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Mon Dieu, Messieurs, je ne prétends pas être exempt de toute erreur; je demande seulement la liberté d'exprimer ma pensée en attendant les réfutations.

Je reprends, et je dis qu'aujourd'hui, si vous déclarez, ipso facto, que tous les succursalistes sont inamovibles, vous leur attribuez un caractère, vous donnez à l'autorité dont ils sont investis une étendue qu'ils n'ont pas reçue de leur institution. Quand l'Evêque les a institués, sous l'empire de la loi actuelle, il les a institués dans la limite d'une autorité subordonnée. C'est donc vous qui allez leur donner une autorité indépendante; c'est vous qui allez les constituer curés et leur attribuer à l'instant tous les pouvoirs qui ne peuvent leur être attribués que par l'autorité ecclésiastique! Mais c'est le plus grand de tous les envahissements, permettez-moi de vous le dire. (Approbation à droite.)

Allons plus avant. On a parlé des anciennes lois de France, on a parlé des Conciles, on a parlé des ordonnances de nos rois.

Messieurs, j'aime à voir que nous sommes en un temps où l'expérience des révolutions, où la chute successive de tant d'établissements provoquée par des passions plus ou moins erronées, par des illusions plus ou moins funestes, nous a fait comprendre que le passé n'a pas été dépourvu de sagesse, de prudence et d'institutions utiles. (Trèsbien! très-bien!)

Quand on parle au nom d'établissements qui, les uns après les autres, n'ont guère pu vivre que quinze à vingt ans, il y a bien quelque sagesse à avoir de la modestie en présence de ce qui a duré pendant dix-huit siècles. (Mouvements divers.)

Mais entendons nous voulez-vous, quand vous rappellerez les anciens principes, et je ne parle que de ce qui concerne les curés et leur inamovibilité, voulez-vous rétablir l'ancien ordre de choses?

A gauche Non!

M. LE RAPPORTEUR. Non! vous êtes sincères, mais vous n'êtes pas conséquents. Je ne parle pas de rétablir un ordre entier des affaires et des choses de France. Je parle exclusivement de ce qui concerne les curés. Est-ce à cela que vous répondez: non? A gauche: Oui! oui !

M. LE RAPPORTEUR. Alors vous êtes inconséquents.

Que disaient les conciles? que celui qui avait reçu la collation d'un bénéfice ne pouvait pas en être dépossédé arbitrairement. Avons-nous des bénéfices? Avons-nous de collations de bénéfices?

M. J. FAVRÉ. Vous avez le budget. (Exclamations à droite.)

M. LE RAPPORTEUR. Vous n'entendez pas rétablir les règles canoniques sur la collation des bénéfices; mais celui qui ne pouvait pas être dépossédé arbitrairement pouvait l'être par un jugement.

Voulez-vous que tous ces curés, que tous ces desservants que vous allez constituer curés, de votre autorité privée, et par un article de loi inséré dans votre budget, voulezvous que tous ces curés soient en dehors de toute autorité? Vous ne les soumettrez pas à vos tribunaux civils; ce serait le renversement de tous les principes, ce serait le chaos, ce serait la confusion, si vos juges civils allaient être juges d'un cas de conscience, d'un cas d'exercice du pouvoir spirituel; évidemment cela ne se peut pas, et vous n'en avez pas la pensée.

Vous voulez donc rétablir les tribunaux ecclésiastiques? (Rires à droite.)
M. BOURZAT. Les officialités, oui !

M. LE RAPPORTEUR. Vous voulez rétablir les officialités, bien! Je ne veux pas remonter à l'origine du budget des cultes en France; mais, enfin, ce traitement que vous pouvez accroître, modifier, changer comme il vous plaît tous les ans, vous ne voulez pas le convertir en bénéfices, vous ne voulez pas le soumettre à la règle des collations de bénéfices, et je doute que vous vouliez rétablir la juridiction ecclésiastique.

Quand vous dites que vous voulez les officialités, j'imagine que vous êtes bien loin d'avoir une idée arrêtée sur la manière dont les officialités seraient constituées, sur le pouvoir qui les instituerait et sur l'étendue du pouvoir que vous leur attribueriez. J'aime à croire que vous avez peu d'idées arrêtées là-dessus. (On rit.) Ce que je sais, c'est qu'il existe en France deux ou trois officialités volontaires.

Mgr l'archevêque de Paris, dans un sentiment admirable et avec un langage que vous

auriez dù reproduire devant nous, le chef de la première Eglise de France a parlé avec la plus grande hésitation, avec la plus grande réserve, de la question que vous nous soumettez; ce n'est qu'avec la plus grande timidité qu'il a dit qu'il y avait quelque chose à faire, et que si l'on pouvait faire quelque chose, si cela était possible, il fallait y tendre avec prudence; que, quant à lui, il avait soumis son propre jugement, sa propre autorité, non pas à un tribunal, mais à l'avis et aux conseils d'une officialité qui devra être saisie de l'examen des affaires. Il est bien téméraire, vous le voyez, quand le chef de la première Eglise de France parle avec tant de réserve, d'inquiétude, de ménagements, avec l'expression d'un doute sur la possibilité d'arriver à ce que vous voudriez faire de plano et sans examen, il est bien téméraire, dis-je, de porter la question dans l'Assemblée comme vous venez de le faire. Mais je comprends les scrupules d'un prélat qui, dans les questions de la nature de celles desquelles peut dépendre le maintien ou la révocation d'un desservant, veut s'entourer d'un conseil, faire délibérer, faire examiner sévèrement, scrupuleusement les faits qui peuvent lui avoir été dénoncés par un tribunal constitué par lui-même, pour rassurer sa propre conscience dans l'exercice de son pouvoir; je comprends qu'il est à désirer que ces sortes de tribunaux-conseils se multiplient, mais ce n'est pas seulement là ce que vous voudriez, vous voudriez un tribunal de jugement.

Or, je reviens à ce que je vous disais tout à l'heure qui est-ce qui le constituera? Comment le constituera-t-on? Quelle sera l'étendue de ses pouvoirs?

Mais ce n'est pas tout : il fait envisager humainement les choses humaines, et, quand on est à une tribune politique, il faut traiter toutes les questions au point de vue où il est permis à de simples particuliers, à des hommes qui n'ont qu'un caractère politique de s'en mêler, de les discuter. Croyez-vous donc que, dans les observations que je vous transmets, j'ai la prétention d'exprimer ici des idées qui m'appartiennent et d'apporter l'autorité d'une pensée personnelle? Ah! messieurs, ce sont les idées devant lesquelles je suis le plus timide, le plus humilié, que celles que je viens de chercher à vous présenter. Maintenant, comme homme et comme citoyen, en face de l'Eglise catholique et comme si j'y étais étranger, j'examine la question, et je dis que, dans ses termes, votre proposition n'est pas acceptable.

A droite et au centre: Très-bien ! très-bien!

M. LE RAPPORTEUR. Vous comparez les temps anciens et les temps nouveaux. Je vous dirai d'abord que, dans les temps anciens, il y avait une épreuve pour le prêtre. L'armée de l'Eglise, le sacerdoce, était bien plus nombreux qu'aujourd'hui. En effet, nous avons encore un grand nombre de nos communes qui ne peuvent pas être érigées en paroisses, qui ne peuvent pas avoir de prêtre pour leur expliquer la religion, pour leur en prêcher la morale, nous sommes dans le dénùment. Où est aujourd'hui, dans le ministère sacré, le luxe de la tradition, le luxe du passé? A l'époque dont nous parlons, il y avait des vicaires partout qui étaient révocables et qui, comme desservants, étaient sous l'autorité supérieure d'un vieil ecclésiastique, d'un curé; qui étaient dirigés, surveillés par lui, et qui, après cette expérience, jugés dignes d'être curés, étaient, comme on l'a dit, mariés avec une paroisse, liés indissolublement par un lien spirituel avec les habitants du village auquel ils étaient attachés, et devenaient curés par la collation du bénéfice. Voilà ce qu'étaient les desservants autrefois. Mais aujourd'hui, et je parle ici comme homme politique, en dehors de la question catholique, à peine les jeunes gens sortis des premières études du séminaire ont-ils reçu, par le bénéfice de l'âge canonique, le sacré caractère du prêtre, on est obligé de les envoyer et on les envoie dans les paroisses; et, vous le disiez tout à l'heure: Un curé, mais il faut que ce soit un modèle de sagesse, de science, de vertu, de conduite!

Que de difficultés, dans ce rapport immédiat avec le monde, avec la société, pour un jeune homme enfermé dans un collége ou un petit séminaire d'abord, puis claustré dans les études d'un grand séminaire, recevant à peine les ordres, et tout de suite, à l'instant même où il est reçu prêtre, jeté en face des passions du monde, en face de ses inquiétudes, de ses troubles, de ses vices!

Vous avez parlé des difficultés, et vous ne comprenez pas la nécessité de l'épreuve, vous, hommes du monde, hommes politiques, pères de famille; comprenez done ce que c'est que le prêtre chargé de diriger vos enfants, de recevoir vos propres confidences!

Si vous défendez les intérêts de l'Eglise, en homme qui appartient à l'Eglise, si vous lui êtes fidèle, si vous avez parlé, en homme qui reconnaît l'autorité du prêtre; si vous avez dans votre cœur cette disposition qui porte à s'agenouiller devant le prêtre, à venir lui dire sa vie tout entière (Bravos et applaudissements répétés à droite), si vous avez cela dans l'àme, si, Dieu merci, vous êtes si bon chrétien et que ce soit ce zèle qui vous anime pour l'Eglise; ah! dites-le moi, quand le repentir, quand la douleur, quand le chagrin vous ont conduit aux pieds du prêtre, n'avez-vous pas senti quel immense, quel grave et difficile devoir il avait à remplir? (Nouveaux applaudissements à droite.)

Et vous ne voulez pas qu'à son début dans la carrière, il soit surveillé par une autorité qui puisse quelque temps encore examiner si elle ne s'est pas méprise!

Vous ne voulez pas que dans ces directions si pénibles, que pour l'exercice de ce caractère si auguste et si sacré, il soit surveillé dès ses premiers pas, et qu'enfin un titre inamovible ne lui soit conféré que quand l'expérience a prouvé qu'en effet il était fidèle au sacrement qu'il avait reçu, qu'il subissait dans sa conduite, dans ses mœurs, dans son langage, dans ses formes, même dans ses relations avec le monde, qu'il subissait la divine influence que le sacrement avait dù exercer sur lui; quand il est constant qu'il ne s'est pas soustrait, par une irrégularité de conduite, à la puissance de l'Eglise, devant laquelle il s'était incliné. Ah! vous ne voulez pas que cette expérience se fasse! Vous ne voulez pas de cette espèce de noviciat, messieurs! Il est nécessaire au point de vue politique.

Je vous ai entendu, ce n'est pas à l'orateur que je parle; mais j'ai entendu souvent, ch mon Dieu! il n'y a pas beaucoup de jours encore, parler de l'usurpation, de l'inquisition, de l'investigation de l'Eglise, de la manière dont elle pénètre dans les familles. Eh, tout cela, messieurs, ne vous révèle que mieux quelle est la position dans laquelle un desservant est placé, qu'il en faut faire l'expérience, qu'il faut l'apprécier, le juger dans sa conduite, et ne lui donner un titre inamovible, que quand ses preuves seront faites. En déciderez-vous, messieurs? Direz-vous, comme pour un fonctionnaire public, qu'après deux ans, trois ans, quatre ans de stage, il aura désormais un caractère inamovible? Vous ferez-vous les juges, par la limitation du temps, et d'une manière quelconque, de la durée que doit avoir le stage ecclésiastique, cette vie sous la surveillance du pasteur en chef? Non, ce ne sont pas là des questions que vous puissiez trancher vous-mêmes?

A tout cela, je sais qu'il y a un remède pour vous; ce remède a été indiqué : c'est de tout changer dans l'Eglise, c'est d'y détruire la hiérarchie, c'est d'y supprimer les supérieurs, c'est de revenir à l'élection populaire. On nous en a parlé comme d'une chose à laquelle on avait pensé...

Quelques voix à gauche : Oui! oui! (Rires ironiques à droite.)

M. LE RAPPORTEUR. Vous y avez pensé! (Rires approbatifs sur les bancs de la majorité.)

Vous y avez pensé, et mes habitudes de langage me condamnent à dire que vous y avez pensé de bonne foi....

A gauche Oui! oui! (Nouvelle explosion de rires à droite et au centre.) M. LE RAPPORTEUR. De bonne foi! Vous y avez pensé de bonne foi! (Mouvement) Comment! vous parlez, de bonne foi, de la primitive Eglise! Vous nous parlez, de bonne foi, des premiers temps, des premiers âges de la société chrétienne! Comment vous venez nous dire, surpris par un zèle que je veux croire sincère pour l'Eglise chrétienne, qu'il faut qu'elle prenne la règle de ses premiers âges et de ses premiers temps!

Vous parlez de revenir à l'élection des pasteurs! Eh! messieurs, qu'était-ce que le temps où l'élection était une voie naturelle et sûre d'arriver au choix d'un bon prêtre, d'un bon ministre de la religion? Qu'était ce temps, comparé au nôtre? En même temps que vous parlez de la primitive Eglise et de ses règles auxquelles il faut revenir, vous dites toujours: Le clergé est déchu, l'Eglise, on n'en veut plus, la foi est éteinte, le peuple ne croit plus, toutes les superstitions sont tombées; il n'y a plus de croyances. Voix à gauche : C'est vous qui le dites!

Voix à droite: C'est M. Pelletier qui l'a dit. (Vive agitation.)

M. BERRYER. Eh bien, je reviens à la première idée qui avait saisi mon esprit quand je suis monté à cette tribune. Je vous ai dit ce qu'était la société chrétienne, ce qu'était l'Eglise en ces temps. Aux âges dont vous parlez, qui était chrétien? Non pas ceux qui avaient été investis seulement de cette qualité par un sacrement reçu au premier âge et et à leur insu, qui depuis ont déserté l'Eglise, abandonné ses lois, qui ne se sont soumis à aucune de ses instructions. Qu'est-ce qui constituait l'Eglise alors? Ceux qui s'étaient liés par la foi, ceux qui étaient ses esclaves volontaires; (Applaudissements et bravos à droite.) ceux qui, dans l'ardeur et dans le zèle d'une foi sincère, mettaient volontairement en commun leurs propres biens.... non pas le bien d'autrui; (Vive adhésion à droite et au centre.) ceux au milieu desquels l'apôtre ne châtiait pas l'insuffisance du don ou de l'appât fait à la communauté, mais châtiait le mensonge (oui! ouî!), et disait: Tu as menti à Dieu! et l'autre tombait frappé de mort.

Eh bien, cette Eglise pleine de foi, tout ce peuple mu par une même inspiration de la conscience, par une même espérance, par un mème zèle qui lui faisait braver la mort et les supplices, tout ce peuple uni par le cœur, par l'intelligence, le consulter pour l'élection des chefs de l'Eglise, il n'y avait rien de si naturel, qui pût offrir de plus sérieuses garanties! Mais irez-vous aujourd'hui, sérieusement, dans votre société, confier cette élection aux habitants d'un même village, les uns reniant Dieu, les autres reniant la divinité du Sauveur des hommes? Irez-vous dire à ces hommes, dont quelques-uns ont le malheur d'être sans foi, qui obéissent à leurs passions plutôt qu'aux commandements de l'Eglise : C'est à vous, incrédules impies, corrompus, que nous confions le choix du prêtre? Cela est absurde, et votre proposition ne peut être acceptée par l'Assemblée! (Applaudissements et bravos prolongés.)

(Une vive agitation succède à ce discours. pressent autour de l'orateur et le félicitent.)

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Un grand nombre de membres se

Revue des Journaux.

La plupart des journaux de ce matin rendent un hommage éclatant à l'admirable éloquence qu'a déployée hier le grand orateur de la droite:

LE JOURNAL DES DÉBATS :

a En entendant M. Berryer, après M. J. Favre, on a pu mesurer la distance énorme, infranchissable, qui existe entre la rhétorique et l'éloquence Le succès de M. Berryer a été complet : il a été comparable aux plus beaux triomphes de sa longue et brillante carrière... Nous signalons, dans le discours de M. Berryer, l'admirable mouvement par lequel il a protesté contre cette prétention incroyable qui fait hypocritement appel aux croyances, aux maximes de la primitive Eglise, au moment même où l'on se rit des croyances, où l'on déclare la foi morte, anéantie dans les âmes! >>

L'ORDRE:

M. Berryer a trouvé à la tribune l'une de ses plus heureuses inspirations... L'effet du discours de M. Berryer a été immense. Le scrutin qui a terminé cette discussion a témoigné avec éclat des profondes impressions de l'Assemblée! »

L'ASSEMBLÉE NATIONALE:

M. Jules Favre avait compté sans la parole de feu de M. Berryer... Il faut désespérer de persuader ceux qui ne se sont pas rendus à cette pressante logique, de réconcilier ceux que tant d'éloquence n'a pas touchés. »

LA LIBERTÉ :

Par ce magique langage qni lui est propre, cette verve d'éloquence entraînante qui a illustré sa vie parlementaire, M. Berryer a stigmatisé, aux applau

dissements de l'Assemblée entière, ces révolutionnaires et vaines innovations que l'orateur de la Montagne cherchait à glisser dans les règles de l'Eglise. >

LA PATRIE :

<< Nous avons eu l'éclatante différence d'un sophiste et d'un orateur. L'indé- | pendance du prêtre dans sa conscience, la liberté de l'Eglise, le danger de confondre les pouvoirs civil et spirituel, telles sont les questions qui ont été admirablement traitées par M. Berryer.

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..... Des applaudissements et des acclamations prolongées ont accompagné M. Berryer jusqu'à son banc. »

L'UNION:

Le colosse croyant a pulvérisé le pygmée de la révolution. Jamais sa parole ne fut plus entraînante, jamais son ironie ne fut plus amère, plus implacable, jamais orateur ne défendit avec pareil éclat, dans une tribune parlementaire, l'indépendance du prêtre et la liberté de l'Eglise. »>

Quant aux journaux socialistes, il n'y a que la Presse qui rende justice au magnifique talent de M. Berryer. « La lutte, dit-elle, s'est produite entre un grand avocat et un grand orateur. »

Le National reconnaît dans M. Berryer le geste, la voix, l'attitude, le langage d'un orateur, mais il trouve le discours qui a écrasé M. Jules Favre parfaitement nul au fond.

La Voix du Peuple, après avoir admiré « la verve étincelante et l'éloquence », non pas de M. Berryer, mais de M. Jules Favre, termine son compte-rendu par ces paroles qui ne laissent pas le moindre doute sur le plan de campagne que M. Berryer a fait connaître avec une si haute clairvoyance :

C'est au Peuple qui paie, et non aux Evêques qui sont payés, qu'appartient en principe non-seulement l'entretien, non-seulement la révocation, mais encore la nomination de ses desservants, et, en vérité, il est plus logique de voir un évéque destitué par les curés de son diocèse, qu'un prêtre livré pieds et poings liés au caprice et à l'arbitraire d'un haut baron de l'Eglise.

Il serait donc peut-être plus avantageux pour le clergé des campagnes de se soustraire à la domination des Evêques; mais pour le Peuple il n'y a aucun profit de voir les curés et les desservants jugés par leurs pairs; pour le Peuple, il n'y a qu'un seul principe avantageux et logique : c'est celui de sa souveraineté en tout et partout; c'est celui du suffrage universel appliqué à toutes les fonctions sociales. »

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Belletin de la politique étrangère.

PIEMONT. Le prochain voyage du roi et de toute la famille royale en Savoie paraît certain. Des dispositions viennent d'être données pour préparer convenablement les appartements du château royal de Chambéry, ainsi que ceux de la royale abbaye d'HauteCombe. Le motif de ce voyage serait d'aller à la rencontre de S. A. R. la princesse Marie-Elisabeth de Saxe, destinée en mariage à S. A. R. Mgr le duc de Gênes.

Le contrat de mariage a été signé à Turin le 18 mars par M. le

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