Page images
PDF
EPUB

DIMANCHE 28 AVRIL 1850..

L'AMI DE LA RELIGION.

(N° 5031)

ELECTION DU 28 AVRIL.

Candidat définitif de l'Ordre.

A. LECLERC.

Personne ne manquera demain au scrutin. La question est entre l'ordre et le désordre, entre les vainqueurs et les vaincus des barricades de Juin. S'abstenir serait un crime.

La candidature de M. Leclerc a été adoptée par acclamation.

Engagé volontaire en 1810, M. Leclerc a été blessé en Espagne au siége de Badajoz, blessé de nouveau en 1815 à Waterloo, étant sergent-major des grena-' diers an 100 de ligne. M. Leclerc, officier de sapeurs-pompiers de Passy en⚫ 1830, reçut la croix de juillet pour avoir maintenu l'ordre.

Il compte sous les drapeaux 9 campagnes. Devenu capitaine de la garde nationale en 1836, il fut décoré de la Légion-d'Honneur, sur la proposition de ses chefs.

Simple garde national dans la 3o légion, en juin 1848, M. Leclerc eut son premier fils tué à ses côtés, et continua à combattre vaillamment avec son second fils pendant les journées qui suivirent. M. le général Cavaignac, touché de ce trait' d'héroïsme, lui remit la croix d'officier de la Légion-d'Honneur.

M. Leclerc, actuellement marchand de papier, 8, rue Saint-Joseph, appartient donc à l'armée, à la garde nationale et au commerce de Paris.

Affranchissement de l'Eglise d'Autriche.

Le gouvernement autrichien vient d'accomplir un de ces grands actes de réparation et de justice qui suffisent à illustrer un règne et par lesquels une nation se relève à une admirable hauteur dans l'estime du monde. Par un décret rendu sur le rapport du comte de Thurn, ministre de l'instruction publique, S. M. l'empereur FrançoisJoseph a rendu à l'Eglise catholique sa liberté, ses droits, son indépendance.

On sait combien le gouvernement impérial avait, au dix-huitième siècle, dévié de ses antiques traditions; on sait combien la maison de Habsbourg avait tristement renié les devoirs que lui imposait son titre de majesté apostolique; on sait quel joug odieux Joseph II avait imposé au clergé et à l'épiscopat de ses vastes domaines. Sous l'effort généreux des Prélats et des prêtres, après les instances des catholiques fidèles et sous la haute leçon des malheurs publics, le jeune prince qui occupe le vieux trône des Césars de Germanie a rendu hommage aux imprescriptibles droits de la divine épouse de N. S. J.-C., et il l'a délivrée de la servitude inique où elle gémissait depuis près d'un siècle.

L'Ami de la Religion. Tome CXLVII.

26

A partir de 1848, époque du réveil de nos frères en Allemagne, nous suivions avec une profonde sollicitude les progrès et le déve loppement de leur renaissance. L'auguste, l'héroïque initiative prise par l'épiscopat dans le Concile de Salzbourg et dans ces autres assemblées dont nous avons enregistré successivement les actes et les déclarations, et dont la première pensée est due au Cardinal-prince de Schwarzemberg, les nombreuses associations formées sous le nom immortel de Pie IX (Piuswerein), et dont nous avons salué les œuvres avec tant de joie, ont commencé le mouvement providentiel qui devait aboutir à la solennelle émancipation que proclame aujourd'hui le décret de l'empereur.

Liberté de correspondance des Evêques avec le Saint-Siége, abolition du placet regium pour toutes les publications émanées de l'autorité ecclésiastique, reconnaissance de la juridiction canonique, consécration de la liberté du repos des dimanches, respect et déférence pour les avis des Evêques, assurance de ne faire aucune présentation épiscopale sans avoir pris le conseil des Evêques de la province, annonce de négociations avec le Saint-Siége pour les points à régler entre les deux Puissances; telles sont les dispositions de ce décret. C'est la déclaration la plus éclatante des droits et de l'indépendance de l'Eglise.

Rien ne pouvait attirer sur l'empereur d'Autriche une gloire plus pure et des bénédictions plus méritées.

Grâce à lui, la maison de Habsbourg reprend dans l'histoire le rang illustre qu'elle a occupé si longtemps, alors qu'elle se présentait comme l'une des puissances les plus dévouées au catholicisme, les plus respectueuses pour le Saint-Siége. Grâce à lui, la situation du clergé et de l'Episcopat autrichiens, qui était pour la chrétienté un sujet de douleur et de honte, devient un objet de joie et d'envie. Certes, c'est quelque chose de grand et de noble que le spectacle de ce gouvernement qui d'une main comprime le désordre, étouffe l'anarchie, rétablit la paix, le calme, le règne des lois, et qui de l'autre brise les chaînes accablantes, dont la pesanteur paralysait la seule puissance qui ait le secret de sauver l'ordre social!

Combien ne souhaiterions-nous pas que notre France imitât ce courageux exemple! La liberté de l'Eglise, nous le savons, est aujourd'hui un fait acquis et incontesté. Il ne reste plus qu'à faire disparaître de nos lois les traces écrites d'un arbitraire condamné, et dont le retour nous paraît impossible. Le bon sens public, l'expérience, le temps, ce maître de la vie humaine, sauront achever notre émancipation.

Mais tous les Chrétiens sont solidaires, et la joie de nos frères d'Autriche est la nôtre; leur; victoire est notre victoire! Qu'ils reçoivent ici le tribut de nos sympathies et de notre reconnaissance. Car, nous aimons à le redire et c'est notre devise: « Nil magis diligit Deus quàm libertatem Ecclesiæ suæ ! »

Nous publicrons demain le rapport de M. de Thurn.
Voici le texte du décret de l'empereur d'Autriche :

• En exécution des droits garantis à l'Eglise catholique par le paragraphe 2 do la patente du 4 mai 1849, j'approuve, sur la proposition de mon ministre des cultes et de l'instruction publique, et sur l'avis de mon conseil des ministres, les dispositions suivantes pour tous les pays de mon empire que cette patente con

[ocr errors]

cerne :

1° Il est permis tant aux Evêques qu'aux fidèles qui sont soumis à leur direction, de s'adresser au Pape pour affaires ecclésiastiques, et de recevoir les décisions et ordres du Pape sans avoir besoin d'une permission préalable des autorités temporelles.

2o Il est permis aux Evêques catholiques d'adresser des exhortations et des règlements sur des objets de leur compétence et dans les limites de leur juridiction, à leur clergé et à leurs communes, sans approbation préalable de l'autorité temporelle. Néanmoins, si leurs mandements entraînent des résultats extérieurs, et s'ils doivent être publiés, ils sont tenus d'en envoyer copie aux autorités dans la circonscription desquelles la promulgation ou l'application doit avoir lieu.

3 Sont abrogées les ordonnances qui défendaient à l'autorité ecclésiastique d'infliger des peines d'Eglise qui n'ont aucune influence sur les droits civils.

4° Il appartient au pouvoir ecclésiastique de suspendre de leurs fonctions ecclésiastiques ou de destituer dans la forme réglée par les lois canoniques ceux qui ne les exercent pas conformément à leur devoir, et de les déclarer déchus des revenus attachés à leurs fonctions.

3o La coopération de l'autorité temporelle peut être demandée pour l'exécufion du jugement, si la procédure régulière de l'autorité ecclésiastique lui a été communiquée avec les pièces à l'appui.

6 Mon ministre des cultes et de l'instruction publique est chargé des dispositions ci-dessus.

Si un prêtre catholique abuse de ses fonctions au point que sa destitution devienne nécessaire, mes autorités s'entendront d'abord avec ses supérieurs ecclésiastiques.

Si un prêtre catholique est condamné pour un crime ou pour an délit, les tribunaux devront transmettre à l'Evêque, sur sa demande, les actes de l'instruc

tion.

a Je considère le droit que j'ai de nommer les Evêques comme m'ayant été transmis par mes ancêtres, et je veux l'exercer consciencieusement pour l'utilité et le salut de l'Eglise. Lorsque je nommerai à des évêchés, je prendrai, comme jusqu'à ce jour, le conseil des Evêques, et surtout de ceux de la province ecclésiastique où l'évêché sera vacant.

En ce qui concerne la forme à observer dans l'exercice des droits du souverain pour la nomination aux emplois ecclésiastiques et aux prébendes, mon ministre des cultes et de l'instruction publique me fera les propositions néces

saires.

Il sera libre à chaque Evêque d'ordonner et de diriger, dans son diocése, le culte dans le sens des résolutions adoptées par l'assemblée des Evêques.

Dans les lieux où la population catholique forine la majorité, mes autorités veilleront à ce que la fête du dimanche et les autres fêtes catholiques ne soient pas troublées par des travaux bruyants et par le mouvement commercial publica «Je prends acte, au surplus, du contenu des communications de l'assemblés

des Evêques, et j'autorise mon ministre des cultes et de l'instruction publique à les réaliser selon les vues qu'elles renferment.

On me fera un rapport aussi promptement qu'il sera possible sur les questions non encore décidées, et s'il fallait entamer des négociations avec le SaintSiége, il faudra prendre les arrangements nécessaires. Il en sera de même pour régler l'influence qui devra être assurée à mon gouvernement pour tenir éloignés -des emplois les hommes qui compromettraient l'ordre social.

Vienne, 18 avril 1850.

François-JOSEPH. >

UNITÉ LITURGIQUE.

Lettre pastorale de Mgr l'Evêque de Digne, au clergé de SON DIOCÈSE, A L'OCCASION DE L'ÉTABLISSEMENT DE LA LITURGIE ROMAINE.

Nos très-chers coopérateurs,

Dès que Dieu nous eut imposé la charge de premier Pasteur de ce diocèse, notre désir fut d'y rétablir l'unité de prières et de rit. Vous avez regretté vousmêmes plus d'une fois de voir cette unité altérée, et déploré la tendance malheureuse qui, au dernier siècle surtout, enfanta tant de liturgies diverses. Ces nouveautés avaient deux défauts qui devaient les rendre suspectes: elles étaient une violation manifeste de la constitution du Saint Pape Pie V, et elles apparaissent dans un temps où les liens de dépendance et de filiale affection, qui doivent nous unir à l'Eglise, mère et maîtresse de toutes les églises, étaient notablement affaiblis.

La Providence, par un admirable concours d'événements, a resserré ces liens, et fait naître au cœur de l'Eglise de France un vif besoin de se rattacher plus étroitement au centre de l'unité catholique. Dès ce moment, on a vu se déclarer en elle un mouvement de retour à la liturgie romaine, comme pour annoncer que son dévouement et son affection pour le St-Siége ne pouvaient être pleinement satisfaits si, à l'unité de la foi, elle ne joignait encore l'unité de prière. Ces dispositions de la fille aînée de l'Eglise ont été pour les Souverains-Pontifes un grand sujet de consolation et de joie. Ils se sont empressés de l'en féliciter et de l'encourager. S. S. Grégoire XVI écrivait à Mgr l'Archevêque de Reims : La variété des livres liturgiques introduite dans un grand nombre d'églises de France s'est accrue encore, depuis la nouvelle circonscription des diocèses, de manière à offenser les fidèles... Nous déplorons, comme vous, ce malheur, et rien ne nous semblerait plus désirable que de voir observer partout, chez vous, les • constitutions de saint Pie V... Tout récemment, un de nos vénérables Frères du même royaume (Mgr l'Evêque de Langres)..., ayant ramené tout son clergé « à la pratique universelle des usages de l'Eglise romaine, nous lui avons décerné «<les éloges qu'il mérite... Nous avons la confiance que, par la bénédiction de Dieu, les autres Evêques de France suivront tour à tour l'exemple de leur collègue, principalement dans le but d'arrêter cette très-périlleuse facilité de changer les livres liturgiques. S. S. Pie IX tient le même langage à Mgr l'Evêque de Troyes. «Notre cœur a été pénétré de la joie la plus vive, lui dit-il, << quand nous avons connu, par vos lettres pleines de soumission, avec quel zèle et quelle prudence vous travaillez de tout votre pouvoir à faire disparaître de « votre diocèse la diversité des livres liturgiques pour le ramener entièrement « aux usages romains. »

[ocr errors]

Nous était-il possible, nos très-chers coopérateurs, de résister au désir du chef de l'Eglise, surtout lorsque ce désir nous avait été manifesté de vive voix par Mgr l'Archevêque de Nicée, nonce apostolique? Nous eussions trop souffert de ne pas répondre pleinement à la pensée de notre Père à tous. Comme la brebis la plus simple et la plus soumise du troupeau, nous mettrons toujours notre joie et notre gloire à suivre les inspirations du premier pasteur, et à marcher aveuglément dans la voie qu'il voudra nous tracer. Nous ne voulons avoir d'autres pensées et d'autres sentiments que ceux qu'il nous donnera. Nos yeux seront sans cesse fixés sur lui pour nous déterminer, et pour agir au moindre signe de sa volonté. Notre bonheur sera de l'aimer comme notre père, et notre gloire de lui obéir comme à notre maître.

C'est pourquoi, nos très-chers coopérateurs, de l'avis de nos vénérables Frères, les chanoines de notre chapitre, nous rétablissons la liturgie romaine dans tout le diocèse. Nous avons dû communiquer d'abord ce dessein à Sa Sainteté Pie IX, qui a bien voulu joindre au témoignage de sa satisfaction des concessions relatives à la récitation du bréviaire.

Je ne doute pas que vous n'appreniez, avec le sentiment d'une vive joie, ce retour à l'ancien rit du diocèse. Vous serez heureux de penser que vous prierez. comme ont prié vos pères dans la foi, comme on prie à Rome et dans presque toute l'Eglise catholique. Vous vous applaudirez de voir que lorsque tout dans les sociétés humaines s'affaiblit par la division, la société chrétienne renouvelle sa force par l'unité.

Nouvelles Religieuses.

DIOCESE DE PARIS.-Une quête aura lieu en favenr de l'OEuvre des familles, à Saint-Sulpice, dimanche 28, jour de la célébration de Saint-Joseph, à l'office de l'après-midi.

Cette quête sera faite par les dames présidentes de l'OEuvre établie sur la paroisse.

-On lit dans la Gazette de France:

La deuxième conférence générale ecclésiastique a eu lieu avant-hier dans la chapelle du séminaire de Saint-Sulpice, sous la présidence de Mgr l'Archevêque de Paris. Après la discussion sur le cas de conscience proposé, Mgr Sibour a annoncé que, pour profiter de la nouvelle loi d'enseignement, il allait fonder à Paris des écoles chrétiennes primaires, écoles trop rares, surtout dans certains quartiers, et si nécessaires pour tant d'enfants délaissés et dont la vie commence par l'apprentissage du vice. Mgr l'Archevêque a engagé son clergé à faire un ap→ pel à la charité des fidèles; nous avons la ferme confiance que les catholiques répondront avec empressement aux vœux de leur premier pasteur. »

[ocr errors]

DIOCESE DE NANTES. Une commission s'est formée à Nantes, sous la présidence de Mgr l'Evêque, pour l'érection d'un monument à la mémoire de M. l'abbé de Courson.

--

DIOCÈSE DE MONTPELLIER. - La Sœur Sophie Bernavon, de Beaucaire, supérieure de la maison de la Madeleine, vient de mourir dans un âge encore peu avancé. Elle dirigeait depuis 21 ans cette œuvre qui a rendu tant de services, et dont elle était la première supérieure. A peine l'idée d'établir une maison, où les femmes fatiguées du monde pourraient trouver un asile de travail et de prière, fut-elle réalisée, par les soins de quelques personnes charitables, avec le concours de Mgr Fournier et de l'excellent abbé Montels, que c'est à la sœur Sophie que

« PreviousContinue »