour justification? La chose est facile à deviner. On trouvait que le clergé était trop riche!! surtout trop indépendant vis-à-vis de l'Etat. On le voudrait docile, souple, servile devant tous les caprices des nouveaux Césars, afin qu'il ne lui fût jamais permis de songer à ce qu'il doit à Dieu et à sa conscience. L'Etat veut avoir à sa disposition et distribuer à son gré le pain de chaque jour au prêtre catholique, et pouvoir lui dire Sois sage, sinon !! Tu m'obéiras, sinon pas de pain! Des mesures de ce genre peuvent bien obtenir leur effet sur certains hommes, certain clergé

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