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dire que la majorité des esprits éclairés n'a pas caché ses méfiances et ses appréhensions à l'égard du clergé; mais le ministère a pensé que le maintien du placet était incompatible avec la liberté religieuse inscrite depuis 1848 dans la loi politique de l'Autriche, et n'a pas hésité à faire dans ce sens un rapport à l'em

pereur.

SMYRNE.-L'OEuvre dite du Bon-Pasteur est assez connue pour que nous n'en fassions pas ici l'objet d'une notice spéciale. Il suffira de rappeler qu'érigée en généralat par un Bref de Grégoire XVI, en date du 5 avril 1855, la maison d'Angers a déjà fondé quarante-trois établissements, dont vingt-cinq en France et les autres dans le reste de l'Europe, en Afrique, en Amérique, en Asie. On a daigné nous communiquer deux lettres écrites par Mgr l'Archevêque de Smyrne à M. l'abbé Viot, à qui Mgr l'Evêque d'Angers a confié le soin de cette Congrégation, et nous y admirons le bien qu'ont produit déjà les Sœurs du Bon-Pasteur depuis dix mois seulement qu'elles ont été appelées par le charitable prélat. Dans cette ville de 70,000 âmes qui compte 15,000 catholiques, les Sœurs de SaintVincent-de-Paul, établies depuis dix ans, ont fait un bien immense: mais leur institut ne leur permettait pas d'appliquer leur zèle à la conversion de ces pauvres créatures à qui la Congrégation du Bon-Pasteur s'est plus particulièrement dévouée. C'est pour venir au secours de ces victimes de la débauche que Mer l'Archevêque de Smyrne a fait un appel aux Sœurs du Bon-Pasteur, et le mois dernier il écrivait que déjà, outre les repenties dont elles prennent soin, et les jeunes filles qu'elles instruisent, elles ont admis trois postulantes et reçu un grand nombre de demandes; il prie les supérieurs de l'Ordre de lui envoyer de nouveaux sujets, car les Sœurs qu'on lui a envoyées ne peuvent suffire aux besoins du pays et finiront par succomber sous leurs fatigues charitables si on ne leur vient en aide. Les œuvres de Dieu sont bien admirables! Un prêtre, touché de compassion pour des infortunées que le monde couvre d'ignominie après les avoir perdues, dévoue à leur service quelques âmes si pures qu'elles ne craignent pas de se souiller au contact de toutes les immondices morales; la charité gagne de proche en proche; la petite réunion devient un Ordre, et ses bienfaits s'étendent sur toutes les parties du monde.

Séance de l'Assemblée.

Aujourd'hui, à l'exception d'un quart-d'heure, séance de haras. Tous les amateurs de la race chevaline sont venus rompre des lances pour ou contre l'administration. Les gentlemen-riders de l'As semblée ont successivement paru à la tribune, M. d'Havrincourt, M. de Dampierre, M. Fouquier-d'Hérouël; avec eux, la discussion avait une certaine élégance de manières et des façons de grand seigneur qui se perdent tous les jours. Avec M. Bocher, elle a gagné une clarté, un bon sens, un langage pratique vivement applaudi par la majorité. Avec M. Richard (du Cantal), elle est descendue jusqu'au vétérinaire, fond et forme. Nous répéterons plus que jamais : Quand

donc sortirons-nous de ces détails de basse-cour?

Entre deux chapitres de ce budget, M. Gasc a lu le rapport de la commission sur le crédit de secours à accorder aux familles des victimes de la catastrophe d'Angers. Ce rapport, écrit en excellents termes, n'appelait qu'un vote immédiat. M. de La Rochejacquelein a

demandé la parole pour relever les odieuses calomnies dont le gouvernement a été l'objet, à la suite de ce désastre. Il y a de ces attaques si infâmes qu'elles ne sont même pas dignes d'une protestation. C'est ce qu'ont dit M. le général Oudinot et M. le ministre de la guerre, et l'Assemblée, partageant leur sentiment, a voté les 150,000 fr. à l'unanimité, 657 voix sur 657 membres présents.

Election du 28 avril.

La candidature de M. Leclerc doit rallier, au scrutin du 28 avril, tous les hommes d'ordre, quelle que soit leur condition, à quelque parti qu'ils aient appartenu. Elle sera peut-être le trait d'union, désormais ineffaçable, entre tous ceux qui veulent garantir le présent et prépa-rer l'avenir.

Les séïdes du parti anti-social, les chefs de la cohue démagogique le savent bien! Aussi, pour retirer des chances à cette candidature, pour prévenir la défaite dont ils sont menacés, il n'est pas de calomnies, pas de manœuvres indignes auxquelles ils n'aient recours.

Ils essaient de rallumer toutes les vieilles ou récentes rancunes; Ils disent aux républicains honnêtes : C'est une candidature monarchique;

Ils disent aux anciens conservateurs : C'est un succès pour les légitimistes qui l'ont mise en avant;

Ils disent aux légitimistes: Vous allez voter pour un décoré de Juillet!

Mais les efforts des révolutionnaires seront vains! Les républicains honnêtes avec le général Cavaignac, les anciens conservateurs et les légitimistes avec leurs chefs les plus éminents, et la masse des bons citoyens se lèveront commé un seul homme pour nommer le brave soldat qui a été blessé plusieurs fois sur le champ de bataille, le courageux citoyen qui a vu tomber un de ses fils sur les barricades, le commerçant probe, honnête, estimé de tous, qui a résisté en juillet 1830 comme en juin 1848, non aux lois, mais au désordre.

Propriétaires, marchands, ouvriers, toutes les conditions, comme tous les partis, ne doivent avoir aujourd'hui qu'un même candidat, comme ils ont tous les mêmes droits, comme ils n'ont qu'un même intérêt, qu'un même devoir, l'union!

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L'union au prix de tous les sacrifices; l'union à la vie et à la mort! Si les révolutionnaires eux-mêmes avaient un reste de pudeur, ils ne voteraient pas contre M. Leclerc. Ils ne voudraient pas repousser le père dont le fils a péri sous les coups de leurs soldats.

Mais bien loin de là! Ils épiloguent, ils chicanent, ils disputent sur la glorieuse mort de l'un, sur le courage antique de l'autre. C'est une triste et hideuse polémique!

Ils ne nient pas que le jeune Leclerc soit tombé sous les yeux et dans les bras de son père; mais ils affirment que deux balles seulement l'ont frappé !

Deux balles seulement et qui ont donné la mort !

Ils reconnaissent que le second fils est venu prendre la place de son frère; mais il accourait de lui-même, et M, Leclerc n'était pas allé le chercher !

• Voilà pourquoi ils protestent!

Et voilà comment ils prétendent affaiblir l'intérêt et diminuer le wuérite du candidat de l'ordre!

Et eux encore, qui, au 10 mars, n'ont pas craint de glorifier l'insnrrection en nommant un transporté de juin, ils s'écrient que le nom de M. Leclerc est un cri de provocation.

Et ils feignent de ne pas comprendre que désigner et honorer l'une des plus héroïques victimes de la guerre civile, ce sera pour la ville de Paris le plus sûr moyen de prouver son horreur des luttes fratricides et même d'en prévenir le retour!

L'élection de M. Leclerc sera précisément une protestation solennelle contre l'appel à la force, la révolte, l'insurrection;

Cette élection sera le symbole de l'oubli des vieilles querelles, des divisions éteintes ;

Elle sera le gage de la réconciliation entre toutes les classes de la société, entre tous les partis, entre tous les enfants d'une même pa trie!

Que chacun donc y travaille, pour son compte, y coopère selon ses forces.

Que chacunarme de son bulletin, pour ne plus avoir à repren dre le fusil;

Que chacun tâche d'assurer la victoire électorale, pour prévenir de nouvelles batailles de rue.

Paris va dire, le 28 avril, s'il faut désespérer désormais, dans se murs, de la cause de l'ordre et de la civilisation! ou bien, Paris don nera un grand exemple de concorde et d'union, couronné par le

succès !

Le 28 avril sera, quoi qu'il arrive, une date mémorable. Il dépen de la conduite des bons citoyens, de leur exactitude ou de leur apathie, que cette journée soit féconde en heureux événements, ou peut-être, hélas ! en longs désastres.

Le Moniteur du 16 mars dernier constate que le nombre des élec teurs inscrits dans le département de la Seine était de. 353,500 Sur ce nombre, ont pris part au vote du 10 mars.

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260,198

93,302

Nous ne doutons pas que l'élection du 28 avril ne constate que les abstentions seront dans une proportion infiniment moindre. Les éléments qui manquaient au scrutin du 10 mars doivent certainement,

en s'adjoignant aux 125,000 voix de la liste de l'Union électorale, donner une majorité très considérable à M. Leclerc.

ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

Séance du 25 avril. -PRÉSIDENCE DE M. DUPIN AINÉ.

La séance est ouverte à deux heures et demie.

Deux propositions de MM. Félix de Saint-Priest et Germonière, relatives à l'ordre du jour, sont écartées; on continue la discussion du budget après que M. Bineau, ministre des travaux publics, a déposé un projet de loi portant demande d'un décrit de 20,000 fr. pour subvenir aux frais d'exploitation du chemin de fer de Bordeaux à la Teste.

Les crédits demandés pour les haras sont répartis, dans les deux chapitres distincts suivants :

Chap. 7. Haras, dépôts d'étalons 1,556,400 fr.

Chap. 8. Remonte des haras et encouragements à l'industrie particulière 1,100,000

francs. »

La commission propose de porter ce crédit à 1,200,000 fr.

M. DE LAUSSAT développe l'amendement suivant, qu'il a présenté :

Haras, dépôt d'étalons, 800,000 fr.

Encouragements, 1,400,000 fr. »

L'honorable membre s'attache à démontrer que l'industrie privée pourrait faire beaucoup plus pour l'amélioration de la race chevaline que ne fait l'Etat.

M. DAVRINCOURT réfute les arguments présentés par M. de Laussat et soutient que l'administration des haras peut seule travailler efficacement à l'amélioration de la race chevaline.

M. DE LAUSSAT insiste et maintient sa demanda de réductions.

M. BOCHER prend la défense de l'administration des haras; il affirme que l'insuffisance des chevaux de recrutement tend à décroître; que l'espèce s'est améliorée, que les dépenses sont relativement peu considérables.

Après quelques observations de M. de Charencey, la réduction proposée par M. de Laussat est rejetée et le chapitre 7 est adopté.

M. LE PRÉSIDENT. Je propose à l'Assemblée d'interrompre un moment la discussion du budget.

De toutes parts.

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GASC, rapporteur, donne lecture du rapport de la commission sur le projet de loi portant demande d'un crédit de 150,000 fr. pour secours aux familles des victimes d'Angers. Après quelques paroles sympathiques pour les victimes de cette affreuse catastrophe, le rapport émet le vœu que les secours soient distribués d'abord aux veuves avec enfants, puis aux enfants orphelins, aux veuves et aux ascendants, sans oublier les autres parents auxquels la catastrophe d'Angers aurait pu enlever un appui. M. de Larochejaquelein monte à la tribune.

Plusieurs membres: Aux voix! aux voix !

M. DE LAROCHEJACQUELEIN. Je ne monte pas à la tribune pour contester en quoi que ce soit le projet qui vous est soumis; mais je viens demander à l'Assemblée d'augmenter de 10,000 franes la somme réclamée. Un mot pour spécifier les motifs de ma demande.

Messieurs, sur tous les bancs de l'Assemblée, vous avez entendu, et avec quelle douler.. vous avez entendu qu'on se plaint des accusations odieuses portées contre le gouvernement à propos des événements d'Angers. (Oh! oh! Assez!)

Vous ne connaissez donc pas l'influence de la calomnie! On a osé `dire... et je puis dire ici toute ma pensée... car personne n'est plus indépendant que moi du gouvernement... (Bruit.)

Voir: Nous sommes tous indépendants.

M. DE LAROCHEJACQUELEIN. Je dis que tous nous avons à défendre ici l'honneu du pays et du gouvernement, je dis que quand on propage au dehors de pareilles infamies, il faut que l'Assemblée entière proteste, et dise par cette protestation énergique

qu'il n'y a pas dans son sein un seul homme capable de prétendre que l'affreuse catastrophe du pont d'Angers a été le résultat d'un odieux calcul. (Bruit. — Interruption.) Voix nombreuses: Assez! assez!

Une voix à droite: Pour l'honneur de la France et du gouvernement, vous n'auriez pas même dû porter de pareilles paroles à la tribune. (Très-bien!)

M. DE LAROCHEJACQUELEIN. On me dit que je n'aurais pas dû porter ces paroles à la tribune; je dis que je ne les apporte que parce que cette indigne calomnie a été employée comme une arme de guerre; je dis qu'il faut que nous nous associions tous dans une protestation... (Nouvelle interruption.)

Messieurs, je formule ainsi ma proposition:

La demande de crédit sera portée de 150 à 160 mille francs, et il sera bien établi que, de la part de l'Assemblée, l'adoption de cet amendement est une démonstration contre cette accusation infâme.

M. le général Oudinot monte à la tribune.

Voix nombreuses: Ne parlez pas! ne parlez pas !

M. LE GÉNÉRAL OUDINOT. Je veux dire seulement qu'il faut voter immédiatement le crédit demandé par M. le ministre, et que le gouvernement est au-dessus de semblables calomnies. (Approbation très-vive.)

M. LE GÉNÉRAL D'HAUPOUL, ministre de la guerre. Il est des calomnies qui par tent de trop bas pour pouvoir atteindre le gouvernement, Seulement, le procureur de la République à Angers a cru devoir diriger des poursuites contre un misérable folliculaire... (Murmures à gauche et applaudissements à droite) qui n'a pas craint d'attaquer le préfet de Maine-et-Loire et les autres autorités.

M. LE PRÉSIDENT. Je consulte l'Assemblée sur l'article unique du projet qui ouvre à M. le ministre de la guerre un crédit de 150,000 fr. pour secours à distribuer aux soldats du 11° régiment d'infanterie légère blessés, et aux parents de ceux qui ont été tués dans la catastrophe du pont d'Angers.

L'article est adopté.

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M. RICHARD (du Cantal) critique le système des courses qui nous vient des Anglais. Ils ont créé un cheval de jeu, comme ils ont créé un coq de combat; c'est avec ce cheval factice qu'on a gâté nos races.

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L'orateur, pour appuyer son opinion, ee met à raconter une foule d'anecdotes. J'ai connu, dit-il, un étalon anglais, Cham, fils de... fils de...

De toutes parts: Fils de Noé. (Rire général.)

M. RICHARD. Enfin Cham fut envoyé aux eaux thermales à cause de la délicatesse de sa poitrine. Faites donc de bonnes races avec de pareils types!

M. DE CHARENCEY. répond à M. Richard.

La suite de la discussion est renvoyée à demain.

BOURSE DU 25 AVRIL.

Le 5 p. 100, 89 35 à 89 20. - Le 3 p. 100, 55 55 à 55 45.

Banque, 2,105 00.- Obligations de la Ville, tions, 1,121 25.5 p. 100 belge, 99 718.

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Actions de la

1,270 00. Nouvelles ObligaEmprunt romain, 79 318.

L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY.

Paris, imp. BAILLY, DIVRY et Comp., place Sorbonne, 2.

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