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glorieux souvenirs et combattre le projet qui doit y substituer l'antagonisme des forces sociales et amener l'affaiblissement de la foi dans les nouvelles générations, au détriment des droits de la famille, des communes et de l'Eglise.

M. de Gerlache, un des anciens présidents du congrès national, l'historien illustre de ces luttes patriotiques où il a eu une si grande et si noble part, le président actuel de la plus haute Cour de Belgique; M. de Gerlache, provoqué par d'imprudentes allégations, a aussi élevé sa voix respectée de tous les partis. Il a apporté ainsi un témoignage nouveau et solennel de son inébranlable attachement aux intérêts sacrés de la religion; et cela, au même moment où l'organe incisif d'une autre fraction. de la fraction la plus avancée des unionistes de 1830, M. de Potter reprend la plume contre la restauration du monopole et du despotisme d'Etat, qu'on croyait à jamais détruits depuis la conquête de l'indépendance.

A chaque numéro du Journal de Bruxelles est joint un supplément qui contient des pétitions de conseils communaux, de villes, de citoyens de toutes les conditions. Un tel mouvement de l'opinion publique est un avertissement pour le Pouvoir. Si le ministère a en ce moment une majorité parlementaire, il est certain que la majorité de la nation belge est contre lui.

Bulletin de la politique étrangère.

GRAND-DUCHE DE TOSCANE. Le 10 avril, a été célébré avec pompe, dans l'église métropolitaine, le mariage de S. A. R. D. Francesco di Puola, comte de Trapani, frère du roi de Naples, avec S. A. I. et R. l'archiduchesse Isabelle, fille du grand-duc. Les augustes époux s'étaient rendus dès le matin à l'église avec toute la famille et avaient reçu la sainte communion. A dix heures et demie a eu lieu la bénédiction nuptiale, et le soir il y a eu grande réception au pa

lais.

SUISSE.

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On lit dans l'Observateur de Genève :

« La Cour d'appel de Lucerne, dans son audience du 13, après s'être déclarée compétente dans l'affaire relative aux membres de l'ancien grand conseil sonderbundien, a déclaré coupables ceux qui ont voté la guerre, à l'exception du président qui n'avait pas voix délibérative et des membres qui n'ont pas assisté à la séance du 6 octobre 1847. »

Adieu la liberté, la conciliation et la paix dans ce pays!!! La Suisse elle-même le dit :

« Nous apprenons, aujourd'hui même, que la Cour d'appel de Lucerne admet la culpabilité des membres du grand conseil qui ont sanctionné la résistance du gouvernement Siegwart aux sommations de la Diète en 1849. Voilà autant d'obstacles au rapprochement des esprits et à la réconciliation, sinon à la pacification du pays.

-Les membres des sociétés allemandes annoncent un appel au peuple suisse pour protester contre l'arrêté du conseil fédéral qui les expulse de la Confédération.

NEUCHATEL. On écrit que la cérémonie de la première communion a eu lieu dimanche 14 avril dans l'église catholique. Vingthuit jeunes gens des deux sexes prenaient part au banquet sacré, et une foule considérable se pressait dans l'enceinte; grand nombre de protestants étaient aussi présents.

Cette touchante cérémonie, le discours chaleureux et éloquent de M. Stocklin ont arraché des larmes de tous les yeux. Le soir, la rénovation des vœux du baptême et une nouvelle exhortation de M. le curé terminèrent dignement cette belle journée qui laissera de précieux souvenirs parmi les catholiques de Neuchâtel.

ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

Séance du 25 avril.—PRÉSIDENCE de M. Jules de Lasteyrie, viCE-PRÉSIDENT. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi relatif à l'ouverture d'un crédit de 200,000 francs pour la célébration de l'anniversaire du 4 mai. Ce projet es

voté.

L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de budget général des dépenses.

A l'occasion du chapitre des prisons, M. Jules Favre demande des explications sur le suicide d'un prisonnier du Mont-Saint-Michel.

M. BAROCHE, ministre de l'intérieur. J'attendais avec impatience l'occasion qui vient de m'être offerte par M. Jules Favre, pour déclarer que le fait auquel il a fait allusion n'a rien de vrai, et déclarer que les accusations produites par une certaine partie de la presse contre le directeur du Mont-Saint-Michel, non-seulement n'ont rien de vrai, mais sont un tissu de mensonges et de calomnies.

L'Assemblée passe au budget du ministère de l'agriculture et du commerce; les crédits s'élèvent à 17,027,865 fr.

M. LANJUINAIS réplique à un discours prononcé, il y a quelques semaines, par M. Hovyn Tranchère.

M. HOVYN TRANCHÈRE. J'accuse l'administration de l'institut de Versailles de décousu, et je soutiens que les dix-sept centimes de dégrèvement sur l'impôt foncier promis sur le budget de 1851 sont ponr l'agriculture une ressource plus précieuse que toutes ces institutions factices couvées dans les bureaux du ministère et qui échouent toujours au grand jour. (Très-bien ! très-bien!)

M. VEZIN dit que cinquante membres du conseil de l'agriculture et du commerce ont visité récemment l'Institut de Versailles, et qu'ils ont été frappés de l'utilité de maintenir l'Institut, et surtout l'école d'application, c'est-à-dire les fermes

M. BERRYER explique quelles sont les considérations qui ont conduit la commission à proposer des réductions. Il dit qu'elle n'a été animée d'aucune espèce d'hostilité contre l'Institut de Versailles.

La suite de la discussion a été renvoyée à demain.

La séance est levée à six heures et demie.

Chronique et Faits divers.

Par ordonnance du 17 avril, M. de Rayneval a été nommé ministre plénipotentiaire de France à Rome.

·Par arrêté en date du 20 de ce mois, M. de Guizard, ancien préfet et an

cien directeur des bâtiments et monuments publics, etc., est nommé chef de la division des Beaux-Arts, en remplacement de M. Charles Blanc.

— Mgr l'Archevêque de Paris ne recevra pas aujourd'hui mercredi, ni les metcredis suivants, à cause de ses tournées de confirmation.

-M. le comte Mollien, ancien ministre d'u trésor public, ancien pair de France, est mort hier matin à dix heures, à la suite d'une courte maladie. Il était né en février 1758, et avait par conséquent plus de quatre-vingt-douze ans.

- Le portrait original de Charles I, peint par Vandyck en 1640, un an avant sa mort, et qu'on croyait perdu, vient d'être retrouvé. Après avoir été négligé comme une toile de rebut, il passa entre les mains d'un brocanteur, et fut acheté 2 schellings par M. Talor qui en a refusé 2,000 livres (50,000 fr.), car il ne l'estime pas moins de 20,000 livres.

-La Revue de Rouen, du 10 avril, signale en ces termes la découverte d'un cimetière mérovingien à Envermen :

Notre infatigable investigateur, M. l'abbé Cochet, inspecteur des monuments historiques du département, vient encore de se signaler par une nouvelle découverte archéologique. En suivant les fouilles et les ouvertures de tranchées que nécessite l'établissement de la nouvelle route départementale qui de Blangy se dirige sur Bolbec, il a signalé dans la traverse d'Envermeu l'existence d'un cimetière mérovingien, analogue à ceux qu'il a déjà découverts à Douvrend et à Londinières. C'est le troisième cimetière franc que nous présente la vallée de l'Eaulne depuis douze ans. A Envermeu, M. l'abbé Cochet a déjà déconvert près de cinquante squelettes de tout âge et de tout sexe. On reconnaît facilement parmi eux ceux des femmes, aux colliers, aux bracelets, aux boucles d'oreilles, aux ustensiles variés de toilette qui les accompagnent. Ceux des lommes se font remarquer par de longs conteaux à un seul tranchant, par des poignards, des stylets à écrire, des pinces à épiler; ceux des guerriers se distinguent par les sabres, les lances et les haches qu'on y trouve renfermés.

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L'objet le plus curieux de cette découverte, objet tellement rare qu'on peut le considérer comme à peu près inconnu, c'est un casque mérovingien. Il n'en subsiste, à la vérité, que la calotte supérieure, surmontée d'une pointe, comme les casques que portent les guerriers normands dans la tapisserie de la reine Mathilde; il est probable que la partie inférieure était, comine dans les casques de nos dragons, en cuir ou en bois. On n'a retrouvé de cette dernière partie que les ferrures des jugulaires. La plupart des squelettes avaient auprès de leurs pieds des vases en terre de diverses formes. Tous étaient disposés dans des fosses taillées dans le sous-sol crayeux. On doit noter, comme une particularité remarquable, que le champ dans lequel on a rencontré toutes ces sépultures n'a jamais cessé de s'appeler, dans les titres comme dans la tradition populaire, la Tombe.

BOURSE DU 23 AVRIL.

Le 3 p. 100, 55 75 à 55 60.

-

Le 5 p. 100, 89 50 à 89 10. Actions de la Banque, 2163 00.- Obligations de la Ville, 1 270 00.- Nouvelles Obligations, 1,152 50.5 p. 100 belge, 100 318. Emprunt romain, 79 0,0.

L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY.

Paris, imp. BAILLY, DIVRY et Comp., place Sorbonne, 2,

JEUDI 25 AVRIL 1850.

{(N° 5028)

L'AMI DE LA RELIGION.

De la question d'association dans ses rapports avec

:

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Au milieu de ces ruines universelles, il survécut pourtant çà et là quelques associations patriarcales et agricoles, qui, à la faveur de leur obscurité, échappèrent à la destruction. Ce furent comme des médailles oubliées de cette époque du moyen âge, où florissaient l'esprit de famille, la pureté des mœurs, et une foi simple et fervente. Il y a eu de ces associations à Thiers (1), en Auvergne, jusqu'à ces derniers temps. Il y en avait et il en existe encore dans le Nivernais. M. le procureur-général Dupin a publié, en 1840, une petite brochure intitulée Excursion dans la Nièvre. Il y raconte qu'il a retrouvé, existante et florissante encore, une de ces communautés ou réunions de familles, vivant au même pain, pot et sel. Le célèbre magistrat fut reçu, avec une hospitalité vraiment patriarcale, par le vénérable maître de la communauté, Claude Lejault. Les dispositions contractuelles et les statuts réglementaires de cette communauté remontent à l'an 1500, et ont survécu à tous les orages qui ont bouleversé la France depuis cette époque. Suivant M. Dupin, « le régime a de cette maîtrise est fort doux, et le commandement y est presque nul. Chacun, disait Claude Lejault, connaît son ouvrage et il le fait. Cette réunion de famille exerce en commun, et très-largement, la charité. Et ses habitudes de moralité sont telles qu'il est sans exemple qu'aucun de ses membres ait été condamné pour un délit quelconque, etc. » M. Dupin continue son voyage, et trouve la contre-partie de ce tableau. Il s'informe dans le village de Préperché de ce qu'est devenue la communauté des Garriots, autrefois très-célèbre et très-considérable. Elle avait prospéré jusqu'à la Révolution. A cette époque, on voulut partager. Le dénûment de chaque individu ne tarda pas à succéder à la richesse collective de tous. A Jault, dit M. Dupin, c'était l'aisance, la gaîté et la santé : aux Garriots, c'était la misère, la tristesse et la pauvreté. >>

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On peut remarquer d'abord les tendances dissolvantes des lois et des institutions de notre époque, en opposition avec l'esprit d'aggrégation des quinzième et seizième siècles. Ensuite, il paraît que les communs parsonniers du Nivernais, tout comme les tribus patriarcales de l'Orient, n'ont été dans le principe qu'une famille agrandie. (1) Prés de Clermont, département du Puy-de-Dôme.

L'Ami de la Religion. Tome CXLVII.

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C'était l'aïeul ou le bisaïeul retenant près du même foyer les enfants de ses enfants et de ses petits-enfants. Le fils aîné du patriarche succédait à l'autorité de son père, à laquelle il avait été initié par degrés; tous les membres de la tribu transportaient naturellement sur sa tête leurs habitudes filiales de respect et d'obéissance. C'étaient les branches du même arbre se pressant autour du même tronc.

Mais aujourd'hui pourrait-on obtenir que des familles entières, ces unités créées par la nature et protégées par la société, allassent volontairement se perdre dans la grande unité conventionnelle d'une semblable association? Pourraient-elles y apporter cet esprit d'abnégation collective qui les disposerait à se sacrifier elles mêmes à l'association, comme le religieux a dû sacrifier son individualité à la communauté monastique dont il fait partie? Nous croyons avoir d'avance résolu ce problème par les considérations que nous avons déjà présentées.

Cependant, un socialiste chrétien, M. Louis Rousseau, a essayé de créer, sur les bases des communs parsonniers, en les modifiant suivant les besoins des temps, une tribu agricole destinée à défricher les landes de la Bretagne, et si sa tentative n'a pas tout à fait réussi, elle n'a pas non plus complétement échoué. Seulement il a pu voir que si les familles jouissant de quelque aisance donnaient volontiers ↳ leurs capitaux, elles ne consentaient pas aussi bien à se donner ellesmêmes.

Les essais de phalanstères (1) ont eu, jusqu'à ce jour, encore moins de succès.

:

On avait offert aux phalanstériens des terres en Algéric sur leur refus, on les a données aux trappistes. Ces religieux ont fondé à Staouëli une véritable ferme-modèle; ils ont défriché, à la sueur de leur front, des plages brûlantes et incultes. Pendant que la philosophie et le socialisme parlent et écrivent, le christianisme pratique et agit.

De toutes ces observations, il résulte que l'association complète ne peut guères exister que dans le monachisme. Mais les associations mutuelles de bienfaisance dans la classe ouvrière, les associations de charité et de philantropie dans les classes riches, prennent et sont destinées à prendre encore une immense extension. Le christianisme a mis son empreinte à ces immenses réunions d'ouvriers (2), qui, à Paris et ailleurs, se sont placées sous le patronage de saint François Xavier. Il a inspiré les œuvres innombrables. par lesquelles on ne

(1) On connaît la malheureuse issue de l'essai pratique de Condé sur Vègres. On m'a assuré que des essais du même genre avaient eu lieu dans le Forez et dans la Bourgogne, et qu'ils avaient eu un sort semblable. L'un de ces phalanstères manqués est tombé, dit-on, entre les mains des Frères de saint Joseph, qui se vouent au soin et à la garde des prisonniers. Là encore, c'est le catholicisme qui vient relever les postes abandonnés par les socialistes.

(2) On assure que le nombre des ouvriers affiliés à cette œuvre monte à quinze mille, à Paris seulement.

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