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Jueuses et de coupables démonstrations qui auraient eu lieu, lundi dernier, sur le passage du Président de la République, au moment où celui-ci revenait de Vin cennes où il avait passé la revue d'un régiment d'artillerie.

Ce jour-là, il y avait près de la barrière du Trône une foire annuelle qu'on appelle la foire du pain d'épice. Cette circonstance, jointe à la fête fériée du lundi de Pâques, avait amené une grande foule dans cette partie du faubourg.

En allant à Vincennes, le Président avait été très-bien accueilli par la population. Mais, avant son retour, les meneurs démagogiques avaient eu le temps de donner le mot d'ordre à leurs sections, et elles avaient envoyé leurs affiliés depuis Saint-Mandé jusqu'au boulevard Saint-Martin.

Le général Changarnier, ayant devancé de quelques instants la voiture du Président, remarqua, à ce qu'il paraît, des symptômes d'agitation. Mais, lançant son cheval au milieu des groupes, il imposa aux plus malintentionnés par l'énergie de son attitude. On raconte qu'ayant aperçu deux soldats ivres qui gardaient leurs képis sur la tête, il alla droit à eux, et, avant même qu'il les eût réprimandés, ces militaires s'étaient respectueusement découverts.

Mais c'était contre le Président que la manifestation pacifique était dirigée pour cette fois. Quand il parut, les cris de vive la République démocratique et sociale éclatèrent avec force et le suivirent pendant une grande partie du trajet.

Le Constitutionel, en rapportant ces faits et l'agitation qu'ils ont répandue dans plusieurs quartiers de Paris, signale les amnistiés comme en étant les principaux auteurs. On assure que beaucoup de ces insurgés graciés s'honorent dans les ateliers du titre de pontonniers, s'y arrogent des droits de commandement sur leurs compagnons les plus paisibles, et ne négligent rien pour préparer de nouveaux troubles. Si cela est vrai, et les scandaleuses démonstrations du faubourg Saint-Antoine viendraient à l'appui de cette assertion, le Pouvoir n'aurait qu'à se repentir d'une mesure à laquelle la générosité avait eu plus de part que la prudence, et qui n'est récompensée que par une si criminelle et si dangereuse ingratitude.

Au reste, que les ennemis de la société prouvent aux plus confiants qu'ils n'ont pas désarmé! Ce sera un bien si les bons citoyens entendent ces avertissements et savent en profiter pour se tenir en garde contre de ténébreux et incessants complots.

La commission formée pour examiner le projet de loi tendant à supprimer les clubs ou réunions électorales, a reçu du gouvernement les documents qui établissent l'impéricuse nécessité d'adopter la mesure au point de vue de la sécurité et de l'ordre public.

On pense que le rapport sera déposé dans le courant de la semaine prochaine.

La commission de la presse entendra demain les délégués des journaux des départements. Elle prendra une résolution définitive et håtera son travail de manière à déposer son rapport jeudi prochain.

M. Chassaigné a présenté un amendement au budget de la guerre par lequel il demande d'augmenter de 2,250,000 fr. le crédit demandé pour la gendarmerie.

Cette somme serait affectée à la création de nouvelles brigades de cette

arme.

Le crédit demandé pour la solde de l'infanterie serait réduit de pareille somme. La réduction ne porterait toutefois que sur l'effectif soldat, les cadres actuels restant maintenus.

Nous espérons que cet amendement sera voté à l'unanimité par la majorité.

Bulletin de la politique étrangère.

ANGLETERRE.-Le Times publie des nouvelles d'Athènes à la date du 20 mars. Il paraîtrait que la mission du baron Gros n'aurait pas amené encore un résultat définitif. Le gouvernement grec aurait proposé à notre envoyé de donner sûreté pour le montant intégral des sommes demandées par Pacifico et Finlay, à la condition que les bâtiments grecs en possession de la flotte anglaise lui seraient restitués.

M. Wyse refuse, de son côté, d'accéder à cette demande, prétendant qu'il s'agit d'autre chose dans ses réclamations que d'une question d'argent, et que l'on doit en outre des réparations d'honneur à l'Angleterre.

Singulière prétention de cette dernière puissance, qui veut qu'on lui demande pardon du mal qu'elle fait elle-même!

ALLEMAGNE. Le bruit s'est répandu, ces jours-ci, que l'empereur serait couronné au mois de mai. J'en doute fort. On parle aussi d'une amnistie pour tous les condamnés à moins de cinq ans; on dit qu'elle est sollicitée par les membres les plus libéraux du cabinet, MM. de Thun et Schmmerling. C'est encore là un fait dont je doute. Les menées révolutionnaires sont trop actives, trop menaçantes pour qu'on puisse songer, quant à présent, à faire de la clémence. D'ailleurs, l'exemple des déplorables résultats que le Président de la République française a obtenus par l'amnistie et le pardon est-il fait pour encourager les autres gouvernements? Je ne le pense pas.

Séance du 4 avril.

ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

PRÉSIDENCE DE M. LE GÉNÉRAL BEDEAU, VICE-PRÉSIDENT. L'ordre du jour appelle le scrutin pour la nomination du bureau de l'Assemblée. Le scrutin est fermé à 3 heures.

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M. Dupin ayant obtenu la majorité, est proclamé président.

M. ROUHER, ministre de la justice, dépose le projet de loi sur la réforme hypothécaire.

M. FOULD, ministre des finances, dépose sur le bureau de l'Assemblée un projet de loi sur le budget de 1851.

Voix nombreuses: Lisez! lisez !

M. FOULD donne lecture de ce document, qui promet une diminution de 27,200,000 fr, sur l'impôt foncier; le total des dépenses serait de 1,283,000,000 et le chiffre des recettes de 1,292,000,000, ce qui promet un excédant de recettes de plus de 8,000,000. Ce projet de budget est renvoyé à l'examen des bureaux, pour la nomination d'une commission.

L'ordre du jour appelle la délibération sur le projet de loi de déportation.

M. FARCONET prononce un long discours, démocratique, philantropique et social, dans lequel il s'efforce de démontrer que les Marquises sont une Sibérie, une tombe, un enfer, et où il exhorte ses collègues à faire du socialisme honnête et modéré.

Nous sommes, dit l'orateur en terminant, les enfants des hommes qui ont démoli la Bastille, nous n'irons pas la relever à 4,500 lieues d'ici.

M. RODAT. On nous dit : Nouka-Hiva est une Sibérie tropicale; c'est une allégation démentie par tous les rapports officiels. Ces îles ne sont ni insalubres, ni désertes, ni infertiles.

On dit qu'il n'y aura plus de crimes politiques. Tant mieux. Mais alors pourquoi s'opposer à la loi? (Très-bien!)

Vous ne voulez plus commettre d'attentat contre la société, vous ne voulez pas suivre les traditions des hommes qui l'ont attaquée en mai et juin 1848 et en juin 1849. (Approbation.) Je crois à ces sentiments que vous exprimez ici; mais sont-ils bien l'expression des intentions de ces hommes? (Nouvelle approbation.)

Si la loi existe, elle inspirera des craintes qui seront des raisons de plus pour que ces jours malheureux ne reviennent pas; si elle n'existe pas, nous aurons moins de raison d'être rassurés.

Je crois qu'elle ne pourra que fortifier les bonnes intentions dont vous avez parlé. (Très-bien!)

Je demande donc l'adoption du projet. (Vive approbation.)

M. le président donne lecture du résultat du scrutin pour la nomination des viceprésidents.

MM. Bedeau et Daru étant les seuls qui aient obtenu la majorité, l'élection des deux autres vice-présidents est renvoyée à demain.

Les anciens secrétaires sont tous nommés à une grande majorité.

M. MARC DUFRAISSE monte à la tribune.

Voix nombreuses: A demain! à demain!
La séance est levée à six heures.

Chronique et Faits divers.

Les journaux anglais annoncent que le marquis de Clanricarde, directeurgénéral des postes, est parti de Londres pour Paris. On dit que l'objet du voyage de S. S. est d'obtenir une modification dans le taux du port des lettres entre l'Angleterre et la France, et de diminuer le prix de la correspondance entre les deux pays. En effet, le taux de 10 pences (1 fr. 5 c.) pour une lettre pesant moins de quart d'once est certainement trop élevé, quand cette même lettre peut être envoyée pour 20 c. de Calais à Paris, et de Douvres au nord de l'Ecosse pour 10 c. seulement.

-On lit dans le Journal des Chemins de fer :

Le chemin du Nord vient d'introduire dans son exploitation une amélioration importante au point de vue de la sécurité des voyageurs. Jusqu'à ce jour, les signaux adoptés consistaient et consistent encore sur presque toutes les lignes en un drapeau rouge et une lanterne à feu rouge; mais dans les temps de brouillard ces signaux ne peuvent être aperçus. C'est pour remédier au danger que présentait cet inconvénient qu'on a substitué un nouveau système de signaux qu'on appelle détonnants.

Ces signaux détonnants, appelés pétards, sont faits avec une poudre fulminante renfermée dans des boîtes disposées de manière à pouvoir être fixées dans

le joint de deux rails consécutifs. Au passage de la machine, ces pétards sont écrasés par les roues et éveillent forcément, par le bruit de leur explosion, l'attention du mécanicien.

En temps de brouillard, les cantonniers, chefs de gares et surveillants de gares, pendant les dix minutes qui suivent le passage d'un train, doivent se tenir sur leurs gardes, et si le bruit d'un autre train arrivant sur la même voie se faisait entendre, ils devraient fixer un pétard sur un des rails de cette voie. En entendant la détonation, le mécanicien cherche à se rendre immédiatement maître de la vitesse du train qu'il couduit, et s'avance avec prudence jusqu'à ce qu'il ait appris le motif du signal.

Dans les temps humides et selon la gravité des circonstances, pour parer à toute éventualité, au lieu d'un seul pétard, il en est placé deux ou trois à trente mètres de distance. La pose de ces pétards ne dispense pas d'ailleurs de l'emploi des autres signaux en usage sur le chemin de fer.

Cette innovation d'importation anglaise est due à M. Auguste Chevalier, qui a pendant longtemps participé à la direction du mouvement sur le chemin du Nord. M. Auguste Chevalier, dans un ouvrage remarquable sur l'exploitation des chemins de fer anglais, a fait faire de grands progrès à cette industrie. Les hommes pratiques et intelligents sont si rares dans notre pays, que ceux qui sont enlevés à l'industrie laissent une place qui est difficilement remplie. M. Auguste Chevalier appartient à cette catégorie, et le Président de la République, en le nommant son secrétaire-général, a fait un excellent choix. >>

-Une girafe magnifique, conduite par trois Africains, arrivée dimanche à Nantes, est partie pour Angers, sur un bateau spécial, pour de là prendre le chemin de fer jusqu'à Paris. Cet animal est un présent du pacha de Tombouctou au Président de la République; il est arrivé hier à Paris, où il a été placé dans la riche ménagerie du Jardin-des-Plantes.

- On lit dans le Londonderry-Journal le fait suivant, dont nous lui laissons complétement la responsabilité :

Le 8 de ce mois, au matin, on trouva sur le mont Ardbane une immense quantité de poissons, connus sous le nom de sand-cels. La partie de la montagne où ils gisaient est éloignée d'un mille au moins de l'Atlantique. La veille au soir il n'y en avait pas de trace, et c'est vers les dix heures du matin qu'ils furent aperçus par des enfants qui allaient à l'école, ils étaient accumulés sur une surface de trois à quatre hectares. Un grand nombre étaient encore vivants, quand ils furent découverts; on en fit plus d'un régal dans les villages voisins. »

VARIÉTÉS.

Œuvres, industrie, projets de zèle et de charité.

M. l'abbé Taillefer, chanoine, directeur de l'archiconfrérie des Bons livres, nous fait l'honneur de nous adresser la lettre suivante que nous sommes heureux de publier :

Monsieur le Directeur,

Bordeaux, le 27 mars 1850

Pour répondre à votre appel et à celui de votre respectable correspondant, je viens, à mon tour, vous signaler une OEuvre qui produit dans notre diocèse et dans tous ceux où elle est établie, des fruits

de grâce et de bénédiction. Je veux parler de l'OEuvre des bons livres, œuvre éminemment religieuse et sociale, et particulièrement adaptée aux besoins de notre époque. Elle a eu pour fondateur M. Barault, mort chanoine de notre Eglise primatiale le 2 mai 1839. L'Ami de la Religion donna alors une notice sur ce vénérable ecclésiastique.

C'est en 1812 qu'il commença à prêter des livres aux habitants de la paroisse St-Paul, où il était vicaire. Il était loin d'apprécier, dans toute son étendue, l'emploi dont le chargeait la divine Providence, et se contentait de la bénir des succès qu'elle donnait à ses efforts.

Cependant ces succès attirèrent l'attention du saint Prélat qui gouvernait ce diocèse. Mgr d'Aviau vit qu'on pouvait donner plus d'extension à cette entreprise, généraliser ses opérations, et, par là, opposer une digue plus forte au torrent des mauvaises doctrines. Un plan d'institution lui fut présenté; il l'approuva par son ordonnance du 15 novembre 1820. Ainsi commença l'OEuvre des bons livres.

L'OEuvre devait se créer des ressources. Jusqu'alors le pieux fondateur avait employé une partie de son patrimoine pour acheter des livres. Un appel fut fait aux amis de la religion qui s'empressèrent d'y répondre et de l'aider par leurs dons et souscriptions. Ces résultats firent espérer des succès plus avantageux encore. Ce qui les augmenta surtout, c'est que Mgr Justiniani, nonce en Espagne, depuis Cardinal, qui se trouvait alors à Bordeaux, demanda au Pape Léon XII des indulgences pour tous les fidèles qui voudraient concourir à soutenir et à étendre cette OEuvre. Elles furent accordées par un rescrit du 22 mai 1822.

Ce rescrit autorisait l'érection de l'OEuvre en association religieuse. Mgr d'Aviau l'établit canoniquement par son ordonnance organique du 11 novembre 1825. Ce fut le dernier acte de sa sollicitude pastorale, et le dernier établissement dont il dota son diocèse.

Dès lors, l'OEuvre s'étendit avec rapidité. En moins d'une année, vingt-neuf dépôts ou bibliothèques paroissiales furent placés en divers lieux du diocèse, et leur nombre s'élève aujourd'hui à cent soixante-dix.

Mgr de Cheverus ne tarda pas à s'apercevoir des effets admirables que produisait cette institution précieuse. Il la soutint par ses largesses, et il aimait à ajouter par sa présence à la pompe de sa fête patronale et à prêcher dans ces solennités. Sur sa demande, le SouverainPontife Pie VIII, par quatre rescrits des 24 septembre et 16 novembre 1830, accorda de nombreuses indulgences, et S. S. Grégoire XVI, par ses lettres apostoliques du 16 septembre 1832, érigea l'OEuvre en archiconfrérie ou confrérie mère, en sorte qu'elle peut s'affilier, dans tout l'univers, toutes les sociétés particulières de bons livres et leur communiquer les grâces dont elle est enrichie. Par un nouveau rescrit du 2 mars 1836, le même Pape, en confirmant et augmentant

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