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enseignait à tous la pure morale de Notre Seigneur. C'est ainsi qu'il parvenait à former des chrétiens véritables, au lieu qu'autrement on ne fait que des fantômes et des simulacres de chrétiens.

Quant au choix de ses matières, c'étaient quelquefois des sujets isolés que M. Allemant traitait suivant les temps et les besoins : mais le plus souvent il donnait des suites complètes d'instructions sur le symbole, le décalogue, les sacrements, la sainte messe... C'est bien la meilleure méthode. C'est celle qu'indique le saint Concile de Trente et que tous les pasteurs vraiment zélés et éclairés aiment à suivre. Sans cela, on laisse trop souvent croupir les penples dans la plus déplorable ignorance, même en leur donnant tous les dimanches de grands sermons. Un bon prêtre témoignait son étonnement à une femme fort ignorante sur la religion, quoiqu'elle eût suivi assidûment pendant trente ans les sermons de la paroisse : « Hélas! << Monsieur, répondit la pauvre femme, on nous prêche, mais on ne « nous instruit pas. » Energique expression d'une triste vérité ! C'est pour prévenir cet énorme abus d'une prédication qui n'instruit point, qu'un saint Evêque, que nous avons le bonheur de connaître avait réglé que, hors le temps de l'Avent, du Carême et des principales solennités, ses prêtres substitueraient aux sermons des cours d'instructions suivies sur les diverses parties de la religion. Nous avons vu cette excellente méthode mise en pratique dans une de nos plus grandes villes de France.

Le curé et les vicaires, dans chaque paroisse, se partageaient et traitaient, chacun pour leur part, le dogme, la morale, les sacrements, la liturgie. Il en résultait un vrai cours de religion qui avait le double avantage d'éclairer les fidèles; et aussi, nous pouvons le dire, de les intéresser bien autrement que des sermons vagues, sans liaison entre eux, et sur des sujets que, pour la plupart, les auditeurs ont entendu traiter mille fois. Même avec un talent médiocre, on plaît toujours, quand on apprend à l'auditeur quelque chose qu'il ne savait pas; ou quand on rend plus clair ou plus complet dans son esprit ce qu'il ne savait qu'imparfaitement: au lieu que, pour plaire longtemps, sans l'aliment de l'instruction, il faudrait des prodiges d'esprit et d'éloquence.

PAR UN PRÊTRE DU DIOCÈSE DE MARSEILLE.

(La suite à un prochain numéro.)

BOURSE DU 3 MAI.

Le 5 p. 100, 88 30 à 88 25. - Le 3 p. 100, 55 10 à 54 65. Actions de la Banque, 2,100 00.- Obligations de la Ville, 1,210 00.- Nouvelles Obligations, 0,000.- 5 p. 100 belge, 100 118.- Emprunt romain, 79 114.

L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY.

Paris, imp. BAILLY, DIVRY et Comp., place Sorbonne, 2,

DIMANCHE 5 ET LUNDI 6 MAI 1850, .

E (N° 5038 et 5039)

L'AMI DE LA RELIGION.

Mgr l'Archevêque de Paris nous fait l'honneur de nous adresser la note suivante :

Société charitable d'encouragement pour les Ecoles

chrétiennes libres.

Nous n'avons cessé, pendant vingt ans, de demander la liberté de l'enseignement. Nous étions persuadé, et nous le sommes encore, que, sans ce remède, il n'y avait nul espoir de sauver ce pays.

Disputer, par une large dispensation de l'éducation religieuse, les générations qui s'élèvent et celles qui viendront après, à l'indifférence, à l'impiété, à toutes les influences mauvaises qui sont dans l'air du siècle, et que les enfants respirent commé naturellement, c'est l'unique moyen d'arrêter cette société sur la pente de sa ruine, et de combattre l'effrayant travail de dissolution qui se fait en elle.

Il n'est pas un homme sage qui ne soit convaincu de cette vérité, et ces choses, à force d'être redites, sont devenues des lieux com

muns.

Eh bien! ce que nous avons demandé avec tant d'instances et durant si longtemps, vient de nous être accordé. Une loi, qui n'est pas parfaite sans doute, nous donne au moins cette faculté, qui est essentielle et qui est au fond presque toute la liberté que nous demandions, de fonder des écoles et de les diriger, sans qu'une volonté arbitraire et toute puissante puisse désormais paralyser nos efforts. Le moment de mettre la main à l'œuvre est donc arrivé. Il serait incompréhensible qu'après avoir tant fait pour obtenir cet avantage, on ne sût rien faire pour en profiter dans l'intérêt du pays.

Il y aurait là plus que de l'inconséquence: il y aurait, à la vue de ce mal profond qui ronge la société, le plus coupable oubli de nos devoirs de chrétiens et de citoyens.

Si tout ce que nous venons de dire est vrai, il ne l'est pas moins que les efforts individuels seront le plus souvent impuissants pour arriver au but qu'il faut atteindre. Peu d'hommes auront assez de fortune pour ouvrir des écoles et fonder des établissements coûteux. Il est donc indispensable de demander à l'association les ressources qui manquent à l'individu. On ne peut pas fonder une école; mais on pourra, dans la mesure de ses moyens, concourir à sa fondation. Ces considérations nous ont conduit à l'idée de la Société dont nous allons indiquer les bases, telles qu'elles nous ont été présentées par notre commission des études, et telles qu'après mûr examen, nous les avons approuvées. Si celte Société parvenait à réunir des adhéL'Ami de la Religion. Tome CXLVII,

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sions nombreuses, nous la regarderions comme susceptible de produire le plus grand bien.

I.

FONDATION DE LA SOCIÉTÉ.

Il est fondé à Paris une Société charitable dite d'encouragement pour les Ecoles chrétiennes libres.

Son action tout d'abord sera bornée à Paris. Plus tard, on pourra fonder des société analogues dans les départements, ou en encourager la fondation.

On a cru que la Société gagnerait, au commencement, à borner son action. D'ailleurs, Paris est un foyer dont la bonne comme la mauvaise influence se fait sentir presque partout.

II.

BUT DE LA SOCIÉTÉ.

La Société d'encouragement a pour but :

1° D'ouvrir des écoles religieuses pour les garçons et pour les filles, dans les quartiers qui en manquent. Les écoles seront ou gratuites ou payantes selon les quartiers. Si elle ne pouvait pas toujours ouvrir des écoles là où il serait nécessaire d'en établir, la société pourra aider à leur ouverture. Elle pourra aussi soutenir les écoles chrétiennes existantes dont le sort serait menacé faute de ressources.

Malgré tous les efforts qui ont été faits jusqu'ici, Paris manque d'écoles. Les quartiers populeux surtout n'ont pas, sous ce rapport, la moitié de ce qu'il leur faudrait. Les parents sont obligés de faire inscrire leurs enfants longtemps d'avance. Nous connaissons une école dans le faubourg Saint-Antoine qui peut contenir quatre cents enfants, il y en a onze cents d'inscrits. De là, pour les parents, de grandes inquiétudes, et, pour les enfants, un dangereux vagabondage.

2o De fonder des externats secondaires ou d'aider à leur fondation.

Le système des pensionnats n'est presque pas praticable pour les écoles libres. Il est très-coûteux. Le budget seul de l'Etat peut y suffire. Des ressources bornées s'y épuisent presque toujours. D'ailleurs dans les colléges d'internes, quand ils sont nombreux, la surveillance est bien difficile. La Société d'encouragement se bornera donc a des externats.

Il y a à Paris la place de deux ou trois grands externats qui feront leurs frais, et au delà, et qui ne demandent que les avances nécessaires à leur fondation.

3o De constituer une école normale où se formeront pour les écoles libres des maîtres ecclésiastiques et laïques ;

4o De fonder, quand ce serait possible, des cours de haut enseignement pour couronner le système des écoles libres.

Pour obtenir plus facilement et plus sûrement ce double résultat, il n'y aurait qu'à aider au développement de l'école des Carmes qui a déjà obtenu de si légitimes succès.

III.

Ressources DE LA SOCIÉTÉ.

Les ressources de la Société lui viennent :

1o Des cotisations annuelles de ses membres fondateurs ;

2o Des dons et souscriptions qu'elle peut recevoir.

Pour être membre fondateur, il faut s'engager à payer au moins 200 fr. par an pendant cinq ans.

Pour cette Société comme pour toutes les autres de même nature, la question prin

cipale est celle des ressources. Le bien sera proportionné aux moyens qu'on aura pour

le faire.

L'importance du but qu'on se propose, l'urgence qu'il y a de l'atteindre au plus tôt, l'impérieux devoir qui existe pour chacun d'y tendre de tous ses efforts, tout cela doit faire espérer un efficace concours. Il faudrait désespérer de la société s'il en était autre

ment.

IV.

ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ.

La Société est placée sous le patronage et la présidence de l'Archevêque de Paris.

Les curés des douze arrondissements de la ville en sont membres de droit. Ces dispositions ont été prises pour imprimer profondément à la Société le caractere religieux qui ne doit jamais s'altérer en elle.

La Société agit et s'administre par un comité.

Les membres de ce comité, au nombre de douze, sont nommés pour cinq ans. Ils sont choisis dans le sein de la Société ou en dehors.

Tous les trois mois, le comité rend compte de ses opérations à la Société réunie eu assemblée générale.

Telles sont les principales dispositions que nous avons arrêtées. Elles suffisent pour donner une idée exacte de la Société que nous entreprenons de fonder avec l'aide de Dieu. Les règlements particuliers viendront ensuite à mesure que le besoin s'en fera sentir. Ils seront proposés par le comité et approuvés par la Société dans ses assemblées générales.

Puisse cette œuvre nouvelle prendre racine au milieu de nous et prospérer ! Il n'en est pas de plus nécessaire dans les temps où nous sommes. Pour nous, nous la regarderions volontiers comme la première de notre diocèse. Nous la recommandons d'abord par nos prières à Dieu de qui émane tout bien. Nous la recommandons ensuite au zèle si intelligent de notre clergé. Nous la recommandons enfin à tous ceux qui pensent comme nous que le grand mal de ce temps, c'est l'affaiblissement des croyances religieuses, diminuta sunt veritates a filiis hominum, et que le remède ne peut être que l'effusion plus grande, par l'éducation, des principes du christianisme dans l'âme de générations.

Paris, 17 avril 1850.

MARIE-DOMINIQUE-AUGUSTE,
Archevêque de Paris.

NOTA. Des registres de souscriptions sont ouverts à l'Archevêché et dans toutes les paroisses de Paris.

De la clémence du Saint-Père et des Français à Rome.

Les déclamations indignes dont la victoire de notre armée et le rétablissement de l'autorité pontificale ont été le prétexte pour les héros de la Montagne, dans la séance du 2 mai, ont été relevées surle-champ par la loyale indignation et les énergiques démentis de M. le général Oudinot et de M. le général Régnault de Saint-Jeand'Angély.

Mais ce n'est pas tout. Il importe que les faits soient mis dans toute leur lumière. Aussi nous empressons-nous de reproduire sur l'entrée de nos soldats à Rome et sur l'exécution de l'amnistie du 19 sep tembre, les renseignemente que M. de Corcelle a bien voulu com

muniquer au Messager de la Semaine, et dont il nous autorise à garantir l'exactitude et l'authenticité.

Voici cette note, qui sera lue avec le plus vif intérêt, et qui restera comme un document irréfragable de la clémence du Saint-Père et de la magnanimité de la France:

Renseignements sur l'expédition romaine, recueillis auprès de M. de Corcelle.

Nous nous sommes adressés à l'honorable de M. de Corcelle pour lui demander des renseignements au sujet des allégations produites à la tribune dans la dernière séance, et de l'exécution de l'acte d'amnistie du 19 septembre. M. de Corcelle a bien voulu nous répondre; il nous autorise à garantir l'authenticité et l'exactitude des faits suivants :

On a dit que des rigueurs inouïes avaient accompagné le rétablissement de l'autorité pontificale. Rien n'est plus contraire à la vérité. Les instructions envoyées à cet égard par le gouvernement ont été exécutées avec une générosité de procédés telle que l'histoire d'aucune révolution ou restauration n'en offrirait un semblable exemple, et, en même temps, avec un profond respect pour l'autorité souveraine rétablie le 15 juillet dans tous ses droits.

La notification du 19 septembre excluait de l'amnistie les membres du gouvernement, les chefs des corps militaires, et tous ceux qui, ayant eu le bénéfice de l'amnistie de 1846, avaient ensuite participé aux actes de la dernière période révolutionnaire.

Ces mots membres du gouvernement, chefs de corps, amnistiés récidivistes de 1846, n'étant point définis, auraient pu s'appliquer à un nombre considérable d'employés civils, d'officiers de l'armée, et même de fonctionnaires municipaux. MM. de Corcelle et de Rayneval s'empressèrent d'en limiter la portée, et il est certain que leur négociation a pleinement réussi.

D'après des conventions postérieures au 19 septembre, il fut stipulé, d'abord qu'aucun des compromis politiques exclus de l'amnistie ne subirait de détention préventive, et que tous, en cas de poursuites, auraient la faculté de choisir entre la juridiction romaine, s'il leur convenait d'en courir les chances, ou bien un passeport français. Cette clause a été parfaitement observée.

Plusieurs constituants qui n'avaient pas pris part à la déchéance du Pape, furent amnistiés sur la demande de nos ministres plénipotentiaires. Les mots chefs de corps furent ensuite définis de telle sorte, qu'ils ne pouvaient atteindre que 8 ou 9 officiers supérieurs.

Le gouvernement pontifical déclara, de plus, qu'il ne considérerait comme membres du gouvernement que les anciens ministres déjà exceptés comme constituants.

La catégorie des amnistiés récidivistes était plus menaçante. Le nombre des amnistiés avait été de 1,600 en 1846; 600 environ étaient rentrés dans les Etats pontificaux, et beaucoup d'entre eux avaient accepté des emplois du gouvernement révolutionnaire.

Dans tous ces cas, qui présentaient diverses difficultés, les négociations ont été très-actives, très-pressantes, et n'ont pas manqué d'efficacité.

On doit même le dire, pour rendre au gouvernement pontifical la justice qui lui est due, deux ou trois cents compromis pouvaient être exposés, même après les définitions adoucies qu'on venait d'obtenir, non pas à perdre leur vie, leurs biens ni leur liberté (il n'y a pas eu, nous le répétons, un seul exemple de sem

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