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de cette qualification de guides. Napoléon aimait beaucoup ce corps, et il disait : Je porte l'uniforme de mes guides.

M. BERRYER maintient la proposition de la commission de réduire de 5 à 3 le nom❤ bre des escadrons de guides.

M. LE GÉNÉRAL OUDINOT. Je demande au moins le maintien des cadres. L'Assemblée, consultée sur la proposition de M. le général de Grammont, la re

ette.

M. DE LAMORICIÈRE demande le chiffre de 54,400 fr. nécessaire au maintien de quatre escadrous.

Deux épreuves étant déclarées douteuses, il est procédé au scrutin. Voici le résultat:

Nombre de votants
Majorité

Pour

576

289

261

315

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Chronique et Faits divers.

Les Espagnols ont été demander aux terres inconnues du Nouveau-Monde les trésors que recélait le sol de leur patrie. Il y a peu de temps, les habitants de quelques villages de la province de Grenade se sont aperçus que les ruisseaux descendant des montagnes roulaient dans leurs sables des parcelles d'or, On se mit au lavage, et bientôt les résultats furent tels que l'autorité dut intervenir pour réglementer les immigrations des communes voisines et l'exploitation de ces richesses californiennes. Des recherches scientifiques firent reconnaître que là, l'extraction de l'or a été faite en grand, et que très-probablement ces mines, oubliées depuis si longtemps, ont été exploitées par les Romains.

- L'empereur Nicolas arrivera à Varsovie dans les premiers jours du mois prochain; Sa Majesté y restera jusqu'au mois de septembre, et se rendra ensuite à Moscou pour y célébrer le 25° anniversaire de son avénement.

VARIÉTÉS.

Mémoires d'Outre-Tombe,

PAR M. LE VICOMTE DE CHATEAUBRIAND.

(5e et 6° volumes.)

Les pages que M. de Châteaubriand consacre au Pape Pie VII sont très-bien écrites et dignes de son beau talent. Pie VII n'est point étranger aux Mémoires d'Outre-Tombe: c'est le premier souverain auprès duquel notre auteur a rempli une mission dans sa carrière politique, commencée et subitement interrompue sous le Consulat. Je le vois encore, dit-il, me recevant au Vatican, le Génie du chrisa tianisme ouvert sur sa table, dans le même cabinet où j'ai été ada mis aux pieds de Léon XII et de Pie VIII. J'aime à rappeler ce qu'il a a souffert : les douleurs qu'il a bénies à Rome en 1803 paieront

a aux siennes par mon souvenir une dette de reconnaissance. »> Ces sentiments tendres et affectueux honorent l'auteur et répandent sur son ouvrage un charme tout particulier. Toutefois, j'aurais désiré que celui qui poursuit de sa mordante ironie les copistes qui n'avertissent point le lecteur, n'eût pas oublié de nous dire les emprunts qu'il a faits à l'ouvrage si justement estimé de M. Artaud. Ce sont les mêmes faits, le même ordre d'idées, et quelquefois les mêmes expressions.

Au reste, il est convenu que nul n'aura l'honneur d'obtenir de M. de Châteaubriand un éloge sans restriction. Un des actes les plus courageux du pontificat de Pie VII fut sans contredit la bulle d'excommunication qu'il lança contre Napoléon; bien des écrivains français y ont même trouvé trop de courage, l'auteur des Mémoires n'est pas de cet avis. Napoléon, compris parmi les spoliateurs de l'Eglise, n'était pas expressément nommé, et les timides se réfugiaient en sûreté de conscience dans cette absence d'excommunication nominale. Le noble et impétueux Breton croit qu'il fallait combattre à coups de tonnerre, rendre foudre pour foudre, puisqu'on n'avait pas pris le parti de se défendre, faire cesser le culte, fermer les portes des temples, mettre les églises en interdit, ordonner aux prêtres de ne plus administrer les sacrements. Voilà donc Pie VII accusé de n'apas fait assez; d'autres pensent qu'il a fait trop; d'où je conclus que la bulle du Pontife est ce qu'elle doit être.

Ce fut une des plus grandes fautes de Napoléon que cette persécution suscitée au saint vieillard qui l'avait couronné. L'inique invasion de l'Espagne avait soulevé contre lui le monde politique, l'ingrate occupation de Rome lui rendit contraire le monde moral; sans la moindre utilité, il s'aliéna comme à plaisir les peuples et les autels, l'homme et Dieu. En vain, en s'alliant à la maison la plus illustre, la plus ancienne de l'Europe, il réunit le passé à l'avenir, en vain la naissance d'un fils tant désiré semble être la sanction des félicités précédentes. « De ce fils, dit très-bien M. de Châteaubriand, « éclos, comme les oiseaux du pôle, au soleil de minuit, il ne res« tera qu'une valse triste, composée par lui-même à Schoenbrünn, • et jouée sur des orgues dans les rues de Paris, autour du palais « de son père. »

L'astre de Napoléon déclina aussitôt qu'il eut franchi le Niémen. Alors commença pour lui cette chaîne épouvantable de calamités qui ne devait se dénouer que sur le rocher de SainteHélène. M. de Châteaubriand déploie ici toutes les richesses de son rare talent, et il excelle à peindre ces grandes scènes de désolation et de carnage. Quel génie dans les descriptions des lieux et des batailles! Quels tableaux vifs et animés! Quelle précision pittoresque ! Quelles réflexions profondes! A son quartier-général de Wilkowiski, Napoléon proclame la guerre. « Soldats, dit-il, la Russie est entraînée par la fatalité; ses destins doivent s'accomplir. » Moscou répond

à cette voix jeune encore par la bouche de son métropolitain, âgé de cent-dix ans : « La ville de Moscou reçoit son Alexandre, son Christ « comme une mère dans les bras de ses fils zélés, et chante Hosan« na! Béni soit celui qui arrive. »>

Bonaparte, fait observer très-bien M. de Châteaubriand, s'adressait au destin, Alexandre à la Providence.

Le czar avait appris sans abattement l'incendie de Moscou. « Recu« lerons-nous, écrivait-il dans ses instructions circulaires, quand a l'Europe nous encourage de ses regards? Servons-lui d'exemple; « saluons la main qui nous choisit pour être la première des nations « dans la cause de la vertu et de la liberté. » Suivait une invocation au Très-Haut. Voici les réflexions de M. de Châteaubriand : « Un a style dans lequel se trouvent les mots de Dieu, de vertu, de liberté, « est puissant: il plaît aux hommes, les rassure et les console; « combien il est supérieur à ces phrases affectées, tristement ema pruntées à des locutions païennes, et fatalisées à la turque: il fut, a ils ont été, la fatalité les entraîne ! phraséologie stérile, toujours « vaine, alors même qu'elle est appuyée sur les plus grandes ac<< tions. »>

Napoléon s'occupe au Kremlin d'un règlement pour la ComédieFrançaise, il discute avec ses aides de camp le mérite de quelques vers nouveaux arrivés de Paris. Autour de lui on admirait le sangfroid du grand homme, tandis que, s'écrie notre auteur, il y avait encore des blessés de ses derniers combats expirants dans des douleurs atroces, et que, par ce retard de quelques jours, il dévouait à la mort les cent mille hommes qui lui restaient. La servile stupidité du siècle prétend faire passer cette pitoyable affectation pour la conception d'un esprit incommensurable.

La terreur est portée au plus haut degré dans le passage suivant que je demande la permission de citer, quoiqu'il soit un peu long. Salluste, Tite-Live, Tacite, sont ici au moins égalés. « Le 6 novema bre 1812, le thermomètre descendit à dix-huit degrés au-dessous « de zéro : tout disparaît sous la blancheur universelle. Ces soldats « sans chaussure sentent leurs pieds mourir; leurs doigts violâtres « et raidis laissent échapper le mousquet dont le toucher brûle, leurs « cheveux se hérissent de givre, leurs barbes de leur haleine cona gelée; leurs méchants habits deviennent une casaque de verglas. « Ils tombent, la neige les couvre; ils forment sur le sol de petits a sillons de tombeaux. On ne sait plus de quel côté les fleuves coua lent; on est obligé de casser la glace pour apprendre à quel orient a il faut se diriger. Egarés dans l'étendue, les divers corps font des « feux de bataillons pour se rappeler et se reconnaître, de même que « des vaisseaux en péril tirent le canon de détresse. Les sapins chan«gés en cristaux, immobiles, s'élèvent çà et là, candélabres de ces a pompes funèbres. Des corbeaux et des meutes de chiens sans « maître suivaient à distance cette retraite de cadavres.

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« Il était dur, après les marches, d'être obligé, à l'étape déserte, « de s'entourer des précautions d'un ost sain, largement pourvu, de « poser des sentinelles, d'occuper des postes, de placer des grand'a gardes. Dans les nuits de seize heures, battu des rafales du nord, << on ne savait ni où s'asseoir, ni où se coucher; les arbres jetés bas << avec tous leurs albâtres refusaient de s'enflammer; à peine parve<< nait-on à faire fondre un peu de neige, pour y démêler une cueil« lerée de farine et de seigle. On ne s'était pas reposé sur le sol nụ « que des hurlements de cosaques faisaient retentir les bois; l'artille«rie volante de l'ennemi grondait; le jeûne de nos soldats était sa«<lué comme le fectin des rois, lorsqu'ils se mettent à table; les bou« lets roulaient leurs pains de fer au milieu des convives affamés. « A l'aube, que ne suivait point l'aurore, on entendait le battement « d'un tambour drapé de frimas, ou le son enroué d'une trompette : << rien n'était triste comme cette diane lugubre, appelant sous les « armes des guerriers qu'elle ne réveillait plus. Le jour grandissan << éclairait des cercles de fantassins raidis et morts autour des bùa chers expirés.

« Quelques survivants partaient; ils s'avançaient vers des hori<< zons inconnus qui, reculant toujours, s'évanouissaient à chaque pas dans le brouillard. Sous un ciel pantelant, et comme lassé des a tempêtes de la veille, nos files éclaircies traversaient des landes « après des landes, des forêts suivies de forêts, et dans lesquelles « l'Océan semblait avoir laissé son écume attachée aux branches « échevelées des bouleaux. On ne rencontrait même pas dans ces « bois ce triste et petit oiseau de l'hiver, qui chante, ainsi que moi, parmi les buissons dépouillés. Si je me retrouve tout à coup, par « ce rapprochement, en présence de mes vieux jours, ô mes camara«des! (les soldats sont frères), vos souffrances me rappellent aussi « mes jeunes années, lorsque, me retirant devant vous, je traver« sais, si misérable et si délaissé, la bruyère des Ardennes. »

Ces pages étincelantes de beautés ne doivent pas nous faire oublier qu'elles sont déplacées dans les Mémoires d'Outre-Tombe, où M. de Châteaubriand aurait dû se borner à parler de ce qui lui est personnel. Mais surtout, je le répète, pourquoi tant d'emprunts, tant de citations?

L'abbé DASSANCE.

BOURSE DU 29 AVRIL.

Le 5 p. 100, 89 45 à 88 80. Le 3 p. 100, 55 70 à 55 30. Actions de la Banque, 2,120 00.- Obligations de la Ville, 1,270 00.- Nouvelles Obligations, 1,130 00.5 p. 100 belge, 100 00.- Emprunt romain, 79 114.

L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY.
Paris, imp. BAILLY, DIVRY et Comp., place Sorbonne, 3,

MERCREDI fer MAI 1850: *

(N° 5034.)

L'AMI DE LA RELIGION.

Victoire du Socialisme.

Décidément le socialisme l'emporte à Paris. M. Eugène Sue triomphe. Demain son nom sera proclamé à l'Hôtel-de-Ville. L'élu du conclave révolutionnaire siégera dans l'Assemblée nationale de la France!

Cette élection est une honte profonde; puisse-t-elle ne pas être un grand malheur!

Il y avait deux candidats en présence :

L'un était un citoyen honnête, un commerçant modeste et laborieux, un homme dont le nom n'avait rien qui pût effaroucher les ombrages de la démocratie; dont les antécédents étaient autant de garanties d'honneur et de patriotisme; un homme qui avait versé son sang sur le champ de bataille contre l'étranger et qui avait vu tomber à ses côtés son fils frappé mortellement pour la défense de l'ordre, des lois, de la République !

Voilà celui que le scrutin a repoussé!

L'autre est un faiseur de romans, de feuilletons et de mauvais livres où l'utopie et la licence vont jusqu'au dernier degré du ridicule et du dévergondage; un écrivain qui a successivement mis sa plume au service des opinions les plus extrêmes et les plus contradictoires; absolutiste emporté avant d'être socialiste fougueux; talon rouge de rencontre qui a courtisé tour à tour la bourgeoisíc et le populaire ; pamphlétaire inépuisable qui n'a, pendant des années, répandu que du fiel et du venin contre la religion, contre la morale, contre la société.

Voilà celui que préfère le suffrage universel!

Ah! sans doute, M. Sue représente bien le socialisme! Le socialisme ne s'est pas trompé en prenant son nom pour symbole! Ajoutons, hélas! aujourd'hui, qu'il peut bien aussi se dire à juste titre le représentant de Paris.

Et en effet, jusque dans cette étrange nomination, il y a de grandes et lugubres lumières; et il semble que le doigt de Dieu s'y montre. Oui! Paris, cette capitale des arts, des sciences, de la civilisation, Paris est bien aussi la capitale de ce peuple de toutes classes et de tous rangs, dont M. Sue a été l'un des plus vulgaires et des plus puissants instituteurs! Paris a eu M. Sue pour héros avant de l'avoir pour député. Paris a fait M. Sue ce qu'il a été, comme M. Sue a, pour beaucoup, fait Paris ce qu'il est! Paris a le premier payé, applaudi, poussé en avant l'auteur de Mathilde, du Juif Errant, des Mystères de Paris, des Sept Péchés capitaux. Et Dieu, se servant de la malice L'Ami de la Religion. Tome CXLVII.

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