Page images
PDF
EPUB

Une fois ce chapitre épuisé, la discussion a repris une allure plus qu'ordinaire. Il n'y a pas un éleveur Montagnard ou un vétérinaire de l'opposition qui ne se croie obligé de venir étaler à la tribune ses théories d'étable ou ses doctrines d'écurie.

Enfin, l'Assemblée est sortie de ce dédale ou plutôt de cet hippodrome, et elle ne s'est arrêtée que sur les Ecoles d'arts et métiers, Rien de plus douteux que l'utilité pratique de ces établissements : rien de plus certain que les résultats fàcheux qui, en fait, ont été produits par eux. Plusieurs représentants, touchés de l'esprit de désordre qui règne notamment dans l'Ecole d'Angers, en ont demandé la suppression. La commission du budget a proposé une diminution assez considérable, et M. Berryer a défendu avec énergie ses conclusions. C'était à la fois maintenir le blâme que contenait le rapport contre les Ecoles d'arts et métiers, et y demander la sanction de l'Assemblée. La réduction a été votée, malgré le ministère.

M, Carteret s'est élevé ensuite avec justice et sévérité contre les opérations illicites exercées par de soi-disant agents des compagnies d'assurances sur la vie et de sociétés tontinières. Le ministre a répondu que des poursuites avaient été dirigées contre les coupables. Après quoi, et à la suite de quelques mots sur les lazarets, l'Assemblée a terminé le budget du commerce. A demain, le ministère de la guerre.

Par décret du 25 avril 1850, M. Contencin, préfet de l'Yonne, est nommé directeur de l'administration des cultes, en remplacement de M. Durieu, admis à faire valoir ses droits à la retraite.

Le Moniteur publie ce matin le décret suivant :

Art. 1er. Le corps d'armée expéditionnaire en Italie est réduit à une division.

• Le général de division Gémeau, commandant supérieur des 5e et 6o divisions militaires, est nommé au commandement de cette division d'occupation. Le général de division Baraguey d'Hilliers, commandant en chef le corps expéditionnaire, est autorisé à rentrer en France pour siéger à l'Assemblée nationale.

Art. 2. Le général de division de Castellane est nommé au commandement de la 6a division militaire, dont le chef-lieu est Lyon. Il prendra, en outre, le commandement supérieur de la 5o division (chef-lieu Besançon), en remplacement du général de division Gémeau.

« Art. 3. Le général de division Gues-Viller, commandant la 1re division du corps expéditionnaire en Italie, est nommé au commandement de la 5o division militaire (chef-lieu Besançon), en remplacement du général Hatry, appelé à d'autres fonctions.

◄ Art. 4. La nomination du général de division d'Arbouville au commandement de la 4o division militaire est révoquée. Cet officier général est nommé au commandement de la 12° division militaire (chef-lieu Bordeaux), en remplacement du général de division de Castellane. Il prendra, en outre, le commande

ment supérieur des 11 et 14 divisions militaires, dont les chefs-lieux sont Bayonne et Nantes.

La 15 division militaire, qui était placée sous le commandement supérieur du général de Castellane, sera remise sous la seule autorité du général de division qui la commande.

cret.

Art. 5. Le ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent d

Fait à l'Elysée-National, le 24 avril 1850. » .

La commission du budget de 4851 se compose de MM. Berryer, Gouin, Howyn de Tranchère, de Douhet, Benoist-d'Azy, Buffet, Raudot, Léon Faucher, Gasc, de Casabianca, Sauvaire-Barthélemy, général de Grouchy, Etienne, Druet-Desvaux, Lacrosse, Mathieu-Bodet, de Goulard, Hennessy, Combarel de Leyval, Belting de Lancastel, Martin (Loiret), Creton, Lepelletier d'Aulnay et de Panat.

ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

Séance du 26 avril. - PRÉSIDENCE DE M. LEON FAUCHER, VICE PRÉSIDENT. La séance est ouverte à une heure et demie.

M. CHARENCEY combat l'amendement proposé hier par M. Richard (du Cantal), l'Assemblée se lasse d'écouter.

M. le général LAMORICIÈRE vient défendre le cheval de course.

Avez-vous jamais vu en Provence ces gros mulets qui rendent tant de services à notre armée d'Afrique, qui peuvent porter en même temps deux blessés et des vivres? Comment les fait-on? On les fait avec la jument mulanière du Poitou et ce baudet dont on vous a tant entretenus Rires., c'est le baudet d'Egypte.

Il est impropre à tout autre chose que la reproduction; il demande les plus grands soins et il vaut 5 ou 6,000 fr., et cependant ce n'est qu'un àne. (Hilarité générale.)

Sans doute l'administration des haras a fait des fautes; mais ces fautes ont été reconnues, et si l'on était entré d'abord dans une mauvaise voie, on a su en sortir. Aujourd'hui, on en est arrivé à doter la France de cette espèce de chevaux à deux fins si précieux, si indispensables pour notre cavalerie.

M. RICHARD attaque de nouveau le système des courses, le système anglais. L'Assemblée repousse à une grande majorité la réduction de 300,000 fr. demandée par M. Richard (du Cantal)

Le chapitre 8 est adopté au chiffre de 1 million 200,000 fr.

Chap 9 Manufactures nationales de Sèvres.

Des Gobelins et de Beauvais, 635,085 fr. 60 c.

- Adopté.

Chap. 10 Conservatoire des écoles des Arts-et-Métiers, 1,165,000 fr.

M. RAUDOT propose une réduction de 1 million 10,000 fr. (Rumeurs diverses.) L'honorable membre soutient que les écoles que concerne le chapitre ne font que des mécontents, qui, sans position, soat toujours prêts à travailler aux révolutions.

M. DUMAS, ministre de l'agriculture et du commerce, proteste contre ce que vient de dire M. Raudot.

M. BERRYER, rapporteur, défend la réduction proposée par la commission. Les écoles d'arts et métiers, dit-il, ont été considérées comme des institutions nécessaires à à une époque où les travaux perfectionnés et en quelque sorte artistiques de l'industrie, étaient encore dans l'enfance, et où l'on sentait le besoin de former des pépinières d'ouvriers plus intelligents et plus habiles.

Le résultat a été de former en général d'assez médiocres ouvriers.

Plus des neuf dixièmes se sont vus hors d'état de gagner leur vie, en sortant de l'école, par la pratique du métier qu'ils croyaient y avoir appris d'une manière supé

rieure. Leur éducation théorique n'étant pas en rapport avec leur habilete pratique, ils sont peu accueillis dans les grands établissements industriels.

Ces jeunes gens deviennent dès-lors des mécontents accusant la société qui ne peut réaliser leurs espérances qu'elle a elle-même encouragées.

La commission croit qu'une des trois écoles pourrait être fermée, et c'est afin d'entrer dans cette voie et pour déterminer cette réforme, qu'elle propose une réduction de 14,000 fr. sur l'ensemble du chapitre.

M. DUMAS insiste pour que l'Assemblée rétablisse le crédit entier demandé par le gouvernement.

L'Assemblée adopte la réduction.

Le chapitre 10 est adopté avec la réduction de la commission.

Chap. 11. Encouragements aux manufactures et au commerce, 273,400 fr.-Adopté. Frais de surveillance des sociétés tontinières, 20,000 fr.

Une voix Elles sont fort mal surveillées. (Rires.)

M. CARTERET. Je viens prier M. le ministre du commerce et de l'agriculture de nous donner quelques explications sur la situation des tontines placées sous la surveillance du gouvernement.

Le principe de ces opérations est excellent Je viens seulement prendre la défense des pères de famille, des intérêts nombreux qui se trouvent compromis, et signaler des abus qu'il importe de faire cesser.

M. DUMAS déclare qu'il est décidé à faire surveiller très-sévèrement les sociétés tontinières.

Le chapitre est adopté.

Chap. 13. Encouragements aux pêches maritimes, 4,000,000.-Adopté.

Chap. 14. Poids et mesures, 719,000.-Adopté.

Chap 15. Entretien des établissements thermaux appartenant à l'Etat, 280,000 fr. -Adopté.

Chap. 16. Subventions aux établissements particuliers d'eaux minérales, 37,500 fr.Adopté.

Chap. 17. Etablissements et services sanitaires, 240,000 fr.-Adopté.

Chap. 18. Secours aux colons de St-Domingue, 750,000 fr.-Adopté.

Chap. 19. Secours pour pertes matérielles et événements malheureux, 1,952,500 fr.Adopté.

Chronique et Faits divers.

Le procureur de la République a fait saisir aujourd'hui à la poste et dans ses bureaux le journal la Voix du peuple, à raison de la publication d'un article in} titulé: Organisation de la Famine.

Ce journal est poursuivi pour excitation à la haine et au mépris du gouvernement de la République.

-Dans le banlieue de Paris, tous les clubs socialistes ont été fermés par ordre de l'autorité. Hier, la police a fait fermer le dernier, celui de Montreuil.

On voit, depuis avant-hier aux étalages et aux vitrines des principaux marchands de gravures et d'estampes, le portrait de M. Leclerc, candidat du parti

de l'ordre.

- C'est aujourd'hui que les militaires de la garnison de la capitale et du département de la Seine ont commencé à voter.

-Il paraît qu'à la suite de plaintes nombreuses, M. le préfet de police a ordonné une inspection générale de toutes les voitures de place de Paris.

-Mme la marquise de Las Marismas a versé entre les mains de M. le colonel de la 2a légion, la somme de 500 fr. pour la souscription en faveur des victimes de la catastrophe d'Angers.

M. le colonel du 11 léger, voulant mettre de l'ordre dans l'inscription des

offrandes destinées au soulagement des victimes de son régiment, a fait ouvrir un registre où sont mentionnés les noms des donateurs, l'importance des sommes, etc. Les fonds sont déposés dans la caisse du corps, et le conseil d'administration avisera aux meilleurs moyens de les employer en distribuant des secours aux familles de ceux qui ont péri, ainsi qu'à ceux qui ont été blessés.

- Il est sérieusement question d'un projet qui supprimerait les bagnes. Chacun des 8,000 forçats coûte, dans ce moment, près de 1,000 fr. par an. Les frais de transport absorbent près de 450,000 fr. On pense qu'avec cet argent on pourrait faire un établissement pénitentiaire sur la lisière du désert en Algérie. On établirait trois classes: la première, c'est-à-dire celle des plus coupables, serait déportée à Cayenne; la deuxième classe irait en Algérie, et la troisième, dans laquelle on comprendrait ceux qui n'auraient à subir qu'une condamnation à cinq ans ou qui se distingueraient par leur bonne conduite, serait dirigée sur Toulon et serait employée aux travaux du port et de l'arsenal maritime. Ce projet doit, dit-on, être soumis prochainement au conseil d'Etat.

-

Le projet de macadamiser les boulevards de Paris et les principales artères qui les sillonnent, à l'instar de Londres et de Manchester, a soulevé ce matin quelques récriminations parmi les fauteurs de désordre des barrières et des faubourgs. Plusieurs ont poussé la franchise démagogique jusqu'à dire que le gouvernement voulait enlever les dernières armes au peuple. C'est significatif.

- Des améliorations importantes vont être introduites dans le service des postes. Ces améliorations concernent à la fois l'administration centrale, le service actif dans Paris et le service dans les départements. A l'avenir, le service actuel des postes sera détaché de l'administration centrale et placé sous la direction d'un chef spécial. Le nombre des distributions de lettres dans Paris, qui est actuellement de six par jour sera porté à huit. Ce résultat sera obtenu au moyen d'une augmentation d'un tiers dans le nombre des facteurs. De 480, le chiffre de ces employés serait porté à 640. L'accroissement de la dépense serait de 169,500 fr.

Le service départemental, encore mal organisé au point de vue des attributions et de la hiérarchie des employés, serait régularisé. Les 87 inspecteurs des postes actuellement divisés en cinq classes de 2,500 à 5,000 fr., ne formeront plus que quatre classes de 3,000 à 8,000 fr., ils prendront le titre de directeurs; ces changements nécessiteront encore une augmentation de 17,000 fr.

Le service rural sera également amélioré. Il existe encore aujourd'hui environ 7,000 communes où le service ne se faît que de deux jours l'un. Au moyen d'une augmentation de 98,000 fr., cette lacune pourra être comblée. Nous ne pouvons qu'approuver ces améliorations intelligentes, et nous espérons qu'elles seront favorablement accueillies par l'Assemblée.

BERNE. — On sait que M. Ochsenbein est aujourd'hui en butte à la haine du radicalisme qui naguères l'élevait si haut, et qu'il était menacé d'un charivari. Un conseiller d'Etat alla lui faire visite pour lui exposer que le gouvernement ne pouvait empêcher ce désordre. Voici, d'après l'Observateur suisse, la réponse de M. Ochsenbein: « Je ne fréquente aucune société politique ni particulière; je suis chaque jour mon chemin de la maison à mon burean et du bureau à la maison, je n'offense personne et puis me compter parmi les citoyens les plus tranquilles du canton; si donc le gouvernement ne peut ou ne veut me protéger, soit, je me protégerai moi-même (montrant 4 fusils chargés). Vous ne savez jamais découvrir les coupables; eh bien! cette fois, je saurai les marquer de manière à ce que les recherches vous soient peu difficiles. Cette réponse laconique produisit son effet; il n'y eut point de charivari.

-M. Gilet, maire du 11° arrondissement, vient d'être enlevé par une maladie rapide. Ses obsèques ont eu lieu aujourd'hui à l'église Saint-Séverin. Plusieurs compagnies de la 11 légion, en grande tenue, assistaient à cette cérémonie. Pendant l'office funèbre, la musique de cette légion a exécuté plusieurs mor

ceaux.

[ocr errors]

Le cortége s'est ensuite mis en marche vers le cimetière du Père-Lachaise. Une foule nombreuse a accompagné le corps jusqu'à sa dernière demeure. M. Gilet était maire depuis près de deux ans et avait su, par l'aménité de son caractére, mériter l'estime de ses administrés.

Le nommé Pessard, tireur de sable, ayant surchargé de gravier le petit bateau qui sert à son exploitation, a vu sa frêle embarcation se dérober sous lui. Le malheureux Pessard, entraîné par les flots, n'a plus reparu.

- Hier, à trois heures et un quart de l'après-midi, on voyait passer sous le Pont-National un superbe train de bois de charpente flotté qui s'en allait au nouveau port de débardage du quai d'Orçay, au bas du Gros-Caillou. C'était le premier train de bois flotté qui arrivait à Paris. Le flottage du bois va durer jusqu'au 1er octobre.

-Mercredi, sur les dix heures du soir, un incendie considérable a éclaté dans la fabrique de clouterie du sieur Rabaud, située rue Lafayette, 170. Le feu s'est communiqué avec rapidité aux bâtiments et aux objets inflammables qu'ils renfermaient. Les secours sont arrivés de divers côtés, et grâce à l'intelligence avec laquelle on a opéré, les constructions voisines du foyer de l'incendie ont pu être préservées.

à

Tous les ouvriers avaient quité leurs travaux depuis plusieurs heures, lorsqu'on s'est aperçu du sinistre; cet événement aurait été produit par une cause purement accidentelle. On fait usage dans cette fabrique d'une meule en fer qui sert à appointer les gros clous. Son mouvement de rotation est si rapide qu'elle fait jaillir souvent des étincelles. D'un autre côté, on emploie pour les polissoirs du bois très-sec qui se broie en poussière impalpable. Cette poussière vole et s'agglomère dans toutes les parties de l'édifice; on suppose donc qu'une étincelle aura jailli de la meule et sera tombée sur cette poussière où le feu, après avoir couvé longtemps, aura fini par éclater. Les dommages sont évalués à 10,080 francs

environ.

-L'abbé Carrara poursuit les fouilles de l'annique Salone. Dans les premiers jours de mars, il a découvert encore 70 médailles d'argent, tontes des Césars des premiers siècles de notre ère. Un gros médaillon de cuivre représente l'apothéose de Marc-Aurèle.

– Un laboureur du village de Marbella, en Andalousie, a trouvé, en creusant la terre, un pot contenant 500 pièces d'argent mauresques, parfaitement conservées. Elles sont presque toutes de la grandeur d'une de nos pièces de 1 fr. et datent du quatorzième siècle.

[merged small][ocr errors]

Sécularisation de l'Enseignement.

On ne saurait trop nettement préciser le nœud essentiel des discussions modernes sur l'enseignement, au point de vue catholique. La question qui s'agite en ce moment et qu'il faut aujourd'hui dégager de certains nuages, a été posée à son début, vers la fin du dix-huitième siècle, d'une manière très-claire.

« PreviousContinue »