Page images
PDF
EPUB

LUNDI (er ET MARDI 2 AVRIL 1850.

(Nos 5004 ET 5005.)

L'AMI DE LA RELIGION.

A NOS LECTEURS.

Il y a six mois que l'Ami de la Religion, cédant à des voeux qui seront toujours des ordres pour lui, a adopté le mode de publicité quotidienne. En commençant aujourd'hui un volume nouveau, l'Ami de la Religion doit à ses lecteurs, il doit surtout à l'Episcopat et au Clergé qui l'honorent d'une bienveillance si précieuse et si persévérante, de leur exposer ce qu'il a fait pendant cette première période de sa nouvelle existence, et ce qu'il compte faire pour se rendre, à l'avenir, plus digne encore de la confiance dont il est l'objet.

En lui-même, l'Ami de la Religion est un Recueil ancien, estimé, contenant seul les archives de l'Eglise depuis cinquante années, formant la collection unique de tous les matériaux qui serviront à l'histoire de l'Eglise catholique dans notre patrie et dans le monde chrétien. Sous ce rapport, il aurait déjà quelque droit à la considération des esprits sérieux et des intelligences d'élite. En ce temps où il y a si peu de suite et de constance, ce n'est point un passé à dédaigner, qu'une série de cent cinquante volumes non interrompus (1).

Mais là n'est pas seulement la valeur de l'Ami de la Religion. Sa force, le secret de sa durée, la source de sa permanence, résident dans les intérêts sacrés, dans la cause sainte dont il est le défenseur dévoué et convaincu, et dans l'auxiliaire puissant qu'apportent à sa faiblesse la bienveillance des Maîtres de la doctrine, et le concours généreux des champions les plus éprouvés de l'Eglise et de la société.

En effet, la sympathie que lui accordent des personnages éminents dans l'ordre ecclésiastique et dans l'ordre politique, a un caractère particulier d'intimité et d'affection. On sait et on sent que l'Ami de la Religion n'est pas une entreprise d'intérêt privé, ni une affaire d'école, d'opinion ou de parti. C'est une œuvre, une œuvre éminemment catholique et ecclésiastique, dans toute la grave et sainte acception de ce mot et de ce titre.

Soumission sans bornes à l'autorité de l'Eglise de la part de ceux qui travaillent à cette œuvre; protection affectueuse et indulgente de la part de ceux qui la soutiennent: telle est,-si l'on ose le dire,

(1) Toutes les six semaines, l'Ami de la Religion forme un volume in-8o de 700 à 800 pages, avec une table analytique. C'est donc HUIT volumes par an présentant un Annuaire et un résumé aussi complet que possible au point de vue religieux, politique et littéraire.

L'Ami de la Religion. Tome CXLVII.

1

la solidarité qui en unit tous les éléments et qui en assure le

succès.

Jamais plus qu'en ces six derniers mois, l'Ami de la Religion n'en a éprouvé la douce et forte influence.

Certes, les épreuves et les amertumes ne lui ont pas été épargnées durant ce laps de temps!

Sous le rapport matériel, il a subi une crise redoutable. Des circonstances que la prudence humaine n'a pu prévenir, ont jeté dans son service quotidien une perturbation dont l'effet a été funeste et dont les suites pèsent encore cruellement sur lui. A force de sacrifices et de zèle, la régularité et l'ordre des expéditions ont été rétablis. Il saisit cette occasion de renouveler ici à ses abonnés l'expression sincère de ses regrets, et aussi la reconnaissance que lui inspirent la fidélité et le dévouement dont on n'a cessé de lui donner d'irrécusables témoignages pendant ces temps difficiles qui ne se retrouveront plus. Le présent est, à cet égard, une garantie de l'avenir.

Quant à ce qui touche la rédaction, l'Ami de la Religion, engagé par son honneur, par le sentiment profond de son devoir et la confiance de servir le bien de l'Eglise, dans une longue et mémorable polémique, a été victime des accusations les plus odieuses et les plus iniques. Ce qu'il a souffert pour demeurer fidèle à sa ligne de dignité, de modération, de respect, Dieu le sait! Plus tard, les hommes le comprendront, et le jour de la pleine et entière justice se lèvera. En attendant, lui qui n'a jamais méconnu ni les services rendus, ni le talent, ni les intentions de ceux qui se sont faits ses adversaires, il a hâte de leur répéter aujourd'hui, la lutte terminée, ce qu'il leur a sans cesse redit pendant le combat : « Nous ne gardons contre vous le moindre sentiment d'amertume, ni le moindre souvenir de rancune.» Mihi decretum est te colere, te suscipere, te diligere (1).

Aujourd'hui, d'ailleurs, la bataille est finie. Bonne ou mauvaise, la loi est la loi. Ce qu'il faut faire, c'est de s'en servir. De l'aveu des plus ennemis, elle offre des avantages immenses pour la liberté de l'Eglise. Au lieu de continuer de tristes et inutiles discussions, mettons-nous à l'œuvre. Ne récriminons pas : agissons. Livrons-nous, avec toute l'ardeur de notre esprit et avec toutes les ressources de notre cœur, au service de ces écoles libres que la piété de nos Evêques et le dévouement des Catholiques doivent faire surgir du sol de notre France. Sauvons la génération nouvelle qui peut aujourd'hui venir chercher un refuge dans nos bras! Une seule école vaudra mieux que deux années de polémique!

Pour nous, ce sera notre but, notre souci de chaque heure et de chaque jour. La publicité de notre feuille, nos efforts personnels seront acquis à toute fondation, à toute entreprise qui, sous la garantie de NN. SS. les Evêques et sous l'inspiration de la foi et du dé

(1) Saint Jérôme à saint Augustin.

vouement chrétien, voudra se consacrer à l'éducation de la jeunesse L'Ami de la Religion aspire à devenir le lien, le correspondant, le moniteur de l'enseignement catholique libre.

Et en même temps qu'il travaillera à assurer cette conquête, plus dégagé maintenant des exigences de la lutte, il reprendra avec un soin nouveau les grandes et fortes études, les travaux consciencieux et étendus qui ont fait sa renommée et qui sont la raison de son existence. Dans l'ordre des problèmes sociaux, de graves solutions, dont l'Eglise seule a le secret, doivent être promptement indiquées et présentées avec un développement nécessaire. C'est ainsi que nous aborderons tout ce qui touche à l'exercice et à la liberté de la charité, comme aux devoirs de l'assistance publique. Tous les points désignés dans le rapport de M. Thiers seront l'objet d'une critique et d'un examen approfondi, où nous essayerons d'apporter la lumière des principes et le témoignage trop négligé de l'histoire.

Avec ces intérêts, qui ont un à-propos incontestable, nous continuerons les sérieux travaux sur les autres questions qui sont toujours à l'ordre du jour dans l'Eglise immortelle de Jésus-Christ, et qui empruntent seulement aux circonstances des aspects nouveaux : les droits et la liberté de notre sainte religion, les rapports de la puissance spirituelle avec le pouvoir temporel tel qu'il est établi par les Constitutions modernes, puis les questions canoniques qui s'élèvent dans le sein même de nos Eglises et qui deviennent plus utiles à méditer et à élucider en présence de cette magnifique et bienheureuse renaissance des Conciles provinciaux.

Tel est, en abrégé, un aperçu rapide des sujets principaux dont nous allons immédiatement recommencer la publication, avec la collaboration des esprits éminents et des maîtres consommés qui nous accordent leur généreux concours, et dont les noms vénérés et chéris ont déjà depuis un mois reparu plus fréquemment dans nos colonnes (1).

Un développement plus complet sera assuré à la critique littéraire. Si nous pouvons nous rendre ce témoignage, que nous ne l'avons jamais négligée et que de tous les journaux quotidiens de Paris et de la Province, nous sommes le seul peut-être qui soit resté fidèle, autant que les circonstances le permettaient, à cette tâche laborieuse et importante, nous pouvons promettre à nos lecteurs que désormais la littérature, ce noble délassement, ce charme de l'esprit et ce repos de l'intelligence, recevra un asile de prédilection dans nos colonnes. Aux jours néfastes de la barbarie, l'Eglise a été l'unique abri des lettres. Cette tradition nous oblige!

On a bien voulu remarquer que dans ses appréciations politiques, dans sa ligne de conduite, dans ses jugements et ses comptes-rendus,

(1) Nous prions qu'on veuille bien jeter un coup d'œil sur la table des matières du volume qui vient d'être terminée et que nous envoyons avec le présent numéro.

l'Ami de la Religion, bien informé, n'avait jamais dévié de la prudence, de la modération, de la fermeté, qui conviennent à son caractère. Il ne négligera rien pour se rendre digne encore de la confiance que ses lecteurs veulent bien lui accorder.

Nous savons mal la langue des promesses. Nous aimons mieux. qu'on nous juge à l'œuvre. Aussi, ne dirons-nous rien du soin que nous mettrons dans les bulletins politiques, dans les études archéologiques, dans la constatation des faits religieux et des événements qui intéressent les chrétiens et les gens de bien.

D'ailleurs ici, comme dans tout le cours de cet exposé, on voudra bien le remarquer ce n'est pas un prospectus que nous voulons faire; c'est une communication, un compte-rendu, que nous adressons à nos abonnés. C'est une de ces conversations cordiales qui s'établissent entre amis, et où l'on s'entretient sans façon des peines passées et des projets à venir.

Maintenant et avec la même simplicité nous ajouterons, que si nous sommes résolus à épuiser tous les efforts possibles de notre part pour améliorer notre œuvre, nous avons quelque droit d'espérer que nos lecteurs répondront à cet engagement par une égale bienveillance.

Des circonstances graves se préparent, qui peuvent mettre en péril l'existence même d'une grande partie de la presse. Comme chrétiens, comme bons citoyens, nous ne devons rien refuser de ce qui paraîtra utile à la défense de l'ordre social. Quelles que soient les difficultés que nous ayons à subir, quel que soit le parti que ce cas de force majeure nous contraigne à prendre, nos amis peuvent être assurés que nous supporterons la plus large part des sacrifices que la loi nous obligera peut-être de leur demander.

Toutefois et quel que soit l'avenir, l'Ami de la Religion doit viser avant tout et toujours à étendre le cercle de son action, et cela dans l'intérêt des doctrines qu'il professe et de la cause qu'il défend. Nous savons bien que par son format et par sa nature il est destiné à avoir infiniment plus de lecteurs que d'abonnés. Il se prête aisément, et sa circulation est très-considérable. Mais ce n'est pas encore assez. Il faudrait que dans chaque diocèse quelques ecclésiastiques éminents et jouissant de la confiance de leurs coufrères, quelques laïques éclairés et dévoués voulussent bien se faire les propagateurs de l'Ami de la Religion, et lui recueillir des adhérents. Quand chaque juridiction épiscopale ne fournirait que dix abonnés de plus, ce serait un développement énorme, parce que dix abonnés supposent au moins une cinquantaine de lecteurs. Nous recommandons instamment cette observation au zèle de nos anciens et fidèles coopérateurs.

En résumé, depuis dix-huit mois nous n'avons que des grâces à adresser à Dieu pour la protection spéciale qu'il a daigné accorder à notre œuvre. Encouragée par les témoignages les plus précieux de la paternelle bonté du Saint-Siége, soutenue par les suffrages de NN. SS. les Evêques, et par la confiance du clergé et des Catholiques, elle

a traversé des périls de plus d'un genre, elle a subi des épreuves cruelles ses fondateurs et ses directeurs ne trouvent dans leur cœur qu'une inépuisable reconnaissance envers la Providence qui les a soutenus, envers les premiers Pasteurs qui les ont bénis, et leurs frères qui ont vaillamment soutenu la cause de l'Eglise avec eux.

Nouvelles Religieuses.

ROME.S. E. le cardinal Fransoni, préfet de la Propagande, est rentré le 21 mars à Rome.

- Les nouvelles que nous recevons des départements nous apprennent que partout la Semaine Sainte a été signalée par des manifestations de piété plus qu'ordinaires. En présence des redoutables éventualités de l'avenir, il est consolant de voir la foi se réveiller et les peuples comprendre que parmi tant de ruines il est une base que rien n'ébranle et qui soutient tout ce qui s'appuie sur elle.

DIOCÈSE DE PARIS.-Un sermon de charité sera prêché en la paroisse de SaintLouis d'Antin, le mardi de Pâques, 2 avril, à deux heures et demic, par M. l'abbé Gabriel, chanoine titulaire de Notre-Dame, en faveur des nombreuses familles que visite la Conférence de Saint-Pierre-du-Gros-Caillou.

On entendra les chants de la Sainte-Chapelle, tirés des manuscrits du 15o siècle, et exécutés sous la direction de M. Félix Clément.

DIOCÈSE DE BOURGES. L'absence de S. Em. le Cardinal-Archevêque de Bourges devant se prolonger pendant six semaines encore et peut-être deux mois, Mgr Dupanloup, Evêque d'Orléans, se rendra le lundi 8 avril à Bourges pour y faire l'ordination.

DIOCÈSE DE BLOIS. Le clergé de Blois vient de perdre l'un de ses membres les plus méritants et les plus distingués. M. l'abbé Charles Laurand, chanoine honoraire et ancien professeur de théologie morale au grand séminaire, a terminé, dans sa quarante-septième année, une vie édifiante et constamment utile.

DIOCÈSE DE VANNES.-M. Bayard, recteur de Saint-Pierre, est mort lundi dernier; ce pieux et digne ecclésiastique, âgé de 56 ans, en avait passé 34 dans l'exercice du saint ministère. Successivement vicaire à Taupont, recteur à Campénéac et à la Roche-Bernard, il avait laissé dans ces diverses localités les plus honorables souvenirs. C'est en 1848 seulement qu'il fut appelé à diriger la cure de la cathédrale; deux années avaient suffi pour rendre son nom cher aux pauvres et à tous ceux qui souffrent.

[ocr errors]

DIOCÈSE DE TOULOUSE. Le clergé de Toulouse vient de perdre un de ses plus anciens membres, dans la personne de M. l'abbé Barre, décédé à l'âge de 85 ans. Cet ecclésiastique avait été successivement aumônier de l'ancien couvent des Dames de Saint-Pantaleon, à Toulouse, vicaire de Saint-Jérôme, curé de Saint-Pierre, et missionnaire apostolique dans les îles de France et Bourbon, où il exerça le saint ministère sous les dernières années de la Restauration et sous le dernier gouvernement.

DIOCESE D'ANGERS.-Le 28 mars, a eu lieu dans la chapelle des Ursulines une touchante et pieuse cérémonie, la première communion des enfants du pensionnat de Saint-Joseph. Cet établissement, dont la ville n'est dotée que depuis quelques mois, est déjà entré dans une pleine voie de prospérité.

DIOCESE DE MONTPELLIER.-Mgr l'Evêque s'est rendu lundi soir à l'église Notre-Dame, pour assister à la retraite prêchée aux hommes dans cette église par

« PreviousContinue »