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heur de l'accepter, ils ne feraient que couvrir du manteau de la religion le schisme, l'hérésie et l'impiété. Et en même temps, on affirmait que la loi maintenait la nécessité du certificat d'études, la proscription des ordres religieux, etc., etc.

En face de tels reproches, tellement immérités, L'Ami de la Religion garda le silence pendant près de quinze jours, et ce fut le 5 juillet seulement qu'il commença la publication d'une série d'articles purement explicatifs, dans lesquels il se contentait d'exposer le sens et les termes de la loi, sans dire un mot qui eût trait de loin ni de près à des attaques déjà si vives et si outrées.

Il pensait que cette espèce d'éclaircissement et de compte-rendu impartial serait le meilleur moyen de justifier la loi et d'éviter d'aigrir les esprits.

Cette publication dura huit jours. L'Ami de la Religion montrait alors dans le projet, non pas comme on le répète encore, «< cent choses que personne, excepté lui, n'y voyait, » mais des choses que tout le monde, y compris ses adversaires, y ont eux-mêmes vues et reconnues depuis.

Après avoir expliqué la loi très-nettement, mais très-simplement et sans ombre de dispute et de contestation, l'Ami de la Religion se tut de nouveau, quoiqu'on lui reprochât alors violemment de « mettre dans la loi ce qui n'y était pas, de tromper le public, etc., etc. » On sait maintenant, nous ne dirons pas qui trompait le public, mais qui se trompait soi-même.

Ce fut seulement le 21 juillet, un mois après l'apparition du projet, lorsque la loi, qui n'avait encore été qu'expliquée et non défendue dans nos colonnes (on peut s'y reporter) eut été pendant tout ce temps exposée chaque jour, à Paris et en province, à des attaques toujours laissées sans réponse, qu'enfin l'Ami de la Religion se décida, non pas encore à répliquer ni à discuter, mais seulement à signaler l'excès et les dangers d'une lutte dont le caractère frappait alors tous les yeux, et qui, dans sa témérité, atteignait jusqu'à l'Episcopat.

Dès ce moment, sans doute, certaines interprétations, certaines assertions furent relevées à mesure qu'elles se produisaient, mais toujours d'une manière générale, sans que jamais ni une personnalité ni un nom vinssent de notre part envenimer la polémique.

L'Ami de la Religion ne se résigna à désigner l'Univers et à répon dre directement à ce journal que plusieurs mois plus tard, à l'époque où le sort de la loi et des avantages certains qu'elle contenait, était si fortement compromis par le renvoi au conseil d'Etat.

Depuis ce moment, comme auparavant, nous avons manifesté souvent notre douleur, quelquefois notre étonnement « des préoccupations » de nos adversaires; jamais nous n'avons accusé leurs intentions ni leur bonne foi. Nous les avons toujours assurés des sentiments qu'ils nous avaient inspirés, et que l'ardeur de la lutte n'a pas pu détruire en nous.

De leur côté nous avons tout subi et tout pardonné.

Telle a été notre conduite.

Ainsi, nous n'avons jamais attaqué les premiers; nous n'avons combattu, même pour la défense des œuvres auxquelles nous étions le plus attachés, qu'à la dernière extrémité. Comment l'avons-nous fait ? Là n'est pas la question. Il ne nous appartient pas de faire notre part ni celle d'autrui dans la lettre que Mgr l'Evêque de Langres a publiée. Le seul fait que nous avions à cœur de constater, c'est que nous sommes toujours restés fidèles à la devise: « Propugnatores, non impugnatores. »

ITALIE.

Bulletin de la politique étrangère.

D'après les correspondances de Rome, en date du 21 avril, on s'attendait à voir paraître bientôt une lettre encyclique aux Evêques.

Les conventions avec l'Espagne, au sujet des troupes de cette nation, qui devront rester pendant douze ans au service du Pape, sont définitives.

M. le général Baraguay-d'Hilliers a de fréquentes conférences avec Sa Sainteté.

Le contrat d'emprunt du gouvernement pontifical avec la maison Rothschild a subi dernièrement une modification importante. Cet emprunt se composait de trois livraisons, la première de 15 millions de francs à 75 010, la seconde de 13 à 77 112 010, la troisième de 12 à négocier pour le compte du gouvernement. Il était toutefois convenu que, dans un délai de deux mois, la maison Rothschild, après la seconde livraison, déclarerait le forfait, comme on dit en style commercial, ou y renoncerait.

Le banquier, quelque temps avant l'expiration du terme convenu, déclara au pro secrétaire d'Etat que, par suite des derniers événements de France, il renonçait au forfait en question; d'où il suit que la seconde livraison, de treize millions, se trouve dans la même position que la troisième, et doit de même se négocier pour le compte du gouvernement pontifical. Le cabinet de Sa Sainteté a accueilli avec plaisir la résolution définitive de la maison de banque; il a l'espoir de négocier à des conditions favorables au trésor de l'Etat.

On attend le troisième chargement, partie en lingots, partie en argent monnayé, qui doit compléter la première livraison de l'emprunt, dont six millions seulement entrent effectivement dans les caisses du gouvernement, le reste étant destiné au paiement des intérêts anciens et nouveaux.

- On mande de Milan, le 26 avril, que l'autorité militaire vient de suspendre îa publication des journaux l'Ere nouvelle et l'Artiste.

ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

Séance du 1 mai.

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PRESIDENCE DE M. Daru, VICE-PRÉSIDENT.

L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du budget de la guerre.

Une discussion s'engage sur l'administration et le gouvernement de l'Algérie entre M. de Rancé et le ministre de la guerre. Le crédits relatifs à l'Algérie sont votés à une grande majorité.

Le budget de la guerre est terminé, sauf le chap. 13 réservé sur lequel il sera voté demain.

M. LE GÉNÉRAL D'HAUTPOUL demande que l'Assemblée mette à son ordre du jour de demain la discussion des crédits relatifs à l'expédition de Rome.

M. BERRYER. Je ne m'y oppose pas, à la condition qu'on revienne de suite à la discussion du budget.

L'ordre du jour est ainsi fixé.

La séance est levée à cinq heures trois quarts.

Chronique et Faits divers.

Lu nouvelle de la mort de M. Moreau (de la Seine), annoncée hier par un journal, n'a rien de fondée. L'honorable représentant assistait à la dernière séance de l'Assemblée.

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D'après les dépêches arrivées aujourd'hui de Mâcon, la liste socialiste l'emportait d'une majorité considérable sur la liste des candidats modérés.

La liste rouge réunissait 32,000 voix et la liste opposée 21,000.

Il restait à connaître un grand nombre de sections qui ne sauraient modifier le résultat prévu par le gouvernement.

-A la suite d'une réunion dite électorale socialiste, tenue à Mâcon le 19 avril, le préfet de Saône-et-Loire a pris, le 25 avril, un arrêté en vertu duquel les réunions dites électorales socialistes sont interdites comme clubs, à Mâcon et dans les deux cantons, quand bien même on chercherait à les produire sous forme de banquets.

- Un journal de Lyon publie sur M. Colfavru les détails suivants que nous croyons être d'une incontestable exactitude:

M. Colfavru, qui brigue, en qualité de démocrate socialiste, les suffrages des républicains rouges du département de Saône-et-Loire, est le même M. Colfavru qui a fait ses études comme boursier de l'infáme monarchie, au collége royal de Lyon.

Dans un des voyages que fit à Lyon M. le duc d'Orléans, M. Colfavru, qui était alors élève de rhétorique, fut chargé de complimenter le prince. Il s'en acquitta dans les termes de la plus profonde admiration et du plus complet dévoûment. Son discours était fait avec esprit et avec talent. M. le duc d'Orléans prit le jeune rhétoricien sous sa protection, et, si nous ne nous trompons, ce fut sous les auspices de S. A. R. que M. Colfavru entra à l'Ecole normale.

Après la mort si regrettable du prince, M. Colfavru, privé de son protecteur, fut envoyé dans quelque collége de département.

« Après Février, l'ancien orateur de M. le duc d'Orléans, l'ancien pensionnaire de la royauté se signala par la violence de son républicanisme, et il se révéla à la démocratie comme rédacteur en chef du Père Duchéne. »

Les journaux d'Angers annoncent que la Maine commence à rendre les cadavres des malheureuses victimes qui n'avaient pas encore été retrouvées. Dans les journées des 25, 26, 27, 28 et 29, on a constaté l'identité de 18 cadavres qui ont été successivement inhumés.

-On lit dans les journaux d'Angers du 25 avril :

« Ce matin, vers dix heures et demie, est arrivé, par le faubourg Saint-Lazare, le dépôt du 11° léger. Le colonel, le lieutenant-colonel et les débris du 3o bataillon s'étaient rendus au-devant de leurs frères d'armes. Des deux côtés on s'avançait en proie à une profonde tristesse. Les arrivants embrassaient ceux qu'ils ne croyaient plus revoir, et ne pouvaient se lasser de témoigner leur émotion aux quelques camarades qui leur restaient encore.

Les uns et les autres, dans le plus grand ordre et entourés de la part des habitants des plus vives marques de sympathie, traversèrent silencieusement le pont en pierre, les yeux fixés sur le point où 219 braves ont trouvé une mort si déplorable.

On annonce comme devant arriver à Marseille, le 13 mai, le 1er bataillon du 11° léger, et le 13, le 2o bataillon du même régiment. Ces deux bataillons seront logés provisoirement dans les casernes, et tiendront garnison dans cette ville jusqu'à l'arrivée du 3o bataillon, qui a essuyé de si grandes pertes dans la déplorable catastrophe d'Angers.

On annonce également la prochaine arrivée à Marseille des 5° et 8° bataillons de chasseurs à pied, venant d'Afrique.

-On lit dans le Tarn-et-Garonne, du 27 :

« A Moissac, passait le 44°; un socialiste se présente devant l'officier supérieur qui commandait le détachement : Citoyen, lui dit-il, il y a, à Moissac, sans me compter, 2,000 hommes de cœur, socialistes éprouvés et qui sont préts. Vous êtes deux mille, répond le brave militaire, eh bien! nous ne sommes qu'un bataillon, mais faites une démonstration et vous verrez comme nous les arrangerons, vos hommes de cœur.

Sur cette réponse, qu'accompagnait un geste expressif, le deux mille-etunième homme de cœur de Moissac ne demanda pas son reste et fila.

(Historique.)

une

Par décret du président de la République, en date du 22 avril, médaille d'honneur est accordée à madame Marie-Amélie Mévil, comme récompense du dévouement admirable dont elle a fait preuve, en prodiguant ses soins aux cholériques indigents du 1er arrondissement.

Déjà madame Mévil avait été l'objet de la même distinction après les funestes journées de juin 1848, pour un service de quatre mois dans une ambulance dont elle avait été la principale fondatrice, et dans laquelle elle n'a pas quitté un seul instant les trente-quatre blessés qui y ont été successivement admis.

- On vient de découvrir, à Chemeré-le-Roi (Mayenne), quelques haches celtiques fort curieuses.

Ces haches ont été trouvées dans un ancien bois taillis, sous un bloc de terre cuite ayant fait partie du fourneau où elles ont été fondues; elles étaient au nombre de vingt-cinq à trente, accompagnées d'un morceau de la matière dont elles sont composées, pesant environ un kilo.

- Les nouvelles de l'Andalousie sont du 22. D'après ce qu'on disait à Séville, il paraîtrait que le prince et la princesse de Joinville ont renoncé au voyage projeté à Madrid. LL. AA. ont quitté le 22 Séville, se rendant à Cadix, où elles sont arrivées le même jour, à quatre heures du soir, sur le vapeur Adriane, et elles doivent s'embarquer pour l'Angleterre. Le duc et la duchesse de Montpensier partiront de Séville le 12 mai pour Madrid.

On écrit de Berlin, le 29 avril :

• Il transpire qu'un manuscrit très-intéressant et d'une haute importance pour

l'histoire contemporaine s'est trouvé dans les papiers de feu le général de Canitz, qui a été ministre des affaires extérieures en Prusse jusqu'au 18 mars 1848. Il nous vient de source respectable que cet écrit donne les renseignements les plus vraisemblables sur l'histoire politique de la Prusse, depuis l'avénement du roi actuel jusqu'à la catastrophe de 1848. Les dispositions dernières du général portent que son travail devra être publié après sa mort. »

VARIÉTÉS.

Critique Sacrée.
DÉMONSTRATIONS EVANGÉLIQUES.

(18 volumes in-4°, publiés pâr M. l'abbé Migne.)

Nous serions volontiers de l'avis de La Bruyère, bornant le droit et le devoir du critique à dire « il y a un tel livre qui court et qui << est imprimé chez Cramoisy en tel caractère : il est bien relié et en « beau papier il se vend tant; il doit savoir jusqu'à l'enseigne du «libraire qui le débite. » Notre tâche serait plus facile aujourd'hui, et en face de l'importante collection que nous avons sous les yeux nous n'aurions qu'à prier le lecteur de lire le titre de notre article: il contient à peu près tout ce que demande La Bruyère !

Autres temps, autre critique, autres exigences. Quelque soin qu'on prenne d'être concis et pressé, il est difficile en peu de mots d'analy ser d'énormes volumes, plus difficile encore de faire comprendre leur importance et la reconnaissance religieuse qu'on doit à l'éditeur. Si je suis bref, on me trouvera superficiel ; si je suis long, on tournera la page. Donnons toutefois aux lecteurs qui ne se laissent pas maîtriser par les impressions, la connaissance, l'estime, le désir de cette collection dont la diffusion parmi le clergé doit être utilé à la gloire de Dieu, à la conquête des intelligences.

L'éditeur a réuni en dix-huit volumes, grand in-4o, de 1,300 colonnes chacun, tous les chefs-d'œuvre composés pour la défense de la foi chrétienne, depuis l'origine jusqu'à nos jours, depuis les combats livrés par le paganisme, le judaïsme, le néo-platonisme jusqu'au rationalisme contemporain, en choisissant siècle par siècle, question par question, les écrivains que le suffrage des plus habiles théologiens désigne à l'admiration, à l'étude, et traduisant le grec, le latin, l'anglais, l'italien ou l'allemand, suivant que les apologistes employèrent ces langues : ouvrage immense, varié, savant, pratique, actuel, qui, de Tertullien, Eusèbe, Origène, arrive aux grands écrivains des 16°, 17°, 18° siècles, et se termine par MM. Chassay, de Valroger, de la jeune et savante école de Bayeux: monument majestueux, consolant, où la foi interroge la science, sans jamais attendre en vain la réponse.

N'allez pas croire que ce soit seulement la réponse aux contro

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